Intensification de la prospection pétrolière et gazière au Maroc

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Contrairement à l'Algérie voisine, dont l'économie repose depuis longtemps sur les vastes réserves d'hydrocarbures, le Maroc reste fortement tributaire de ses importations de brut et de gaz pour stimuler la croissance. Pourtant, les investisseurs manifestent un intérêt accru pour les réserves d'hydrocarbures offshore du royaume, largement inexplorées, attirés par différents facteurs, notamment les résultats prometteurs des études sismiques, et des conditions d'investissement attractives. Grâce au forage de 10 nouveaux puits, prévu en 2013-14, le Maroc pourrait enregistrer une hausse significative de sa production de pétrole et de gaz à moyen terme, et ainsi réduire ses importations énergétiques et redresser une balance commerciale de plus en plus déficitaire.

Ruée vers l'or noir

Déterminées à s'approprier les derniers hectares disponibles, les compagnies pétrolières et gazières ont été particulièrement actives dans le pays ces deux dernières années. Cinq d'entre elles se sont vu octroyer de nouveaux blocs, tandis qu'une série d'acquisitions et d'autres accords ont été conclus ; plusieurs groupes pétroliers internationaux, tels que Chevron, Total et Galp, mais aussi des sociétés indépendantes, notamment Genel Energy, Cairn Energy et Kosmos Energy, ont en effet entrepris de renforcer leur couverture offshore.

D'après l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), jusqu'à 10 puits d'exploration offshore devraient être mis en place en 2013-14, soit deux fois plus que ces 10 dernières années. Depuis 1968, 34 puits seulement ont été forés, dont 28 avant 2003, à des profondeurs relativement faibles.

La société indépendante Cairn Energy, basée au Royaume-Uni, a assis sa présence grâce au rachat de Nautical Petroleum en juin 2012, scellé par une prise de participation de 37.5 % dans la licence Juby Maritime, qui englobe la découverte de pétrole lourd sur le site de Cap Juby, le premier grand gisement découvert au Maroc. Par la suite, en août 2012, Cairn a acquis une participation de 50 % dans le bloc de Foum Draa, et obtenu le statut d'opérateur, moyennant un investissement de 44.1 millions d'euros destiné à financer le forage d'un puits exploratoire.

Genel Energy, une société anglo-turque indépendante, a obtenu une participation de 37.5 % dans la licence Juby Maritime mi 2012, grâce à l'acquisition de Barrus Petroleum. Si Cap Juby n'a pas produit de gisement commercial, l'ONHYM indique néanmoins que d'après de récents tests, la présence de pétrole et de gaz est confirmée dans le bloc ; Cairn et Genel devraient donc forer des puits exploratoires en 2014. Genel prévoit par ailleurs de creuser des puits en 2014 dans son bloc Sidi Moussa, dans lequel elle détient depuis fin 2012 une participation de 60 %, chiffrée à 36.8 millions d'euros, et le bloc Mir Left, qui lui a été octroyé en novembre 2012.

La licence offshore Mazagan a fait naître un sentiment d'optimisme quant à la présence de ressources potentielles. En septembre 2012, se basant sur de nouvelles données sismiques, le groupe indépendant DeGoyler & MacNaughton a évalué les ressources de la zone à 7 milliards de barils, soit une hausse considérable par rapport aux précédentes estimations, qui s'élevaient à 2.4 milliards de barils. En janvier 2013, Plains Exploration a acquis une participation directe de 52 % dans la licence Mazagan auprès du précédent opérateur, Pura Vida, et devrait débuter les forages exploratoires en 2014.

Désireux de renforcer leurs activités d'exploration frontalière, les principaux groupes pétroliers internationaux sont de plus en plus actifs dans la région. En janvier 2013, Chevron s'est vu octroyer des licences pour trois blocs dans le bassin à eaux profondes de Doukkala, tandis que Tangiers Petroleum a cédé 50 % de ses participations dans le bloc offshore Tarfaya à Galp en 2012. Un précédent puits d'essai, MO-2, foré à Tarfaya, a permis d'évaluer la capacité de production potentielle à plus de 2 300 barils par jour (bpj).

Attirer les investisseurs

L'enthousiasme excessif pour les travaux de prospection au Maroc pourrait être prématuré, car le pays doit encore produire un gisement commercial à grande échelle. Enhardis en partie par la hausse des volumes produits par les opérateurs non traditionnels dans d'autres pays du continent, notamment l'Ouganda et le Ghana, les investisseurs se montrent néanmoins intéressés, en raison notamment des conditions d'investissement attractives fixées par le gouvernement.

Conformément à la loi de 2000 relative aux hydrocarbures, la participation de l'ONHYM dans toutes les opérations d'exploration et de production est limitée à 25 %, l'un des taux les plus bas de la région, sensiblement inférieur aux 51 % de participation applicables en Algérie pour l'ensemble des opérations nationales. Les redevances sont également relativement modestes : 10 % pour la production de pétrole, et 5 % pour le gaz, des taux qui permettent de limiter la participation du gouvernement à 35 %. En outre, les entreprises bénéficient d'une exonération fiscale pendant 10 ans pour chaque nouveau gisement découvert. D'après la société Longreach Oil & Gas, basée au Royaume-Uni, le profit généré par la production d'un baril de pétrole au Maroc correspond à celui de 13 barils en Algérie, sept au Nigeria, et deux en Égypte.

