Des cours du cacao en berne poussent la Côte d’Ivoire et le Ghana à agir de concert

In English

La Côte d’Ivoire et le Ghana se sont entendus pour créer une instance commune du cacao visant à renforcer leur coopération en faveur de ce poste de recettes stratégique, qui a été lourdement affecté par la chute prolongée des cours mondiaux.

Dans le cadre de l’Initiative pour un cacao durable (Sustainable Cocoa Initiative, SCI) Ghana-Côte d’Ivoire, dévoilée en juin, les nations voisines collaboreront sur des politiques visant à accroître la production et la compétitivité. Il s’agira également de trouver réponse à d’autres enjeux d’actualité, comme la contrebande transfrontalière, susceptible d’altérer tant les bénéfices des exploitants que la qualité des cultures.

L’instance sera dirigée par un groupe de représentants du Conseil du Café-Cacao (CCC) de Côte d’Ivoire et du Ghana Cocoa Board, et englobera des comités distincts se spécialisant dans divers champs d’intervention stratégiques, notamment les finances, la commercialisation et la production.

Historiquement concurrents, la Côte d’Ivoire et le Ghana occupent respectivement la première et la deuxième place sur la liste des producteurs mondiaux de cacao; la Côte d’Ivoire produit 40% du cacao mondial, soit approximativement 1,6 millions de tonnes l’an passé selon la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l’Ouest, tandis que le Ghana y contribue environ 20%.

Un pilier de l’économie

Cette initiative intervient à un moment critique pour une marchandise qui représente un poste de recettes essentiel pour les deux économies. Premier produit d’exportation en valeur de la Côte d’Ivoire, le cacao a fait rentrer 2 900 milliards de francs CFA (4,4 milliards d’euros) l’an dernier, tandis que les ventes extérieures du Ghana ont atteint 2 milliards d’euros en 2016, soit 22% de l’ensemble des recettes d’exportation.

Cependant, sur les 16 mois ayant précédé l’annonce de la création de la SCI, les deux producteurs ont vu les cours de la denrée plonger, de 3 200 dollars la tonne fin 2015 à environ 1 800 dollars début mai, leur plus bas niveau depuis presque une décennie. Ce qui a amené le gouvernement ivoirien à tailler de 9% dans son budget national à la mi-mai, le ramenant à 6 440 milliards de francs CFA (9,8 milliards d’euros).

Bien que les cours du cacao se soient progressivement hissés jusqu’à presque 2 100 dollars la tonne vers la fin du mois de mai, ils sont repartis à la baisse au début de ce mois, retombant à 1 800 dollars la tonne.

La détérioration des cours est en partie attribuable à un ralentissement de la croissance de la consommation, ainsi qu’un bond de la production mondiale entraînant une saturation de l’offre.

Selon les estimations de l’Organisation Internationale du Cacao (International Cocoa Organisation, ICCO), la production mondiale pour la campagne agricole en cours atteindra les 4,69 millions de tonnes, générant un excédent de 720 000 tonnes. En comparaison, la production avait enregistré l’an dernier un déficit de 198 000 tonnes.

La production de la seule Côte d’Ivoire devrait atteindre 1,9 millions de tonnes au terme de la campagne agricole en septembre, contre 1,7 millions l’an dernier.

Effets ricochet

L’impact négatif de ce contexte de bas prix sur les recettes agricoles a été exacerbé par un système de ventes à terme adopté en 2012 dans l’objectif de protéger les producteurs des fluctuations des cours.

Tributaire de la capacité des acheteurs à couvrir leurs commandes, le système a bien fonctionné tant que les cours étaient hauts, mais s’avère problématique dans le contexte actuel. Les enchères spéculatives menées par de petits négociants avant le décrochage des prix ont placé certains acteurs dans l’incapacité d’honorer leurs contrats, conduisant plusieurs d’entre eux au défaut de paiement.

Dans l’intention d’aider à préserver la rémunération des cultivateurs face à la baisse des prix de la marchandise, le CCC a pioché dans son fonds de stabilisation du cacao en mars, bien que le montant alloué et le solde du compte n’aient pas été précisés par les autorités concernées.

On estime à près de 80% la proportion des acheteurs de cacao n’ayant pas respecté leurs contrats portant sur les récoltes de 2016, avec pour conséquence une quantité considérable de produits sans débouché et de producteurs impayés.

Confronté à ces prix amputés, le gouvernement a suspendu en novembre le système d’enchères à terme pour la campagne 2017/2018, avant de le rétablir fin mai.

Selon les données nationales, la Côté d’Ivoire a vendu à terme 950 000 tonnes de cacao pour la récolte 2017/2018, soit l’équivalent de la moitié de la production nationale et de 20% de la production mondiale, à un prix d’environ 2 040 dollars la tonne. Le CCC projetterait de vendre 1,2 millions de tonnes supplémentaires de fèves de cacao d’ici à septembre.

Couplée à des craintes de conditions climatiques préjudiciables aux récoltes, ainsi qu’à des troubles sociaux ayant perturbé les chaînes d’approvisionnement, la nouvelle de la vente anticipée d’une bonne partie de la production mondiale a permis aux cours à terme du cacao pour juillet de gagner pas moins de 6,6% en un jour à la fin du mois de mai, clôturant à 2 034 dollars la tonne sur le marché à terme de New York, l’ICE Futures US, marquant la plus importante hausse journalière de la denrée depuis 2012.

