Tunisie : La réforme du système éducatif

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Déterminée à réduire son taux de chômage, la Tunisie vient d'engager un examen approfondi du secteur de l'éducation afin de déterminer quelles réformes doivent être entreprises et d'identifier les défis rencontrés pour garantir l'intégration durable de jeunes diplômés qualifiés sur le marché du travail.

Le processus d'évaluation, particulièrement urgent au regard des défis posés par le chômage dans les zones rurales et l'arrière-pays, a débuté fin mars lors d'une conférence nationale intitulée « Méthodologie de réforme du système éducatif », organisée par le ministère de l'Éducation.

D'après un récent rapport du ministère, qui synthétise les conclusions de la conférence, d'importantes améliorations sont effectivement nécessaires. Le rapport souligne quelques-uns des principaux problèmes rencontrés par le secteur, notamment l'absence de programme efficace de formation des enseignants, et la hausse du nombre d'étudiants ne parvenant pas à atteindre les résultats académiques exigés. L'écart entre les différentes régions du pays en termes de qualité des formations proposées constitue une autre source de préoccupation.

Le manque de coordination a également été identifié comme un défi de taille. Une solution possible a été envisagée lors de la conférence : la création d'un Conseil supérieur de l'enseignement, qui interviendrait en tant que régulateur et arbitre national, entre les organisations concurrentes du secteur privé et du secteur public, et définirait par ailleurs des normes d'enseignement générales. Le ministère de l'Éducation assume aujourd'hui le rôle du régulateur du secteur, et supervise des organes spécifiques, notamment l'ensemble des établissements d'enseignement régionaux et les établissements d'enseignement supérieur.

Si les écoles du pays subissent toujours plusieurs goulets d'étranglement, à la fois structurels et cycliques, le système éducatif tunisien, qui forme plusieurs milliers de diplômés universitaires, est depuis longtemps l'un des meilleurs de la région. La Tunisie compte 13 universités et une université virtuelle, ainsi que 24 instituts d'enseignement supérieur spécialisés dans les technologies. Le taux d'accès à l'enseignement a augmenté de façon quasi exponentielle ; entre 1975 et 2007, le nombre d'étudiants inscrits a progressé de près de 2 000 %, passant de 17 000 à 336 000, et cette tendance se poursuit. En 2010/11, quelque 360 000 étudiants se sont inscrits dans un établissement d'enseignement supérieur, un nombre qui devrait atteindre 500 000 cette année.

Les dépenses publiques allouées à l'enseignement ont également progressé de façon régulière au fil des années. Le budget du ministère de l'Éducation a augmenté de 112 %, passant de 1.41 milliard de dinars tunisiens (699 millions d'euros) en 2001 à 3 milliards de dinars tunisiens (1.5 milliard d'euros) en 2011, soit 4.3 % du produit intérieur brut (PIB).

Les écoles publiques dominent toujours le secteur de l'enseignement. Dans la sphère publique, 1.99 million d'étudiants étaient inscrits à l'école primaire et secondaire en 2010/11, d'après le ministère de l'Éducation. Au total, sur la même période, ces deux types d'école employaient 134 979 enseignants.

Le secteur privé, à qui l'enseignement est ouvert depuis 2000, joue un rôle limité, et se concentre principalement sur le segment universitaire. Dans le primaire et le secondaire, il ne comptait que 79 867 élèves et 11 139 enseignants en 2010/11, d'après le rapport du ministère de l'Éducation. Les institutions privées ont cependant davantage d'influence à l'échelle universitaire, avec quelque 32 établissements d'enseignement supérieur dans l'ensemble du pays, offrant essentiellement des formations dans des domaines spécialisés, tels que le commerce et le management.

En raison du fléchissement des recettes globales en 2011, et de l'immobilisme économique général, le secteur de l'éducation tunisien se tourne actuellement vers le financement international pour contribuer à combler les lacunes et financer de nouvelles initiatives. L'Union européenne (UE) a joué un rôle particulièrement actif en offrant au secteur un soutien financier et technique. En février par exemple, une délégation de l'UE a présenté les résultats de deux programmes de soutien, le premier axé sur la modernisation de l'enseignement secondaire, le second sur la remise à niveau du système de formation professionnelle. Quelque 30 millions d'euros ont été alloués à la réforme de l'enseignement secondaire entre 2006 et 2009, et 30 millions supplémentaires à la remise à niveau de la formation professionnelle entre 2007 et 2010.

Comme l'a montré la conférence nationale sur la réforme de l'enseignement, le printemps arabe a remobilisé la population, qui exige désormais du nouveau gouvernement qu'il réponde à ses exigences concernant la qualité de l'enseignement dans les écoles primaires et secondaires et les établissements d'enseignement supérieur.

 

Tunisia: Reforming the system

En Français

In a bid to improve employment rates, Tunisia has begun a comprehensive review of its education sector to determine what reforms need to be made and what challenges it faces in terms of ensuring a sustainable stream of qualified graduates for the job market.

The review process, which is particularly urgent given the challenges of unemployment in rural and inland areas, began in late March at a national conference entitled “Methodology for the Reform of the Education System”, organised by the Ministry of Education.

Indeed, according to a recent MoE report drawing together the conference’s findings, there is much room for improvement. The report showed some of the sector’s major existing problems include the lack of an efficient teacher training programme and an increase in the number of students failing to meet the required academic grades. Other issues concern the gap in the quality of education on offer between the major regions of the country.

A lack of coordination was also identified as a key challenge. One possible solution delegates at the conference discussed was the creation of a supreme educational council. This body would act as a national regulator and arbitrator between competing government and private sector organisations, as well as set general educational standards. The MoE currently has responsibility for the sector as regulator and over specific bodies such as all regional education institutions and higher education bodies.

While the country’s schools still suffer from various bottlenecks, both structural and cyclical, Tunisia’s education system has long been one of the best in the region, churning out thousands of university graduates. Tunisia has 13 universities and one virtual university, as well as 24 higher education institutes specialised in technology. Accession rates have expanded almost exponentially and between 1975 and 2007 the student body increased almost 2000%, from 17,000 to 336,000, a trend that continues. In 2010/11, some 360,000 students enrolled in higher education, a number expected to reach 500,000 by this year.

State spending on the sector has also risen steadily over the years. The MoE’s budget rose by 112% from TD1.41bn (€699m) in 2001 to TD3bn (€1.5bn) by 2011, 4.3% of GDP.

State schools still dominate the education sector. In the public sphere, a total of 1.99m students in primary and secondary schools was recorded over 2010/11, according to the MoE. A total of 134,979 teachers were accounted for in both types of school over the same period.

First authorised in 2000, the private sector plays a limited role and is primarily focused in the university segment. In the primary and secondary segments, the private sector only had 79,867 students and 11,139 teachers, according to the MoE’s 2010/11 report. However, private institutions have a more influential presence at the university level, with roughly 32 private higher education establishments operating nationwide, most notably in specialised fields including business and management.

Currently, due to a drop in overall revenues in 2011 and the broader economic stagnation, the country’s education sector has turned to international financing to help bridge gaps and provide funds for new initiatives. The EU has already been particularly active in providing financial and technical support to the sector. In February, for example, an EU delegation presented the results of a support programme that focuses on modernising secondary education and another on upgrading vocational training. Some €30m was spent on reforming secondary education between 2006 and 2009 and another €30m went towards vocational training over the 2007-10 period.

As the national conference on educational reform made clear, the Arab Spring has re-engaged the population, which is now demanding that the new government meet its expectations of high-quality education for primary and secondary schools and higher-education institutions.

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