In English
Conséquence de la multitude de projets d’investissement actuellement dans les tuyaux, la demande de financement est en hausse au Gabon. Mais au vu de l’ampleur des investissements en question, les institutions gabonaises se penchent vers des stratégies de syndication et réfléchissent à d’autres outils qui rendraient leur participation possible.
Le secteur bancaire gabonais suit depuis quelques années une trajectoire ascendante, suite à l’arrivée de plusieurs nouvelles institutions étrangères sur le territoire au cours des dix dernières années. Le pays est perçu comme attractif par les organismes de prêts, du fait d’un taux de bancarisation de seulement 12% et de plusieurs projets de travaux publics à l’étude, dont l’aménagement d’une nouvelle marina dans le centre de Libreville ou encore un port en eaux profondes à Mayumba.
Mais si le Gabon disposait par le passé de liquidités relativement abondantes, la pression se fait ressentir depuis un an face à la baisse des prix du pétrole. Un état de fait qui n’est pas sans conséquences sur la capacité des institutions gabonaises à financer les nombreux projets d’infrastructures du pays.
Cycle économique
Début juin, le Gabon a abaissé ses prévisions de croissance pour 2015 à 4,8% au lieu de 5,7% en raison d’une chute brutale des prix du pétrole, une situation qui a fortement impacté les résultats du secteur financier. « La chute des prix du pétrole a entrainé une forte baisse des liquidités dans les banques gabonaises dans la mesure où la hauteur des crédits et des dépôts a considérablement diminué, » a expliqué Edgard Théophile Anon, directeur général de BGFIBank, aux équipes d’OBG. « Les opérateurs économiques, y compris les banques, vont devoir apprendre à composer avec les cycles économiques. »
La contraction des liquidités s’est répercutée sur la capacité des banques gabonaises à satisfaire la demande croissante de financement de projets. Le financement de projet constitue l’un des principaux moteurs d’activité du secteur bancaire au Gabon, le FMI décrivant la plupart des activités bancaires locales comme étant « concentrées sur les grandes sociétés finançant les grands projets. »
Répondre à la demande
Cependant, avec des actifs atteignant plus de 4 milliards d’euros, le nombre de projets, ainsi que leur ampleur, rendent le financement indépendant de ces projets par les banques gabonaises difficile. L’exploitation potentielle du gisement de minerai de fer de Belinga, par exemple, qui figure parmi les priorités du gouvernement, devrait se monter selon les estimations à 2,9 milliards d’euros ; quant au projet d’infrastructures routières comprenant 93 km de routes ainsi que des ponts en direction de Port-Gentil, il est estimé à plus de 500 millions d’euros.
En outre, si le système bancaire gabonais dispose traditionnellement de taux élevés de liquidités, la majorité de ces dernières prennent la forme de dépôts sur des comptes courants et ne peuvent donc pas servir à des emprunts sur le long terme qui seraient nécessaires au financement de projets majeurs.
En conséquence de quoi certains secteurs ont attiré des prêts en provenance de l’étranger. En mars, la Chine a accordé au Gabon un prêt de 4 milliards de francs CFA (6,1 millions d’euros) pour une durée de dix ans qui servira à financer divers grands projets publics, tandis qu’en avril 2014 la Banque Africaine d’Import-Export a prêté à l’entreprise Gabonaise de Tourisme et de l’Hôtellerie 24 millions d’euros en vue de la construction d’un hôtel 5 étoiles de 180 chambres, le Décapolis Rapontchombo.
Vers des capacités accrues
Toutefois, dans le but de soutenir le financement de projets par les banques dans un contexte difficile lié au récent effondrement des prix internationaux du pétrole, un certain nombre de mesures ont été mises en place. La BEAC a annoncé en mars qu’elle allait relever ses limites de refinancement pour les banques des pays membres de la CEMAC afin de les aider à mieux financer les projets de développement, relevant ainsi le plafond pour les banques gabonaises de 30 milliards de francs CFA (45,8 millions d’euros) à 40 milliards de francs CFA (61,1 millions d’euros).
De plus, les banques étendent leurs activités de syndication. En 2012, BGFIBank, Ecobank, la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC) et Afreximbank ont accordé à l’entreprise Olam Palm Gabon un prêt de 228 millions de dollars destiné au financement du développement de plantations de palmiers à huile et de raffineries à travers le pays. L’expansion du segment fait pendant à une hausse des prêts syndiqués, ces dernières années, dans l’ensemble de Afrique sub-saharienne, où la dette consortiale est passée de 11,3 milliards de dollars en 2010 à 27,7 milliards de dollars en 2013.