Un potentiel à exploiter

En parallèle, certains acteurs de la filière voient en l’adoption de pratiques agricoles plus efficaces la clé de la vitalité de l’industrie du cacao et du secteur agricole de manière plus générale. “Le rendement du cacao ivoirien, à 350 kg par hectare, est bien inférieur à celui d’autres producteurs tels que l’Equateur ou l’Indonésie, où le rapport s’établit autour de 1 à 1,5 tonnes par hectare”, a déclaré à OBG Benjamin Bessi, directeur général du chocolatier français Cémoi. “Accompagner les cultivateurs dans le développement de pratiques agricoles saines, sans oublier de leur fournir des aides financières, est le premier pas vers l’augmentation des rendements”, a-t-il ajouté.

 

 

Falling cocoa prices prompt joint action from Côte d’Ivoire and Ghana

En Français

Côte d’Ivoire and Ghana have agreed to set up a joint cocoa body aimed at improving cooperation for a key revenue-earner that has been heavily impacted by a sustained drop in global prices.

Announced in June, the Ghana-Côte d'Ivoire Sustainable Cocoa Initiative (SCI) will see the neighbouring nations collaborate on policies to raise production and competitiveness. Other topical issues, such as cross-border smuggling – which can distort both farm gate earnings and crop quality – will also be addressed.

The body will be led by a group of representatives from Côte d’Ivoire’s Coffee and Cocoa Council (Conseil du Café-Cacao, CCC) and the Ghana Cocoa Board, with separate committees focusing on key areas of interest, including economics, marketing and production.

Traditionally competitors, Côte d’Ivoire and Ghana rank first and second, respectively, on the list of global cocoa producers; the former produces 40% of the world’s cocoa – around 1.6m tonnes last year, according to the Central Bank of West African States – while Ghana contributes roughly 20%.

Pillar of the economy

The move comes at a critical juncture for what is a major revenue earner for both economies. Cocoa is Côte d’Ivoire’s primary export by value, bringing in CFA2.9trn (€4.4bn) last year, while Ghana’s outbound sales totalled €2bn in 2016, representing 22% of all export earnings.

However, in the 16-month period preceding the announcement of the SCI, the two producers saw prices for the crop fall from $3200 per tonne at the end of 2015 to around $1800 in early May – the lowest in almost a decade. This prompted the Ivorian government to slash its national budget by 9% in mid-May to CFA6.44trn (€9.8bn). 

While cocoa prices inched up to almost $2100 per tonne towards the end of May, they again trended downward to $1800 per tonne at the beginning of this month.  

The decline in prices is in part a result of slowing consumption growth, along with a jump in global production, leading to a glut in supply.

According to International Cocoa Organisation (ICCO) estimates, global production for the current agricultural season will hit 4.69m tonnes, creating a surplus of 720,000 tonnes. By comparison, production last year registered a deficit of 198,000 tonnes.

Côte d’Ivoire’s output alone is expected to reach 1.9m tonnes at the end of the agricultural season in September, up from 1.7m last year.

Ripple effects

The negative impact of the low-price environment on farming revenue has been compounded by a forward sales system that was introduced in 2012 with the aim of protecting producers from price fluctuations.

Dependent on buyers’ ability to hedge their purchases, the system worked well while prices were high, but is proving problematic in the current environment. Speculative auctions by small-scale traders before the drop-off in prices left some players unable to fulfil their contracts, and several defaulted as a result.

In a move to help shore up farm gate value amid falling commodity prices, the CCC dipped into its cocoa stabilisation fund in March, though the amount spent and the remaining balance in the account were not specified by officials.

Estimates suggest around 80% of cocoa buyers failed to meet their contracts for crops in 2016, which left a significant amount of production stranded and producers unpaid.

Faced with lower prices, the government suspended the forward sale auction system for the 2017/18 season in November, before reintroducing it at the end of May.

According to national data, Côte d’Ivoire forward sold 950,000 tonnes of cocoa for the 2017/18 harvest, equivalent to half of national production and 20% of global production, priced at around $2040 per tonne. The CCC is said to have plans to sell a further 1.2m tonnes of cocoa beans by September.  

Paired with fears of damaging weather conditions for crops, as well as civil unrest that disrupted supply chains, news that a large chunk of worldwide production had been sold forward saw cocoa futures for July rise by as much as 6.6% in one day in late May, closing at $2034 a tonne on the ICE Futures US exchange, representing the largest one-day increase for the commodity since 2012.

Fulfilling potential

In the meantime, some stakeholders see more efficient farming practices as being key to the health of the cocoa industry and agriculture sector as a whole. “Côte d’Ivoire’s cocoa yield of 350 kg per ha is much lower than other producers such as Ecuador or Indonesia, where the ratio stands at around 1-1.5 tonnes per ha,” Benjamin Bessi, director general at French chocolate-maker Cémoi, told OBG. “The first step to increasing yields is supporting farmers in the pursuit of good agricultural practices, while also providing financial assistance,” he said.

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