In English
La Côte d’Ivoire a accueilli sa première banque digitale en mars 2018, élargissant l’accès aux services bancaires pour la population non bancarisée et soulignant la nécessité pour les banques traditionnelles de s’adapter et d’innover face à une concurrence accrue, en particulier en provenance du segment du transfert d’argent mobile.
Standard Chartered, qui dispose d’agences bancaires physiques dans dix pays d’Afrique, a pénétré le marché ivoirien pour la première fois avec le lancement de sa première banque de détail entièrement digitale.
L’application digitale de la banque permet aux utilisateurs d’ouvrir un compte en banque en moins de 15 minutes en téléchargeant les documents de vérification directement vers l’application. En outre, les clients peuvent suivre leurs demandes et ont accès à 70 services bancaires depuis la plateforme mobile.
L’arrivée de cette banque digitale devrait contribuer à consolider les efforts déployés par le pays d’Afrique de l’Ouest afin de favoriser l’inclusion financière, qui s’élève actuellement à 41%, et de combler le fossé entre les services financiers mobiles et la banque traditionnelle. En janvier 2018, 40% des ivoiriens disposaient d’un compte d’argent mobile, et environ 16% étaient détenteurs d’un compte dans une institution financière traditionnelle. Ce dernier chiffre est encore plus bas dans les zones rurales, où seuls 10,3% des adultes ont un compte en banque, selon un rapport publié en mai par la Banque Mondiale.
Un marché dominé par les opérateurs télécoms
Si la Côte d’Ivoire affiche un faible taux de participation bancaire, le taux de pénétration mobile est de 105% et les plus grands opérateurs de télécommunications du pays, tels qu’Orange et MTN, ont cherché à tirer parti de cette disparité en exploitant le segment émergent de la banque mobile. En 2016, la Côte d’Ivoire disposait du plus grand marché de transfert d’argent mobile d’Afrique de l’Ouest, avec 12,8 millions d’utilisateurs enregistrés.
Bien que les opérateurs télécoms dominent le segment du transfert d’argent mobile, le lancement du projet de banque digitale de Standard Chartered montre bien que les institutions financières alignent peu à peu leurs stratégies sur les tendances du secteur afin de remporter des parts de marché.
Des capacités accrues pour soutenir un éventail de services plus étendu
L’expansion des services financiers numériques constitue seulement une facette d’une économie numérique en pleine croissance dont le développement présuppose une hausse des débits et des vitesses de connexion. C’est dans cette optique que le fournisseur d’accès à internet nigérian MainOne s’est vu octroyer en avril 2018 une licence pour étendre ses services de connectivité nationale et internationale en faisant atterrir son câble sous-marin transatlantique à Abidjan et en y construisant des infrastructures de transmission.
Le projet, qui a nécessité un investissement de 20 millions de dollars, va renforcer les infrastructures de télécommunications et devrait par conséquent entraîner une baisse des coûts pour les fournisseurs d’accès à internet, les opérateurs de télécommunications et autres entreprises locales. Ce qui devrait ensuite réduire les coûts d’accès à internet pour les consommateurs ivoiriens. Le câble installé par MainOne sera le quatrième du genre dans le pays. Il devrait être opérationnel au deuxième semestre de 2019.
Des obstacles encore à surmonter pour adapter les services aux besoins du marché
Si les coûts d’accès à internet devraient baisser à mesure que la capacité augmente, les services financiers numériques en Côte d’Ivoire comptent parmi les plus chers des marchés émergents. En janvier, on a assisté à une hausse des coûts pour le consommateur suite à l’introduction d’une nouvelle taxe de 0,5% sur les transferts d’argent par mobile. Celle-ci, qui vient s’ajouter à la taxe sur la valeur ajoutée déjà appliquée sur les services de transfert d’argent mobile, devrait permettre à l’État de percevoir quotidiennement 85 millions de francs CFA (130 000 euros), sur des transactions évaluées à 117 milliards de francs CFA (178,4 millions d’euros) par jour.
Etant donné que les coûts d’utilisation sont élevés, le niveau d’activité des clients sur les comptes d’argent mobile est faible, selon un rapport publié en mai 2018 par la Société Financière Internationale (IFC) du Groupe de la Banque Mondiale en partenariat avec la Fondation MasterCard. La Côte d’Ivoire, où le niveau d’activité des porte-monnaie électroniques est de 29%, est par exemple loin derrière le Kenya, où ce taux atteint les 62%.
