In English
La tournée du chef de l’Etat marocain en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale au mois de mai a souligné l’intensification de la stratégie du pays qui vise à renforcer les échanges commerciaux et les relations en matière d’investissements avec ses voisins au sud du Sahara.
Le gouvernement marocain est passé à l’offensive ces dernières années pour étendre la présence économique du pays sur le continent africain, avec en fer de lance le Roi Mohammed VI, qui a effectué plusieurs voyages dans les marchés d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale. La délégation de ce mois de mai, qui comptait notamment des ministres et des personnalités du monde des affaires, s’est rendue successivement dans quatre nations d’Afrique de l’Ouest. Affichant des objectifs de facilitation des investissements et d’accroissement de la coopération économique, la tournée – la troisième du genre dans la région en l’espace de seulement trois ans- a fait étape au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en Guinée-Bissau et au Gabon.
Cette dernière s’est soldée par la signature de dizaines d’accords de coopération, notamment dans le domaine technique, ainsi que par un certain nombre d’investissements de faible ampleur, et ce dans une large gamme de secteurs allant du soutien à l’agriculture en Côte d’Ivoire à la formation professionnelle au Sénégal.
Stratégie sur le long-terme
Ces nouveaux accords viennent s’ajouter aux contrats déjà signés entre le Maroc et des économies sub-sahariennes au cours des dernières années et s’inscrivent dans une stratégie plus vaste qui entend stimuler les échanges commerciaux et les investissements du pays dans la région.
Alors que l’Europe, principal partenaire traditionnel du Maroc, est toujours en proie à des difficultés économiques, le royaume chérifien a su ces dernières années retirer des avantages considérables de la situation par certains aspects, en renforçant notamment ses liens avec des partenaires commerciaux en dehors de la zone euro – l’Afrique y figurant en bonne place.
Résultat, les échanges commerciaux entre le Maroc et les pays d’Afrique sub-saharienne ont enregistré une hausse annuelle de 12% entre 2003 et 2013, selon des chiffres publiés par le Ministère de l’Economie et des Finances, les exportations vers la région affichant une croissance encore plus marquée, à hauteur de 18% annuellement. Les volumes globaux restent toutefois modestes en termes absolus, représentant moins de 7% du total des échanges commerciaux.
Ce n’est pas faute d’essayer. Le royaume nord-africain a déjà accordé la clause de la nation la plus favorisée à huit économies d’Afrique de l’Ouest et six économies d’Afrique Centrale, mais si le Maroc parvient à avancer sur la question de l’accord de libre-échange (ALE) avec l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), attendu de longue date, il est fort probable que ces chiffres évolueront encore à la hausse.
L’UEMOA regroupe huit pays, dont le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Mali et le Bénin – des marchés où des dizaines d’entreprises marocaines se sont déjà implantées dans le cadre de récentes stratégies d’expansion. Les échanges commerciaux avec l’UEMOA représentaient moins d’un dixième de l’ensemble des volumes l’an dernier, mais le pays a un excédent commercial considérable avec la région et la signature de cet ALE clé ne manquerait pas d’accroitre encore davantage l’attrait du Maroc en tant que base d’investissement vers de plus vastes régions du continent africain.
Dans un rapport daté de septembre 2014, le Ministère marocain de l’Economie et des Finances notait également que le pays envisageait de négocier des partenariats commerciaux avec la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest, composée de 15 membres, et la Communauté Economique et Monétaire des Etat de l’Afrique Centrale, qui en comporte six.
Renforcement des relations en matière d’investissements
Au cours des dix dernières années, on a également assisté à l’expansion d’entreprises marocaines – en particulier des institutions financières- sur le sol de l’Afrique sub-saharienne par le biais de nombreuses acquisitions à travers le continent. Les banques marocaines sont désormais présentes dans plus de 20 pays d’Afrique. Les plus grandes banques du pays, dont Attijariwafa et la BMCE Bank, ont procédé à plusieurs acquisitions au lendemain de la crise financière mondiale, alors que les institutions financières européennes se retiraient des marchés émergents pour se concentrer sur les régions économiques clés. Cette dynamique n’a pas cessé depuis.
Parmi les exemples les plus récents, on peut citer l’acquisition par la BCP de 50% des parts du Groupe Banque Atlantique ivoirien, implanté dans huit pays d’Afrique. Si le Groupe Banque Atlantique se consacrait avant tout à des activités de banque d’affaires, la BCP a lancé en 2014 un projet pilote de banque de détail en Côte d’Ivoire et au Sénégal et compte, à terme, développer des banques de détail sur l’ensemble des huit pays.
Au vu des faibles taux de pénétration bancaire dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale, il existe un potentiel de croissance extraordinaire et l’enjeu de cette expansion africaine ne se limite pas simplement à une augmentation du vivier potentiel de clients de services bancaires. Nombreux sont les investisseurs étrangers qui investissent dans les banques marocaines, signent des alliances stratégiques avec ces dernières ou encore y ouvrent des lignes de crédit dans le but d’accéder ou d’investir indirectement dans des pays africains souvent considérés comme présentant un risque élevé.
