Le Maroc se dote de nouveaux outils numériques pour renforcer l’inclusion financière

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Le Maroc, de concert avec la Banque mondiale, s’emploie actuellement à développer l’entreprenariat national en améliorant la bureaucratie et l’infrastructure numérique, et en renforçant l’intégration des individus et entreprises dans le système financier organisé.

Le 19 février dernier, la Banque mondiale a annoncé avoir approuvé une proposition de cadre de partenariat-pays (CPF) émanant du Maroc, et offert un financement de 700 millions de dollars à l’appui de politiques de développement (DPF) ces six prochaines années.

Le soutien analytique, logistique et financier prévu dans l’accord servira divers objectifs afin d’encourager l’activité des micro, petites et moyennes entreprises (MPME), notamment pour développer les plateformes et infrastructures numériques, favoriser l’adoption des systèmes de paiement mobile et renforcer la concurrence entre les prestataires de services numériques, d’après Djibrilla Issa, économiste financier de la Banque, et chef de l’équipe de projet.

La conclusion du CPF fait écho à la Stratégie nationale d'inclusion financière (SNIF), qui a d’abord été publiée conjointement par le ministère de l’Economie et des Finances et la banque centrale, Bank Al Maghrib (BAM), en septembre 2018. La SNIF a pour objectif de renforcer la pénétration des services bancaires en développant l’éducation financière, les méthodes de paiement mobile et la couverture du bureau de crédit, ainsi qu’en assouplissant les plafonds de prêt auxquels sont soumises les institutions de microcrédit.

Une approche en trois volets

L’exécution du CPF s’articule autour de trois axes stratégiques. Le premier pilier prévoit une amélioration de l’environnement commercial pour les individus et les MPME. Les réformes visent à créer un cadre réglementaire adapté à des instruments financiers plus divers et mieux adaptés aux besoins des emprunteurs.

Le deuxième pilier soutiendra la concurrence entre les opérateurs de télécommunications en matière d’investissements dans les infrastructures numériques, en particulier les réseaux de fibres optiques, afin d’accroître la disponibilité des technologies de paiement mobile, des plateformes d’e-commerce et des systèmes de gestion des informations.

Dans son analyse accompagnant le DPF, la Banque mondiale recommande aux décideurs politiques de constituer un organisme de réglementation politiquement indépendant dont le mandat consisterait à superviser le secteur des télécommunications et lever les obstacles anciens à la pénétration du marché, tels que les frais municipaux élevés associés au déploiement des infrastructures.

Le troisième pilier s’inscrit dans le cadre d’une initiative financée par la Banque africaine de développement visant à appuyer une série de réformes réglementaires dans le but de réduire les coûts de faire des affaires et favoriser la numérisation des services commerciaux, en particulier pour renforcer l’accès des start-ups au financement providentiel, d’amorçage et de démarrage.

Définir des règles du jeu équitables

Au cœur de cette stratégie à trois volets, un engagement : celui d’intégrer les groupes économiquement marginalisés, notamment les femmes, les jeunes adultes et les habitants des zones rurales, au système financier, un domaine dans lequel le potentiel de croissance est considérable.

Dans un communiqué de presse publié à l’occasion du lancement du programme, M. Issa a souligné que le CPF ciblerait des catégories socio-économiques spécifiques : « Le cadre de partenariat répondra à des problématiques d’inclusion économique et sociale, qui concernent en particulier les jeunes, les femmes et les populations rurales. »

D’après le rapport « 2017 Global Findex » de la Banque mondiale, 29 % des marocains de plus de 25 ans possèdent un compte dans un établissement financier reconnu.

Ce chiffre global éclipse plusieurs disparités entre les différents segments socio-économiques : les habitants des zones rurales sont environ moitié moins susceptibles de gérer un compte bancaire que les habitants des zones urbaines (20 % contre 37 %) ; chez les femmes, le taux s’établit à 17 %, soit à peine plus d’une femme sur six ; et parmi les répondants âgés de 24 ans et moins, 16 % étaient affiliés à un établissement bancaire.

Néanmoins, les données de la BAM couvrant la période 2014-17 indiquent que les efforts d’intégration déployés ont commencé à porter leurs fruits, du moins à l’échelle macroéconomique. Le nombre de comptes de dépôt et de prêts personnels a augmenté de 21 % et 47 %, respectivement, au cours de cette période, tandis que la valeur des primes d’assurance non-vie a progressé de 37 %.

Un chantier en cours

Il y aurait cependant encore beaucoup à faire pour favoriser une croissance inclusive et réduire le taux de chômage élevé, notamment en facilitant le processus d’obtention de crédits pour les petites entreprises.

