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Une amélioration de la production agricole, des investissements à la hausse et un retour des touristes en Tunisie ont contribué à propulser l’économie tunisienne en 2017, une tendance qui devrait selon les prévisions se confirmer en 2018.
Le FMI et la Banque Mondiale prévoient une expansion de l’économie de l’ordre de 2,3% en 2017, contre 1% l’année précédente, et une croissance encore plus soutenue en 2018, avançant les chiffres de 3% et 2,8% respectivement.
De solides résultats pour les secteurs du tourisme et de l’agriculture
Le tourisme, qui contribue au PIB à hauteur d’environ 8%, a fortement participé à la croissance tunisienne l’an dernier : 6,7 millions de visiteurs ont été enregistrés, soit une hausse de 23%.
Si cette augmentation a été inférieure à la hausse de 30% anticipée par le gouvernement, ces arrivées accrues ont permis de donner une impulsion bienvenue au secteur, contribuant à générer 2,7 milliards de dinars (904,7 millions d’euros) de recettes, soit une hausse de 16,3% par rapport à l’ensemble de l’année 2016, selon les chiffres publiés par le gouvernement fin décembre.
La croissance a également été portée par des recettes agricoles en progression, soutenues par une remontée considérable de la production d’olives suite à la sécheresse qui avait entrainé de mauvaises récoltes en 2016. La production de ce segment important devrait dépasser 1,5 million de tonnes pour la saison 2017, soit une hausse de 160% par rapport à l’année précédente, selon des données publiées par le Ministère de l’Agriculture.
Des IDE en hausse pour le secteur industriel
Les investissements étrangers ont enregistré une hausse de 11% au cours de l’année 2017 et atteignaient fin novembre 2,02 milliards de dinars (679,8 millions d’euros), selon des données émises par l’Agence de Promotion de l’Investissement Extérieur. Les investissements directs étrangers (IDE) se taillent la part du lion, représentant la somme totale d’1,91 milliard de dinars (642,8 millions d’euros), tandis que les investissements en portefeuille atteignent 111 millions de dinars (37,3 millions d’euros).
Des investissements accrus dans le secteur industriel, qui a attiré 905 millions de dinars (304,6 millions d’euros) au cours des 11 premiers mois de 2017, ont étayé la croissance, ce qui a plus que compensé la baisse de 0,9% des IDE dans le secteur de l’énergie.
Hors, cet afflux de capitaux a toutefois été destiné au développement d’opérations existantes ou au paiement de dettes et non pas à la mise en place de nouveaux projets, et les flux financiers sortants destinés à rembourser la dette extérieure dépasseraient les IDE arrivant dans le pays, selon un rapport du cabinet de conseil en services financiers KPMG.
L’inflation et la dette publique restent préoccupantes
Si un vent de dynamisme a soufflé sur l’économie en 2017, les difficultés rencontrées l’année précédente ont continué d’avoir des répercussions sur l’économie.
La flambée des prix des denrées alimentaires a entraîné une hausse de l’inflation tout au long de l’année 2017, une tendance qui devrait se poursuivre cette année ; l’indice des prix à la consommation est passé de 4,6% en janvier à 6,4% en décembre – son taux le plus élevé depuis juillet 2014, selon l’Institut National de la Statistique (INS).
Cette situation pourrait pousser la banque centrale à procéder une nouvelle hausse de ses taux d’intérêt. La banque maintient son taux directeur à 5% depuis le mois de mai, où elle avait relevé ce dernier de 75 points de base, le propulsant à son niveau le plus élevé depuis plus de 5 ans, une mesure justifiée notamment par la chute de 6,6% du dinar face à l’euro au début du deuxième trimestre.
Si le FMI ne manque pas de saluer les améliorations que connaît l’économie tunisienne, il met toutefois en garde contre des vulnérabilités macroéconomiques qui pourraient peser sur la stabilité budgétaire du pays. Alors que la dette publique devrait atteindre 70% du PIB d’ici la fin 2017 et que le déficit du compte courant continue de s’accentuer, le Fonds appelle à des mesures urgentes dès le début de l’année 2018 afin de répondre à ces problèmes.
La chute continue du dinar, qui a perdu 17,9% de sa valeur face à l’euro et près de 5,8% face au dollar américain en 2017, reste une préoccupation principale, cette dernière n’ayant pas eu l’effet escompté de renforcer la compétitivité des exportations et réduire le déficit commercial.
KPMG a prévenu dans son rapport que la dépréciation du dinar pourrait avoir des répercussions négatives sur le budget 2017 et au-delà, augmentant le coût des subventions énergétiques et du remboursement de la dette.
Les inquiétudes du FMI font écho aux préoccupations soulevées par l’agence de notation Moody’s qui avait dégradé la note souveraine de la Tunisie de « B1 » à « Ba3 », en maintenant la perspective négative.
Objectif réduction du déficit pour le budget 2018
La stabilité budgétaire constitue un objectif crucial du budget 2018, qui comporte un ensemble de mesures fiscales destinées à améliorer les recettes de l’État et à faire passer le déficit de son taux estimé de 6% du PIB en 2017 à 4,9%.
Parmi les autres réformes contenues dans la Loi de Finances 2018, on peut citer notamment une augmentation d’1 point de pourcentage de la taxe sur les produits de consommation courante et les services; une hausse de la taxe sur la valeur ajoutée, qui atteindra 19%; la création d’une nouvelle contribution d’1% pour les employés et les entreprises qui servira au financement du système de sécurité sociale; et la hausse de la taxe sur les bénéfices bancaires, qui passera de 35% à 40%.
