Côte d'Ivoire : Renforcement des capacités de production d'électricité

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Portée par la reprise économique, la Côte d'Ivoire a entrepris d'accroître sa production d'hydroélectricité et d'électricité thermique. Pour faire face à la demande en électricité émanant des ménages et de l'industrie, soutenue par l'accroissement de la population et la forte croissance des secteurs secondaire et tertiaire, le pays devra non seulement améliorer la distribution et l'accès au réseau, mais également en augmenter.

La grande majorité de l’augmentation de la production sera financée par des investisseurs étrangers. En entamant fin février la construction du barrage hydroélectrique de Soubré, particulièrement attendu, la Côte d’Ivoire a franchi une étape importante vers son objectif d’étendre sa production. Ce projet sur cinq ans, dont le coût total est estimé à 331 milliards de francs CFA (504.61 millions d'euros), est financé grâce à un prêt concessionnel de 239 milliards de francs CFA (364.35 millions d'euros) octroyé par la banque chinoise Eximbank, ainsi qu'à une enveloppe de 92 milliards de francs CFA (140.25 millions d'euros) débloquée par le gouvernement ivoirien.

Le barrage, qui sera construit par la société chinoise SinoHydro et supervisé par la société belge Tractebel Engineering, sera doté d'une capacité installée de 275 mégawatts (MW), et générera 1 100 gigawatts-heure (GWh) par an, ce qui permettra d'augmenter de façon significative la production nationale annuelle, qui s'établissait à 5 900 GWh en 2009. Un réseau électrique, comprenant une ligne à haute tension (225 kilovolts) longue de 365 kilomètres, sera mis en place entre Soubré et le district de Yopougon à Abidjan.

Les autorités prévoient par ailleurs de lancer la construction d'un autre barrage hydroélectrique d'ici à 2015, marquant ainsi pour la Côte d'Ivoire une redynamisation de l'hydroélectricité, traditionnellement privilégiée. Après avoir achevé les barrages de Kossou en 1972, Taabo en 1979 et Buyo en 1981, le pays s'est tourné vers l'énergie thermique dans les années 1990, suite à la découverte d'importantes réserves de gaz naturel offshore. À l'heure actuelle, plus de 60 % de l'électricité du pays est produite par des centrales thermiques, tandis que 35 % sont générés à partir de sources hydroélectriques.

L'hydroélectricité a pour avantages d'être renouvelable, et d'échapper aux mécanismes de tarification du gaz. Néanmoins, l'énergie thermique reste une priorité du gouvernement, qui a réduit le prix négocié du gaz fourni aux centrales thermiques par les producteurs, tels que la filiale locale de Bouygues, Foxtrot, le Canadien CNR et le Britannique Afren.

Plusieurs projets ont été initiés dans ce secteur, à commencer par l'expansion de la centrale d'Azito, détenue par Globeleq (76.9 %) et Industrial Promotion Services West Africa (IPS WA, 23.1 %), et les deux premières phases ont été achevées en 1999 et en 2000. La troisième, Azito-3, permettra d'ajouter une nouvelle tranche de 150 MW aux 300 MW des deux premières centrales, et donc d'augmenter de 1 000 GWh par an la production actuelle de la société, chiffrée à 2 200 GWh par an, soit plus d'un tiers de la production électrique ivoirienne.

Outre les garanties de l'Agence multilatérale de garantie des investissements de la Banque mondiale, près de 174 milliards de francs CFA (265.26 millions d'euros) de financement ont été obtenus auprès d'un certain nombre de sociétés, notamment Globeleq, IPS WA, l'International Finance Corporation, la Banque ouest-africaine de développement et la Banque africaine de développement. Hyundai, qui a signé en décembre 2011 un contrat clés en main à prix fixe avec Azito, lancera les 27 mois de chantier sur ce projet de 227 milliards de francs CFA (346.06 millions d'euros), qui sont d'ores et déjà mobilisés.

Dans l'intervalle, la société américaine ContourGlobal et la compagnie pétrolière nationale Petroci prévoient de débuter les travaux de construction d'une centrale dotée d'une capacité de 330 MW à Abatta en 2013, après avoir signé, en juin 2012, un contrat de concession BOT (build-operate-transfer) pour ce projet chiffré à 300 milliards de francs CFA (457.35 millions d'euros). À long terme, le gouvernement envisage également de créer une centrale thermique d'une capacité de 450 MW à Bingerville. Bien qu’il subsiste un risque que les réserves de gaz ivoirien soient insuffisantes pour justifier des investissements dans de nouvelles centrales thermiques, une étude des réserves nationales disponibles a démontré qu'elles permettront d'assurer l’approvisionnement de la centrale d'Azito.

Un autre aspect de l'initiative lancée par le gouvernement pour améliorer les infrastructures électriques consiste à améliorer la distribution de l'électricité. Pour ce faire, environ 8 milliards de francs CFA (12.19 millions d'euros) octroyés dans le cadre du Programme présidentiel d'urgence, qui vise à accélérer des projets cruciaux en matière d’infrastructures, seront investis pour améliorer et subventionner l'accès au réseau électrique.

