Un nouveau port sec pour renforcer les aptitudes logistiques de la Côte d’Ivoire

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Désireuse de consolider sa position de grand hub logistique en Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire vient de signer un accord portant sur la construction d’un port sec dans le nord du pays, pour un montant de 262 milliards de francs CFA (399,4 millions d’euros), un projet qui vient s’ajouter au programme d’expansion et de modernisation du Port d’Abidjan actuellement à l’œuvre.

L’accord a été conclu à l’issue du Forum sur la Coopération Sino-Africaine qui s’est tenu à Pékin début septembre et au cours duquel des responsables gouvernementaux ont signé avec la Chine un contrat visant à la construction d’un port dans la ville de Ferkessédougou au nord du pays.

Le projet portuaire, qui s’étendra sur 3185 hectares, comprendra un terminal d’import-export, un dépôt d’hydrocarbures ainsi qu’un abattoir et un marché régional à bétail. S’exprimant dans les médias ivoiriens, le Ministre de l’Intégration Africaine, Ally Coulibaly, a déclaré que le port serait entièrement financé par l’Etat chinois et que sa construction – elle aussi confiée à un groupe chinois- devrait être achevée d’ici 2020.

L’emplacement stratégique du port – à 600 km au nord de la capitale économique Abidjan – devrait jouer un rôle primordial dans l’amélioration du réseau logistique ivoirien, permettant de relier le Port d’Abidjan au sud avec les pays voisins qui ne possèdent pas d’accès à la mer tels que le Burkina Faso et le Mali.

Le terminal d’import-export devrait en particulier faciliter les flux de marchandises dans la région dans la mesure où les contrôles douaniers pourront désormais être effectués sur place et que les marchandises ne devront plus être transportées à Abidjan à cet effet.

Projet d’accroissement de la capacité du port d’Abidjan

L’accord sur la construction du port sec s’inscrit dans le cadre d’une série de projets de modernisation des infrastructures du Port d’Abidjan, le plus grand port de Côte d’Ivoire en termes de taille et de volume de marchandises échangées, destinés à améliorer l’attractivité du pays en tant que hub logistique.

Un important programme d’extension et de modernisation des installations portuaires, lancé en 2015, vise à multiplier par trois la capacité du port pour atteindre un trafic d’1,8 million de conteneurs une fois les travaux terminés, contre 600 000 actuellement. De plus, le projet d’expansion prévoit l’élargissement et l’approfondissement du canal de Vridi pour permettre l’accueil de bateaux de plus de 150 000 tonnes et de 16 mètres de tirant d’eau. À l’heure actuelle, le port peut uniquement accueillir des bateaux de 50 000 tonnes maximum.

Le projet est financé à hauteur de 85%, soit 560 milliards de francs CFA (853,7 millions d’euros) par la Banque Export-Import de Chine, les 15% restants étant pris en charge par l’Etat ivoirien et des banques de la région. Les travaux ont été confiés au groupe chinois China Harbour Engineering Company, qui table sur une date de livraison en août 2019.

La construction d’un deuxième terminal à conteneurs – menée par un consortium regroupant les entreprises danoises Maersk et AP Moeller, ainsi que les groupes français Bolloré et Bouygues – renforcera encore davantage la capacité de traitement du port, qui devrait s’élever à 2,8 millions de conteneurs EVP (équivalents vingt pieds) une fois les travaux achevés mi-2020, contre 1,2 million d’EVP en 2017.

La premier quai RoRo a été terminé en mars cette année, 17 mois avant la date de livraison initialement prévue. Ce dernier permettra de décharger 190 000 véhicules au port tous les ans.

Étant donné que 85% des recettes douanières ivoiriennes proviennent du port d’Abidjan, l’ajout d’un terminal portuaire revêt une importance cruciale pour la ville d’Abidjan et pour la Côte d’Ivoire toute entière, positionnant le port comme un hub pour la logistique et le transport en Afrique de l’Ouest.

Une efficacité entravée par la congestion urbaine

Si la construction d’un nouveau port sec et le développement des installations existantes à Abidjan sont synonymes d’une augmentation des capacités de traitement, des difficultés demeurent, notamment en matière de transport et d’infrastructures, et la Côte d’Ivoire devra y remédier pour réaliser son plein potentiel dans le secteur de la logistique.

Philippe Labonne, Directeur Général Adjoint de Bolloré, a indiqué dans les médias locaux au mois d’octobre que la congestion urbaine était un important facteur de ralentissement de la sortie des marchandises du Port d’Abidjan, qui prenait, a-t-il ajouté, cinq fois plus longtemps que dans les grands centres portuaires asiatiques. De même, un rapport publié par la Banque Mondiale en février soulignait qu’à cause de procédures douanières inefficaces et d’un manque d’infrastructures connexes, les entrepôts étaient souvent pleins, avec des temps de traitement de 10 jours en moyenne.

