In English
Confrontée à un ralentissement de son économie, l’Algérie a lancé une opération visant à revitaliser son secteur industriel et à accroitre la productivité agricole en se recentrant sur les produits de fabrication locale.
Les importations alimentaires ont lourdement pesé sur les dépenses publiques ces dernières années, et c’est en grande partie grâce au secteur pétrolier du pays et à ses solides résultats que l’addition pouvait être réglée. Cependant, du fait de l’évolution à la baisse des prix internationaux du pétrole ces derniers temps, le gouvernement tente d’accroitre l’intérêt des consommateurs pour les aliments produits sur son territoire et les produits fabriqués en Algérie par le biais d’une série d’initiatives et de réformes qui comprennent des campagnes de sensibilisation et davantage de facilité d’accès au crédit à la consommation pour l’achat de produits non-importés.
Cette politique, portée dans une large mesure par divers organismes publics dont le Ministère du Commerce, le Ministère de l’Industrie et le Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural, pourra également être menée à bien en améliorant la confiance des consommateurs et en assurant la qualité et la disponibilité des produits locaux.
À cette fin, le Ministre du Commerce Amara Benyounes a déclaré aux médias locaux qu’ « une croissance économique forte et durable ne [pouvait] se réaliser qu’en s’appuyant, en premier lieu, sur son propre marché intérieur tout en prenant en charge les questions liées à l’amélioration de la qualité des produits fabriqués localement, à la maîtrise des coûts de production et à la densification et au développement de la chaine logistique. »
Cependant, si ses initiatives bénéficient du soutien du secteur privé, les niveaux peu élevés de productivité et la faible valeur ajoutée constituent toujours des obstacles clés au développement du Fabriqué en Algérie.
Des produits locaux pour le marché local
L’Algérie affichait un déficit commercial de 1,73 milliard de dollars au premier trimestre de 2015, selon les chiffres publiés par le Centre National de l’Informatique et des Statistiques des Douanes, contre un excédent de 1,83 milliard de dollars à la même période l’an dernier. Les importations ont ralenti au premier trimestre de 2015, chutant de 14,3 milliards de dollars à 13 milliards de dollars en glissement annuel, tandis que les exportations ont subi une baisse de 30,1%, entrainée par une contraction de 32% de la valeur des exportations d’hydrocarbures.
Les efforts déployés par le gouvernement pour encourager une consommation accrue des produits de fabrication locale seront étayés par des réformes juridiques, notamment par la réintroduction du programme de crédit à la consommation qui mettra des prêts à disposition des acheteurs de biens produits localement.
Le journal algérien Liberté a décrit la décision de relancer le programme comme étant à la fois bienvenue et opportune. « Avec l’inflation et la détérioration du pouvoir d’achat, le crédit à la consommation constitue une bouffé d’oxygène aussi bien pour le citoyen au revenu modeste que pour l’entreprise, située au cœur du développement, » pouvait-on lire dans l’article. Le programme a accordé des prêts à des ménages pour un total de près de 100 milliards de dinars (912, 5 millions d’euros) en 2008, l’année avant son retraite, les quatre-cinquièmes de la somme ayant été destinés à des crédits automobiles.
Le secteur privé devrait également jouer un rôle dans l’intensification de la production locale. Prenant une décision d’envergure, le Forum des Chefs d’Entreprises (FCE) a annoncé en mai qu’il espérait instaurer un label « Origine Algérie Garantie ». Des études sont actuellement en cours pour préciser les critères à remplir avant que le label ne puisse être apposé aux produits algériens. L’opérateur de télécommunications algérien Mobilis a offert son soutien financier à l’initiative et les études devraient être terminées d’ici la fin juin, selon le FCE.
L’initiative sera soutenue par une politique générale de promotion des produits algériens sur le marché intérieur. Si la plupart des produits alimentaires algériens et des appareils électro-ménagers de fabrication locale remportent déjà l’adhésion de la population, certains produits ont du mal à rivaliser avec les marques internationales. Les ventes de produits cosmétiques et textiles, en particulier, restent basses, les consommateurs algériens boudant les versions locales au profit d’alternatives importées.
