Le Maroc, futur acteur clé du développement régional des télécoms

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La participation majoritaire au capital de Maroc Telecom récemment acquise par l’un des grands opérateurs du Golfe est la parfaite illustration de la volonté des fournisseurs télécoms du Moyen-Orient et de l’Asie de renforcer leur présence sur le marché africain face à des marchés domestiques de plus en plus concurrentiels.

Le conglomérat de médias Vivendi a cédé début novembre sa part de 53 % dans le capital de Maroc Telecom à la multinationale émiratie Etisalat pour 4.2 milliards d’euros. L’accord devrait être finalisé début 2014.

Présent sur quatre autres marchés africains, Maroc Telecom est également le plus grand opérateur de télécommunications du pays en parts de marché selon l’Agence nationale de régulation des télécommunications (ARNT).

A l’instar d’Etisalat, d’autres grands acteurs des télécoms dans les pays émergents entendent renforcer leur présence régionale sur l’ensemble du continent. On citera notamment Ooredoo (Qatar), Zain (Koweït), MTN (Afrique du Sud), et Bharti Airtel (basé en Inde). Et les investisseurs ne s’y trompent pas : en Afrique, le taux de pénétration des mobiles affiche une croissance annuelle de 18 % depuis cinq ans. Une telle expansion s’explique aussi par le manque d’infrastructure de téléphonie fixe, et le besoin de canaux de distribution non-conventionnels pour les services financiers et retail.

Néanmoins, si les marchés des télécommunications moins développés en Afrique enregistrent une croissance rapide en nombre d’abonnés, la concurrence s’est également intensifiée en parallèle. Conséquence : un revenu moyen par client (ARPU) en baisse.

Le Maroc n’est pas étranger à une telle situation, notamment après l’entrée en scène en 2010 d’un troisième opérateur, Wana, venu concurrencer Maroc Telecom et Méditel. Zain et le fonds d’investissement Al Ajial Holding représentent à eux deux 31 % du capital de Wana, le reste des parts étant détenues par la Société nationale de l’investissement. Quant à Méditel, son actionnaire principal est France Télécom, qui avait racheté 40 % du groupe en 2010.

Pour contrer ces revenus moyens par client en berne, les opérateurs misent de plus en plus sur l’utilisation des données et les services à valeur ajoutée. Le lancement du nouveau spectre devrait permettre aux trois opérateurs d’engranger plus de bénéfices à moyen et long terme, avec l’introduction anticipée de la 4G qui ne manquera probablement pas d’accroître les recettes sur le marché marocain.

L’ANRT a annoncé un appel d’offres pour les premières licences 4G d’ici à la fin de cette année ou au début de l’année prochaine, le lancement des services en 4G étant prévu pour la fin 2014.

Expansion régionale

Dès la fin de l’année 2012, Vivendi avait commencé à rechercher des acheteurs. L’objectif était d’opérer un recentrage sur ses actifs cœurs de métier, les médias et le divertissement. Selon les médias locaux, le conglomérat avait dans un premier temps examiné les offres d’autres grandes entreprises des marchés émergents, avant de finalement entrer exclusivement en négociation avec Etisalat en juillet 2013.

La présence de Maroc Telecom dans plusieurs pays d’Afrique, où ses recettes annuelles ont enregistré une croissance allant jusqu’à 10.3 %, est en parfaite adéquation avec la stratégie d’Etisalat. L’opérateur a en effet déjà entamé une expansion sur tout le continent au cours des dernières années après s’être implanté sur quatre marchés différents, dont le Nigéria et l’Egypte. Basée aux Emirats Arabes Unis, cette entreprise gère également la marque de téléphonie mobile Moov dans six autres pays au travers de sa filiale Atlantique Télécom.

Une telle acquisition pourrait changer la donne du marché gabonais, où Etisalat ainsi que Maroc Telecom sont présents. Moov est le troisième plus grand opérateur mobile du Gabon, alors que Maroc Telecom est actionnaire majoritaire (51 %) de Gabon Télécom, ancien monopole d’état et deuxième entreprise de télécommunications du pays. Début novembre, des responsables officiels de Maroc Telecom se sont rendus au Gabon pour rencontrer le gouvernement, mais aucun détail n’a pour l’instant filtré quant à la possibilité d’une fusion ou acquisition.

Potentiel de croissance

Sur le marché intérieur, le nouvel actionnaire devra faire face à un contexte difficile en termes de recettes. Plusieurs indicateurs sont effectivement à la baisse depuis un an. Par exemple, on enregistrait fin septembre des revenus moyens par minute de communication via téléphone portable en baisse de 25 % à 0.43 dirham (0.04 euro) comparé à l’année précédente selon les chiffres de l’ARNT. Idem pour les services Internet mobiles, avec sur la même période un revenu moyen par client en 3G en berne de 35 % à 22 dirhams (1.96 euro) comparé à l’année passée.