Suite à l’entrée à vigueur début janvier de cette nouvelle Loi de Finances, de nombreux Tunisiens sont descendus dans la rue pour manifester contre l’austérité, s’inquiétant que les citoyens ordinaires et l’économie formelle supportent seuls le poids des hausses d’impôts tandis que le marché noir ne cesse de se développer.
La Loi de Finances 2018 est également critiquée par les syndicats, ainsi que par un certain nombre de chefs d’entreprises et d’analystes, pour qui certaines de ces mesures d’austérité auront un impact négatif sur la croissance, tout en accroissant la dette publique.
Le budget pourrait subir les conséquences de la hausse des coûts d’importation du carburant. Il est en effet fondé sur un prix de base du baril de 54 dollars pour 2018, mais les prix du pétrole ont frisé 70 dollars au mois de janvier, entrainant une hausse des coûts estimés dans le budget.
Tunisia: Year in Review 2017
En Français
Improved agricultural output, higher levels of investment and an upturn in tourist arrivals in Tunisia helped propel the economy forward in 2017, with forecasts suggesting growth could gain further momentum in 2018.
Both the IMF and the World Bank expect Tunisia’s economy to expand by 2.3% in 2017, up from 1% the previous year, and they anticipate stronger growth in 2018 of 3% and 2.8%, respectively.
Strong performance from tourism and agriculture
Tourism, which accounts for roughly 8% of GDP, made a significant contribution to growth last year, as visitor numbers rose by 23% to reach 6.7m.
While the increase was below the government’s forecast of 30%, the higher number of arrivals provided the sector with a welcome boost, helping to generate revenue of TD2.7bn (€904.7m), up 16.3% on 2016’s total, according to government data released at the end of December.
Growth was also boosted by stronger returns from the agricultural sector, buoyed by a substantial increase in olive production after a drought took its toll on crops in 2016. Output in this important segment was expected to top 1.5m tonnes for the 2017 season, up 160% on the previous year, according to data from the Ministry of Agriculture.
Industry a draw for FDI
Foreign investment inflows increased by 11% during 2017 to reach TD2.02bn (€679.8m) by the end of November, according to data issued by the Foreign Investment Promotion Agency. Foreign direct investment (FDI) made up the bulk of inflows, totalling TD1.91bn (€642.8m), while portfolio investment reached TD111m (€37.3m).
Underpinning growth were higher levels of investment in the industrial sector, which attracted TD905m (€304.6m) in the first 11 months of 2017, more than offsetting a dip of 0.9% in FDI in energy.
However, much of the capital inflow was for expansion of existing operations or for paying off debt rather than new ventures, and fiscal outflows to repay external debt exceeded inbound FDI, according to a report by financial services firm KPMG.
Inflation and public debt remains a cause for concern
While the economy gained momentum in 2017, the challenges of the previous year continued to cause knock-on effects across the economy.
Sharp increases in food prices saw inflation rise throughout 2017, a trend that is expected to continue this year; the consumer price index increased from 4.6% in January to 6.4% in December – the highest rate since July 2014, according to the National Institute of Statistics.
This could prompt the central bank to take further action on interest rates. It has held its benchmark rate at 5% since late May, when it increased it by 75 basis points to its highest level in more than five years, partly as a response to a 6.6% fall in the dinar against the euro earlier in the second quarter.
While praising improvement in the economy, the IMF has flagged macroeconomic vulnerabilities that could weigh on fiscal stability. With public debt levels expected to have reached 70% of GDP by the end of 2017 and the current account deficit continuing to widen, the fund said urgent action was needed in early 2018 to address these issues.
The continuing decline in the value of the dinar, which fell 17.9% against the euro and almost 5.8% against the US dollar in 2017, remains a key cause of concern, as it has not had the expected effect of boosting export competitiveness and narrowing the trade deficit.
KPMG warned in its report that the depreciation would weigh on the 2017 budget and beyond, adding to the cost of commodity subsidies and debt repayments.
The IMF’s concerns mirrored those raised by ratings agency Moody’s, which in August downgraded its long-term issuer rating for Tunisia to “B1” from “Ba3”, while maintaining its negative outlook.
2018 budget targets deficit reduction
Fiscal stability is a key aim of the 2018 budget, which includes a package of fiscal reforms designed to improve state revenue and reduce the deficit from an estimated 6% of GDP in 2017 to 4.9%.
Other reforms of the Finance Law of 2018 include increasing the broad-based goods and services levy by 1 percentage point; raising the value-added tax to 19%; a new 1% tax on employees and companies to help fund the social security system; and raising taxes on bank profits from 35% to 40%.
After the budget came into force in early January, many Tunisians took part in protests against austerity, concerned that ordinary people and the formal economy were shouldering the burden of the tax increases while the black market continued to expand.
The Finance Law of 2018 has also come under criticism from the unions, as well as a number of business leaders and analysts, who believe some of its austerity measures will have a negative impact on growth, while at the same time adding to public debt levels.
One area where the budget may come under pressure is through the increase in fuel import costs. The budget assumed a base price of $54 per barrel for 2018, though oil prices touched $70 in early trading in January, adding to projected costs set out in the budget.