Tunisie : Garantir la stabilité du secteur bancaire

In English

En octobre, la Banque centrale de Tunisie (BCT) a annoncé de nouvelles restrictions au crédit à la consommation pour resserrer les conditions de prêt sur le court et moyen terme. Les nouvelles restrictions ont pour objectif de renforcer les fondements du secteur bancaire face aux difficultés économiques que traverse le pays. En effet, au cours de l’année écoulée, le pays a été victime d’une hausse du coût des importations et de l’inflation, tandis que les nouveaux projets d’investissement mettent du temps à se concrétiser.

Les nouvelles restrictions mises en place par la BCT augmentent le montant des réserves exigées des banques, et stipulent qu’elles doivent maintenir des réserves égales au volume des nouveaux prêts à la consommation, entraînant une augmentation des coûts de ces types de prêt pour les banques. Cependant ces restrictions ne s’appliquent pas aux crédits consacrés aux investissements et aux projets. Ces mesures auront pour conséquence de restreindre les capacités de prêt des banques, mais leur objectif est de rééquilibrer les dépenses d’investissement et de consommation.

L’indice des prix à la consommation a atteint 5,7 % en septembre 2012, par rapport à 5,6 % en août et à 3,9 % en septembre 2011. Les responsables de la BCT ont indiqué dans une déclaration officielle qu’une inflation supérieure à 5 % était considérée comme intenable. De plus, le volume important des importations, et en particulier pour les produits de luxe, allié à une reprise lente des exportations et à des performances mitigées dans les secteurs qui sont traditionnellement les principales sources de revenus de la Tunisie, comme le tourisme, ont fait baisser les réserves en devises étrangères du pays, qui ont atteint leur niveau le plus bas depuis plusieurs dizaines d’années. Les réserves en devises étrangères sont en effet tombées à 7,2 milliards de dollars en 2012, selon les projections du FMI, soit l’équivalent de 94 jours d’importations. En comparaison, les réserves de devises s’élevaient à 9,5 milliards de dollars en 2010, l’équivalent de 145 jours d’importations.

En augmentant les coûts liés au crédit à la consommation pour les banques, la BCT s’efforce de modérer les dépenses de consommation, et notamment pour les importations de produits de luxe qui vident les réserves en devises, et aussi de s’assurer que les niveaux importants de crédit à la consommation et de l’inflation ne menacent pas la reprise économique. Dans une déclaration diffusée par Reuters, Chadli Ayari, le gouverneur de la BCT, a évoqué le risque lié à un excès de dépenses de consommation. Selon Ayari, « la croissance du crédit est de 9 à 10 %, mais 80 % de cette croissance sert à la consommation et seuls 20 % sont alloués à l’équipement et l’investissement ».

Toutefois, ces restrictions sèment l’inquiétude dans le secteur bancaire quant à leur impact sur le nombre de clients et le risque que les entreprises et les particuliers aillent chercher des emprunts en dehors du système bancaire. Une initiative similaire mise en place en Algérie en 2010 et 2011 pour réduire la facture des importations a eu pour conséquence d’affaiblir la demande pour les services financiers de base.

La décision survient après la performance stable et inattendue des établissements financiers du pays sur l’année écoulée. En effet, suite à l’impact négatif qu’a eu le Printemps arabe sur les activités du secteur, une évaluation du risque bancaire tunisien selon la méthodologie BICRA, publiée en septembre par l’agence de notation Standard & Poor’s, a maintenu à 8 la notation du risque bancaire (10 étant le niveau maximum), tandis que le risque économique global était passé de 7 à 8.

La note du secteur bancaire a été abaissée de 9 à 8 en octobre 2007 et s’est maintenue au même niveau depuis, en dépit du contexte politique et économique incertain en 2011 et de la reprise timide en 2012. Cette note inchangée reflète la confiance placée dans l’ensemble des réformes lancées ces dernières années pour renforcer la gouvernance d’entreprise dans le secteur bancaire.

Plusieurs réformes ont été lancées pour s’aligner davantage avec les normes Bâle II, telles que le renforcement de la surveillance de la banque centrale, l’amélioration de la transparence du secteur et l’augmentation des fonds de réserve pour faire face au risque latent. De plus, la circulaire de la BCT n°91-24 de 1991 a été remaniée pour augmenter progressivement le ratio de solvabilité minimum et être davantage en conformité avec les normes Bâle III. La nouvelle règlementation prévoit d’augmenter le seuil de solvabilité à 9 % d’ici à la fin 2013 puis à 10 % d’ici à la fin 2014.

