Tunisie Bilan de l’Année 2016

Text size +-
Share

In English

Suite à la période de troubles qui a succédé la Révolution de Jasmin, la Tunisie s’est engagée sur la voie de la reprise.

La mise en œuvre d’un programme de réformes profondes et d’investissements a commencé à porter ses fruits, et les indicateurs économiques montrent une tendance haussière. Si la Banque Centrale de Tunisie avait déclaré en décembre 2015 que l’économie nationale était entrée en « récession technique », le pays a depuis lors retrouvé un certain équilibre, obtenant de la part du FMI une prévision de croissance de 1,5% pour l’année 2016.

Les gouvernements de Habib Essid, nommé premier ministre en 2015, et de Youssef Chahed, qui a accédé à ce poste en août 2016, ont fait preuve d’une volonté ferme et constante dans la mise en œuvre du calendrier de réformes afin de sortir l’économie du rouge et mettre le pays sur la voie d’un développement durable.

Vers la normalisation

Restaurer les fondamentaux de l’économie constitue une priorité pour les dirigeants tunisiens.

Renfermant des dizaines de projets de transformation et d’investissement, notamment une réforme en profondeur de l’administration et un programme infrastructurel de grande ampleur, le Plan de Développement 2016-2020 s’est fixé comme objectif de ramener la croissance à un taux confortable de 4% et de réduire le chômage de son taux actuel de 15,6% à moins de 12% d’ici 2020.

Le Plan de Développement peut d’ores et déjà se prévaloir de la mise en place d’une importante réforme du secteur bancaire entreprise en 2016 afin de consolider les bases financières du pays.

De nouvelles dispositions législatives introduites en juin ont renforcé les règlementations régissant les activités bancaires, faisant passer le capital minimum dont doivent disposer les banques de 25 millions de dinars (10,2 millions d’euros) à 50 millions de dinars (20,5 millions d’euros) et  introduisant des normes plus strictes en matière d’audit interne et de procédures de contrôle.

La loi prévoit également l’instauration d’un fonds de garantie des dépôts : un système de protection qui couvre les économies de 95% des Tunisiens et qui est habilité à apporter des aides financières d’urgence aux établissements bancaires.

Cette révision du cadre règlementaire fait suite à des opérations de recapitalisation des banques Société Tunisienne de Banque et Banque de l’Habitat en 2015 qui visaient à réduire la part des prêts non performants de ces dernières.

Si la réforme est en marche dans le secteur bancaire, d’autres secteurs sont moins faciles à cerner, envoyant des messages contradictoires et affichant des croissances irrégulières difficiles à déchiffrer pour les responsables de l’élaboration des politiques. Le secteur minier, par exemple, a connu une forte croissance en 2016 suite à des indicateurs négatifs à la fin de l’année précédente, tandis que le secteur agricole a dû faire face à une chute de ses exportations d’huile d’olive après une récolte exceptionnelle en 2015 qui avait rapporté près d’1 milliard de dollars de recettes.

Signaux positifs

Récolter le soutien de partenaires internationaux s’avère crucial pour le pays s’il veut réussir à financer son plan de développement, estimé à 120 milliards de dinars (49,6 milliards d’euros) tout en gardant son déficit public sous contrôle.

La réduction du déficit budgétaire, qui s’élève actuellement à 4,4% du PIB selon les estimations de la Banque Mondiale,  constitue l’un des objectifs fixés par le FMI pour le pays dans le cadre des modalités d’un accord portant sur un programme de prêt de quatre ans d’un montant de 2,9 milliards de dollars signé en 2016.

La recherche de financements extérieurs a conduit le gouvernement à mener une vaste campagne de promotion à destination des investisseurs qui s’est conclue au mois de novembre par la conférence internationale de l’investissement Tunisia 2020, dont le but était de présenter aux décideurs étrangers les opportunités d’investissement introduites par le plan de développement.

