Gabon : Concentrer ses efforts sur l’industrie à valeur ajoutée

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Le développement industriel est encore relativement modeste au Gabon, car, historiquement, l’économie s’est appuyée sur les revenus des exportations de ses abondantes ressources naturelles non-transformées, dont le bois et le pétrole, ainsi que les minerais tels que le manganèse et le fer. Cependant, même si les exportations d’hydrocarbures constituent toujours la principale source de revenu en devises étrangères, les réserves en pétrole du Gabon s’amenuisent. L’épuisement progressif de la manne pétrolière ne fait que souligner l’importance de la politique de diversification du gouvernement, ‘Gabon émergent’, laquelle attire de nouvelles initiatives privées venant de l’étranger.

L’objectif des politiques gouvernementales, aussi bien que des partenariats public-privé (PPP), vise de plus en plus à établir un secteur industriel local. Le PPP signé en juillet avec le conglomérat énergétique sud-coréen SK Energy, dont l’objet est d’accroître les capacités en amont du Gabon, via la construction d’une nouvelle raffinerie de pétrole à Port-Gentil, en est un bon exemple. Cette nouvelle raffinerie devrait contribuer à renforcer la position du Gabon sur les marchés énergétiques régionaux et européens.

Deux nouvelles zones économiques spéciales (ZES) en projet à Nkok, près de Libreville, et à l’Île Mandji, à Port-Gentil, devraient faciliter l’introduction de plusieurs secteurs industriels, comme le pétrole et ses dérivés, les produits pétrochimiques et l’industrie du bois. La ZES de Nkok, qui appartient au conglomérat agricole singapourien Olam, et est déjà en activité, ainsi que le site prévu à Port Gentil, devraient tous deux constituer une incitation pour les entreprises de la filière bois songeant à s’établir dans ces zones.

Les nouvelles ZES joueront un rôle important dans les efforts du gouvernement pour encourager l’industrie du bois au Gabon à se tourner vers le secteur de la retransformation et les industries dérivées. Actuellement, le pays, qui détient 14 millions d’hectares de forêt vierge et exploitable, a mis en place progressivement une interdiction des exportations de bois bruts depuis mars 2010.

Les capacités de transformation du secteur étaient insuffisantes pour faire face à cette interdiction, mais la filière bois a commencé à évoluer afin de s’adapter à la nouvelle situation. Les ZES proposent des mesures d’incitation, telles qu’une exonération fiscale de la taxe sur les bénéfices pendant dix ans, des transferts financiers libres, ainsi qu’une législation du travail et des coûts de transport réduits. Tous ces éléments seront essentiels pour attirer les industries de transformation qui sont encore absentes au Gabon.

Ces nouvelles politiques commencent à porter leurs fruits, avec l’annonce récente de la signature d’un accord par Ellora Paper Mills, une société basée en Inde, pour l’installation d’une usine de pâte à papier à Nkok. Cela représente un vote de confiance, et ouvrira probablement la voie pour l’installation d’autres entreprises spécialisées dans les produits dérivés du bois.

Pour les entreprises établies de la filière bois, la transition s’est avérée difficile. Certains des petits acteurs du secteur ont quitté le marché, suite au ralentissement des commandes des exportateurs. Ces derniers se sont concentrés sur l’augmentation de leurs capacités de transformation afin de se mettre en conformité avec la nouvelle loi. La plupart des grosses entreprises de la filière ont investi lourdement dans l’équipement et les usines de transformation, ce qui devrait résulter en une production locale de meilleure qualité et plus raffinée. Bien que l’activité se concentre essentiellement sur la première étape de transformation, beaucoup d’entreprises tentent de développer de nouveaux produits avec une plus forte valeur ajoutée, pour compenser les pertes de 2010/2011.

Les investissements tant privés que publics ont joué un rôle essentiel dans cette démarche. La Société nationale des bois du Gabon (SNBG), acteur nationale de la filière bois, a récemment achevé la construction de trois nouveaux sites de transformation à Owendo, qui devraient porter les capacités de transformation de la société à un niveau de 250 000 mètres cube par an, et accroître considérablement ses capacités de transformation secondaire.

En plus de l’aide du gouvernement, qui est un des principaux actionnaires de SNBG, le projet a bénéficié d’un prêt de 9 milliards de francs CFA (13,72 millions d’euros) accordé par la Banque de développement des états de l’Afrique centrale, en partenariat avec deux banques régionales, la Banque internationale pour le commerce et l'industrie du Gabon (BICIG) et Ecobank.

Les opérateurs privés ne sont pas en reste. L’entreprise suisse Precious Woods, connue pour son travail des essences rares, a augmenté les capacités de sa scierie de bois dur en 2011 afin d’offrir de nouveaux produits. L’introduction du placage déroulé et séché à l’air et de plusieurs produits à base de bois moins connus tels que le Faro, l’Omvong et le Niové, a permis d’augmenter le portefeuille de clients de la société en 2011.