Outre les crédits bancaires, d’autres formes de financement vont devoir être développées pour permettre aux ressources locales de financer les projets d’envergure. Au Chili et en Malaisie par exemple, des emprunts obligataires lancés pour des projets spécifiques ont contribué à financer des projets d’investissement de grande échelle, et ce avec succès. La Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC) fournit une plateforme utile à ce genre d’outils, même si les transactions y restent limitées, et si le marché de la dette est entravé par l’absence d’une courbe de rendement bien définie.
Demand for project finance spurs Gabon’s banks to get creative
En Français
With a spate of capital projects in the pipeline, demand for finance in Gabon is on the rise but the large scale of the investments means that domestic institutions are looking towards syndication and other tools to be able to participate.
Gabon’s banking sector has been on an upward trajectory in recent years, following the entrance of a number of new foreign institutions over the past decade. The country is seen as an attractive proposition for lenders, with financial penetration at only 12% and with several public works projects planned, including a new marina development in central Libreville and a deep-water port in Mayumba.
However, while liquidity has traditionally been comparatively abundant in Gabon, it has come under pressure over the past 12 months as oil prices have declined. This in turn has ramifications for the ability of domestic institutions to finance the country’s numerous infrastructure projects.
Economic cycle
At the start of June, Gabon cut its 2015 growth forecast to 4.8% from 5.7% due to a sharp drop in the price of oil, a situation that has weighed heavily on the performance of the banking sector. “The drop in oil prices has triggered a sharp drop in liquidities amongst Gabonese banks as the level of credits and deposits has substantially shrunk,” Edgard Theophile Anon, CEO of BGFIBank told OBG. “The economic operators, including banks, will have to learn how to deal with economic cycles.”
The tightening of liquidity has impacted the ability of Gabon’s banks to respond to the rising demand for project finance. Project finance is one of the main drivers of business in the Gabonese banking sector, with the IMF describing most local banking activity as “concentrated on large companies financing large-scale projects”.
Meeting demand
However, with assets of more than €4bn, the sheer number and scale of projects makes it a challenge for domestic banks to finance projects independently. The potential development of the Belinga iron ore deposit, for example, one of the government’s priorities, is estimated to range as high as €2.9bn, while a 93-km road and bridges project to Port-Gentil is estimated at more than €500m.
Furthermore, while the Gabonese banking system has traditionally had very high levels of liquidity, the majority of this is in the form of current account deposits that cannot be mobilised as long-term loans necessary to finance major projects.
As a result, some sectors have attracted lending from abroad. In March, China provided Gabon with a 10-year CFA4bn (€6.1m) loan to fund a variety of major government projects, while in April 2014 the African Import-Export Bank lent local firm Gabonaise de Tourisme et de l’Hotellerie €24m for the establishment of a 180-room five-star hotel, the Décapolis Rapontchombo.
Expanding capacity
However, in order to support project financing by banks against the backdrop of the challenge posed by the recent fall in international oil prices, a number of measures have been implemented. The BEAC announced in March it would raise its refinancing limits for banks in CEMAC member states in order to help them better fund development projects, raising the ceiling for Gabonese banks from CFA30bn (€45.8m) to CFA40bn (€61.1m).
Furthermore, banks are also expanding syndication activity. In 2012 BGFIBank, Ecobank, the Central African Development Bank (Banque de Developpement des États de l’Afrique Centrale, BDEAC) and Afreximbank provided agribusiness firm Olam Palm Gabon with a $228m loan to fund the development of palm oil plantations and refineries in the country. The expansion of the segment parallels a rise in syndicated lending across sub-Saharan African in recent years, where pooled debt grew from $11.3bn in 2010 to $27.7bn in 2013.
Other forms of financing in addition to bank loans will also need to be developed in order to put local resources to work funding major projects. In Chile and Malaysia, for example, project-specific bonds have helped fund large-capital projects with notable success. The regional capital market, the Bourse des Valeurs Mobilieres de l’Afrique Centrale (BVMAC) provides a useful platform for these sorts of tools although trading remains light, and debt is hampered by the lack of a clear yield curve.