L’événement, auquel ont participé 70 pays et 1500 partenaires économiques, s’est soldé par des promesses d’investissement d’un montant total de 34 milliards de dinars (14 milliards d’euros). De nombreux partenariats commerciaux, avec Microsoft et Peugeot notamment, se sont également noués lors de cette conférence, qui a également permis de sécuriser des financements pour des projets hospitaliers et touristiques.

La campagne a également mis l’accent sur une récente révision du cadre règlementaire qui vise à rendre la Tunisie plus attractive aux yeux des investisseurs. Un nouveau code de l’investissement a été adopté en septembre afin de libéraliser le régime des investissements et de simplifier les procédures : ce dernier supprime les barrières à l’entrée pour les investisseurs étrangers et réduit l’ampleur des démarches administratives afin de faciliter le processus d’investissement.

Une nouvelle législation prévoyant une simplification des procédures et exigences contractuelles pour les partenariats public-privé est également entrée en vigueur cette année.

Préparer l’avenir

Afin de préparer dès maintenant son développement sur le long terme, la Tunisie a également lancé en 2016 un projet de réforme de l’éducation qui entend pallier les faiblesses du secteur. Le programme de réforme, qui sera déployé jusqu’à 2020 avec un budget estimé à 4,1 milliards de dinars (1,7 milliard d’euros), comprend une amélioration de la formation des enseignants et des programmes d’enseignement ; une révision du calendrier scolaire avec extension du nombre de journées d’enseignement ; et la rénovation d’établissements d’enseignement primaire.

Les nouvelles politiques éducatives visent également à promouvoir l’accès à l’emploi pour les jeunes diplômés universitaires, parmi lesquels le taux de chômage s’élevait à 31,2% en 2015. Les experts attribuant ce chiffre à un décalage entre les programmes d’enseignement universitaire et les attentes des employeurs, le gouvernement a lancé en 2016 une série d’initiatives destinées à accroître l’implication du secteur privé dans l’éducation.

Un programme baptisé « l’Entreprise Amie de l’Ecole » met en relation des écoles avec des entreprises privées qui s’engagent à offrir des stages et d’autres formes de soutien aux élèves, tandis que le Projet Enseignement Supérieur pour l’Employabilité, qui a bénéficié d’un financement de 70 millions de dollars de la part de la Banque Mondiale, cherchera à développer les stages parrainés par l’employeur et l’orientation professionnelle.

Le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) offre des opportunités privilégiées aux jeunes diplômés. Selon des sources ministérielles, ce dernier pourrait recruter jusqu’à 10 000 nouveaux diplômés. Le lancement du programme Digital Talent (talent numérique), qui prévoit la création d’un Observatoire des Capacités des TIC pour analyser les critères d'employabilité et une Académie des TIC chargée d’assurer une formation adéquate, était prévu pour fin 2016.

 

 

Tunisia Year in Review 2016

En Français

Following the turbulence of the Jasmine Revolution, Tunisia is proceeding on the road to recovery.

The implementation of a deep reform and investment agenda has started paying dividends, setting economic indicators on an upward trend. While the Central Bank of Tunisia had declared the economy in “technical recession” in December 2015, the country has since regained footing, securing a growth forecast of 1.5% for 2016 from the IMF.

The governments of Habib Essid, appointed prime minister in 2015, and of Youssef Chahed, who assumed that position in August 2016, have demonstrated strong and consistent will to press ahead with the reform effort, intending to steer the economy to safer ground and to set the country on track for sustainable development.

The path to normalisation

Restoring economic fundamentals is a priority for Tunisian policymakers.

Incorporating dozens of transformation and investment projects, including in-depth administrative reform and extensive infrastructure builds, the 2016-20 development plan kicked off with a goal to bring the headline growth rate to a comfortable 4% and to reduce unemployment from 15.6% to below 12% by 2020.

The development plan’s early track record includes a major reform of the banking sector undertaken in 2016 to consolidate the country’s financial foundations.

Legislation introduced in June has tightened regulation on banking activity, raising the minimum capital requirements for banks from TD25m (€10.2m) to TD50m (€20.5m) and introducing firmer internal control requirements and supervisory procedures.