Bien que les progrès soient encourageants pour la filière bois, il reste encore de nombreux progrès à faire avant d’atteindre une totale industrialisation. Le volume des exportations de bois a fondu de 71,6 % à partir de 2010/2011, lorsque la nouvelle règlementation est entrée en vigueur avant que les intervenants locaux aient pu s’adapter. A cela ce sont ajoutés, en 2012, des goulots d’étranglement dans les transports, qui devraient continuer à peser sur la production nationale jusqu’à la fin de l’année.

Bien qu’on ne puisse s’attendre à une industrialisation du secteur à brève échéance, les efforts du gouvernement dans le but d’encourager les activités à valeur ajoutée sur le territoire national ont déjà donné quelques résultats positifs, avec l’augmentation de la production nationale et l’appui d’investissements supplémentaires du secteur privé. L’amélioration du réseau des transports et la formation de la main d’œuvre constituent les prochains défis à relever, afin de mener à bien cette industrialisation.

 

Gabon: Focus on value-added industry

En Français

Industrial development is still relatively modest in Gabon, as the economy has traditionally relied on revenues from unprocessed exports of its abundant natural resources, including timber and oil, as well as minerals such as manganese and iron ore. However, while hydrocarbons exports still constitute the primary source of foreign currency receipts, Gabon’s petroleum reserves are diminishing, lending a new urgency to the government’s diversification strategy, Gabon Emergent, which in turn is drawing in a number of new private foreign ventures.

Both government policy and new public-private partnerships (PPPs) are increasingly oriented toward the build-up of local industry. For example, a PPP signed with the South Korean energy conglomerate SK Energy in July will expand Gabon’s upstream capabilities through the construction of a new oil refinery in Port-Gentil, which should help to strengthen Gabon’s position on the regional and European energy markets.

Plans for two new special economic zones (SEZs) in Nkok, near Libreville, and Île Mandji in Port-Gentil, should help to facilitate the introduction of several industries, including petroleum and derivative products, petrochemicals and timber processing. The SEZ at Nkok, which is owned by Singapore agricultural conglomerate Olam and is already underway, and the planned site in Port-Gentil will both provide incentives for forestry companies looking to establish operations in these areas.

The new SEZs will play an important role in the government’s effort to push wood processing in Gabon into more sophisticated second- and third-stage processing and derivative industries. Currently, the country, which has some 14m ha of exploitable rain forest, has an export ban on unprocessed timber, which was phased in starting March 2010.

Processing capacity was vastly underprepared for the ban but has since begun to move slowly upwards to better accommodate export demand. SEZs offer a number of incentives, such as a 10-year income tax exemption, freedom of financial transfers, as well as reduced travel costs and labour restrictions, all of which will be critical in attracting industrial operations that are not currently present in Gabon.

The new tactics are beginning to come to fruition, most recently following the announcement that India-based Ellora Paper Mills has reportedly signed an agreement to launch a paper pulp factory at Nkok, a vote of confidence which will likely pave the way for other timber-derivative operations.

For established companies in the timber sector, the transition has been a difficult one. A number of smaller raw timber providers dropped out of the market, as exporters slowed their activities and focused on building up their processing capability to comply with the raw timber ban. Many of the major firms have invested heavily in processing plants and equipment, which should eventually help local industry reach higher levels of product quality and sophistication. While much of the activity is still concentrated at the first stage, many companies are looking to develop new, higher-cost products to make up for losses in 2010/11.

Both public and private investment have been critical to this effort. The national forestry operator, the National Timber Company of Gabon (Société Nationale des Bois du Gabon, SNBG), recently completed the construction of three new processing facilities in Owendo, which are expected to increase the company’s transformation capacity to 250,000 cu metres per year and considerably expand its second-stage processing capacity.

In addition to support from the government − a major stakeholder of SNBG − the investment was facilitated by a CFA9bn (€13.72m) loan awarded to SNBG by the Development Bank of Central African States, in partnership with two regional banks, Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du Gabon (BICIG) and Ecobank.

Private operators have also fuelled their own investment projects to boost local capacity. Swiss firm Precious Woods, known for working with rare species of wood, expanded the capacity of its hardwood sawmill in 2011, which has permitted the company to offer new products. The introduction of air-dried rotary cut veneer and various products made of lesser-known species such as Faro, Omvong and Niové, have helped to expand the company’s customer portfolio in 2011.

While increasing capacity bodes well, the forestry sector still has a long way to go before reaching full industrialisation. The volume of wood exports decreased by 71.6% from 2010/11, as the new regulation came into effect before local processing could adjust. The slowdown of exports has been further complicated in 2012 by transport bottlenecks, which are expected to hamper domestic production through the end of the year.

While sector industrialisation cannot be expected overnight, the government’s efforts to step up local value-added activity have begun to show positive results, boosting local production and attracting further investment from the private sector. The remaining challenge is to ensure that improvements to the transport network and workforce training match the pace of industrialisation.

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