Maroc: Le secteur des télécommunications en phase de maturation

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Le projet du groupe français Vivendi de céder sa part de 53 % dans Maroc Telecom a retenu l'attention à l'international, et attiré des acquéreurs de la Corée du Sud aux pays du Golfe.

Fin avril, Vivendi a en effet annoncé avoir reçu des offres de l'opérateur de télécommunications qatarien Ooredoo, et de la société Etisalat, basée à Abu Dhabi, qui souhaitent tous deux étendre leur couverture internationale en raison du ralentissement de la croissance observé sur leurs marchés domestiques saturés. Les deux sociétés sont d'ores et déjà présentes dans d'autres pays d'Afrique du Nord, mais ne sont pas encore implantées au Maroc. Si les détails des offres n'ont pas été révélés, le géant français des médias espère néanmoins tirer au minimum 5.5 milliards d'euros de cette cession. Les offres seront également évaluées par le gouvernement marocain, qui détient une participation de 30 % et doit approuver l'acquéreur.

Maroc Telecom est le principal opérateur du royaume, puisqu'il détient 45 % du segment mobile depuis le mois de mars, et devance ainsi ses concurrents Méditel et Wana, qui détiennent respectivement 29 % et 26 %, d'après l'Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) . La société génère également une vive concurrence dans les segments ligne fixe et Internet, et possède des participations majoritaires dans quatre opérateurs de télécommunications en Afrique de l'Ouest.

Il n'est guère surprenant que cette cession suscite un tel intérêt. Dans ce pays nord-africain où près de la moitié de la population est âgée de moins de 25 ans, les opportunités sont extrêmement nombreuses en termes de croissance du chiffre d'affaires. Sur le marché mobile, les principaux indicateurs semblent en effet robustes. La durée d'utilisation mensuelle moyenne par client a progressé de 64 à 72 minutes entre mars 2012 et mars 2013, et le nombre total de minutes a augmenté de 27.23 % durant le premier trimestre 2013 pour atteindre 8.21 milliards de minutes. Au cours de cette même période, le nombre d'abonnés a connu une hausse de 9.05 %, et s'élève ainsi à 39 516 521. Le taux de pénétration du marché mobile atteint désormais 121.51 %.

Si le trafic voix reste le principal levier de croissance pour les opérateurs, comme sur les autres marchés régionaux, le segment des données suscite néanmoins l'intérêt croissant des acteurs du marché, désireux de doper leur chiffre d'affaires. En mars 2013, le Maroc comptait plus de 4 millions d'abonnés à Internet, soit un taux de pénétration de 12.49 %, avec 82 % des utilisateurs connectés via leurs terminaux mobiles dotés de la technologie 3G. La progression des services de données, plus rémunérateurs, devrait s'intensifier, puisqu'au moins une licence 4G devrait être octroyée d'ici à fin 2013, dans le cadre d'un vaste plan visant à doter l'ensemble de la population des services mobiles à large bande à l'horizon 2022.

Cependant, les nouveaux venus sur le marché auront aussi plusieurs défis à relever. Dans son rapport annuel de 2012, Vivendi souligne que l'environnement « hautement concurrentiel » du secteur des services mobiles a contraint Maroc Telecom à multiplier les offres promotionnelles et les initiatives marketing en 2012¬. Wana, par exemple, qui a fait son entrée sur le marché en 2010 seulement, a déjà enregistré une croissance significative depuis.

Cela a eu des répercussions notoires sur le revenu moyen par utilisateur. D'après l'ANRT, au cours de l'année 2012, le revenu par minute des services mobiles a chuté de 27 % , dont un repli de 30 % dans le segment des services prépayés, qui représentent toujours plus de 90 % de l'ensemble des abonnements. La concurrence sur les prix résulte en partie des mesures prises par l'ANRT. Bien que l'organisme de régulation ne puisse arrêter les prix de vente au détail, il peut influencer les tarifs bruts de gros en réduisant les frais d'interconnexion facturés par Maroc Telecom pour l'accès à son réseau. Pour 2013, l'ANRT a adopté un taux d'interconnexion au réseau uniforme de 0.13 dirham par minute (0.01 euro) pour l'ensemble des opérateurs de télécommunications à toutes les heures de la journée.

Au travers de cette mesure, l'autorité de réglementation affiche son intention de simplifier la structure des prix, d'équilibrer les flux et de renforcer la qualité des services en évitant les surcharges de réseau aux heures de pointe. Pour 2013, l'ANRT a également réduit de 40 % le tarif brut réglementé pour les terminaisons SMS, désormais de 0.05 dirham par SMS (0.005 euro), dans l'optique de favoriser une baisse des prix.

