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Un nouveau financement international devrait permettre de donner une nouvelle impulsion au programme de redressement économique du Gabon sur le moyen terme après trois ans de détérioration de sa situation budgétaire.
Le 19 juin, le FMI a approuvé un accord triennal en faveur du Gabon dans le cadre de son mécanisme élargi de crédit pour le pays d’Afrique Centrale. Le montant du prêt s’élève à 642 millions de dollars, avec un décaissement immédiat d’environ 98,8 millions de dollars prévu. Le financement restant sera étalé sur la durée du programme et sera subordonné à des revues semestrielles et à l’application d’une série de réformes structurelles de la part du gouvernement.
Réformer les politiques publiques
Le Gabon avait entamé des discussions préliminaires en février de cette année, suite à une visite de deux semaines d’une délégation du FMI, afin d’emprunter au titre du mécanisme élargi de crédit.
Le communiqué de presse publié par le FMI à la veille de sa mission au Gabon indiquait que les perspectives du Gabon à moyen terme étaient positives grâce aux efforts récents des autorités pour diversifier l’économie et améliorer la résilience budgétaire mais que des mesures plus spécifiques devaient être définies afin de garantir la pérennité de ces réformes.
D’après le directeur de la mission du FMI au Gabon, Alex Segura-Ubiergo, « L’objectif affiché du gouvernement de réduire les dépenses non-prioritaires, d’augmenter les allocations en faveur des programmes sociaux prioritaires, de remédier au manque d’efficience de la dépense publique, et de mobiliser les recettes non-pétrolières semble approprié, mais des mesures et des objectifs plus précis doivent à présent être définis. »
Recommandations de politiques
L’accord de financement du FMI est assorti d’une série de recommandations de réformes, notamment des mesures destinées à maîtriser les dépenses publiques et à consolider le secteur financier en renforçant la supervision des banques commerciales et en soutenant trois banques publiques en difficulté.
La mobilisation des recettes non-pétrolières constitue un autre thème clé du calendrier de réformes suggéré par le FMI, ce dernier proposant notamment la création d’un office des recettes, le renforcement du civisme fiscal, la modernisation des déclarations d’impôt et des procédures de paiement, l’élargissement de l’assiette fiscale, la réduction des régimes spéciaux en matière de TVA, la baisse du nombre d’exonérations ainsi que l’amélioration de l’efficacité de la collecte de l’impôt.
D’autres réformes ont trait à l’amélioration du climat des affaires, par le biais par exemple d’une réduction des temps d’obtention des permis de construire et d’une meilleure exécution des contrats.
Dans l’ensemble, le programme du FMI vise à faire passer le déficit budgétaire de son taux de 6,6% du PIB affiché l’an dernier à 4,6% cette année, ainsi qu’à ramener le déficit primaire hors pétrole à 8,9% du PIB non pétrolier, contre 8,9% en 2016.
Financer la reprise
Le prêt du FMI constitue un coup de pouce dont le budget du Gabon, très dépendant des matières premières et qui a bien des difficultés à affronter la chute des cours du pétrole, a grand besoin.
En 2014, avant la chute des cours, le pétrole représentait environ 85% des recettes d’exportation du pays et contribuait à hauteur d’environ 44% aux recettes publiques. Mais en 2015 les recettes pétrolières ont accusé une baisse de 41,7%, ne représentant plus qu’à peine 30% des recettes de l’Etat, selon la Direction Générale de l’Economie et de la Politique Fiscale.
Les tentatives de stabilisation des comptes publics s’étaient déjà attiré en début d’année le soutien de la Banque Africaine de Développement, dont le conseil d’administration a approuvé au mois de janvier un prêt de 200 millions d’euros dans le cadre d’un programme d’appui budgétaire d’un montant total de 500 millions d’euros.
Si les chiffres des recettes pétrolières de 2016 n’ont pas encore été publiés, la tendance devrait se confirmer, dans la mesure où la production nationale de brut a poursuivi son déclin, s’établissant l’an dernier à 280 000 bj, soit une baisse de 3,1%, selon le rapport statistique sur l’énergie mondiale du groupe BP.
En conséquence de quoi, le taux de croissance économique du Gabon a tourné autour de 2,1% en 2016, contre 3,9% l’année précédente, selon le FMI. Son déficit courant est quant à lui supérieur à 10% du PIB, un net revirement par rapport à l’excédent annuel moyen de 14% affiché au cours de la période 2010-2014.
Perspectives à moyen terme
Afin de stimuler encore davantage la reprise économique du pays, le gouvernement accélère de nombreuses réformes dans le cadre de son plan stratégique Gabon Emergent, lancé en 2009.