L'avancement de ces projets sera déterminant si la Côte d'Ivoire souhaite continuer à satisfaire la demande nationale tout en prenant de nouveaux engagements en matière d'exportation, compte tenu notamment de l’augmentation récente de la fourniture d’électricité au Burkina Faso ainsi que de nouveaux accords approvisionnement avec le Bénin et le Libéria. Le FMI demande aux autorités d’augmenter la tarification locale afin de financer la modernisation et l’extension du réseau, ainsi que l’augmentation de la production, mettant de ce fait en évidence l’importance des exportations pour lesquelles les clients de la Côte d’Ivoire subissent des prix plus élevés que ceux payés sur le marché domestique. Dans ce contexte, l’Etat ivoirien a en partie répondu aux exigences du FMI avec l’augmentation des prix imposés aux opérateurs industriels ; cependant, il pourra s'avérer bien plus difficile de faire passer l'augmentation des prix auprès des ménages ivoiriens.

 

Côte d’Ivoire: Ramping up electricity

En Français

In the midst of renewed economic growth, efforts are underway in Côte d’Ivoire to increase hydroelectric and thermal electricity generation. As an increasing population and strong secondary and tertiary sector growth drive demand for residential and industrial electricity, improvements in distribution and network access will need to be accompanied by increases in supply.

The lion’s share in increasing production will be taken on by foreign investors. With construction on the long-awaited hydroelectric dam at Soubré having begun in late February, Côte d’Ivoire is taking a major step toward expanding its output. Financed with a concessional loan of CFA239bn (€364.35m) from China-based Eximbank and CFA92bn (€140.25m) from the Ivoirian government, the total cost of this five-year project is an estimated CFA331bn (€504.61m).

The dam, which is to be built by China’s SinoHydro and supervised by Belgium-based Tractebel Engineering, will have an installed capacity of 275 MW and generate 1100 GWh per year, thereby significantly increasing annual national output, which stood at 5900 GWh as of 2009. A power grid, including a 365-km-high voltage cable (225 KV) is set to be built between Soubré and Abidjan’s Yopougon district.

The authorities also plan to begin construction on another hydroelectric dam before 2015, marking a return to the country’s traditional focus on hydroelectricity. After completing works on dams in Kossou in 1972, Taabo in 1979 and Buyo in 1981, the emphasis on electricity production shifted to thermal energy in the 1990s, due to significant offshore natural gas discoveries. Currently, more than 60% of the country’s electricity is produced by thermal power stations, while 35% is generated from hydroelectric sources.

Although hydroelectricity has the benefit of providing energy that is both renewable and unaffected by gas pricing mechanisms, thermal energy remains a priority, and the government has reduced the negotiated price of gas supplied by producers, such as local Bouygues subsidiary Foxtrot, Canada-based CNR and the UK-based Afren, to thermal plants.

Several thermal projects are underway, starting with expansion at the Azito Power Plant, which is owned by Globeleq (76.9%) and by Industrial Promotion Services West Africa (IPS WA, 23.1%), andthe first two phases were completed in 1999 and 2000, respectively. Azito-3 will add another 150 MW to the combined 300 MW of the first two plants, providing an additional 1000 GWh per year to the company’s current output of 2200 GWh per year, amounting to over one-third of Côte d’Ivoire’s electricity production.

Alongside guarantees from the World Bank’s Multilateral Investment Guarantee Agency, around CFA174bn (€265.26m) of financing has been secured from a number of firms, including Globeleq, IPS WA, the International Finance Corporation, the West African Development Bank and the African Development Bank, among others. Hyundai, which signed a fixed-price turnkey contract with Azito in December 2011, will begin the 27 months of construction on the CFA227bn (€346.06m) project now that financing has been secured.

Meanwhile, US-based ContourGlobal and the national petroleum company Petroci plan to begin work on a 330-MW plant in Abatta in 2013, after having signed a build-operate-transfer concession agreement in June 2012 for the CFA300bn (€457.35m) project. In the long term, government officials also envisage a 450-MW thermal plant in Bingerville. Although domestic gas reserves may be insufficient to justify investments in additional thermal plants, a survey of available national gas reserves has demonstrated that they will be able to ensure supply for the Azito project.

Part of the government’s initiative to improve electricity infrastructure also relies on better distribution, which will benefit from some CFA8bn (€12.19m) of the Presidential Emergency Programme, which aims to accelerate critical infrastructure projects, that will be used to improve and subsidise access to the electricity network.

Progress on these projects is crucial if Côte d’Ivoire is to continue to satisfy domestic demand while pursuing further export commitments, with a recent increase in supply to Burkina Faso and new deals with Benin and Liberia. The IMF has been pressuring the authorities to raise local prices in order to finance the network’s modernisation and expansion and production increases, highlighting the importance of exports, as Côte d’Ivoire’s clients are charged prices higher than those paid domestically.. In this context, the government recently bowed to the IMF’s pressure by raising prices for local industry; however, selling an increase in prices to Ivorian households may prove far more difficult.

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