Enfin, en août, l’état a fait un appel d’offre pour un audit externe complet des trois principales banques étatiques, avec pour objectif de réformer les procédures fiscales, organisationnelles et opérationnelles sur la base des résultats de l’audit.

De ce fait, en dépit des difficultés économiques, le système bancaire tunisien semble s’appuyer sur un solide cadre règlementaire. Dans le même temps, le resserrement du crédit à la consommation sur le court et moyen terme risque d’entraver les dépenses des particuliers en Tunisie à une période où l’économie commence à redémarrer. La démarche de la BCT pour réduire l’inflation et maintenir la viabilité des finances publiques est cependant un gage de stabilité pour le secteur bancaire sur le long terme.

 

Tunisia: Ensuring stability in banking

En Français

In October, the Central Bank of Tunisia (Banque Centrale de Tunisie, BCT) issued new restrictions for consumer credit that stand to tighten lending in the short to medium term. The new restrictions are meant to solidify the base of the banking industry at a difficult time for the economy; in the past year, the country has seen rising import bills and an uptick in inflation, while new investment projects are slow to get off the ground.

The new restrictions put in place by the BCT increase the amount of required reserves for banks, stipulating that they must hold back reserves equal to the volume of new consumer loans, thus making it more expensive for banks to extend such credit. The same restrictions do not apply to credit for investment and projects. While this will restrain banks’ lending capacity, the measures were introduced in an effort to bring back a balance in consumer and investment spending.

The consumer price index rose to 5.7% in September 2012, up from 5.6% the previous month and from 3.9% in September 2011. BCT authorities have indicated in public statements that inflation levels in excess of 5% are considered unsustainable. Furthermore, a high volume of imports, particularly of luxury goods, combined with slow recovery of exports and a muted performance in key earners like tourism, has reduced Tunisia’s foreign exchange reserves to one of its lowest levels in decades. Foreign currency reserves fell to $7.2bn in 2012, according to projections from the IMF, the equivalent of 94 days of imports; this is down from reserves of $9.5bn in 2010, the equivalent of 145 days of imports.

By making it more expensive for banks to extend consumer loans, the BCT intends to temper consumer spending, particularly on luxury imports that are sapping reserves, and ensure that outstanding consumer credit and inflation do not outpace economic recovery. In a statement carried by Reuters, Chadli Ayari, the governor of the BCT, raised the concern of excessive consumer spending. According to Ayari, “Credit growth is around 9-10%, but 80% of that growth goes on consumption and only 20% into equipment and investment”.

There is some concern in the sector that reduced consumer credit may erode the client base for conventional banking by pushing businesses and individuals to seek financing outside the banking system. A similar move in Algeria in 2010 and 2011 to reduce access to consumer credit, designed to limit the country’s import bill, dampened demand for basic financial services.

The move comes after a year of surprisingly steady performance by the country’s financial institutions. While the turbulence of the Arab Spring in early 2011 negatively impacted operations, a Banking Industry Country Risk Assessment released in September by the ratings agency Standard & Poor’s held banks’ risk rating unchanged at eight (10 being the highest risk), while overall economic risk was raised one point from seven to eight.

The banking sector’s rating was lowered from nine to eight in October 2007 and has held steady since then, despite the uncertain political and economic context in 2011 and slow recovery in 2012. The fact that the banking industry rating remained unchanged is, in part, a reflection of the confidence in a package of reforms that has been introduced to strengthen governance in recent years.

Several reforms have been introduced to strengthen compliance with Basel II requirements, such as improving oversight of the central bank, boosting sector-wide transparency and increasing banks’ collective provisions for latent risk. In addition, the BCT regulation 91-24 of 1991 was reworked to gradually increase the minimum solvency ratio and work toward conformity with Basel III. Under the new regulation, the solvency threshold will be increased to 9% by the end of 2013 and 10% by 2014.

Finally, in August the state launched a call to tender for a comprehensive external audit of the three major public banks, with the view to reform fiscal, organisational or operational processes according to the audit’s results.

Therefore, while the economy continues to struggle, Tunisia’s banking system appears to be on a solid regulatory footing. However, this does not negate the fact that consumer credit will be tightened in the short to medium term, which runs the risk of stifling private domestic expenditure at a time when the economy is getting back on its feet. However, the BCT’s move to reduce inflation and maintain fiscal sustainability bodes well for sector stability in the long term.

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