Algérie : Le gouvernement prend les rênes

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L’une des priorités de l’Algérie pour l’année 2012 sera d’accroître les investissements dans l’agriculture, à l’heure où le pays cherche à réduire sa dépendance à l’égard des importations, qui ont progressé de 6.8 milliards d’euros l’an dernier, d’après Algérie Presse Service. La poursuite de la transition vers l’autosuffisance sera en grande partie favorisée par la hausse de la production de plusieurs cultures clés du pays, notamment une augmentation marginale de la production céréalière, et une progression notable de la production de pommes de terre.

S’ils n’ont pas permis de ralentir la croissance des importations, les semis de céréales ont toutefois pu être effectués légèrement plus tôt qu’à la saison dernière, en partie grâce aux conditions météorologiques favorables. Le mois dernier, la presse nationale a indiqué que 2.9 millions d’hectares avaient été ensemencés pour la saison 2011-12. Mi-décembre, 490 000 hectares de terres avaient été fertilisés, contre 456 000 hectares à la même période l’année précédente.

Selon le gouvernement, la quantité de semences de qualité, certifiées par le ministère de l'Agriculture, fournies par l’Etat aux agriculteurs a progressé de 16 % en glissement annuel, passant de 130 000 tonnes à 150 000 tonnes en 2011. Le gouvernement espère ainsi permettre aux cultivateurs d’obtenir de meilleurs résultats, tout en renforçant la résistance de leurs cultures.

Pour progresser vers l'autosuffisance alimentaire, l’Algérie devra tout particulièrement dynamiser la production céréalière locale ; à défaut, le pays resterait très exposé à la volatilité mondiale des prix des matières premières. La consommation nationale de céréales est élevée, puisqu’elle est estimée à 7 millions de tonnes chaque année. La récolte exceptionnelle de 2009 a permis d’atteindre une production record de 6.1 millions de tonnes, néanmoins retombée à 4.5 millions en 2010 et 4.2 millions en 2011.

Par conséquent, le pays a importé des quantités record de blé l’an dernier (7.42 millions de tonnes, + 41.5 % en glissement annuel) pour reconstituer les stocks suite aux protestations contre la flambée des prix des denrées alimentaires de base, en partie responsable des troubles politiques qui ont frappé l’Egypte voisine. La hausse des importations se poursuit en 2012, l’Algérie ayant importé 450 000 tonnes de blé européen au cours de la deuxième semaine de janvier.

Si le segment du blé affiche des résultats en berne, d'autres sont cependant en pleine expansion : la culture de pommes de terre a été particulièrement bonne au cours de ces dernières années. La production nationale a progressé pour la quatrième année consécutive en 2011 ; chiffrée à 2.2 millions de tonnes en 2008, elle a augmenté rapidement pour s’établir à 3.8 millions de tonnes, soit une hausse de 19 % en glissement annuel. Les représentants du secteur estiment que l’Algérie sera en mesure de produire 5 millions de tonnes à l’horizon 2014. Le directeur du Conseil interprofessionnel de la pomme de terre, M. Séraoui, a déclaré à la presse locale que le secteur était capable d'enregistrer une croissance annuelle de 20-30 % au cours des années à venir.

Les agrumes sont également une culture dominante en Algérie, bien qu’un léger repli de la production nationale, qui devrait s’établir à 1.05 million de tonnes, soit anticipé pour la saison 2011-12. Sur les 32 wilayas (provinces) productrices d’agrumes, sept contribuent à hauteur de 80 % à la production nationale totale. Parmi celles-ci, seules les wilayas d’Alger et de Relizane ont affiché en 2011 une progression de 15 % de la production en glissement annuel. Blida, la wilaya la plus performante, qui contribue à hauteur de 33 % à la production nationale, a vu sa production chuter de 100 000 tonnes fin 2010 à seulement 60 200 tonnes en 2011.

