In English
Le Gabon déploie actuellement un nouveau programme d’observation des forêts afin de surveiller les espaces verts et de promouvoir le développement durable dans le cadre des engagements pris sous l’Accord de Paris. Le pays bénéficie dans sa démarche de l’appui financier de bailleurs de fonds, qui devrait permettre au secteur sylvicole de suivre une trajectoire de croissance à long terme.
Modernisation et surveillance satellitaire
Fin mai, le gouvernement gabonais a publié au Journal officiel l’Arrêté n° 0774/PM, qui fixe le cadre réglementaire permettant à l’Etat de mieux surveiller « l’ensemble des activités susceptibles de porter atteinte à l’intégrité forestière », y compris l’activité minière, l’activité énergétique et les agro-industries.
Les nouvelles réglementations institutionnalisent la surveillance satellitaire en temps réel des forêts gabonaises à des fins non seulement scientifiques mais aussi répressives, par l’Agence gabonaise d’études et d’observations spatiales (AGEOS).
Grâce à une antenne située à Nkok, le système permet à l’AGEOS d’étudier les tendances de croissance et d’estimer les stocks de carbone, mais aussi de détecter en temps réel l’exploitation potentiellement illégale du bois et d’alerter les équipes d’intervention d’urgence pour lutter contre les effets néfastes de la déforestation, d’après le Programme des Nations Unies pour le développement.
L’activité de surveillance de l’AGEOS repose principalement sur deux types d’imagerie spatiale, de moyenne et haute résolution, provenant de deux systèmes satellitaires distincts : Pléiades, exécuté par le Centre national d’études spatiales, basé à Paris, et Landsat, détenu par l’Institut d’études géologiques des Etats-Unis.
Impact potentiel
C’est en 2007 que le Gabon envisage pour la première fois de surveiller ses forêts par satellite, et conclut à cette fin un accord financier de 9 millions d’euros avec l’Agence française de développement. L’AGEOS débute ses opérations quelque huit ans plus tard, en 2015, en recueillant des données issues d’un large éventail de satellites détenus par des partenaires des secteurs public et privé, notamment la National Aeronautics and Space Administration (NASA) américaine et le groupe italien Telespazio spécialisé dans les activités spatiales.
Néanmoins, la décision d’officialiser l’activité de surveillance de l’AGEOS dans le cadre réglementaire plus vaste applicable au secteur forestier, qui offre notamment à l’agence la possibilité de lever des fonds par le biais d’une taxe annuelle sur les terres faisant l’objet d’un acte de propriété, devrait largement contribuer à améliorer la gouvernance du secteur au Gabon.
Le pays d’Afrique centrale, dont la superficie excède légèrement celle du Royaume-Uni, est l’un des pays les plus boisés au monde, puisque 88 % de sa superficie totale est couverte de forêts, d’après les Nations Unies. Par conséquent, il peut s’avérer difficile de prévenir la surexploitation de ses quelque 23 millions d’hectares de forêts sans les capacités de surveillance nécessaires.
Ces nouvelles méthodes de surveillance seront par ailleurs décisives pour honorer les engagements pris par le Gabon lors de la Conférence sur les changements climatiques COP21, à savoir réduire de moitié les émissions de carbone à l’horizon 2030 par rapport à leur niveau de 2005. D’après les dernières données de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, la déforestation est à l’origine de 6,4 % des émissions de gaz à effet de serre du pays depuis 2011.
Le pays entrevoit déjà des signes encourageants : une étude récente des Nations Unies a mis en évidence un gain net de superficies boisées de quelque 200 hectares, soit 1 %, entre 2010 et 2015, largement attribuable à la régénération naturelle.
Un soutien international
Ces mesures en faveur du développement durable trouvent un soutien à l’étranger. Le 27 juin, le Gabon a signé un accord avec l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale, lancée en 2015 par l’Union européenne (UE) et quatre gouvernements européens, avec les conseils techniques du Brésil, afin de protéger le bassin du Congo. Dans le cadre de cet accord, le pays recevra une enveloppe de 18 millions de dollars destinée à renforcer les mesures de préservation, qui sera spécifiquement consacrée au suivi des systèmes, au développement d’un plan national d’affectation du territoire et à l’amélioration de la gouvernance du secteur.
Outre les mesures de surveillance, le pays a par ailleurs constitué une nouvelle « brigade » d’agents d’inspection, formés le mois dernier, dont la mission consistera à surveiller les activités forestières dans le district de Komo-Mondah. D’après les médias locaux, le groupe, intégralement financé par la Banque mondiale, a été inauguré le 26 juillet à Ntoum par le premier ministre Emmanuel Issoze Ngondet, et travaillera au sein du service des forêts afin de prévenir l’exploitation illégale du bois.
Une croissance durable
Ces nouvelles mesures sont prises alors que le secteur sylvicole enregistre cette année des performances relativement solides. Au premier trimestre 2017, la production de bois traité a progressé de 14,9 % sur 12 mois, un résultat qui s’explique par l’efficacité accrue de la livraison de bûches et la mise en service de nouvelles unités de traitement. Les ventes de produits forestiers ont suivi la tendance et progressé de 10,3 % sur le marché national et 10,7 % sur les marchés étrangers.
La production de bois d’œuvre a enregistré une croissance similaire sur cette même période (+ 13,6 % sur 12 mois) pour atteindre 110 143 mètres cubes, tandis que les activités de plaquage ont progressé de 9,3 %, et les activités de contreplaqué de 55,2 % pour s’établir à 15 976 mètres cubes.
