Maroc : Des opportunités dans les déchets

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Un pouvoir d’achat accru, des modes de consommation qui évoluent et de meilleurs rendements dans le secteur industriel, de même qu’une croissance démographique rapide, sont autant des retombées de la croissance économique soutenue dont a bénéficié le Maroc ces dernières années – mais la pollution et les déchets sont aussi des conséquences de cette croissance. L’étendue de ces problèmes a amené le gouvernement à se mettre à l’œuvre pour réduire les externalités négatives en matière d’environnement, qui résultent du développement économique.

Le traitement des déchets en particulier est devenu un défi important, en partie parce que le Maroc pâtit de systèmes de gestion des déchets sous-développés. Il est courant de jeter ses détritus n’importe où et on trouve des décharges illégales dans les zones urbaines.

Avec pour objectif de porter la proportion des déchets recyclés à 20 % en 2015, le gouvernement a lancé en 2007 un programme sur 15 ans, intitulé Programme national des déchets ménagers et assimilés (PNDM), qui vise à améliorer la collecte des déchets solides via le développement des services de collecte pour 90 % de la population des villes d’ici à 2015, puis 100 % en 2020. Le programme, d’un montant de 40 milliards de dirhams (3,58 milliards d’euros), a reçu l’appui de la Banque mondiale, sous la forme d’une enveloppe de 200 millions d’euros en février 2011.

Ce programme comporte un point crucial : il dépend, en grande partie, de la participation accrue du secteur privé. À la fin 2011, 32 % des ordures ménagères étaient transportées vers des sites contrôlés gérés par le secteur privé, en hausse par rapport à 2008, où la proportion n’était que de 10 %. Ce chiffre devait s’établir à 62 % à la fin 2012, avec cinq nouveaux centres de gestion des déchets prévus à Casablanca, à Beni Mellal, à Ifrane, à Khouribga et à Safi. En octobre 2012, les entreprises privées se chargeaient de collecter 76 % des déchets solides, contre 44 % en 2008. On estime que les habitants des villes produisent 0,76 kilo de déchets par jour et par personne.

Le groupe français Pizzorno, qui opère au Maroc via sa filiale Segedema, est l’une des entreprises internationales présentes dans ce secteur ; il emploie environ 3000 personnes. L’entreprise est présente à la décharge d’Oum Azza, à Rabat, où près de 700 000 tonnes sont traitées chaque année. En 2007, Segedema a signé un contrat pour gérer le site de 100 hectares sur 20 ans.

En plus de ses activités actuelles, qui consistent principalement en la collecte de déchets dans les pôles urbains et le traitement des déchets, l’entreprise française a l’intention de commencer le recyclage et l’exportation de 400 000 tonnes de déchets par an. Ces opérations seront effectuées au centre de recyclage à l’entrée de la décharge d’Oum Azza, où des employés du centre non-régulé d’Akreuch de Rabat ont été recrutés.

En effet, l’un des principaux piliers du PNDM est la régulation de tous les centres de traitement des ordures du pays et la réhabilitation d’environ 300 décharges informelles d’ici à 2015. À ce jour, 21 décharges informelles ont été réhabilitées et 64 sont en cours de réhabilitation.

En plus des ordures ménagères, la décharge d’Oum Azza traite aussi les déchets industriels non-dangereux. Cependant, pour atteindre les objectifs du PNDM et accompagner l’augmentation de l’activité industrielle, les déchets industriels devront être traités en-dehors d’Oum Azza.

Les intervenants étrangers sont en train de faire leur entrée sur ce marché pour tirer profit de l’augmentation de la demande. En novembre dernier, l’entreprise française Elec-Recyclage, spécialisée dans le recyclage des déchets industriels, s’est établie dans la zone franche de Tanger (TFZ ou ‘Tangier free zone’). Le Français Elec-Recyclage, qui est déjà implanté en Tunisie et aux États-Unis, a investi 35 millions de dirhams (3,13 millions d’euros) dans son usine marocaine à TFZ. L’usine, qui s’étend sur 7000 mètres carré, traitera plusieurs types de déchets industriels, comme les déchets de bois, électroniques, métalliques, et plastiques. Elle collectera ces déchets auprès des industriels, à la fois dans l’enceinte de la TFZ et dans tout le pays, puis elle exportera les produits recyclés. En 2012, l’entreprise a traité plus de 15 000 tonnes de déchets dans le monde.

