Le Maroc cherche à se positionner comme passerelle financière vers l’Afrique

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Dans le cadre d’une vaste stratégie visant à accroître les liens du Maroc avec les marchés en croissance rapide d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale, le parlement marocain a adopté mi-février une loi qui formalise le statut du centre financier international de Casablanca et instaure des mesures supplémentaires destinées à attirer les investisseurs.

Le Maroc vise à faire de Casablanca Finance City (CFC) une passerelle pour les flux de capitaux en direction des marchés africains. Les autorités du secteur affirment que l’adoption de la Loi 68-12, approuvée à l’unanimité par la commission des finances du Parlement début mars, marque la sortie du projet de sa phase initiale de développement.

Dans le cadre de la Loi 68-12, le Moroccan Financial Board, chargé de la gestion et de la promotion du projet, se voit rebaptisé Casablanca Finance City Authority (CFCA) et devient l’organe de contrôle permanent du CFC, même si la réglementation du secteur financier demeure du ressort des autorités existantes.

La loi allonge la liste des organisations de services financiers remplissant les conditions d’obtention du statut CFC. À la base, la zone accueillait des institutions bancaires de financement et d’investissement ; des cabinets juridiques, de conseil et d’audit ; et des grandes entreprises, y compris des entreprises n’appartenant pas au secteur des prestations financières, mais désireuses d’établir leur siège régional au CFC afin de s’en servir comme base pour développer leurs activités en Afrique.

La Loi 68-12 élargit les paramètres et inclut des compagnies de réassurance et des sociétés offrant une gamme plus vaste de prestations d’investissement, notamment des services d’intermédiation boursière, des services de banque d’investissement ainsi que des services spécialisés, comme ceux de la recherche financière et des agences de notations. Enfin, la législation autorise les entreprises à installer des bureaux de représentation dans la zone, ce qui permettra aux grandes entreprises de déplacer progressivement leurs activités vers le CFC plutôt que d’être dans l’obligation d’établir immédiatement un siège régional. Les établissements de crédit ayant le statut CFC pourront également recevoir des dépôts de personnes morales, même si elles résident hors du Maroc. 

Alimenter le développement en Afrique

 Les autorités à Casablanca espèrent tirer parti de la tendance croissante de la part des entreprises de services financiers à développer leurs activités en Afrique. Les trois plus grandes banques du Maroc, Attijariwafa Bank, la Banque Centrale Populaire et BMCE Bank, cherchent toutes les trois à accroître leur présence sur les marchés bancaires d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale. Saham Finances, la maison mère de la compagnie d’assurance marocaine CNIA Saada, a fait l’acquisition en 2010 du troisième assureur d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale en termes de primes, Colina. Cette acquisition a permis à CNIA Saada de se doter d’un réseau existant de quinze compagnies d’assurance dans onze pays africains.

Si les objectifs fixés par les autorités marocaines pour Casablanca sont ambitieux, le CFC fait l’objet d’un intérêt croissant. Le nombre d’entreprises présentes dans la zone est passé de 10 au milieu de l’année 2013 à 33 en janvier 2014. On compte parmi ces dernières l’assureur américain AIG, la française Société Générale ainsi que des cabinets d’avocats internationaux tels que Baker & McKenzie et Duhamel Blimbaum. Le 10 février, le CFCA a annoncé que BNP Paribas Regional Investment Company, une filiale de la banque française spécialisée dans les activités de banque de financement et d’investissement, allait établir son bureau régional dans la zone. Jean-Christophe Durand, directeur de la banque d’investissement et de financement de la BNP, a confirmé dans un communiqué de presse l’intention du groupe de développer ses services en Afrique à partir de Casablanca. 

Encore beaucoup de chemin

 Les autorités espèrent également que les efforts déployés pour redynamiser la Bourse des Valeurs de Casablanca (BVC) attireront de nouveaux acteurs dans le secteur des services financiers. Le volume des transactions réalisées à la BVC est en repli depuis le début de la crise économique mondiale en 2007 et la capitalisation boursière a chuté sur quatre des cinq dernières années. Une série de réformes est à l’étude afin de créer une plateforme distincte pour les petites et moyennes entreprises et d’introduire de nouveaux instruments financiers, notamment des prêts emprunts de titres et des marchés à terme.