Les efforts déployés par le Maroc pour favoriser l'exploration sont fondamentaux pour atteindre l'objectif affiché, à savoir réduire le déficit commercial croissant du royaume. Les factures pétrolière et gazière ont grimpé de 17.9 % en glissement annuel, pour s'établir à 106.5 milliards de dirhams (9.49 milliards d'euros) en 2012. Les dépenses énergétiques représentaient 27.6 % des importations totales en 2012, contre 25.3 % en 2011, et ont contribué en 2012 à un déficit commercial record chiffré à 197.2 milliards de dirhams (17.57 milliards d'euros). Les sociétés pétrolières et gazières étrangères s'intéressent de plus en plus au potentiel du Maroc ; les 18 mois à venir devraient être déterminants, les opérateurs ayant commencé à accélérer les travaux de forage à la recherche d'un gisement qui propulsera le secteur vers l'avant, et réduira le déficit du pays.

 

Oil and gas companies step up exploration in Morocco

En Français

While vast hydrocarbon reserves have long driven neighbouring Algeria’s economy, Morocco has been heavily reliant on imported crude and gas to fuel growth. However, investors are increasingly turning their attention to Morocco’s largely unexplored offshore hydrocarbons assets. The interest has been driven by a number of factors, including promising results from seismic studies and favourable investment terms. With 10 new wells planned in 2013-14, the North African country could see a boost in its oil and gas production in the medium term, reducing its energy imports and providing some relief to its growing trade deficit.

Resource scramble

There has been a flurry of corporate activity over the past two years, as oil and gas players have looked to pick up the remaining available acreage. Five oil companies were awarded new blocks, and there has been a series of acquisitions and other agreements as international oil companies (IOCs), such as Chevron, Total and Galp, and independents including Genel Energy, Cairn Energy and Kosmos Energy, have moved to increase their offshore coverage.

According to Morocco’s National Office for Hydrocarbons and Mines (Office National des Hydrocarbures et des Mines, ONHYM), up to 10 offshore exploratory wells are planned for 2013-14, twice what was drilled in the past decade. Since 1968, just 34 wells have been sunk; of them, 28 were drilled before 2003 and at relatively shallow depths.

UK-based independent Cairn Energy gained a presence through its acquisition of Nautical Petroleum in June 2012, taking over a 37.5% stake in the Juby Maritime licence, which includes the Cap Juby heavy oil discovery, Morocco’s first major offshore find. Cairn then purchased an interest in the Foum Draa block in August 2012, obtaining a 50% position and operatorship in exchange for an investment of €44.1m toward the drilling of an exploration well.

The Anglo-Turkish independent Genel Energy obtained a 37.5% stake in the Juby Maritime licence in mid-2012 through its acquisition of Barrus Petroleum. While Cap Juby has not produced commercial deposits, the ONHYM reports that recent testing confirms the presence of oil and gas systems on the block, and Cairn and Genel are expected to launch exploratory wells starting in 2014. Genel also plans to drill wells in 2014 on its Sidi Moussa block, in which it purchased a 60% interest in late 2012 for a reported €36.8m, and Mir Left block, which it was awarded in November 2012.

The offshore Mazagan licence has generated optimism for potential resource holds. In September 2012, the independent group DeGoyler & MacNaughton announced that the area could hold 7bn barrels based on new seismic data, a considerable increase on the previous estimate of 2.4bn barrels. Plains Exploration acquired a 52% working interest in the Mazagan permit from the previous operator Pura Vida in January 2013 and is slated to begin exploratory drilling in 2014.

The region has seen increased activity from major IOCs as they seek to expand their frontier exploration. Chevron was awarded licences for three blocks in the deep-water Doukkala basin in January 2013, and Galp acquired a 50% stake in the Tarfaya offshore block from Tangiers Petroleum in 2012. A previous test well, MO-2, in Tarfaya indicated potential flow of more than 2300 barrels per day (bpd).

Attracting investment

Excessive enthusiasm for discoveries in Morocco may be premature, as the country has yet to produce a large-scale commercial deposit. Emboldened in part by the increase in output from non-traditional producers elsewhere on the continent, including Uganda and Ghana, investors are nonetheless showing interest, in part due to the government’s attractive investment terms.

Under the 2000 Hydrocarbons Law, ONHYM’s stake in all exploration and production ventures is limited to 25%, one of the lower levels in the region and far below Algeria’s 51% participation for all domestic ventures. Royalties are also relatively modest, at 10% for oil production and 5% for gas, which ensures that the government’s take does not exceed 35% of any venture. In addition, companies benefit from a 10-year tax exemption for all new discoveries. According to UK-based Longreach Oil & Gas, the profit value for the production of one barrel of oil in Morocco is equivalent to 13 barrels in Algeria, seven barrels in Nigeria, and two barrels in Egypt.

Morocco’s efforts to encourage exploration are critical to its objective of reducing the growing trade deficit. Spending on oil and gas imports climbed 17.9% year-on-year to reach Dh106.5bn (€9.49bn) in 2012. Energy accounted for 27.6% of total imports in 2012, up from 25.3% in 2011, and contributed to a record trade deficit of Dh197.2bn (€17.57bn) in 2012. Foreign oil and gas firms are increasingly picking up on Morocco’s potential, and the next 18 months should be a telling period as operators accelerate drilling projects in search of a discovery that will propel the sector forwards and the deficit backwards.

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