D’après un sondage réalisé par l’IFC, la raison la plus souvent citée pour expliquer l’inactivité des abonnés aux services financiers numériques est l’irrégularité des revenus, citée par 43,6% des personnes interrogées, suivie de l’absence de nécessité d’utilisation du service (27%) et des coûts prohibitifs (15,5%).
Dans un pays où plus des deux-tiers de la population active sont employés dans le secteur agricole – un secteur défini financièrement en partie par les rémunérations liées aux emplois saisonniers – trouver des tarifs et des modalités de paiement qui conviennent aux travailleurs agricoles pourrait constituer le prochain défi pour les fournisseurs de services bancaires numériques.
Launch of digital bank in Côte d’Ivoire promotes financial inclusion
En Français
Côte d’Ivoire welcomed its first digital bank in March 2018, expanding access to its unbanked population and highlighting the need for traditional banks to adjust and innovate in the face of heightened competition, particularly from the mobile money segment.
Standard Chartered, which operates brick-and-mortar establishments in 10 African countries, entered Côte d’Ivoire for the first time via the launch of its first digital-only retail bank.
The lender’s digital application allows users to open a bank account in under 15 minutes by uploading verification documentation directly to the app. In addition, clients can track submitted requests and access 70 banking services from the mobile platform.
The development is expected to contribute to efforts to build financial inclusion in the West African nation, which stands at 41%, and bridge the gap between mobile financial services and traditional banking. As of January 2018, 40% of Ivorians had a mobile money account, compared to around 16% with an account at a traditional financial institution. The latter figure is even lower in rural areas, where only 10.3% of adults have a bank account, according to a report released in May by the World Bank.
Telecoms operators dominate market
In contrast to low levels of banking participation, the mobile penetration rate is 105% and the country’s largest telecoms operators, such as Orange and MTN, have sought to capitalise on this disparity by tapping into the emerging arena of mobile banking. As of 2016 Côte d’Ivoire boasted the largest mobile money market in West Africa, with 12.8m registered users.
Although telecoms operators dominate the mobile money segment, the launch of Standard Chartered’s digital banking project is a sign that financial institutions are gradually aligning their strategies with sector trends in a bid to gain market share.
Expanding spectrum to support wider breadth of services
The expansion of digital financial services is just one facet of a growing digital economy that is demanding increasing speeds and bandwidth to support its development. To this end, Nigerian connectivity provider MainOne was granted a licence in April 2018 to expand national and international connectivity services by means of building a landing for its trans-Atlantic cable and transmission infrastructure in Abidjan.
The $20m project will bolster telecommunications infrastructure and should subsequently lead to lower costs for internet service providers, telcos and other local businesses. This, in turn, is expected to reduce the costs paid by end users to access the internet. MainOne’s cable will be the fourth in the country and is due to come on-line in the second half of 2019.
Challenges remain to tailor services to market needs
Though internet access costs are expected to decrease as capacity rises, digital financial services in Côte d’Ivoire rank among the most expensive in emerging markets. In January costs to end users rose thanks to the introduction of a new 0.5% transaction charge on mobile money transfers. The new levy comes on top of existing value-added tax for mobile money services and is expected to earn the government CFA85m (€130,000) a day, based on daily transactions levels of CFA117bn (€178.4m).
As a result of the high costs of use, activity levels of mobile money accounts are low, according to a report released in May 2018 by the World Bank Group’s International Finance Corporation (IFC) in partnership with the MasterCard Foundation. Compared to Kenya, which has as 62% activity rate in terms of mobile money, Côte d’Ivoire lags behind at 29%.
According to a survey conducted by the IFC, the most commonly cited reason for inactivity among subscribers of digital financial services is irregular income, cited by 43.6% of respondents, followed by a lack of perceived need for the service (27%) and prohibitive costs (15.5%).
With approximately two-thirds of the workforce employed in the agricultural sector – an industry that is financially defined in part by its seasonal payment structure – finding pricing and payment options that suit agricultural workers could be the next innovation challenge for providers of digital banking services.