Réforme fiscale et investissement privé, des facteurs déterminants pour la croissance ivoirienne

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Suite au léger ralentissement ces dernières années de la forte croissance enregistrée précédemment par la Côte d’Ivoire, le pays s’est vu vivement encouragé à remanier en profondeur son système fiscal et à accroître les niveaux d’investissements privés afin de maintenir à l’avenir un taux de croissance positif.

S’exprimant à Abidjan début mars, José Gijón, le représentant-résident du FMI en Côte d’Ivoire, a exhorté le gouvernement à déployer davantage d’efforts en matière de collecte de l’impôt pour soutenir le développement économique du pays.

« La clé pour la Côte d’Ivoire est le revenu, » a-t-il déclaré aux médias internationaux. « Le gouvernement doit créer un espace budgétaire suffisant s’il veut devenir un pays émergent, et pour cela, il a besoin de revenus plus élevés. »

Selon le FMI, le pays a enregistré une croissance économique moyenne annuelle de 9,3% entre 2012 et 2015, l’un des taux les plus hauts du monde, avant de s’atténuer et de passer à 7,7% en 2016 puis 7,6% en 2017. Le FMI prévoit une croissance de 7,3% cette année et de 7,1% en 2019.

Simplifier les procédures actuelles de collecte de l’impôt permettra, selon M. Gijón, d’assurer l’atteinte des objectifs par le pays ; un grand nombre de petites et moyennes entreprises, qui constituent la clé de voûte de l’économie, ne s’acquittent actuellement pas de leurs impôts, considérant les procédures trop compliquées et les taux de paiements trop élevés.

En outre, le FMI a enjoint le gouvernement à mettre fin à une série d’allègements fiscaux concédés par le gouvernement précédent et à procéder à une mise à jour de la base de données des contribuables afin d’améliorer la collecte des impôts.

Davantage d’efficacité pour atteindre les objectifs en matière de recettes

Le gouvernement a déjà pris des mesures destinées à améliorer le recouvrement des recettes fiscales. Depuis le mois de janvier, les entreprises peuvent déclarer et payer leurs impôts en ligne ; un système de paiement des impôts par le biais du téléphone portable est également en cours de mise en place.

Les efforts déployés afin d’améliorer l’administration fiscale – tout comme la suppression progressive des exonérations de la taxe sur la valeur ajoutée, et la mise en place de nouvelles taxes sur les produits cosmétiques, les véhicules de luxe, les boissons alcoolisées et le tabac- devraient entraîner une hausse des recettes collectées de l’ordre de 0,45% du PIB cette année.

Ouattara Sié Abou, le Directeur Général des Impôts de Côte d’Ivoire, a déclaré en janvier que les recettes fiscales atteindraient, selon les prévisions, 2300 milliards de francs CFA (3,5 milliards d’euros) cette année, soit une hausse de 15% par rapport aux 2000 milliards de francs CFA (3 milliards d’euros) perçus l’an dernier.

Ces mesures s’inscrivent dans la stratégie du gouvernement qui vise à faire passer les recettes fiscales à 20% du PIB d’ici 2020, contre 15,9% l’an dernier. A titre de comparaison, l’Afrique du Sud – considérée comme la référence du continent- affiche un taux de 26%.

Plus d’investissement privé et une efficacité accrue pour tirer la croissance vers le haut

Outre la réforme fiscale, les institutions financières internationales ont exhorté le pays à procéder à une série de modifications supplémentaires afin de garantir la croissance à plus long terme.

Dans un rapport publié en février, la Banque Mondiale a enjoint le pays à redoubler d’efforts pour attirer des financements privés et étrangers. Si les investissements privés sont passés de 5,7% du PIB en 2011 à environ 12% en 2012, ils se sont depuis lors légèrement contractés pour atteindre les alentours de 11%, soit des taux inférieurs à d’autres pays sub-sahariens tels que le Ghana (19%) et l’Ouganda (18%). Les investissements directs étrangers restent également relativement faibles, représentant tout juste entre 1,5 et 2% du PIB.

Une hausse des investissements permettrait non seulement d’améliorer les capacités technologiques du pays et les compétences de la main d’œuvre locale mais également, selon la Banque Mondiale, d’accroître la connectivité, réduisant ainsi le prix des transports pour les ports du pays et diminuant les coûts associés aux réseaux de télécommunication et aux connexions internet.

Cela pourrait également contribuer à soulager la pression budgétaire engendrée par l’ambitieux programme de dépenses publiques du gouvernement ivoirien, qui a fait passer le déficit budgétaire de 2,9% du PIB en 2015 à 4,5% l’an dernier.

Si l’optimisation du recouvrement des recettes fiscales devrait améliorer la situation, la Banque Mondiale a également préconisé davantage d’efficacité pour le secteur public, en particulier dans les domaines de la santé et de l’éducation, destinataires d’environ 30% des dépenses publiques.

