In English
Porté par un renforcement du taux de croissance et l’éventualité d’un accord avec le FMI, le nouveau gouvernement tunisien poursuit ses réformes fiscales afin d’améliorer son bilan, sans toutefois freiner les timides avancées enregistrées dans certains domaines.
En janvier 2013, la Banque centrale de Tunisie (BCT) a annoncé une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 3.6 % en 2012, soit une bonne nouvelle et un réel contraste par rapport aux résultats de 2011, où le PIB avait chuté de 1.9 %. L’année 2013 semble encore plus prometteuse : en effet, le gouvernement vise une croissance de 4 %, bien que le FMI se montre plus prudent en prévoyant une croissance de 3.5 %.
La hausse du PIB s’accompagne d’une chute du taux de chômage : ce dernier a chuté de 2.2 points de pourcentage au cours des 12 derniers mois. Toutefois, le pays est toujours exposé à d’importants risques, dont un inquiétant déficit et un taux de chômage général résolument élevé qui s’établit à 16.7 %. De plus, ce taux atteint la barre des 33.2 % chez les jeunes et les diplômés. Le taux d’inflation augmente également et est passé de 4.2 % en 2011, à 5.9 % en décembre 2012 avant d’atteindre près de 6 % en février 2013. Bien qu’il s’agisse d’une timide tendance haussière, celle-ci est en grande partie liée à la hausse des prix de produits de consommation importants (nourriture et boissons) qui a progressé de 8.4 % au cours de l’année. Par exemple, les prix des produits agricoles ont augmenté de 11.7 %.
Ainsi, le gouvernement se trouve face à un dilemme : continuer à résoudre certains problèmes urgents tout en préservant le bilan public. C’est dans ce contexte que le gouvernement a annoncé que son budget devrait atteindre les 26.79 milliards de dinars (13.04 milliards d’euros) en 2013 et qu’il espérait faire passer le déficit de 6.8 % du PIB en 2012 à 5.9 % d’ici la fin de l’année. Depuis l’annonce du budget faite en décembre 2012, le gouvernement a mis en œuvre plusieurs réformes économiques afin d’équilibrer les finances. Par exemple, en mars 2013, les prix du pétrole ont augmenté pour la deuxième fois en six mois et ont progressé de 6.8 % en réponse à la réduction du volume des subventions au carburant. Selon les dernières mesures du gouvernement, les subventions devraient passer de 4.7 milliards de dinars (2.29 milliards d’euros) en 2012 à 4.2 milliards de dinars (2.04 milliards d’euros) d’ici la fin de 2013.
Le gouvernement a adopté d’autres mesures au cours du premier trimestre 2013 : augmentation des taxes sur l’alcool, hausse des prix (contrôlés par l’Etat) des produits laitiers et prélèvement de 1 % sur les salaires mensuels supérieurs à 1 700 dinars (828 euros). Ces mesures d’austérité ont entraîné des protestations, dont des manifestations et des mouvements de grève. Toutefois, le gouvernement ne semble pas vouloir revenir sur sa décision.
Les mesures prises par le gouvernement ont été motivées par son désir d’obtenir des sources de financement supplémentaires. Une délégation du FMI est arrivée en Tunisie début avril afin de négocier l’accord d’un prêt de 1.78 milliard de dollars, visant à apporter un soutien d’urgence aux finances publiques. A la fin de l’année 2012, une mission du FMI avait jugé que le pays était capable de financer ses propres réformes économiques. Toutefois, la Tunisie cherche à obtenir des financements du FMI à titre préventif, car selon elle, ces fonds l’aideront à effectuer une transition sans heurt et à protéger l’économie des chocs externes. De plus, d’après Bloomberg, le gouvernement serait en pourparlers avec le Trésor américain afin d’obtenir environ 500 millions de dollars d'obligations en 2013 d’une part, et chercherait à sécuriser un emprunt obligataire sur le marché Samouraï (emprunt libellé en yens) d’autre part.
Des plans sont en cours afin d’émettre en juillet prochain les premiers sukuk souverains (obligations islamiques) qui devraient rapporter à l’Etat 700 millions de dollars supplémentaires. Les sukuk ne sont pas autorisés par la législation actuelle, mais une loi habilitante devrait être adoptée par le parlement au début du mois de mai. D’après une déclaration du ministre des Finances à la presse internationale, les sukuk devraient être émis sur les marchés nationaux et internationaux.
