In English
Le Gabon a lancé en décembre un nouveau programme agricole ambitieux visant à accroître la production des cultures de base, une démarche qui s’inscrit dans un projet politique plus vaste de ce pays très urbanisé d’Afrique Centrale, qui redouble d’efforts pour atteindre l’autosuffisance alimentaire et réduire ses coûts d’importation.
Le nouveau projet agricole, baptisé Gabonaise des Réalisations Agricoles et des Initiatives des Nationaux Engagés (Graine) cherche à augmenter la production alimentaire nationale et à créer de 15 000 à 20 000 emplois en offrant gratuitement à des familles des terres et des titres de propriété, entre autres mesures incitatives.
Grâce à son climat tropical et à sa grande quantité de terres arables, le Gabon dispose d’un secteur agricole non négligeable mais dépendant des cultures commerciales dont les produits, tels que le caoutchouc, l’huile de palme et le bois, sont destinées à l’exportation. La production des cultures de base est généralement limitée à des petits exploitants et à la pratique d’une agriculture de subsistance, avec très peu d’activités en aval. Selon les estimations de la Banque Mondiale, l’agriculture à valeur ajoutée représentait environ 4% du PIB en 2012, date des dernières évaluations.
L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) estime que 60% de la nourriture consommée au Gabon est importée, tandis que le gouvernement avance des chiffres atteignant les 80%. Le Gabon dépense jusqu’à 300 milliards de francs CFA (450 millions d’euros) par an pour les importations alimentaires, ce qui fait que le pays est extrêmement exposé aux fluctuations des prix mondiaux et aux pénuries d’aliments de base tels que les céréales et le lait en poudre.
Encourager les petits investissements dans la production de cultures de base devrait également contribuer à la politique du gouvernement qui vise à diversifier l’économie du pays pour ne plus dépendre des hydrocarbures, ces derniers contribuant à l’heure actuelle pour près de moitié au PIB global, tout en renforçant le développement rural et l’emploi. Les autorités, qui comptent faire passer la contribution de l’agriculture au PIB à 20% d’ici 2020, ont fixé un objectif de réduction des importations alimentaires de 50%. Si aucune date limite n’a été définie pour la réalisation de ce dernier, une facture d’importation moins élevée aidera le gouvernement à améliorer ses difficultés budgétaires à l’heure où la production de pétrole du pays décline et où les prix s’effondrent.
Des droits fonciers lucratifs
La distribution de titres de propriété foncière est perçue comme un aspect central du programme Graine. Comme c’est le cas pour de nombreux pays d’Afrique sub-saharienne, le système de titres fonciers au Gabon est opaque, avec une série de revendications foncières qui se chevauchent, s’appuyant sur l’inscription au cadastre, les terres traditionnelles, et dans certains cas des transferts de titres ambigus qui remontent à l’époque coloniale. En conséquence de quoi, les transactions foncières sont considérablement ralenties et il est difficile pour les petits exploitants d’agrandir leur terrain. Le nouveau programme prévoit que les familles n’obtiennent les actes de propriété que si elles s’engagent à utiliser les terres pour l’agriculture exclusivement. Le gouvernement espère attirer de 20 000 à 30 000 familles dans ce nouveau programme.
Le Président Ali Bongo a déclaré que le gouvernement octroierait 7 hectares de terres aux familles intégrant le programme dans le cadre d’une coopérative agricole. Une majorité de la production serait transférée à la coopérative à des fins de consommation nationale, mais un terrain de 0,5 hectare pourrait être cultivé à usage privé.
D’autres mesures incitatives peuvent être citées, comme l’accélération du processus d’obtention de permis agricoles, et, pour les participants, la couverture à la caisse nationale d’assurance maladie, la garantie d’achat de leur production ainsi que, d’après certaines sources, l’accès à des crédits à taux préférentiels.
Financer le programme
Cette nouvelle initiative fait suite à la ratification par le Gabon en 2013 de l’initiative agricole de l’Union Africaine – Programme Détaillé pour le Développement Agricole en Afrique (PDDAA) – qui a réaffirmé son engagement en matière de sécurité alimentaire.
En vertu du PDDAA, le Gabon doit consacrer un minimum de 6% de son budget à l’agriculture, un taux qui évoluerait ensuite progressivement pour atteindre les 10%. Le Gabon est toutefois bien loin de remplir cette condition. Les médias locaux ont cité le chiffre de 0.9% pour la proportion des dépenses agricoles dans le budget ces dernières années.
