In English
Les efforts déployés par le gouvernement marocain pour encourager la croissance des exportations ont revêtu une importance sans précédent à l’heure où l’on prévoit une période difficile pour les marchés émergents qui affichent un lourd déficit courant. En cas de succès, la stratégie du royaume baptisée « Maroc Export Plus », qui vise à multiplier par trois les exportations pour atteindre le chiffre de 327 milliards de dirhams (29,32 milliards d’euros) d’ici 2018, permettra de réduire la dépendance du pays envers les capitaux étrangers et de diversifier l’offre exportable.
Un récent rapport de Morgan Stanley indique que le déficit courant marocain enregistré à ce stade de l’année 2013 occupe la troisième place mondiale en pourcentage du PIB, devancé seulement par le Liban et l’Ukraine, et s’établit à 7% du PIB. Le repli attendu de l’assouplissement quantitatif aux États-Unis entrainera une diminution des dollars disponibles pour l’investissement étranger, exposant le Maroc à une baisse des entrées de capitaux. Une croissance soutenue des secteurs d’exportation, surtout en dehors des segments des phosphates et de l’agriculture, permettrait de réduire le déficit courant actuel et de renforcer l’économie marocaine.
Initiatives d’exportation
Plusieurs initiatives lancées par l’État viennent étayer la stratégie Maroc Export Plus, notamment le programme Contrats de Croissance à l’Export (CCE). Le programme CCE apporte un appui financier direct aux entreprises qui vendent des produits à l’étranger – jusqu’à 5 millions de dirhams (450 000 euros) pour les entreprises exportatrices confirmées et 2 millions de dirhams (180 000 euros) pour les sociétés émergentes. Les entreprises souhaitant participer au programme doivent soumettre un business plan qui présente un nouveau produit d’exportation ou un nouveau marché cible. Le gouvernement compte investir 1 milliard de dirhams (90 millions d’euros) sur trois ans et faire profiter du programme 375 entreprises exportatrices. Début août, 25 candidats s’étaient déjà inscrits.
Le royaume s’emploie également à renforcer ses liens bilatéraux à l’extérieur du cercle traditionnel de ses partenaires européens, chez qui la demande a progressé de manière peu soutenue ces dernières années. La Commission Mixte de Coopération Bilatérale Maroco-Saoudienne a créé un fonds d’investissement doté de 800 millions de dirhams (71,73 millions d’euros) en vue de stimuler les échanges commerciaux. Les deux pays planchent également sur la mise en place d’une ligne maritime directe qui relierait les ports de Tanger-Med, Radès et Djeddah. Le volume total des échanges entre l’Arabie Saoudite et le Maroc était d’environ 3,3 milliards d’euros en 2012, sachant qu’il s’agit en grande partie d’exportations de pétrole saoudien vers le Maroc.
Derniers résultats
Selon les derniers chiffres publiés par l’Office des Changes, les exportations de biens ont accusé une baisse de 1% au cours des sept premiers mois de l’année, comparé à la même période en 2012, et atteignent 108,1 milliards de dirhams (9,69 milliards d’euros). Ce léger recul s’explique toutefois en grande partie par une baisse en valeur de 18,6% des ventes de phosphates, le premier produit d’exportation en valeur, du fait de la contraction de la demande mondiale. Les exportations totales de biens, hors phosphates, affichent une hausse de 5,2%.
Une analyse détaillée des récents chiffres montre plusieurs segments florissants. Le secteur de l’aéronautique affiche une hausse de 28,7% de ses exportations à fin juillet 2013 par rapport aux sept premiers mois de l’année 2012, passant de 3,6 milliards de dirhams (320 millions d’euros) à 4,6 milliards de dirhams (410 millions d’euros). Si l’aéronautique ne représente qu’à peine plus de 4% des exportations, il s’agit d’un secteur à fort potentiel qui pourrait contribuer à la diversification des exportations du pays, jusqu’alors dominées par les matières premières, au profit d’une production de pointe et à forte valeur ajoutée. En outre, un secteur des exportations aéronautiques fort devrait avoir des retombées positives sur le développement de compétences et de capacités techniques. Le Maroc vise à doubler la taille du secteur d’ici 2020, un objectif qui semble atteignable au vu des prévisions de forte demande mondiale de nouveaux avions sur les vingt prochaines années.
Les exportations automobiles affichent également de bons résultats sur les sept premiers mois de 2013 : elles sont passées de 14,7 milliards de dirhams (1,2 milliard d’euros) à 17,1 milliards de dirhams (1,53 milliard d’euros), soit une croissance globale de 16,6% par rapport à la même période l’année dernière. Le gros de la croissance provient de la construction automobile, qui a vu ses exportations grimper de 59%, passant de 3,8 milliards de dirhams (340 millions d’euros) à 6 milliards de dirhams (540 millions d’euros). Le câblage automobile enregistre une hausse plus modérée de 1,9% et passe de 9,1 milliards de dirhams (820 millions d’euros) à 9,3 milliards de dirhams (830 millions d’euros).