Plus de valeur ajoutée
Outre les difficultés rencontrées pour conquérir les clients algériens, les producteurs locaux sont confrontés à d’autres obstacles, et se heurtent notamment aux limites du système de distribution en place, comme on a pu le lire dans la presse. La faible valeur ajoutée constitue un autre aspect problématique sur lequel l’Algérie devra se pencher si elle veut voir son secteur industriel prospérer, tout particulièrement des branches telles que l’industrie automobile. Le faible niveau de valeur ajoutée que présentent les produits de fabrication locale a fait l’objet d’examens lors de l’élaboration de la législation régissant le programme de crédit à la consommation en Algérie.
De plus, la Banque Africaine de Développement (BAD) a souligné le faible niveau de transformation à valeur ajoutée, dans une étude publiée l’an dernier au sujet de l’intégration de plusieurs économies africaines dans la chaine de valeur mondiale. La BAD a rapporté que sur l’ensemble des importations vers l’Algérie, seules 28,8% font l’objet d’une transformation apportant une valeur ajoutée en vue d’une réexportation, les 71,2% restantes consistant en denrées alimentaires ou en biens de consommation durables.
Made in Algeria campaign shifts up a gear
En Français
Faced with a slowing economy, Algeria has launched a drive to revitalise its industrial sector and boost agricultural productivity by upping the focus on locally made products.
Food imports have weighed heavily on public expenditure in recent years, with the import bill largely supported by a strong performance from the country’s oil sector. However, with lower global oil prices of late, the government is moving to boost consumer interest in locally produced foodstuffs and Algerian-made goods through a range of initiatives and reforms, which include awareness campaigns and easier access to credit for consumers when buying non-imported products.
This effort, largely driven by various public bodies including the Ministry of Commerce, Ministry of Industry and Ministry of Agriculture and Rural Development, will also be achieved by focusing on improving consumer confidence and the assurance of the quality and availability of locally produced goods.
To that end, Minister of Commerce Amara Benyounes told local media, “Strong and sustainable economic growth can be achieved only by relying on the domestic market and working to improve locally produced goods, streamline production costs and develop supply logistics chains.”
However, while its efforts are being backed by the private sector, low levels of productivity and value-added remain key challenges to developing the Made in Algeria brand.
Keeping things local
Algeria recorded a trade deficit of $1.73bn in the first quarter of 2015, according to figures from the Algerian Customs’ National Centre for Data Processing and Statistics, against a surplus of $1.83bn for the same period last year. Imports edged downwards in the first quarter of 2015, slipping from $14.3bn to $13.0bn year-on-year (y-o-y), while exports fell by 30.1%, driven by a 32% contraction in the value of hydrocarbons exports.
Legal reforms will support the government’s efforts to generate a higher take-up of locally made products, led by the reintroduction of the consumer credit programme, which will make loans available for the purchase of locally produced goods.
The Algerian newspaper Liberté described the decision to bring back the programme as both welcome and timely. “The consumer credit comes at an important time, when inflation is eating away at purchasing power. The consumer credit will allow consumers to breathe and will also help stimulate local companies that drive Algeria’s development,” the report said. The programme issued loans to households totalling almost AD100bn (€912.5m) in 2008, the year before it was withdrawn, while four-fifths of the total was extended as car credit.
The private sector is also expected to play a part in boosting local production. In a key move, the Business Leaders’ Forum (le Forum des Chefs d'Entreprises, FCE) announced in May that it hoped to establish a “Guaranteed Algerian Production” (Origine Algérie Garantie) label. Studies are currently being carried out to clarify the criteria that need to be met before the label can be placed on Algerian products. Local telecoms operator Mobilis has offered financial support for the initiative, and the studies are scheduled to be completed by the end of June, according to the FCE.
The venture will be supported by a general push to promote Algerian products in the domestic market. While much of Algeria’s food produce and its locally built household appliances are already popular with locals, some products struggle to compete with international brands. Sales of cosmetics and textiles, in particular, remain low, with Algerian consumers overlooking local versions in favour of imported alternatives.
Adding value
Aside from the challenges of winning over customers, domestic producers face other hurdles, including limits to the existing distribution system, according to media reports. Weak value-added is another sticking point that needs to be addressed if Algeria’s industrial sector is to thrive, particularly in sectors such as the automotive industry. The low level of value-added in locally made products came under scrutiny when the legislation governing Algeria’s consumer credit programme was drafted.
In addition, the African Development Bank (AfDB) highlighted the low levels of value-added processing in a study published last year on the integration of several African economies into the global value chain. The AfDB reported that of all imports to Algeria, just 28.8% undergo value-added processing for re-export, with the remaining 71.2% consisting of food or durable goods for consumption.