Pour citer un exemple, en juin 2013 la Qatar National Bank a signé un partenariat stratégique avec Attijariwafa Bank afin de stimuler les flux d’investissements entre les institutions, et notamment de développer les intérêts de cette dernière au Sénégal, au Congo-Brazzaville, au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Gabon.
En fin de compte, le virage effectué par le Maroc, qui se détourne en partie de l’Europe pour développer davantage ses intérêts économiques en Afrique, offre non seulement aux investisseurs et exportateurs marocains de nouvelles opportunités à l’étranger mais augmente également l’attractivité du pays en tant que porte d’entrée vers la région.
Royal visit confirms Morocco’s growing interest in West Africa
En Français
A tour of West and Central Africa by Morocco’s head of state in May has underlined the country’s increasing efforts to strengthen trade and investment ties with its neighbours south of the Sahara.
Morocco’s government has sought to aggressively expand the country’s economic footprint in Africa in recent years, with King Mohammed VI spearheading a number of trips to West and Central African markets. The May delegation, which also included ministers and business leaders, followed a four-nation itinerary across West Africa. Facilitating investment and increasing economic cooperation were the focus of the tour – the third such trip to the region in as many years – which included stop-offs in Senegal, Côte d’Ivoire, Guinea-Bissau and Gabon.
The tour included the signing of dozens of cooperation and technical agreements, as well as a number of modest capital commitments, across a wide swathe of sectors ranging from agricultural support in Côte d’Ivoire to vocational training in Senegal.
Long-term strategy
The new agreements add to a number that have been inked by Morocco and sub-Saharan economies in recent years and comprise a broader push to boost the country’s trade and investment profile in the region.
With its traditional primary trade partner Europe still grappling with economic difficulties, the last few years have been of significant benefit in some ways for Morocco, prompting the country to strengthen its links with trading partners beyond the Eurozone – with Africa one of the principal targets.
As a result, trade between Morocco and sub-Saharan African countries increased by an average of 12% annually between 2003 and 2013, according to figures from the Ministry of Economy and Finance, with exports to the region showing even higher growth, with an average of 18% annually. However, in absolute terms, the total volumes are still modest, at less than 7% of total trade.
That is not for lack of trying, however. The North African kingdom has already granted most favoured nation status to eight West African economies and six Central African economies, but if Morocco manages to make progress on the long-awaited free trade agreement (FTA) with the Western African Economic and Monetary Union (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine, UEMOA), those numbers would likely increase further.
UEMOA comprises eight countries, including Senegal, Côte d’Ivoire, Niger, Mali and Benin – markets where dozens of Moroccan firms already have a presence as a result of recent expansion. Trade with the UEMOA represented less than a tenth of overall volumes last year, but the country has a significant trade surplus with the region and an eventual signing of this key FTA would further bolster the attraction of Morocco as an investment base into wider Africa.
A report by the Moroccan Ministry of Economy and Finance in September 2014 also noted that the country is looking to negotiate strategic trade partnerships with both the 15-member Economic Community of West African States and the six-member Economic and Monetary Community of Central Africa.
Investment ties strengthening
The past decade has also seen Moroccan companies – particularly financial institutions – expand their sub-Saharan Africa footprint through numerous acquisitions across the continent, with Moroccan banks now present in more than 20 African countries. The country’s largest banks, including Attijariwafa and BMCE Bank, made several acquisitions in the immediate aftermath of the global financial crisis, as European lenders pulled out of emerging markets to concentrate on core regions. However, the momentum has continued since then.
One of the more recent examples is BCP’s acquisition of a 50% interest in Côte d’Ivoire’s Groupe Banque Atlantique, which has a footprint in eight African countries. While Groupe Banque Atlantique was primarily focused on corporate banking, 2014 saw BCP launch a pilot project in retail banking in Côte d’Ivoire and Senegal, with a plan to eventually roll out retail banking to all eight countries.
In light of the low banking penetration rates in many West and Central African countries, the growth potential is extraordinary, and the significance of this African expansion is not simply limited to increasing the potential pool of banking clients. Many foreign investors are investing in, signing strategic alliances with, or opening lines of credit at Moroccan banks as a means to indirectly access or invest in what are often perceived as higher-risk African countries.
For example, in June 2013 Qatar National Bank signed a strategic partnership with Attijariwafa Bank aimed at boosting investment flows between the institutions, including the latter’s interests in Senegal, Congo-Brazzaville, Cameroon, Côte d’Ivoire and Gabon.
Ultimately, increasing its economic focus on Africa and shifting some of the emphasis away from Europe not only gives Morocco’s investors and exporters new opportunities abroad, but also increases the country’s attractiveness as a gateway to the region.