Cependant, malgré le léger fléchissement actuel, la production d’agrumes algérienne a affiché une croissance stable au cours des années précédentes. De 780 000 tonnes en 2008-09, elle a été portée à 850 000 tonnes en 2009-10. La saison 2010-11 a été marquée par une production record de 1.16 million de tonnes, soit une hausse de 41 % en glissement annuel. La croissance de ces dernières années peut être largement attribuée aux conditions climatiques favorables, auxquelles sont venues s'ajouter les mesures incitatives du gouvernement visant à encourager les producteurs à remplacer les arbres âgés et moins productifs.

Le gouvernement commence par ailleurs à ouvrir le secteur agricole aux investissements étrangers, dans l'optique de doper l’activité du secteur. En septembre 2011, l’Algérie a lancé ses premiers appels officiels à manifestation d’intérêt auprès de sociétés cherchant à participer à des opérations pilotes agricoles. En 2010, le parlement a approuvé une loi autorisant les sociétés privées à louer des terres publiques, une première également.

Le secteur devrait également bénéficier d’une initiative gouvernementale visant à développer les systèmes d’irrigation du pays. Les précipitations imprévisibles, conjuguées à une gestion de l'eau peu performante, entravent de façon récurrente le développement de l’agriculture. Le gouvernement prévoit d’augmenter la superficie irriguée du pays de 400 000 hectares actuellement à 1 million d’hectares d’ici à 2015. L’Office national de l’irrigation et du drainage a initié plusieurs projets en milieu d’année dernière afin d’irriguer 8 815 hectares dans la vallée de l’Oued Sahel, sur le plateau El Asnam et dans la plaine de la M’Léta. Le projet devrait permettre de créer 8 300 emplois et de multiplier par quatre la production agricole de la région.

Les cultures ne sont pas le seul axe stratégique du gouvernement ; l’Algérie a pris des mesures pour renforcer la production laitière locale, avec pour objectif à long terme de substituer les importations de lait en poudre par la production locale de lait cru. Les importations de lait en poudre, chiffrées à 800 millions de dollars en 2010, ont continué à progresser en 2011. Les producteurs de lait ont bénéficié d’exonérations fiscales et de programmes de formation initiés par le gouvernement dans l’optique de combler le fossé entre la production actuelle (2 milliards de litres par an) et la consommation nationale (3.3 milliards de litres).

En 2011, 572 millions de litres de lait cru ont été produits, soit une hausse de 46.7 % en glissement annuel. Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a indiqué à la presse locale que les ventes du secteur avaient atteint 146 milliards de dinars algériens (1.5 milliard d’euros) en 2011. La production, qui s’élevait à 290 millions de litres en 2009, a progressé de façon régulière ; le ministère espère atteindre une production de 700 millions de litres en 2012.

L’Office national interprofessionel du lait (ONIL), qui supervise le développement du secteur, a conclu des accords avec 114 crémeries, privées pour la plupart, selon lesquels l’ONIL fournira du lait en poudre destiné à la production de lait pasteurisé, tandis que les crémeries s’engageront à intégrer le lait cru à leurs activités.

Si le climat favorable se maintient, le gouvernement devrait être en mesure de consolider les progrès accomplis ces dernières années dans le secteur des cultures agricoles, et ainsi progresser vers l’autosuffisance. Néanmoins, tant que la production céréalière ne permettra pas de répondre à la demande, et que l’irrigation restera limitée, le pays continuera à dépendre des importations.

 

Algeria: Taking the reins

En Français

Investment in agriculture will be a priority for Algeria in 2012 as the state looks to reduce its import dependency, which stretched upwards of €6.8bn last year according to the Algeria Press Service. The continuing shift towards self-sufficiency will be helped in large part by increased production levels of several of the country’s key crops, including marginal improvement for cereals and noticeable rises for potatoes.

While it has not slowed import growth, grain planting is slightly ahead of last season, due partly to favourable weather conditions. The national press reported last month that 2.9m ha have been sown so far in the 2011-12 season. By mid-December, 490,000 ha of land had been fertilised, up from 456,000 ha at the same point last year.

The state reported that the amount of quality seeds – as certified by the Ministry of Agriculture – it provided to farmers increased by 16% year-on-year (y-o-y) from 130,000 tonnes to 150,000 tonnes in 2011, which the government hopes will allow farmers to reap greater rewards while improving crop robustness.

