In English
Les autorités ivoiriennes se préparent à lancer la couverture maladie universelle (CMU) afin d’améliorer l’accès aux soins des citoyens à faibles revenus.
Adoptée par l’Assemblée Nationale en 2014, la CMU vise à offrir une couverture maladie à tous les résidents en proposant deux régimes : un régime général de base (RGB) et un régime non contributif d’assistance médicale (RAM).
Une phase pilote du programme, ciblant les étudiants, devrait démarrer en janvier 2017, deux ans après la date d’introduction prévue du programme, qui devrait être entièrement opérationnel d’ici 2018, comme l’ont annoncé les médias locaux plus tôt cette année. Le processus d’enrôlement est déjà en cours avec une base de données comptant plus de 600,000 affiliés.
La nécessité d’un tel dispositif est évidente : près de 90% des 22,7 millions d’habitants que compte la Côte d’Ivoire ne possèdent pas d’assurance maladie, et en 2014 près de la moitié de l’ensemble des dépenses de santé n’étaient pas remboursées, selon des chiffres publiés par la Banque Mondiale. Le total des dépenses de santé par habitant est passé d’environ 78 dollars en 2010 à 88 dollars en 2014, dans un pays où le PIB par habitant était de 1491 dollars l’an dernier.
Mutualisation du risqué
Dans le cadre de la CMU, tous les citoyens soumis à l’impôt sur le revenu devront obligatoirement s’enrôler dans le RGB tandis que ceux qui n’ont pas le droit au RGB seront affiliés au RAM.
Le RGB repose sur le principe de la mutualisation du risque et sera financé par une cotisation mensuelle de 1000 francs CFA (1,5 euro) par personne à partir de l’âge de cinq ans. A cela s’ajoute le régime non contributif RAM, qui, par le biais d’un Fonds National de l’Assurance Maladie doté d’un budget de 49 milliards de francs CFA (74,7 millions d’euros), assure la couverture maladie des résidents à faibles revenus et des personnes en situation d’indigence.
Une fois lancée, la CMU devrait également rembourser les médicaments ; on ne sait toutefois pas encore à quelle hauteur et dans quels cas.
Inclure le secteur privé
Dans le cadre de cette nouvelle initiative, l’Etat cherche à mieux réguler le secteur privé, la CMU offrant aux bénéficiaires du RGB l’option d’être pris en charge dans des établissements de soins publics ou privés.
A cet effet, le Ministère de la Santé s’est engagé à mettre à jour la carte sanitaire ivoirienne – qui recense les établissements de soins privés et publics du pays- d’ici la fin de l’année afin d’identifier les établissements illégaux et d’enrayer leur activité.
Les structures de santé privées non autorisées et illégales constitueraient environ 70% de la part de marché du secteur privé, a déclaré Aboubacar Sidick Bakayoko, le président de l’Union Nationale des Médecins Ivoiriens, dans les médias locaux au mois d’août.
Selon le dernier recensement officiel qui a eu lieu en Côte d’Ivoire en 2011, on comptabilisait dans le pays 2036 établissements de santé privés, qui représentaient près de 50% de l’ensemble des infrastructures sanitaires ivoiriennes, ce qui montre bien à quel point il est nécessaire d’inclure et de réguler le secteur privé dans le cadre de la politique de modernisation du système de santé.
Hausse des investissements
Le projet de réforme de la couverture maladie –avec comme conséquence souhaitée une augmentation de la demande à la fois de soins préventifs et de traitement –a également contribué à susciter l’intérêt des investisseurs étrangers.
En novembre 2015, le fonds de capital-investissement parisien Amethis a acquis une participation minoritaire dans le Groupe HMAO –l’un des plus grands acteurs de santé privé en Côte d’Ivoire, qui compte à son actif des cliniques et des laboratoires – afin d’accroître la capacité d’accueil et de moderniser les équipements. Le groupe d’environ 250 lits possède six cliniques à Abidjan, Bouaké et San-Pédro.
Des banques ivoiriennes devraient également financer la somme de 3,5 milliards de francs CFA (5,3 millions d’euros) pour la création d’un centre de radiothérapie à la Polyclinique Internationale Sainte Anne-Marie (PISAM) à Abidjan. La nouvelle structure, qui devrait être opérationnelle en 2018, sera la deuxième du pays à assurer des traitements de radiothérapie et espère traiter jusqu’à 1400 patients par an.
Le projet s’inscrit dans une stratégie plus vaste de la PISAM qui espère lever 26,5 milliards de francs CFA (40,4 millions d’euros) au cours des cinq prochaines années pour financer son expansion.
Réguler les produits pharmaceutiques
De récents investissements destinés à accroître le secteur pharmaceutique ivoirien devraient également développer le marché, qui ne couvre actuellement que 30% des besoins nationaux, selon une étude de l’Union Européenne datée de 2014 et intitulée « Etude pour le Développement des Industries Pharmaceutiques Locales en Côte d’Ivoire ».
En septembre, le groupe marocain Pharma 5 a dévoilé un projet d’investissement de 100 millions de dirhams (9,2 millions d’euros) dans une usine de production de médicaments qui s’étendra sur 5 hectares dans la zone franche de Grand Bassam.
En début d’année, des bailleurs de fonds internationaux ont apporté un financement de 3,9 milliards de francs CFA (6 millions d’euros) à destination de la création d’un entrepôt de stockage pour la Nouvelle Pharmacie de Santé Publique (N-PSP), une organisation à but non lucratif qui assure l’approvisionnement de produits pharmaceutiques aux établissements sanitaires publics et associés au service public dans le pays.
