L’Algérie dévoile sa stratégie de diversification des sources de recettes publiques

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De nouveaux détails concernant la stratégie économique algérienne à long terme qui vise à réduire la dépendance du pays aux hydrocarbures ont été annoncés, offrant aux investisseurs davantage d’indications quant au cap pris par le pays dans un contexte de prix bas du pétrole.

Objectifs de développement

Davantage de précisions sur le « nouveau modèle de croissance » du ministère des finances ont été apportées en avril, exposant une partie des objectifs économiques du gouvernement jusqu’en 2030.

Le document économique, dont la parution était initialement prévue pour mi-2016, a été élaboré afin de faire face à la récente chute des cours du pétrole qui a entraîné une baisse de 55% des recettes énergétiques entre 2014 et l’année dernière, celles-ci plafonnant à 27,5 milliards d’euros.

A moyen terme, le programme vise à limiter les dépenses publiques à 7 000 milliards de dinars (58,8 milliards d’euros) par an jusqu’en 2019 et à réduire le déficit budgétaire de son taux de 20% du PIB en 2015 à 1,9% d’ici 2019. Pour réaliser cet objectif, le pays devra enregistrer un excédent commercial de 2,2 milliards de dollars cette année-là.

Ces perspectives tablent toutefois une hausse du baril de pétrole de son cours actuel moyen de 50 dollars à 55 dollars en 2018 et à 60 dollars en 2019.

Si les analystes considèrent ce scénario réaliste – il convient d’ajouter qu’en avril le panier de référence de l’OPEP a clôturé à 51,34 dollars, soit une hausse de 2% par rapport au mois précédent –le pays reste vulnérable à la volatilité des prix du pétrole : les hydrocarbures représentent 95% de ses exportations et 75% des recettes publiques, selon la Banque Mondiale.

Par conséquent, le nouveau modèle de croissance entend diversifier les sources de revenu de l’Etat en augmentant les recettes fiscales hors hydrocarbures de 11% par an jusqu’en 2019. Les recettes supplémentaires ainsi générées devraient permettre, selon les estimations du gouvernement, de couvrir 84% des dépenses de fonctionnement, contre 47% en 2014, mais la manière dont cet objectif sera atteint n’a pas été exposée en détail.

La stabilité politique, autre facteur clé de la réussite du programme économique algérien, a été renforcée suite aux élections législatives du 5 mai 2017, lorsque le parti du président au pouvoir Abdelaziz Bouteflika, le Front de Libération Nationale, a formé un gouvernement de coalition avec le Rassemblement National Démocratique, perdant toutefois 51 sièges au parlement. 

La victoire a rassuré les investisseurs qui craignaient une réorientation de la stratégie économique de l’Etat dans le cas d’un changement de pouvoir. Un remaniement ministériel ayant eu lieu le 25 mai devrait également renforcer la dynamique du pays pour atteindre ses objectifs sur le moyen terme, avec le départ de 13 ministres et l’arrivée de six nouveaux. 

 

Secteurs de croissance

Dans le cadre des efforts de diversification poursuivis par la stratégie, les autorités algériennes ont  dégagé un certain nombre de secteurs stratégiques pour l’investissement.

La contribution du secteur manufacturier au PIB devrait par exemple passer de 5,3% en 2015 à 10% en 2030. Les activités commerciales devraient afficher une augmentation de 7,4% au cours de cette période, suivies de près par l’agriculture, dont on attend une hausse de 6,5%. Le secteur du BTP, un des piliers de l’économie algérienne, devrait enregistrer une progression plus mesurée, avec une croissance attendu de 1,7% par an.

L’industrie minière naissante du pays devrait également contribuer à la croissance au cours des années à venir. Mi-juillet, l’Etat a signé un contrat de 4,5 milliards de dollars avec le groupe indonésien Indorama afin de développer l’exploitation du phosphate.

L’accord prévoit le développement conjoint d’une mine de phosphates dans la région orientale de Tébessa ainsi que la construction d’une usine à Souk Ahras, près de la frontière tunisienne, destinée à la production d’acide phosphorique et de phosphate de diammonium.

L’Etat devra signer davantage de contrats de ce type s’il veut atteindre l’objectif qu’il s’est fixé, à savoir faire croître l’économie hors hydrocarbures de 6,5% entre 2020 et 2030, ce qui multiplierait par plus de deux le PIB par habitant et propulserait l’Algérie au rang des pays à haut revenu, selon le nouveau modèle de croissance.