« Lorsque vous analysez la typologie des déchets au Maroc, 80 % d’entre eux sont organiques, et donc pour ceux-là, on peut faire appel à des technologies comme les digesteurs, qui génèrent de l’énergie et produisent des engrais organiques à partir de ces matériaux », a expliqué Ahmed Baroudi, le directeur général de la Société d'investissements énergétiques, à OBG. « Cela peut contribuer à diminuer de coûteuses importations d’énergie, qui peuvent être remplacées par la réutilisation des déchets de matériaux organiques. »

Bien que ce soit un secteur économique comme les autres, le traitement des déchets est toujours fortement sous-exploité au Maroc. Il est toujours largement effectué de manière informelle, et on estime que 10 000 personnes fouillent les poubelles et les décharges à la recherche de produits recyclables. Dans un contexte où le pays cherche à réguler davantage ces activités, beaucoup d’opportunités devraient se présenter aux investisseurs, permettant par la suite au secteur de se développer et encourager une croissance industrielle et démographique plus durable.

 

Morocco: Opportunities in waste

En Français

Improved purchasing power, changing consumption patterns and improved industrial output, along with rapid demographic growth, are all by-products of the steady growth Morocco has enjoyed in recent years – but so too are pollution and waste. The scale of these problems has prompted the government to step up working to reduce the negative environmental externalities resulting from economic development.

Waste disposal in particular has become a significant challenge, in part because Morocco suffers from underdeveloped waste management systems. Littering is commonplace and illegal dumps are found throughout urban areas.

With the aim of bringing the percentage of recycled waste up to 20% by 2015, the government launched a 15-year programme in 2007, the National Solid Waste Programme (Programme National des Déchets Ménagers et Assimilés, PNDM), which targets an improvement in solid waste collection through the expansion of collection services to 90% of the urban population by 2015 and 100% by 2020. To finance its operations, the Dh40bn (€3.58bn) programme has received support from the World Bank, which contributed €200m in February 2011.

Crucially, a large part of the plan depends heavily on increased private sector participation. As of the end of 2011, 32% of household waste was transported to controlled sites managed by the private sector, up from 10% in 2008. This was expected to reach 62% by the end of 2012, with five new waste management facilities planned in Casablanca, Beni Mellal, Ifrane, Khouribga and Safi. As of October 2012, private companies were responsible for collecting 76% of solid waste, up from 44% in 2008. The daily output of domestic waste among urban residents is estimated at 0.76 kg per person.

The France-based firm Groupe Pizzorno, which operates in Morocco via its subsidiary Segedema, is one international company operating in this sector, employing some 3000 people. The firm is active at the Oum Azza dump in Rabat, where some 700,000 tonnes are processed every year. In 2007, Sagedema signed a 20-year agreement to manage the 100-ha site.

In addition to its current activities, which consist mainly of waste collection in urban centres and waste treatment, the French company has plans to begin recycling and exporting 400,000 tonnes of waste annually. This will be done in the recycling facility at the entrance of the Oum Azza dump, where workers from an unregulated Akreuch facility in Rabat have been hired.

Indeed, one of the main pillars under the PNDM is to regulate all rubbish facilities across the country and rehabilitate some 300 informal dumps by 2015. So far, 21 informal dumps have been rehabilitated and 64 are undergoing rehabilitation.

In addition to household waste, the Oum Azza dump also manages non-hazardous industrial waste. However, to achieve the goals of the PNDM and accommodate the rise in industrial activity, industrial waste will need to be managed outside of Oum Azza.

Foreign players are moving in to take advantage of the increased demand. In November, the France-based firm Elec-Recyclage, which specialises in recycling industrial waste, established itself in the Tangier Free Trade Zone (TFZ). French Elec-Recyclage, already present in Tunisia and across the US, invested Dh35m (€3.13m) in its Moroccan plant within the TFZ. The factory, which covers some 7000 sq metres, will manage various types of industrial waste, such as electronic, wood, metal and plastic waste. It will collect this waste from industrialists both within the TFZ and nationwide, then export the recycled products. In 2012, the company handled more than 15,000 tonnes of waste worldwide.

“When you look at the typology of waste in Morocco, 80% of waste is organic, so with that, one can utilise technologies such as digesters which generate energy and produce organic fertilisers from organic material,” Ahmed Baroudi, the general manager of Société d'investissements énergétiques, told OBG. “This can cut down on expensive energy imports that can be replaced by reusing organic waste material.”

Although an economic segment like any other, waste management in Morocco is still heavily underexploited. A large part of it operates in an informal manner, with an estimated 10,000 people delving through bins and dumps for recyclable goods. As the country looks to further regulate this activity, more doors will open up to investors, in turn allowing the sector to develop and encourage more sustainable demographic and industrial growth.

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