La croissance est notable, compte tenu du fait que l’activité d’usinage du bois au Gabon était relativement limitée il y a 10 ans de cela. Une interdiction sur les importations de bois brut imposée en 2010 a contraint les sociétés d’exploitation du bois à développer leurs opérations en aval, ce qui a donné lieu à une explosion du nombre de sites de transformation (130, soit + 36 %) au cours de la période 2012-14 et créé plus de 7 000 postes. Par conséquent, les capacités nationales de traitement du bois ont été portées à 2,5 millions de mètres cubes cette année, contre 1,2 - 1,5 million avant l’interdiction.
Au mois de mars, une évaluation de l’interdiction conduite par la Banque mondiale a conclu que depuis 2010, les réformes menées dans le secteur forestier gabonais ont élevé la contribution du secteur au produit intérieur brut (PIB), multiplié par deux la création d’emplois et empêché l’émission de 69 millions de tonnes d’équivalent CO2.
New forestry safeguards in Gabon to strengthen environmental protection
En Français
Gabon is rolling out a new forestry surveillance programme to monitor green spaces and enforce sustainable development as part of its commitment under the Paris Agreement, a move backed by donor funding that should help keep its forestry sector on a long-term growth path.
Systems upgrade to satellite surveillance
In late May the government published decree No. 0774/PM in its official gazette, which establishes a regulatory framework to allow the state to better monitor “all activities affecting the integrity of the country’s forests” including mining, energy and agro-industries.
The new regulations institutionalise real-time satellite surveillance of Gabon’s forests for both scientific and enforcement purposes by the Gabonese Agency for Spatial Studies and Observations (Agence Gabonaise d’Etudes et d’Observations Spatiales, AGEOS).
Using an antenna in Nkok, the system allows AGEOS to study growth patterns and estimate carbon stocks, as well as identify potentially illegal logging in real time and alert quick-response teams to crack down on harmful deforestation, according to the UN Development Programme.
AGEOS’s surveillance activity largely relies on two sets of spatial imagery – mid- and high-resolution – from separate satellite systems: Pléiades, run by the Paris-based National Centre for Spatial Studies, and Landsat, owned by the US Geological Survey.
Potential impact
Gabon first began exploring the possibility of satellite surveillance of its forests in 2007, eventually signing a €9m financing agreement with the French Development Agency. AGEOS began operations roughly eight years later in 2015, collecting data from a range of satellites owned by both public and private sector partners, including the US National Aeronautics and Space Administration and Italian-headquartered aerospace company Telespazio.
However, the move to formalise AGEOS surveillance activity in the broader forestry regulatory framework – which, notably, includes the ability for the agency to raise funding through an annual levy on deeded land – could greatly improve the sector’s governance in Gabon.
The central African country, which is slightly larger in area than the UK, is one of the world’s most forested countries at 88% of its total land area, according to the UN. As a result, preventing over-exploitation of its roughly 23m ha of forest can be challenging without the necessary surveillance capacity.
New means of oversight will also be key to meeting Gabon’s COP21 UN Conference on Climate Change commitment to cut carbon output in half – from 2005 levels – by 2030. According to the UN Food and Agriculture Organisation’s most recent data, deforestation made up 6.4% of the country’s greenhouse gas emissions as of 2011.
There are encouraging signs: a more recent UN study showed a net gain in forest area of some 200 ha in forest area, or 1%, during 2010-15, mostly due to natural regeneration.
International support
The push for sustainable practice is finding support abroad. On June 27 Gabon signed an agreement with the Central African Forest Initiative – a scheme to preserve the Congo Basin launched in 2015 by the EU and four European governments, with technical advice from Brazil – to receive $18m to help step up conservation measures. The funds will go towards monitoring systems, developing a national land-use plan and improving sector governance.
Monitoring measures will also benefit from a new “brigade” of inspection officers, formed last month to patrol forestry activity in the district of Komo-Mondah. Funded entirely by the World Bank, local media report the group was inaugurated July 26 in Ntoum by Prime Minister Emmanuel Issoze Ngondet and will work as part of the Forestry Service to prevent illegal logging.
Green growth
These developments come on the heels of a relatively strong performance by the forestry sector this year. In the first quarter of 2017 production of processed wood increased by 14.9% year-on-year (y-o-y) on the back of increased efficiency in the delivery of logs and the commissioning of new processing units. Sales of forestry products accordingly rose by 10.3% in the domestic market and 10.7% in overseas markets.
Lumber output registered similar growth in that period, rising by 13.6% y-o-y to 110,143 cu metres, while veneering activities grew by 9.3% and plywood by 55.2% to reach 15,976 cu metres.
The growth is notable, given that timber processing activity in Gabon was relatively limited a decade ago. A 2010 ban on raw timber imports forced logging companies to expand downstream operations, swelling the ranks of log transformation facilities by 36% to 130 during 2012-14 and creating more than 7000 jobs in the process. As a result, Gabon’s log processing capacities increased from 1.2m-1.5m cu metres before the ban to 2.5m this year.
In March a World Bank assessment of the ban concluded that since 2010, reforms in Gabon’s forestry sector had raised the sector’s contribution to GDP, doubled job creation and prevented emission of 69m tonnes of CO2 equivalent.