Une période difficile

La réalisation de ces objectifs ne saura se faire sans une forte croissance du secteur hors hydrocarbures.  L’année dernière, l’économie algérienne affichait selon les chiffres de la Banque Mondiale un taux de croissance de 3,8%, grâce à une légère remontée des cours du pétrole et à une hausse de 3,4% de la production d’hydrocarbures.

Cependant, ni la Banque Mondiale ni le FMI ne voient cette dynamique se poursuivre sur le moyen terme : la première prévoit une croissance de la production de pétrole et de gaz à hauteur de seulement 2,5% et tous deux prédisent une hausse du PIB de 2,9% cette année et 2,6% l’an prochain.

Des progrès ont toutefois été effectués en matière de réduction du déficit, ce dernier passant de 16% en 2015 à 12,5% l’an dernier, sous l’effet d’une baisse des dépenses en capital et d’un léger rebond des cours du pétrole. Parmi les nouvelles mesures d’amélioration des recettes présentes dans le budget 2016, on peut notamment citer la hausse des prix du carburant, de la TVA sur l’électricité et des taxes d’immatriculation des véhicules.

 

Algeria unveils plan to diversify sources of government income

En Français

Fresh details on Algeria’s long-term plan to reduce reliance on hydrocarbons have been announced, providing investors with new clues to the country’s economic direction in an age of low oil prices.

Development goals

More specifics of the ministry of finance’s “new model for growth” emerged in mid-April, outlining some of the government’s economic objectives through to 2030.

Initially announced in mid-2016, the economic blueprint came as a response to the recent collapse in oil prices, which caused energy revenues to fall by 55%, to $27.5bn, from 2014 to last year.

In the medium term, the plan aims to cap public spending at AD7trn (€58.8bn) annually until 2019 and curb the budget deficit from 20% of GDP in 2015 to 1.9% by 2019. Meeting this goal would imply achieving a current account surplus of $2.2bn that year.

These outcomes are, however, contingent on oil prices rising from an average of $50 this year to $55 in 2018 and $60 in 2019.

While analysts consider this scenario feasible – and in April the OPEC reference basket price improved 2% month-on-month to $51.34 – the country remains vulnerable to oil-price volatility: hydrocarbons account for 95% of its exports and 75% of state revenues, according to the World Bank.

As a result, the new growth model aims to diversify sources of state income by raising non-oil tax revenues by 11% each year until 2019. The government expects the extra money to fund 84% of its operating expenses by 2019, up from 47% in 2014, though it has laid out few details on how this will be accomplished.

Another key enabler of the country’s goals, political stability, was bolstered following parliamentary elections on May 5, 2017, which saw President Abdelaziz Bouteflika’s ruling party – the National Liberation Front – strike a coalition with the National Rally for Democracy, albeit losing 51 seats in parliament. 

The victory brought some certainty to investors, who feared a shift away from the government’s economic strategy should power change hands. A Cabinet reshuffle enacted on May 25 may also help boost momentum on the path to the country’s medium-term ambitions, with 13 ministers leaving their positions and six new members joining the team.

Growth areas

As part of diversification efforts under the plan, Algeria’s authorities have highlighted a number of strategic sectors for investment.

The share of GDP from manufacturing, for example, is forecast to grow from 5.3% in 2015 to 10% in 2030. Trade is expected to grow by 7.4% over the period, with agriculture following closely behind at 6.5%. Progress is expected to be slower in construction, a cornerstone of Algeria’s economy, with growth of 1.7% per year.

The country’s burgeoning mining industry is also expected to feed growth in the coming years. In mid-July, the government signed a $4.5bn deal with Indonesia’s Indorama to develop the phosphate mining segment.

Under its terms, the two sides will together develop a phosphate mine in the eastern province of Tebessa, and build a plant in Souk Ahras near the Tunisian border to produce phosphoric acid and diammonium phosphate.

More such contracts will be needed for the government to meet its goal of growing the non-hydrocarbons economy by 6.5% between 2020 and 2030. This in turn should see GDP per capita more than double and propel Algeria to high-income status, according to the new growth model.

Challenging times

Hitting these targets is likely to hinge on high growth in the non-oil sector. Last year Algeria’s economy grew by 3.8%, per World Bank figures, on the back of a slight rebound in oil prices and a 3.4% increase in hydrocarbons output.

However, neither the World Bank nor the IMF see this momentum lasting into the medium term: the former foresees oil and gas output growing by only 2.5%, and both project GDP expansion of 2.9% this year and 2.6% next.

Positive progress has nonetheless been made in reducing the deficit, which fell from 16% in 2015 to 12.5% last year, driven by lower capital expenditures and a slight uptick in oil prices. New revenue measures in the 2016 budget had included raising fuel prices, value-added tax on electricity and vehicle registration fees.

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