« Le problème c’est que le port a été construit au milieu de la ville, ce qui est assez courant pour les marchés émergents mais qui pose problème en matière de logistique dans la mesure où toutes les importations et les exportations doivent passer par la ville et sont donc confrontées à la circulation, » a expliqué Glenn MacArtney, Directeur Général de Maersk, lors d’un entretien accordé à OBG.

« Plus précisément, il n’existe à Abidjan que trois ponts pour aller du port à l’intérieur du pays. »

Dans le cadre des efforts déployés pour remédier à la situation, la Banque Mondiale a émis en juin un prêt de 315 millions de dollars en vue du financement du Projet d’intégration Port-Ville du Grand Abidjan, une initiative visant à améliorer la gestion urbaine, l’efficacité logistique et l’accès au port.

Le projet prévoit la construction, pour un budget de 130 millions de dollars, d’un autre port sec dans la banlieue nord d’Abidjan afin de réduire la pression exercée sur les installations de stockage et sur les procédures douanières. Une enveloppe de 164,3 millions de dollars est quant à elle destinée à l’amélioration des routes d’accès au port, avec notamment la construction d’une nouvelle voie de contournement et la modernisation des intersections existantes.

 

 

New dry port to strengthen Côte d’Ivoire’s logistics credentials

En Français

Côte d’Ivoire is moving to consolidate its position as a major logistics hub in West Africa following a CFA262bn (€399.4m) deal to establish a dry port in the country’s north, which builds on efforts to expand and modernise the Port of Abidjan.

The deal comes on the back of the Forum on China-Africa Cooperation in Beijing in early September, during which government officials signed an agreement with China to construct the port in the northern city of Ferkessédougou.

The 3185-ha project will consist of an import-export terminal, a hydrocarbons depot, and an abattoir and regional livestock market. Ally Coulibaly, the minister of African integration, told local media the port will be funded entirely by Chinese state bodies, with construction – also to be carried out by a Chinese group – expected to be completed by 2020.

The port’s strategic location – 600 km north of the economic capital of Abidjan – is set to play a key role in improving Côte d’Ivoire’s logistics network, providing a link between the Port of Abidjan in the south and neighbouring landlocked countries such as Burkina Faso and Mali.

In particular, the import-export terminal should ease the flow of goods within the region by allowing Customs procedures to be conducted on site, without the need for incoming freight to be transported to Abidjan for processing.

Project to increase Port of Abidjan capacity

The dry port deal comes amid a series of infrastructure upgrades at the Port of Abidjan, Côte d’Ivoire’s largest in terms of size and throughput, designed to further improve the country’s attractiveness as a logistics hub.

Launched in 2015, a major extension and modernisation programme aims to triple the port’s capacity from a flow rate of 600,000 containers currently to 1.8m upon completion. Additionally, the expansion involves widening and deepening the Vridi canal to accommodate large ships weighing over 150,000 tonnes with draughts of 16 metres. At present, the port can only dock ships with up to 50,000 tonnes.

Some 85% of the CFA560bn (€853.7m) project is being financed by the Export-Import Bank of China, with the remaining 15% funded by the Ivorian state and regional banks. The China Harbour Engineering Company is executing the work, which is expected to be completed in August 2019.

The construction of a second container terminal – carried out by a consortium comprising Danish firms Maersk and AP Moeller, along with France’s Bolloré and Bouygues – will further boost the port’s handling capacity, from 1.2m twenty-foot equivalent units (TEUs) as of 2017 to 2.8m TEUs upon completion in mid-2020.

The port’s first roll-on/roll-off dock was completed in March this year, 17 months ahead of schedule. This development will allow 190,000 vehicles to be unloaded at the port annually.

Given that the port collects 85% of national Customs revenue, the expansion associated with the additional terminal is critical for both Abidjan and Côte d’Ivoire more broadly in positioning itself as a hub for West African logistics and transport.

Urban congestion poses challenge to efficiency

While the construction of a new dry port and the ongoing expansion of existing facilities in Abidjan is increasing handling capacity, other transport and infrastructure issues pose challenges to realising Côte d’Ivoire’s logistics potential.

Philippe Labonne, deputy CEO of Bolloré, told local media in October that urban congestion was a major factor slowing the clearing of freight from the Port of Abidjan, which he said was on average five times slower than leading shipping centres in Asia. A report released by the World Bank in February similarly said inefficient Customs procedures and a lack of related infrastructure often resulted in full warehouses and average processing times of 10 days.

“The problem is that the port was built in the middle of the city, which is quite common in emerging markets, but it poses a logistical problem because all imports and exports have to go through the city's traffic,” Glenn MacArtney, general manager of Maersk, told OBG.

“Specifically, Abidjan has only three bridges that one can use to go from the port to the inside of the country.”

As part of efforts to remedy the situation, in June the World Bank issued a $315m loan to finance the Greater Abidjan Port-City Integration Project, an initiative to improve urban management, logistics efficiency and port accessibility.

This project seeks to establish another $130m dry port on the northern outskirts of Abidjan to ease pressure on storage facilities and Customs procedures. A further $164.3m has been dedicated to improve port access roads, build a new bypass and upgrade existing intersections.

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