Dans un entretien avec OBG, le Directeur Général du CFC, Saïd Ibrahimi, a déclaré : « La Bourse des Valeurs de Casablanca est actuellement en proie à un déficit de liquidité, mais le développement prochain de produits dérivés fournira les outils nécessaires à une amélioration de la situation. »

Malgré ces défis, le Maroc, de par sa situation géographique, sa stabilité politique de longue date et sa croissance économique record, dispose d’un important potentiel pour se positionner comme hub financier. Les entreprises installées dans la zone profiteront de procédures de création d’entreprises accélérées et pourront recruter des salariés étrangers et obtenir des autorisations de travail ainsi que des visas de travail court séjour et long séjour. À cela s’ajoutent une imposition sur les sociétés et sur les revenus allégée et un contrôle des changes plus souple, ce qui devrait continuer d’attirer des entreprises vers le CFC. M. Ibrahimi estime que la zone pourrait, à terme, contribuer au PIB annuel à hauteur de 1 à 2% et créer 80 000 emplois directs et indirects.

 

Morocco looks to be financial services gateway to Africa

En Français

As part of a broader push to boost Morocco’s links with fast-growing frontier markets in West and Central Africa, in mid-February the Moroccan parliament adopted a law which formalises the status of Casablanca’s international financial centre and adds new measures to attract investors.

Morocco aims to establish Casablanca Finance City (CFC) as a gateway for capital inflows to the African market. Sector authorities contend that with the adoption of Law 68-12, which was unanimously approved by the Chamber of Counsellors’ financial commission in early March, the project moves out of its initial development phase.

Under Law 68-12, the Moroccan Financial Board, the project’s developer, was renamed the Casablanca Finance City Authority (CFCA) and will serve as the CFC’s permanent oversight body, although financial sector regulation will remain in the hands of existing authorities.

The law expands the list of financial service organisations eligible to obtain CFC status. The zone originally welcomed corporate and investment banking institutions; law, audit and consulting firms; and major companies, including those outside of the financial services sector, that want to establish their regional headquarters in the CFC as a base for expansion into Africa.

Law 68-12 broadened this to include reinsurance companies and firms that perform a wider array of investment services, including capital market intermediation, investment banking services and specialised services, such as financial research and ratings agencies. Finally, the legislation permits firms to establish representative offices in the zone, which will allow large businesses to gradually shift their activity to the CFC, instead of requiring regional headquarters to be established immediately. Credit institutions with CFC status will also be permitted to receive deposits from corporations, including those based outside of Morocco. 

Fuelling African expansion

 Authorities in Casablanca are hoping to capitalise on a growing trend of African expansion by financial services firms. Morocco’s three largest banks, Attijariwafa Bank, Banque Centrale Populaire and BMCE Bank, are all working to increase their presence in the banking market in West and Central Africa. The parent company of Moroccan insurance provider CNIA Saada, Saham Finances, acquired the third-largest insurance group in West and Central Africa in terms of premiums, Colina, in 2010. The purchase provided CNIA Saada an existing network of 15 insurance companies in 11 African countries.

Although Moroccan authorities have set ambitious goals for Casablanca, interest in the CFC is growing. The number of companies registered in the zone swelled from 10 in mid-2013 to 33 by January 2014 and includes the US-based insurance firm AIG, France’s Société Générale and international law firms such as Baker & McKenzie and Duhamel Blimbaum. On February 10, the CFCA announced that BNP Paribas Regional Investment Company, a subsidiary of the French lender dedicated to corporate and investment banking, would establish its regional office in the zone. Jean-Christophe Durand, head of corporate and investment banking at BNP, confirmed the company’s intention to expand its services in Africa from Casablanca in a press release. 

Long road ahead

 Authorities also hope that efforts to reinvigorate the Casablanca Stock Exchange (CSE) will attract new actors in the financial services sector. Exchange volumes on the CSE have dropped since the beginning of the global economic downturn in 2007, and market capitalisation has fallen in four of the past five years. A series of reforms are in the works to create a separate platform for small and medium-sized enterprises, and to introduce new financial instruments, including stock lending and futures exchanges.

Speaking with OBG, Saïd Ibrahimi, CEO of CFC, said, “The Casablanca Stock Exchange is currently suffering a temporary shortage of liquidity, although the upcoming development of derivative products will provide the necessary tools for improving the situation.”

Despite the challenges, Morocco has significant potential as a financial hub, owing to its geographic position, stable political history and economic growth record. Companies in the zone will be able to fast-track processes to create new businesses, recruit foreign employees, and obtain work authorisations and short- and long-term business visas. In addition, lower corporate and income taxes and milder currency exchange controls will continue to draw companies to the CFC. Ibrahimi estimates that the zone could ultimately contribute 1-2% of GDP per year and create 80,000 direct and indirect jobs.

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