La hausse des investissements va toutefois de pair avec la nécessité d’instaurer un contrôle plus strict des produits pharmaceutiques, en particulier en ce qui concerne l’acquisition et la distribution, selon Ange Désiré Yapi, directeur général de la N-PSP.
« L’insuffisance des contrôles au niveau de la chaîne d’approvisionnement a entraîné la disparition de cargaisons entières de médicaments, avec à la clé des pénuries dans les hôpitaux publics et des patients contraints de faire appel à des fournisseurs illégaux, »a-t-il expliqué à OBG. « Si bien que la moitié des médicaments vendus dans le pays sont contrefaits. »
Dans la mesure où 90% des traitements requièrent l’utilisation de produits pharmaceutiques, renforcer les mécanismes de contrôle du secteur revêt une importance capitale pour la santé nationale, a-t- il ajouté.
Côte d’Ivoire invests to revamp health care system
En Français
Ivoirian authorities are preparing to roll out universal health coverage (couverture maladie universelle, CMU) to improve lower-income citizens’ access to care.
Passed by the National Assembly in 2014, the CMU aims to cover all residents through a dual-pronged approach, with a basic general scheme (régime général de base, RGB) and a non-contributory medical assistance scheme (régime d’assistance médicale, RAM).
A pilot programme with students is scheduled to begin in January 2017, two years after the programme’s planned roll-out, with it slated to be fully operational by 2018, local media reported earlier this year. Enrolment is already under way, with some 600,000 individuals currently in the database.
The need for the scheme is clear: roughly 90% of Côte d’Ivoire’s 22.7m-person population does not have health insurance, and more than half of total health care costs were paid for out-of-pocket in 2014, according to the World Bank. Total health care expenditure per capita increased from roughly $78 in 2010 to $88 in 2014, in a country where GDP per capita was $1491 as of last year.
Pooled risk
Under the CMU, all citizens who pay income tax will be required to enrol in RGB while those who are not eligible for RGB will be placed in RAM.
RGB is based on the concept of risk pooling and will be funded by a monthly fee of CFA1000 (€1.5) for anyone over the age of five. This will be complemented by the non-contributory RAM, drawing from a CFA49bn (€74.7m) public National Health Insurance Fund that will cover residents in low-income brackets, as well as those living in poverty.
Once launched, the CMU is also expected to cover medication; however, the exact amount of coverage has yet to be disclosed.
Including the private sector
As part of the new initiative, the government is looking to better regulate the private sector, with the CMU offering beneficiaries of RGB the option to be treated in either public or private health care facilities.
To this end, the Ministry of Health has pledged to update the national health care map – which inventories both private and public health care facilities – by the end of this year in a bid to identify unregulated facilities and curb their activity.
Uncertified and illegal private practices have been estimated to comprise approximately 70% of the private sector’s market share, Aboubacar Sidick Bakayoko, president of the National Union of Ivorian Doctors, told local media in August.
According to Côte d’Ivoire’s most recent public census, which took place in 2011, there were 2036 private health care facilities in the country, accounting for approximately 50% of total health care infrastructure, underscoring the need to include and regulate the private sector as part of a push to upgrade the health care system.
Increased investment
The plan to overhaul coverage – and hopefully increase demand for both preventive care and treatment as a result – has also helped to attract interest from outside investors.
In November 2015, Paris-based private equity firm Amethis acquired a minority stake in HMAO Group – one the largest operators of clinics and laboratories in Côte d’Ivoire – to augment capacity and modernise equipment. The group manages around 250 beds and owns six clinics in Abidjan, Bouaké and San-Pédro.
Local banks are also expected to fund a reported CFA3.5bn (€5.3m) for the addition of a radiotherapy unit at International Polyclinic of Sainte Anne-Marie (Polyclinique Internationale Sainte Anne-Marie, PISAM) in Abidjan. Scheduled for completion in 2018, the new facility will become the second in the country to provide radiotherapy treatment and aims to treat up to 1400 patients annually.
This project is part of PISAM’s plans to raise a total of CFA26.5bn (€40.4m) over the next five years to fund further expansion.
Regulating pharmaceuticals
Recent investment to scale up Côte d’Ivoire’s pharmaceutical segment is also predicted to expand the market, which only covers 30% of national needs, according to a 2014 study conducted by the EU titled “Study for the Development of the Pharmaceutical Industry in Côte d’Ivoire”.
In September Moroccan group Pharma 5 disclosed plans to invest Dh100m (€9.2m) in a pharmaceutical manufacturing plant on a 5000-sq-metre area at the Grand Bassam free zone.
Earlier this year, international donors provided CFA3.9bn (€6m) to finance a storage warehouse for the New Pharmacy of Health of Côte d’Ivoire (Nouvelle Pharmacie de la Santé Publique, N-PSP), a non-profit providing pharmaceutical products to the country’s public health care system.
With increased investment, however, there is a need for stricter control of pharmaceuticals, particularly regarding procurement and distribution, according to Ange Désiré Yapi, managing director at N-PSP.
“Insufficient control over the supply chain has allowed shipments of medications to get lost, which has led to shortages in public hospitals and has forced patients to turn to unofficial suppliers,” he told OBG. “As a result, half the medicines sold in the country are counterfeit.”
With 90% of treatments involving the use of pharmaceuticals, strengthening the sector’s control mechanisms is crucial to national health, he told OBG.
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