Toutefois, le nombre de clients n’a eu cesse de progresser, et ce, en dépit d’un haut niveau de pénétration. Les abonnés ont ainsi vu leur nombre augmenter de 7.93 % en glissement annuel pour atteindre 41.32 millions d’utilisateurs à la fin septembre, soit un taux de pénétration de 125.8 %. Le nombre d’utilisateurs de la 3G a quant à lui affiché une hausse de 37.2 % en glissement annuel pour atteindre 4,43 millions d’utilisateurs. L’immense majorité des abonnés Internet au Maroc sont de fait des utilisateurs de la 3G.

L’utilisation généralisée de la technologie 3G est de bon augure pour l’évolution future du marché, même s’il est vrai que la concurrence continuera de peser sur les recettes. L’élargissement de la bande passante et une plus grande offre de services mobiles sophistiqués devraient néanmoins stimuler les revenus des opérateurs mobiles, contribuant ainsi aux perspectives de développement de ce marché régional clé.

 

Morocco set for key role in regional telecoms expansion

En Français

The recent acquisition of a majority stake in Maroc Telecom by a major Gulf operator underscores an interest among telecoms providers in the Middle East and Asia to strengthen their foothold in Africa as they face increasingly competitive domestic markets.

In early November, the French media conglomerate, Vivendi, agreed to sell its 53% share in Maroc Telecom to the UAE’s Etisalat for €4.2bn, with the deal expected to be finalised in early 2014.

With a presence in four other African markets, Maroc Telecom is also Morocco’s largest telecoms operator by market share according to the National Agency for Telecommunications Regulation (Agence Nationale de Régulation des Télécommunications, ANRT).

Alongside Etisalat, large emerging market telecoms firms such as Qatar’s Ooredoo, Kuwait’s Zain, South Africa’s MTN and India-based Bharti Airtel, have worked to establish a strong regional presence across the continent. The benefits to investors have been clear, as mobile penetration rates in Africa have increased by 18% annually for the past five years. A lack of fixed-line infrastructure and a need for non-traditional distribution channels in financial and retail services have also helped drive growth.

However, while Africa’s less-developed telecoms markets are growing quickly in terms of subscriber numbers, increasing competition has led to lower rates of average revenue per user (ARPU).

Morocco has not been immune to this challenge, especially in the wake of the entry of a third operator, Wana, in 2010, alongside Maroc Telecom and Meditel. Zain and Kuwaiti investment firm Al Ajial Holding own a combined 31% of Wana, with the remainder held by Morocco’s largest holding company, Société Nationale de l’Investissement. Meditel’s primary stakeholder is France Telecom, which purchased a 40% share of the group in 2010.

In response to falling ARPUs, operators are increasingly emphasising data usage and value-added services. The roll out of new spectrum is expected to help pave the way for the three GSM operators to boost their bottom-line over the medium- and long-term, with the anticipated introduction of 4G service helping to push up revenue in the Moroccan market.

The ANRT has announced that it will hold a tender for the first 4G licences late this year or early next, anticipating a commercial service launch in late 2014

Regional expansion

Vivendi first began seeking buyers in late 2012, as part of an effort to sell off assets outside of its media and entertainment core business. According to local media, the conglomerate also considered competing bids from other large emerging market firms but entered into exclusive talks with Etisalat in July 2013.

Maroc Telecom’s presence in its various African markets, where it has seen annual revenue growth of up to 10.3%, dovetails with the strategy of Etisalat, which is already in the midst of an expansion drive across the continent, having set up operations in four markets, including Nigeria and Egypt, in recent years. The UAE-based company also manages the Moov mobile telephony brand in a further six countries via its subsidiary, Atlantique Télécom.

The acquisition could have significant implications for the Gabonese market, where both Etisalat and Maroc Telecom hold interests. Moov is the third-largest mobile operator in Gabon, while Maroc Telecom owns a majority (51%) stake in the former state-owned monopoly and second-largest telecoms provider, Gabon Telecom. In early November, officials from Maroc Telecom travelled to Gabon to meet with the government, although no details have yet been given about a possible merger or acquisition.

Growth potential

Domestically, the new shareholder will face a challenging revenue environment. Various indicators across the local market have declined over the last year. The average revenue per minute of mobile phone usage at the end of September was down 25% year-on-year (y-o-y) to Dh0.43 (€0.04) per minute, according to the ANRT. Mobile internet services showed a similar trend, with the average monthly revenue per 3G internet client falling by 35% y-o-y to settle at Dh22 (€1.96) over the same period.

The customer base has continued to grow, however, despite a high penetration level. The total number of mobile subscribers increased 7.93% y-o-y to reach 41.32m users at end-September, marking a penetration rate of 125.8%. The number of 3G internet users increased by 37.2% y-o-y to reach 4.43m subscribers. The overwhelming majority of internet subscribers in Morocco are 3G service users.

The widespread use of 3G technology bodes well for the market’s development, even though competition will likely continue to weigh on revenue. Increased bandwidth and the availability of more sophisticated mobile services should help to boost income for mobile operators, further increasing the perspectives for this key regional market.

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