Diversification de l’offre exportable
La croissance de secteurs d’exportation moins importants par le passé et la baisse en valeur des exportations de phosphates se sont traduits par une offre exportable légèrement plus variée. En plus de la croissance à deux chiffres enregistrée par les secteurs de l’aéronautique et de l’automobile à fin juillet, les exportations pharmaceutiques ont progressé de 8,6% (passant de 486 millions de dirhams [43,57 millions d’euros] à 528 millions de dirhams [47,34 millions d’euros]), tandis que les exportations du secteur électronique ont grimpé de 9,4% (de 4,2 millions de dirhams [380 000 euros] à 4,6 millions de dirhams [410 000 euros]). La deuxième plus grande catégorie d’exportations, à savoir les produits agricoles et alimentaires, affiche une croissance de 7,7% (de 1,9 milliard de dirhams [170 millions d’euros] à 2,07 milliards de dirhams [190 millions d’euros]). En conséquence de quoi la part des phosphates dans le total des exportations a évolué à la baisse, s’établissant à 21,4% à fin juillet, contre 26,1% l’année précédente. Les exportations automobiles représentent maintenant 15,9% des exportations, soit une hausse de 2,4 points de pourcentage, tandis que les exportations aéronautiques sont passées de 3,3% à 4,3%.
Néanmoins, le Maroc demeure excessivement dépendant des exportations de matières premières, notamment des phosphates et des produits agricoles, qui représentent plus de 40% des ventes à l’étranger. Une situation qui rend l’économie vulnérable aux fluctuations de la demande mondiale et des cours des matières premières. Il est donc important, sur le moyen terme, de poursuivre les efforts de diversification de l’offre exportable et on peut s’attendre à ce que le gouvernement continue de mettre l’accent sur les secteurs automobile et aéronautique, qui semblent particulièrement prometteurs en matière de croissance à valeur ajoutée.
Morocco renews focus on export growth
En Français
Efforts by the Moroccan government to encourage export growth have become more important than ever amid predictions of challenging times ahead for emerging markets with large current account deficits. If successful, the kingdom’s “Maroc Export Plus” strategy, which aims to triple exports to Dh327bn (€29.32bn) by 2018, will reduce dependence on foreign capital inflows and diversify its export base.
According to a recent report by Morgan Stanley, Morocco’s current account deficit thus far in 2013 is the third-highest in the world in percentage terms, at 7% of GDP, behind only Lebanon and Ukraine. The expected tapering of quantitative easing in the US will reduce the availability of dollars for foreign investment, leaving Morocco vulnerable to decreased capital inflows. Sustained growth in the export sectors, especially outside the phosphate and agricultural categories, would narrow the current account deficit and put Morocco’s economy in a stronger position.
Export initiatives
The state has rolled out several initiatives in support of Maroc Export Plus, including the “Exports Growth Contracts” (Contrats de Croissance à l'Export, CCE) programme. CCE offers direct financial support to companies selling goods overseas – up to Dh5m (€450,000) for experienced exporters and Dh2m (€180,000) for start-ups. Firms that wish to participate must submit a business plan that identifies a new export product or target market. The government plans to invest Dh1bn (€90m) in up to 375 exporters over three years, with 25 applicants having signed up for the programme as of early August.
The kingdom has also been working to strengthen ties on a bilateral basis outside its traditional European partners, where demand growth has been slight in recent years. The ongoing Saudi-Moroccan Joint Commission for Bilateral Cooperation has formed a Dh800m (€71.73m) investment fund to boost trade opportunities. The two countries are also studying the creation of a direct shipping link that would link the ports of Tanger-Med, Radès and Jeddah. The total volume of trade between Saudi Arabia and Morocco was around €3.3bn in 2012, although a large portion of this is comprised of Saudi Arabian oil exports to Morocco.
Recent results
According to the latest figures from the Office of Exchanges, exports of goods declined by 1% in the first seven months of the year, compared to the same period in 2012, to Dh108.1bn (€9.69bn). However, this modest decline was largely due to an 18.6% drop in the value of phosphate sales, the leading export product by value, due to lower global demand. Excluding phosphate, total exports of goods grew by 5.2%.
The details contained in the recent figures showed several bright spots. Aeronautic exports grew 28.7% through July 2013 compared to the first seven months of 2012, from Dh3.6bn (€320m) to Dh4.6bn (€410m). Although aeronautics make up just over 4% of exports, the sector has high potential in helping the country diversify from commodity exports towards advanced and high added-value production. Moreover, a strong aeronautical export sector is likely to have positive spillover effects in building skills and technical capacity. Morocco is aiming to double the size of the sector by 2020, a goal that appears feasible given expected strong global demand for new aircraft over the next 20 years.
Automobile exports also performed well in the first seven months of 2013, with overall growth of 16.6%, from Dh14.7bn (€1.2bn) to Dh17.1bn (€1.53bn) in the same period last year. Most of the growth was in automobile construction, where exports grew by 59%, from Dh3.8bn (€340m) to Dh6bn (€540m). Automobile wiring grew a more modest 1.9%, from Dh9.1bn (€820m) to Dh9.3bn (€830m).
Diversification of export base
The growth of historically smaller export sectors and the decline in the value of phosphate exports has translated into a moderately more diverse export base. In addition to the double-digit growth in the aeronautics and automobile sectors through July, pharmaceuticals exports grew by 8.6% (from Dh486m [€43.57m] to Dh528m [€47.34m]), and electronics by 9.4% (Dh4.2m [€380,000] to Dh4.6m [€410,000]). The second-largest export category, agriculture and food, grew by 7.7% (from Dh1.9bn [€170m] to Dh2.07bn [€190m]). As a result, phosphate’s share of total exports has declined to 21.4% through July, from 26.1% the previous year. Automobile exports now account for 15.9% of exports, an increased share of 2.4 percentage points, and aeronautics has grown from 3.3% to 4.3%.
Nonetheless, Morocco remains overly dependent on commodity exports, including phosphates and agricultural products, which make up more than 40% of overseas sales. This leaves the economy vulnerable to fluctuations in global demand and commodity prices. Sustained efforts to diversify the export base will remain important in the near-term, and the government can be expected to continue to focus on automobiles and aeronautics as particularly promising areas for high-value growth.