Si la part des prêts alloués aux petites et moyennes entreprises marocaines, établie à 30 %, est comparativement élevée par rapport aux pays du MENA, le nantissement requis pour ces entreprises dépasse 200 %, un taux bien supérieur aux moyennes régionale et mondiale.

Parmi les outils dont dispose actuellement le royaume, figure une ligne de précaution et de liquidité (LPL) de 2,97 milliards de dollars sur deux ans approuvée par le Fonds monétaire international (FMI) au mois de décembre. Cet instrument a été conçu pour aider les économies ayant de solides bases macroéconomiques et des vulnérabilités systémiques spécifiques à opérer des changements de politique fiscale afin de favoriser une croissance durable et inclusive.

Outre un assainissement budgétaire et des réformes fiscales, le LPL vise à faciliter les « réformes portant sur l’éducation, la gouvernance, le marché du travail » dans le but d’améliorer le niveau de l’emploi et la participation des femmes au marché du travail.

 

 

Morocco’s new digital toolbox to increase financial inclusion

En Français

In concert with the World Bank, Morocco is working to broaden domestic entrepreneurship by improving bureaucratic and digital infrastructure, and bringing more people and businesses into the organised financial system.

On February 19 the World Bank announced that it had approved a proposal from Morocco to establish a country partnership framework (CPF) and offered to extend $700m in development policy financing (DPF) over the next six years.

The analytic, logistical and financial support entailed in the agreement will be used for a variety of purposes to encourage the activity of micro-, small and medium-sized enterprises (MSMEs), such as developing digital platforms and infrastructure, promoting uptake of mobile payment systems and enhancing competition among digital service providers, according to Djibrilla Issa, a senior financial economist at the bank and the project’s team leader.

The establishment of the CPF dovetails with the National Financial Inclusion Strategy (Stratégie Nationale d'Inclusion Financière, SNIF), which was first jointly published by the Ministry of Economy and Finance and the central bank, Bank Al Maghrib (BAM), in September 2018. The SNIF aims to deepen banking penetration by expanding financial education, mobile payment methods and credit bureau coverage, as well as by relaxing lending ceilings for microcredit institutions.

A three-pronged approach

The execution of the CPF is founded on a trio of strategic axes. The first pillar entails improving the business environment for individuals and MSMEs. The reforms are intended to create a regulatory framework that accommodates financial securities that are more diverse and better tailored to the needs of borrowers.

Pillar two will support competition among telecoms operators to invest in digital infrastructure – particularly fibre-optic networks – to broaden the availability of mobile payment technologies, e-commerce platforms and information management systems.

In its analysis accompanying the DPF, the World Bank recommends that policymakers establish a politically independent regulatory body to oversee the telecoms sector and lift longstanding barriers to market entry, such as the high municipal fees associated with infrastructure deployment.

Pillar three dovetails with an initiative sponsored by the African Development Bank to support a series of regulatory reforms to lower the cost of doing business and spur the digitalisation of business services, particularly with regard to increasing the access of start-ups to angel, seed and early-stage financing.

Levelling the financial playing field

Central to this tripartite strategy is a commitment to bring economically marginalised groups – such as women, young adults and rural residents – into the financial system, and there is significant growth potential in this respect.

In a press release marking the programme’s launch, Issa underscored the CPF’s emphasis on targeting specific socio-economic categories: “It will address social and economic inclusion challenges, particularly for youth, women and rural populations.”

According to the World Bank's “2017 Global Findex”, 29% of Moroccans over the age of 25 maintain an account with a recognised financial institution.

This top-line figure obscures several disparities across socio-economic segments: rural residents are about half as likely to maintain an account as their urban counterparts (20% against 37%); among women, the rate is a little more than one out of six (17%); and of survey respondents aged 24 and under, 16% were affiliated with a banking institution.

However, data from BAM covering the period 2014-17 indicate that outreach efforts have begun, at least at the macro level, to bear some fruit. The number of deposit accounts and personal loans increased by 21% and 47%, respectively, over that period, while the value of non-life insurance premium was up 37%.

A work in progress

More could, however, be done to sustain inclusive growth and mitigate high levels of unemployment, including by easing the process for small businesses to secure credit.

While the share of loans allocated to small and medium-sized enterprises in Morocco is comparatively high among MENA countries, at 30%, the collateral requirement for these enterprises is more than 200%, well above both regional and global averages.

Among the tools currently at the kingdom’s disposal is a two-year, $2.97bn precautionary and liquidity line (PLL) the IMF approved in December. The facility is designed to help economies with sound macroeconomic fundamentals and specific systemic vulnerabilities make fiscal policy adjustments to support sustainable and inclusive growth.

Along with fiscal consolidation and tax reforms, the PLL is designed to facilitate “reforms of education, governance, the labour market” with a view to improving employment levels and female labour participation.

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