Alors que le marché continue de se développer, la course aux parts de marché dans laquelle se sont engagés les trois opérateurs maintiendra sans aucun doute une pression sur les prix et les revenus. Le revenu moyen par minute reste orienté à la baisse ; il a chuté de quelque 22 % entre mars 2012 et mars 2013, passant de 0.65 dirham (0.06 euro) à 0.51 dirham (0.05 euro). Au cours de cette même période, les tarifs des services Internet ont chuté de façon plus spectaculaire encore, puisque le montant moyen des factures mensuelles (ADSL et 3G combinés) a reculé de 31 %, de 55 dirhams (4.95 euros) par mois à 38 dirhams (3.42 euros).

Cette tendance est loin d'être spécifique au Maroc : face à la compétitivité accrue du secteur des télécommunications dans l'ensemble de l'Afrique du Nord, les opérateurs s'efforcent de diversifier leurs revenus afin de préserver leurs profits. En Égypte, par exemple, l'urgence est d'autant plus grande que le revenu moyen par utilisateur est environ trois fois inférieur à celui du Maroc. Néanmoins, pour compenser la chute des prix, les nouveaux acquéreurs de Maroc Telecom pourront choisir de miser sur une hausse de l'utilisation globale et d'investir dans des domaines à forte valeur ajoutée, tels que les services de données, afin de s'assurer une croissance durable à long terme.


Morocco: Maturing telecoms

 

En Français

The plan by France’s Vivendi to sell its 53% stake in Maroc Telecom has garnered significant overseas attention, having attracted suitors from South Korea to the Gulf.

In late April, Vivendi announced that it had received bids from Qatari telecoms operator Ooredoo and Abu Dhabi’s Etisalat, both of which are seeking to expand abroad as growth slows in their saturated home markets. The two firms have a presence in other North African countries, but not Morocco. Though the details of the offers have not been disclosed, the French media company is seeking at least €5.5bn. The bids will also be reviewed by the Moroccan government, which owns a 30% stake and must approve the buyer.

Maroc Telecom is the incumbent operator in the kingdom, maintaining a 45% share of the mobile segment as of March, ahead of competitors Méditel and Wana, which account for 29% and 26%, respectively, according to the National Agency for Telecommunications Regulation (Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications, ANRT) . It also competes in the fixed-line and internet segments and owns controlling stakes in four telecoms operators in West Africa.

It is little surprise that the sale has attracted strong interest. With almost half the population under the age of 25, opportunities for revenue growth in the North African state should be impressive. Indeed, the headline indicators in the mobile market appear robust. Average monthly usage per client rose from 64 to 72 minutes between March 2012 and March 2013, and total minutes for the first quarter of 2013 increased by 27.23%, to 8.21bn. Subscribership was up by 9.05% over the same period, reaching 39,516,521. The mobile penetration rate now stands at 121.51%.

While voice traffic continues to provide the bulk of growth for operators, as in other regional markets, the data segment is attracting increasing attention as firms look to boost revenues. Morocco had more than 4m internet subscribers as of March 2013, equivalent to a 12.49% penetration rate, with 82% of users going online via their 3G-enabled mobile devices The trend towards higher revenue data services looks set to intensify, with at least one licence for 4G technology expected by the end of 2013 as part of a larger plan to bring mobile broadband to the entire population by 2022.

However, any new entrant to the market will also face challenges. In its 2012 annual report, Vivendi noted that the “intensely competitive” environment in the mobile sector led Maroc Telecom to increase promotional offers and marketing initiatives in 2012¬. Wana, for example, entered the market only in 2010 but has seen significant growth in the intervening period.

This has had a noticeable impact on average revenue per user (ARPU). In the year leading up to December 2012, mobile revenues per minute fell by 27% according to the ANRT, including a 30% drop in the prepaid segment, which continues to account for more than 90% of all subscribers. The price competition has come about in part as a response to actions by the ANRT. Although the regulator cannot set retail prices, it can influence wholesale gross prices by reducing interconnection fees charged by Maroc Telecom to access its network. For 2013 ANRT adopted a uniform network interconnection rate of Dh0.13 per minute (€0.01) for all carriers at all hours of the day.

The regulatory authority’s stated aims in adopting this change are to simplify the rate structure, balance traffic flows and increase service quality by avoiding network overloads at peak hours. For 2013, the ANRT also lowered the gross SMS termination rates by 40%, to Dh0.05 per SMS (€0.005), with the goal of encouraging lower prices.

As the market continues to develop, competition between the three operators for share will no doubt maintain pressure on prices and revenues. Average revenue per minute has continued to fall, by some 22% between March 2012 and March 2013, from Dh0.65 (€0.06) to Dh0.51 (€0.05). Prices fell even more dramatically for internet services over this same period, with average monthly bills (combined ADSL and 3G) declining by 31%, from Dh55 (€4.95) per month to Dh38 (€3.42).

The trend is hardly unique to Morocco: as telecoms sectors become ever more competitive throughout North Africa, operators are looking to diversify revenues to maintain profits. In Egypt, for example, the urgency is even more pronounced: ARPU rates are roughly one-third those of Morocco. However, to offset falling prices, Maroc Telecom’s new suitors may opt to focus on increasing overall usage and investing in high-value areas such as data services to ensure sustained growth over the long term.

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