Tunisie : Vers l'ouverture du secteur agricole

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Malgré une croissance économique en demi-teinte et une incertitude politique persistantes, conséquences des troubles politiques de l'an dernier, qui ont conduit à la destitution de l'ex-président Zine El Abidine Ben Ali, la production agricole tunisienne et les investissements dans le secteur ont légèrement progressé ; une libéralisation plus poussée des échanges commerciaux reste néanmoins nécessaire pour renforcer l'efficacité de la production.

D'après l'Agence de promotion des investissements agricoles (APIA), les bouleversements politiques qui ont marqué l'année 2011 n'ont pas empêché le secteur d'attirer 476.8 millions de dinars tunisiens (236.04 millions d'euros) d'investissements.

Par ailleurs, les investissements dans l'agriculture approuvés en avril 2012 ont atteint 2.1 millions de dinars tunisiens (1.1 million d'euros), soit une hausse de 5.21 % et 1.23 % par rapport à la même période en 2011 et 2010, respectivement, d'après les déclarations de l'APIA au mois de juin.

D'importantes quantités de produits agricoles cultivés sur les plaines fertiles, à proximité de la ville de El Hamma, sont également exportées sur les marchés européens, ainsi que dans un certain nombre de pays du Golfe, tels que le Qatar ou l'Arabie saoudite. Depuis le début de la saison agricole 2012, quelque 14 000 tonnes ont été commercialisées, soit 17 % de plus qu'à la même période en 2011, d'après Tunis Afrique Presse ;Des résultats dont peut se féliciter le secteur agricole, le seul grand secteur primaire tunisien, qui contribue à environ 14 % du produit intérieur brut (PIB), emploie 20 % de la main d'œuvre totale et génère 14.3 % des exportations tunisiennes totales.

Déterminée à maintenir la timide tendance haussière observée ces derniers mois, l'APIA s'efforce d'attirer les investisseurs étrangers dans le secteur et de nouer des partenariats stratégiques avec ses voisins d'Afrique du Nord, ainsi que des pays du Moyen-Orient.

Pour ce faire, l'agence mise essentiellement sur des campagnes de sensibilisation et des activités promotionnelles. Au mois d'octobre, par exemple, la Tunisie accueillera le salon international de l'investissement agricole et de la technologie, puis fin 2012, l'APIA organisera la réunion annuelle de l'Organisation arabe pour l'investissement et le développement agricole.

Le pays devra néanmoins redoubler d'efforts pour réduire les pertes d'efficacité et renforcer l'attractivité du secteur de l'agriculture et de l'élevage. Les politiques agricoles nationales devront être réformées en profondeur pour améliorer les normes agricoles, le contrôle des prix, les droits de douane, le rendement et l'efficacité globale du secteur et, plus généralement, contrer les effets des précédentes politiques agricoles nationales, d'après un récent rapport de la Banque africaine pour le développement (BAD) intitulé « Distorsions des incitations et politique agricole en Tunisie : analyse préliminaire ».

La plupart des politiques tunisiennes actuelles répondent à des intérêts protectionnistes, un certain nombre de mesures de contrôle des prix ont été prises pour les produits de base, tels que les céréales et le lait, et des subventions aux facteurs de production sont octroyées pour les engrais et les pesticides chimiques.

Si des efforts ont été faits pour limiter certaines de ces mesures de soutien à l'agriculture, dans le cadre des accords de libre-échange avec l'Union européenne (UE) et l'Organisation mondiale du commerce (OMC), la BAD soutient que ces politiques ont provoqué des distorsions de production, notamment en termes d'allocation des ressources à des produits spécifiques.

Les droits de douane à l’importation empêchent les ressources (l'eau, la main d'œuvre ou le capital par exemple) d'être allouées à d'autres secteurs, où leur utilisation pourrait être plus efficace, peut-on lire dans le rapport. L'étude révèle également que le niveau élevé de protection a rendu plus profitable la production pour le marché intérieur, notamment pour certaines céréales et l'élevage ; par conséquent, les agriculteurs ne sont pas incités à prendre le risque d'explorer les marchés internationaux.

Le rapport de la BAD préconise un certain nombre de réformes pour le secteur. En premier lieu, le gouvernement tunisien doit redoubler d'efforts pour attirer les investissements privés, et améliorer l'accès au crédit des entreprises agro-alimentaires. Les investissements de l'État dans l'infrastructure rurale sont également recommandés, plus spécifiquement pour financer la modernisation des opérations, et notamment les opérations de transformation et de commercialisation.