The bill also set up a deposit guarantee fund: a protection scheme that would cover the savings of 95% of Tunisians and qualified to provide banks with emergency rescue packages.

The regulatory overhaul followed recapitalisation exercises of state-owned banks Société Tunisienne de Banque and Banque de l’Habitat in 2015 in a bid to dilute their high non-performing loan ratios.

While the banking sector is being reformed, other industries are not so easily targeted for improvement, with mixed signals and inconsistent growth obscuring the picture for policymakers. The mining sector, for example, experienced a high-growth year in 2016 following negative indicators at the end of the previous year, while the agricultural sector saw a fall-off in olive oil exports after a bumper crop in 2015 brought in revenues close to $1bn.

Positive signals

Garnering support from international partners is key to the country at a time when it needs to fund its TD120bn (€49.6bn) development plan while keeping public deficit at bay.

Reducing the fiscal deficit, currently at -4.4% according to World Bank estimates, is one of the targets set by the IMF for the country as part of the arrangements for a four-year, $2.9bn loan in 2016.

On the lookout for external funding, the government staged a large investor-oriented campaign culminating in an international investment conference Tunisia 2020 in November, to present foreign decision-makers with the investment opportunities introduced by the development plan.

The event, with participation by 70 countries and 1500 economic partners, resulted in a total funding amount of TD34bn (€14bn). Multiple business partnerships also emerged from the conference, including ones with Microsoft and Peugeot, as well as financing projects for hospitals and tourism activities.

Another focus of the campaign was a recent regulatory overhaul aiming to establish an attractive environment for investors. A new investment law was adopted in September to liberalise the investment regime and streamline procedures: lifting barriers to entry for foreign investors and cutting through the red tape to ease the investor journey.

This year also saw the enforcement of a new law introducing simplified contracting procedures and requirements for public-private partnerships.

Forward thinking

Sowing the seeds for long-term development, Tunisia also initiated an educational overhaul programme in 2016 to address the sector’s shortcomings. Running through 2020, the reform plan, estimated at TD4.1bn (€1.7bn), encompasses improvement of teacher training and curricula; extension of the academic calendar; and refurbishment of primary education facilities.

New education policies also look to promote employment of new university graduates, 31.2% of which were unemployed in 2015. Since experts attribute this figure to a disconnect between higher education curricula and employer requirements, the government launched initiatives in 2016 to further involve the private sector in education.

A School-Friendly Businesses programme matches schools with private companies committed to offer students internships and support, while a Tertiary Education for Employability Project, funded with $70m from the World Bank, will look to develop employer-sponsored internships and career guidance.

The information and communication technologies (ICT) sector provides special opportunities to recent graduates. Ministry sources estimate it has the potential to offer up to 10,000 entry-level jobs. A digital talent programme, aiming to develop an ICT capabilities observatory to monitor employability criteria and an ICT academy to ensure adequate training, had been slated for completion by the end of 2016.

Covid-19 Economic Impact Assessments

Stay updated on how some of the world’s most promising markets are being affected by the Covid-19 pandemic, and what actions governments and private businesses are taking to mitigate challenges and ensure their long-term growth story continues.

Register now and also receive a complimentary 2-month licence to the OBG Research Terminal.

Register Here×

Product successfully added to shopping cart

Read Next:

In Tunisia

Tunisie : Un pays qui regarde résolument vers l'avenir

Malgré la période de turbulences économiques qui a suivi le spectaculaire changement politique du début d’année en Tunisie, un optimisme prudent semble gagner du terrain et annonce pour 2012 la...

In Economy

Jordan: A new investment landscape

With efforts to accelerate the pace of economic growth and boost domestic employment taking centre stage under the new government of Prime Minister Marouf Bakhit, a new law is under discussion...

Latest

Turkey's Prime Minister Ecevit in the US

The Turkish Prime Minister Bulent Ecevit has spent the last week in the US hoping to garner support for economic reforms at home and trade concessions for Turkish exports to the US.