Au cœur de la stratégie Gabon Emergent – qui vise un objectif de diversification économique par le biais d’un développement des activités manufacturières et agricoles – se trouvent la hausse de la production et de la valeur ajoutée des matières premières agricoles et minières clés, ainsi que le développement du secteur tertiaire et des services tel que le tourisme. L’objectif premier étant de réduire la contribution du secteur pétrolier aux recettes publiques en la faisant passer à environ 25% de ces dernières d’ici 2020.
En attendant, pour assainir ses finances publiques, le budget 2017 a été réduit de plus de 5% par rapport à l’année précédente.
Les perspectives à moyen terme du Gabon restent toutefois positives si le calendrier de la diversification économique est respecté. Si le FMI prévoit une croissance du PIB en baisse de 1% cette année, il note toutefois que de récents investissements dans les infrastructures logistiques et les secteurs des matières premières hors pétrole, ainsi qu’un investissement direct étranger soutenu dans le secteur du manganèse et l’agro-industrie, pourraient faire remonter la croissance à un taux de 4 à 5%.
IMF deal to support diversification and stability in Gabon
En Français
A new package of international support looks set to boost Gabon’s medium-term recovery programme after three years of a deteriorating fiscal position.
On June 19 the IMF approved a three-year deal for Gabon as part of its extended fund facility to the Central African nation. The programme is worth $642m and secures an immediate disbursement of about $98.8m. The rest of the package is to be disbursed in phases, following semi-annual reviews and on the condition that the government institutes a range of structural reforms.
Reforming state policies
Gabon began preliminary discussions for the extended fund facility in February of this year, following a two-week visit by an IMF mission.
The statement issued by the IMF in the wake of the visit noted that Gabon’s medium-term outlook was relatively strong, thanks to ongoing government efforts to diversify the economy and improve fiscal resiliency, but that more specific steps were needed to ensure the reforms were sustainable.
According to the IMF mission chief for Gabon, Alex Segura-Ubiergo, “The government’s intentions to reduce non-priority spending, increase allocations for priority social programmes, address inefficiencies in public spending and mobilise non-oil revenues seem adequate, but specific policy measures and targets still need to be designed and spelled out with more precision.”
Policy prescriptions
The IMF package contains a range of recommended reforms as part of the funding agreement, including measures to contain public spending and shore up the financial sector by strengthening commercial bank oversight and supporting three distressed public banks.
A second key theme of the proposed reform agenda is to mobilise non-oil revenue, notably by creating a new revenue authority, boosting tax compliance, updating tax filing and payment procedures, broadening the tax base, levying value-added tax more widely, reducing the number of exemptions and improving efficiency in collections.
Other reforms centre on improving the ease of doing business, such as through shorter lead times for obtaining construction permits and better enforcement of contracts.
Taken together, the IMF programme aims to curb the fiscal deficit from 6.6% of GDP last year to 4.6% this year, as well as rein in the non-oil primary deficit from 11% to 8.9% of non-oil GDP.
Financing recovery
The IMF deal provides a much-needed shot in the arm for Gabon’s commodity-dependent budget, which has been struggling to cope with the plunge in oil prices.
In 2014, before prices dropped, oil accounted for roughly 85% of export revenues and contributed around 44% to the public coffers. However, in 2015 oil revenues dropped by 41.7%, bringing their share of state income to just over 30%, according to the General Directorate of the Economy and Fiscal Policy.
Efforts to stabilise the sovereign accounts had already received support earlier this year from the African Development Bank, whose board of directors approved a €200m loan in January as part of a budget support programme worth €500m.
While 2016’s oil revenue figures have yet to be released, they are expected to confirm this trend, as domestic crude oil production has continued to decline, falling by 3.1% last year to 280,000 bpd, according to the 2017 “BP Statistical Review of World Energy”.
As a result, Gabon’s economic growth rate stood at around 2.1% in 2016, down from 3.9% the previous year, according to the IMF. Its current account deficit, meanwhile, surpassed 10% of GDP, a sharp reversal from an average annual surplus of 14% over the 2010-14 period.
Medium-term outlook
To help stoke the country’s recovery, the government is accelerating a host of reforms under the aegis of its eight-year-old Emerging Gabon strategy.
Central to the Emerging Gabon strategy – which focuses on diversification by boosting manufacturing and agricultural activity – are increases in both output and value addition for key agricultural and mining commodities, as well as expanding service sectors like tourism. The overaching goal is to reduce oil’s contribution to about 25% of state revenue by 2020.
In the meantime, to tackle its public finances, the 2017 budget was cut by more than 5% from the previous year.
Gabon’s medium-term outlook nonetheless remains positive if the economic diversification agenda moves ahead as planned. While the IMF projects GDP growth will decline to 1% this year, it notes that recent large-scale investment in logistics infrastructure and non-oil commodity sectors, along with sustained foreign direct investment in manganese and agri-business, could push this rate back up to around 4-5%.