Une fois opérées, ces réformes devraient permettre à la Tunisie de s'assurer un avenir plus serein, et encourager les investissements étrangers dans le secteur agricole, même si les subventions sur certains produits seront très certainement maintenues à court terme, voire à moyen terme.

Le pays pourrait difficilement ne pas être en phase avec les politiques d'autres producteurs agricoles régionaux. Les politiques agricoles des pays développés, par exemple, et plus particulièrement des pays de l'UE, exposent la Tunisie à la concurrence des produits européens, commercialisés à des prix inférieurs grâce aux subventions européennes à l'exportation.

 

Tunisia: Opening up agriculture

En Français

In spite of continuing muted economic growth and lingering political uncertainty – a legacy of last year’s political upheaval that led to the ouster of then-President Zine El Abidine Ben Ali – both output and investment in Tunisia’s agriculture sector have increased modestly, although greater trade liberalisation would help spur improved efficiency in production.

Even during the political upheaval throughout 2011, the sector was able to attract TD476.8m (€236.04m) in investment, according to the Agricultural Investment Promotion Agency (Agence de Promotion des Investissements Agricoles, APIA).

Moreover, agricultural investments approved to April 2012 reached TD2.1m (€1.1m), an increase of 5.21% over the same period of 2011 and 1.23% over 2010, the agency said in June.

Sizable quantities of produce are also being exported from the fertile plains near the town of El Hamma to markets in Europe and a number of Gulf countries, such as Qatar and Saudi Arabia. Since the start of the 2012 agriculture season, some 14,000 tonnes of produce have been sold, a 17% rise over the same period in 2011, according to Tunis Afrique Presse.

This is good news for the agriculture sector, which is Tunisia’s single largest primary industry, representing around 14% of GDP, employing 20% of the total workforce and accounting for 14.3% of Tunisia’s total exports.

To help sustain the modest upward trend of recent months, the APIA is working to attract foreign investors into the sector and develop strategic partnerships with its neighbours in North Africa, as well as countries across the wider Middle East region.

Part of this comes from increased awareness and promotional activity. In October, for example, Tunisia will stage the International Exhibition for Agricultural Investment and Technology, and at the end of 2012, APIA will host to the annual meeting of the Arab Organisation for Investment & Agricultural Development.

However, more substantive efforts will need to be made to reduce inefficiencies and improve the attractiveness of Tunisia’s husbandry and cultivation sector. A number of domestic agricultural policy reforms are required to improve farming standards, price controls, tariffs, crop yields and overall efficiency, and generally undo the effects of previous state agricultural policies, a recent African Development Bank (AfDB) report titled “Distortions to Agricultural Policy Incentives in Tunisia: A Preliminary Analysis” stated.

The majority of Tunisia’s current policies are protectionist in nature, and there are a number of domestic price controls on staple products, such as cereals and milk, as well as input subsidies for chemical fertilisers and pesticides.

While efforts have been made to ease some of these agricultural support measures, in line with Tunisia’s international free trade commitments with the EU and the World Trade Organisation (WTO), the AfDB argues that the effect of these policies has led to distortions in production, particularly in terms of the allocation of resources to specific products.

Tariff barriers are preventing resources, such as water, labour and finance, from being deployed to other sectors where they might be used more effectively, the bank said. The study also found that the high level of protection meant the production of certain cereals and livestock for the domestic market was more profitable and as a result, farmers were less encouraged to take the risk of exploring international export markets.

The AfDB’s report recommended a number of reforms for the sector. Firstly, it said the Tunisian government must do more to attract private investment and improve access to credit for agribusinesses. State investment in rural infrastructure is also advised, specifically for the development of modernised operations, with particular focus on food processing and food marketing.

If enacted, these types of reforms should place the country on a more secure footing for the future and help to encourage foreign investment in the agricultural sector, although it appears likely that subsidies for certain products will remain in the short- and possibly medium-term.

Certainly, it would hardly be out of line with policies of other regional agricultural producers. The agricultural policies of developed countries, for example, particularly in the EU, means Tunisia continues to face competition from European food products sold at lower prices, thanks to European export subsidies.

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