Of all the aspects of improving the country’s food self-sufficiency, boosting local cereal production is particularly important for Algeria, for if it is unable to do so, the country’s exposure to global commodity volatility will remain high. The national cereals consumption is high, estimated at 7m tonnes per year. A bumper harvest in 2009 produced a record 6.1m tonnes, but dropped to 4.5m in 2010 and 4.2m in 2011.

As a result, the country imported record levels of wheat last year, reaching 7.42m tonnes, a y-o-y increase of 41.5%, in an effort to increase stocks following protests over the rising price of basic goods – an issue that contributed in part to greater political unrest in nearby Egypt. Higher import levels are continuing into 2012 as Algeria imported 450,000 tonnes of European wheat in the second week of January.

But where wheat is struggling, other segments are growing: the country’s potato cultivation has seen particularly good results in recent years. National output rose for the fourth consecutive year in 2011 to reach 3.8m tonnes, a 19% increase y-o-y. Output has expanded rapidly from 2.2m tonnes in 2008, and sector officials estimate that Algeria will be able to produce 5m tonnes by 2014. The head of the Potato Trade Association (Conseil Interprofessionnel de la Pomme de Terre), M Séraoui, stated in the local press that the industry is capable of 20-30% annual growth in the next few years.

Citrus is another key crop for Algeria, although national output is expected to decline slightly to 1.05m tonnes in the 2011-12 season. Of the 32 wilayas (provinces) that produce citrus fruits, seven contribute 80% of the national total. Of these only the Alger and Relizane wilayas recorded a 15% increase in production y-o-y in 2011. Blida, the highest-producing wilaya, which contributes 33% of the national output, saw its production drop from 100,000 tonnes in late 2010 to only 60,200 tonnes in 2011.

However, while current levels have dropped modestly, Algeria’s citrus production has seen steady growth in preceding years. Production rose from 780,000 tonnes in 2008-09 to 850,000 tonnes in 2009-10. The 2010-11 season saw a record production of 1.16m tonnes, a 41% increase y-o-y. Growth in recent years has largely been due to favourable climate conditions, aided by government incentives encouraging producers to replace older, lower-producing trees.

The government is also beginning to open agriculture to foreign investment in an effort to boost sector activity. In September 2011, Algeria offered its first formal invitation for expressions of interest from companies looking to engage in pilot agricultural operations. In 2010, parliament approved a law allowing private firms to lease public land, also a first.

The sector also stands to benefit from a state initiative to expand the country’s irrigation systems. Unpredictable rainfall, combined with poor water management, has been a persistent obstacle to the development of agriculture. The government plans to increase the country’s irrigated surface area from 400,000 to 1m ha by 2015. The National Office of Irrigation and Drainage launched projects in mid-2011 to irrigate 8815 ha of the Oued Sahel Valley and El Asnam plateau, as well as the M’Léta plain. The project is expected to create 8300 jobs and increase agricultural production in the area by a factor of four.

Cultivation has not been the only area of focus for the government, and Algeria has moved to increase local production of milk, with the long-term goal of replacing powdered milk imports with locally produced raw milk. Powdered milk imports registered at $800m in 2010 and continued through 2011. Dairy producers have benefitted from tax exemptions and government-led training programmes in an effort to boost production from approximately 2bn litres per year closer to national consumption at 3.3bn litres.

Dairy farmers produced 572m litres of raw milk in 2011, a 46.7% increase y-o-y. The Ministry of Agriculture and Rural Development reported to the local press that sector sales reached AD146bn (€1.5bn) in 2011. Output has risen steadily from 290m litres in 2009, and the ministry hopes to see raw milk production reach 700m litres in 2012.

The National Dairy Office (Office National Interprofessionel du Lait, ONIL), which oversees sector development, has entered into agreements with 114 dairies, of which the majority are private. ONIL provides powdered milk for pasteurised milk production in exchange for dairies’ commitment to integrate raw milk into their operations.

Should the auspicious weather continue, the government should be able to consolidate the gains of recent years in cultivation, which will help improve overall self-sufficiency. However, the country’s import dependency will continue as long as cereal production fails to meet demand and irrigation remains limited.

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