La diversification, moteur de croissance dans un contexte de chocs

Si de telles mesures budgétaires sont actuellement appliquées en Côte d’Ivoire, le pays continue toutefois d’enregistrer une forte croissance économique, et ce malgré un certain nombre de chocs endogènes et exogènes, notamment une chute des cours mondiaux du cacao, des grèves dans le secteur public et une mutinerie de l’armée.

Cette résistance est en grande partie attribuée à la diversification de l’économie et au développement des secteurs secondaire et tertiaire.

Le secteur de l’agriculture, de la sylviculture, de la pêche et de la chasse reste le principal contributeur au PIB, représentant 23,4% de celui-ci en 2016, mais ce taux atteignait 30,3% en 2011. A l’inverse, le secteur manufacturier, le secteur du transport et des communications, ainsi que celui du bâtiment, ont tous vu leur participation au PIB augmenter ces dernières années.

 

 

Tax reform, private investment central to Côte d’Ivoire’s growth

En Français

With previously strong economic growth moderating slightly in recent years, Côte d’Ivoire has been urged to undertake wide-ranging changes to its tax system and increase levels of private investment to maintain its positive rate of expansion in the future.

Speaking in Abidjan in early March, José Gijón, the IMF’s resident representative in Côte d’Ivoire, called on the government to broaden revenue collection efforts to support expansion.

“The key for Côte d'Ivoire is income,” he told international media. “The government needs to create sufficient fiscal space if it wants to become an emerging country, and for that, it needs higher income.”

According to the IMF, the economy grew by an annual average of 9.3% between 2012 and 2015, one of the highest rates in the world, before moderating to 7.7% and 7.6% in 2016 and 2017, respectively. The fund forecasts growth of 7.3% this year and 7.1% in 2019.

To ensure the country meets these targets, Gijón says officials need to simplify existing tax collection processes; a large number of small and medium-sized enterprises, which make up the backbone of the economy, currently do not pay tax as the process is seen as too complicated and payment rates are considered too high.

In addition, the IMF has urged the government to end a series of tax breaks established during previous administrations and update the taxpayer database to improve collection.

Improved efficiency to help meet revenue targets

The government has already taken some steps to address revenue collection. Since January businesses have been able to declare and pay taxes online, while officials are rolling out an initiative that allows people to use their mobile phones to pay their taxes.

Together, efforts to improve tax administration – as well as the phasing out of value-added tax exemptions, and the introduction of new taxes on cosmetic products, luxury vehicles, beverages and tobacco – are expected to increase revenue collection by 0.45% of GDP this year.

Ouattara Sié Abou, Côte d’Ivoire’s director-general for taxes, said in January that tax receipts were projected to reach CFA2.3trn (€3.5bn) in this year, a 15% increase on last year’s CFA2trn (€3bn).

The measures form part of the government’s aim to increase tax revenue as a percentage of GDP to 20% by 2020, up from 15.9% last year. By comparison, South Africa – considered the benchmark in Africa – boasts a rate of 26%.

Private investment, improved efficiency key to economic expansion

In addition to tax reform, international financial institutions have urged the country to make a series of other changes to ensure longer-term expansion.

In a report released in February, the World Bank called for improved efforts to attract private and foreign funding. While private sector investment rose from 5.7% of GDP in 2011 to around 12% in 2012, levels have since moderated to approximately 11%, lower than fellow sub-Saharan African countries Ghana (19%) and Uganda (18%). Foreign direct investment also remains modest, accounting for just 1.5-2% of GDP.

In addition to improving the country’s technological capacity and the skillset of the domestic workforce, increased investment could help to bolster broader connectivity, according to the bank, thereby lowering physical and virtual transport costs for the country’s ports, and reducing the costs associated with telecoms networks and internet connections.

It could also help to relieve the fiscal pressure generated by the government’s ambitious public expenditure programme, which saw the budget deficit grow from 2.9% of GDP in 2015 to 4.5% last year.

While enhanced revenue collection should improve the situation, the bank has also called for greater public sector efficiency, particularly in the areas of health and education, which make up around 30% of state spending.

Diversification driving growth amid shocks

Although such fiscal remedies are ongoing, strong economic growth has continued despite a number of internal and external shocks, including a drop in global cocoa prices, public sector strikes and a military mutiny.

This resilience has been largely attributed to the diversification of the economy, and the developing secondary and tertiary sectors.

While the agriculture, forestry, fishing and hunting sector is still the economy’s largest contributor, accounting for 23.4% of GDP in 2016, this percentage has dropped from 30.3% in 2011. By contrast, the contributions of manufacturing, transport and communications, and construction have all increased in recent years.

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