La gestion du nouveau programme a été confiée à SOTRADER, un partenariat public-privé entre le gouvernement et le groupe singapourien Olam, l’un des principaux investisseurs dans le secteur agro-industriel gabonais. Par contre, on ne sait pas encore comment s’effectuera le partage du financement entre le gouvernement et le secteur privé – un problème qui a fait obstacle à des initiatives antérieures dans le secteur agricole. Du fait d’un contexte budgétaire difficile, le gouvernement ne dispose que d’une marge de manœuvre limitée, ayant déjà des obligations, notamment une participation de 58% dans un programme de sécurité alimentaire de cinq ans introduit en 2010 et qui s’élève à 61,2 milliards de francs CFA (91,8 millions d’euros).
Gabon plants the seeds for agricultural growth
En Français
An ambitious new agricultural programme aimed at encouraging staple crop production was launched in Gabon in December, as the highly-urbanised Central African country ramps up efforts to become self-sufficient in food and reduce import costs.
The new agricultural plan − Gabonaise des Réalisations Agricoles et des Initiatives des Nationaux Engagés (Graine) − seeks to boost domestic food production and create some 15,000-20,000 jobs by giving households free land and ownership titles, among other incentives.
Thanks to its tropical climate and abundance of arable land, Gabon has a sizable agriculture sector but it is predominantly reliant on cash crops for export, including rubber, oil palm and timber. Staple crop production is generally limited to smallholder and sustenance farming, with little in the way of downstream activity. The World Bank estimates that value-added agriculture contributed about 4% of GDP in 2012, when it was last measured.
The World Trade Organisation (WTO) has estimated that 60% of food consumed in Gabon is imported, while the government has put the figure as high as 80%. Gabon spends up to CFA 300bn (€450m) annually on food imports, leaving the country highly exposed to global price fluctuations and shortages of basic foodstuffs such as cereals and powdered milk.
Encouraging small-scale investment in staple crop production should also aid Gabon’s push to diversify its economy from hydrocarbons, which currently account for nearly half of overall GDP, as well as boost rural development and employment. It aims to increase the contribution of agriculture to 20% of GDP by 2020 and authorities have set a goal to reduce food imports to 50%. While no timeframe was given for the latter, a lower import bill will help the government improve its strained public finances as oil output declines and prices plummet.
Lucrative land rights
The provision of land ownership titles is seen as a central aspect of the Graine programme. As with many sub-Saharan African economies, Gabon’s land title system is opaque, with a range of often-overlapping ownership claims that rely on civil registration, traditional land, and in some cases ambiguous title transfers that date back to the colonial period. The ultimate effect of this is to significantly slow land transactions, making it challenging for smaller farmers to expand their plots. Under the new scheme, households will have to use the land exclusively for agriculture in order to get the deeds. The government aims to attract 20,000-30,000 households into the new scheme.
President Ali Bongo said the government would allocate 7 ha of land to households joining the programme as part of a local farming collective. Most of the output would be transferred to the cooperative for national consumption, but a 0.5 ha plot may be used for private cultivation.
Among other incentives, procedures to obtain agricultural permits will be speeded up, while participants will also receive public healthcare coverage, guaranteed purchase of their output, as well as, according to some reports, access to low-interest loans.
Funding the programme
The new initiative follows Gabon’s ratification in 2013 of the African Union’s agricultural initiative - Comprehensive Africa Agriculture Development Programme (Programme Détaillé pour le Développement Agricole en Afrique, PDDAA) – that reinforced its commitment to food security.
PDDAA requires Gabon to devote a minimum of 6% of its budget to agriculture, with the ratio progressively evolving to 10%. However, Gabon still falls well short of the target. Local media have flagged agricultural spending as a proportion of the budget at 0.9% in recent years.
The new programme will be managed by SOTRADER, a public-private partnership between the government and Singaporean group Olam, one of the main investors in Gabon’s agro-industrial sector. It is unclear, however, how the funding will be shared between the government and the private sector – an issue that has hindered previous initiatives in agriculture. A challenging fiscal environment has left the government with limited room for manoeuvre with its existing obligations, such as a 58% share in a CFA61.2bn (€91.8m) five-year food security plan introduced in 2010.