Au cours des derniers mois, il a été particulièrement difficile pour la Tunisie d’avoir recours aux marchés internationaux de la dette. En février 2013, les agences Moody’s et Standard and Poor’s ont abaissé la cote de crédit de la Tunisie en plus de baisser la perspective de la dette à négative, contre stable.
Toutefois, la croissance stable du PIB et les gestes prometteurs des bailleurs de fonds externes sont des signes encourageants pour l’économie tunisienne. Le gouvernement devra s’efforcer de maintenir cet élan s’il veut s’atteler à la lourde tâche de réduire le chômage et le déficit public. Le gouvernement a prouvé son désir d’aller de l’avant à l’aide de réformes économiques, mais il doit s’attendre à ce que les récentes mesures d’austérité alimentent des troubles sociaux.
Tunisia: Overcoming lingering uncertainty
En Français
Bolstered by a strengthening growth rate and the prospect of a deal with the IMF, the newly-installed Tunisian government is pressing ahead with fiscal reforms in a bid to improve the state’s balance sheet without undermining the precarious state of development in select areas in the interior of the country.
The announcement by the Central Bank of Tunisia (Banque Centrale de Tunisie, BCT) in January 2013 that GDP growth in 2012 reached 3.6% comes as a welcome contrast to the results from 2011, when GDP shrank by 1.9%. 2013 looks even more promising, with the government targeting 4% growth, although the IMF has projected a more modest expansion of 3.5%.
The improved GDP figures have been further strengthened by a drop in the unemployment rate, which fell by 2.2 percentage points last year. However, the country is still grappling with significant downside risks, including a worrisome deficit and a stubbornly high overall unemployment rate, at 16.7%, while the rate for youth and university graduates is considerably higher, reaching 33.2%. The inflation rate is also rising, inching upwards from 4.2% in 2011 to 5.9% in December 2012 and roughly 6% at the end of February 2013. While not overly high, this rise was largely driven primarily by increases in key consumer products such as food and beverage prices, which went up by 8.4% throughout the year; agricultural products alone jumped 11.7%.
As a result, the government is facing a tricky challenge of continuing to address some of the still-pressing challenges without worsening the public balance sheet. It was in this context that the government announced its TND26.79bn (€13.04bn) budget for 2013, hoping to reduce the deficit from 6.8% of GDP in 2012 to 5.9% by the end of this year. Since the budget’s release in December 2012, the government has implemented a number of economic reforms to balance finances. In March 2013 petrol prices rose 6.8% in response to cuts to fuel subsidies, making this the second price increase in the past six months. The most recent cut promises to reduce subsidies from TND4.7bn (€2.29bn) in 2012 to TND4.2bn (€2.04bn) by the end of 2013.
Other measures introduced in the first quarter of 2013 include raising taxes on alcohol, increasing state-controlled dairy prices and imposing a 1% levy on salaries above TND1700 (€828) per month. Protests have materialised as a result of the austerity measures, including strikes and marches, although so far the government has not indicated it would amend its policies.
The introduction of these measures has likely been driven by the government’s desire to secure additional funding sources. A delegation from the IMF arrived in the country in early April to begin negotiations on a $1.78bn loan accord to help provide emergency support for state finances. An IMF mission in late 2012 reported that the country was largely able to finance its own economic reforms. However, Tunisia is seeking IMF funding guarantees as a precautionary measure to help support transition and account for any external shocks to the economy.
The government is also in discussions with the US Treasury about obtaining borrowing guarantees for up to an estimated $500m worth of bonds, according to Bloomberg, and is also in discussions to secure guarantees for additional yen-denominated Samurai bonds.
Plans are currently afoot for the country’s first sovereign sukuk – or sharia-compliant bond – to be released in July, a move that should bring in an additional $700m. Sukuk are not allowed under existing law but enabling legislation is expected to be passed by parliament by early May. Statements from the minister of finance to international press indicate that the sukuk will likely be split between domestic and international markets.
Tapping into international debt markets has been made more tricky for Tunisia in recent months. In February 2013 both Moody’s and Standard and Poor’s downgraded Tunisia’s sovereign credit rating and changed the country’s outlook from neutral to negative.
However, the steady recovery of GDP growth and the encouraging noises from potential external lenders are positive signs for Tunisia’s economy. Maintaining that momentum will be crucial in helping reduce unemployment and the fiscal deficit, but it will not be easy. While the government has shown a willingness to forge ahead with economic reforms, it will surely face further unrest from a public disenchanted with recent austerity measures.