Reconstituer les liquidités dans le secteur bancaire marocain

In English

Soucieuses de renforcer et de diversifier leurs sources de revenus, les trois principales banques du Maroc prévoient de contracter des emprunts sur les marchés de capitaux internationaux en 2013.

Attijariwafa Bank, la Banque Centrale Populaire (BCP) et BMCE Bank se préparent toutes à émettre des obligations libellées en devises étrangères cette année, même si les dates n'ont pas encore été arrêtées. L'économie marocaine a été mise à mal par le repli économique dans l'Union européenne (UE), son principal partenaire commercial, ainsi que par la hausse du coût des importations d'énergie et la faible croissance des exportations, ce qui s'est traduit par une baisse des liquidités sur le marché bancaire, ainsi qu'un ralentissement de l'économie en général. Conquérir les marchés de la dette internationaux devrait permettre de lever les capitaux nécessaires pour renforcer le niveau de liquidité des banques et appuyer les projets d'expansion à court terme.

La principale institution de financement, Attijariwafa Bank, a annoncé la première qu'elle émettrait des titres de créance libellés en devises à hauteur de 500 millions de dollars pour appuyer son expansion future. L'émission obligataire a été approuvée par l'assemblée générale de la banque à la fin du mois de mai, mais sa date n'a pas encore été communiquée. Par ailleurs, Attijariwafa a signé en juillet un accord avec Citibank Maghreb et l'Overseas Private Investment Corporation (OPIC) américaine concernant l'octroi d'un prêt de 40 millions de dollars sur huit ans. Les fonds octroyés par l'OPIC, une institution gouvernementale américaine qui effectue des investissements privés dans des projets de développement économique étrangers, seront alloués au financement de petites et moyennes entreprises.

BMCE Bank, la troisième banque du pays en termes d'actifs, prépare elle aussi une émission d'obligations internationales à hauteur de 500 millions de dollars sur cinq ans, et a engagé Barclays, Citibank et BNP Paribas à titre de conseillers. Ces dix dernières années, BMCE a massivement mobilisé ses ressources nationales pour financer son développement sur d'autres marchés africains, mais il s'agira de sa première émission d'obligations internationales. L'opération, initialement prévue fin juin, a finalement été reportée.

Pour BMCE et Attijariwafa, les capitaux levés permettront de favoriser le crédit, mais aussi de financer les stratégies d'expansion ambitieuses des banques ; les deux institutions de financement prévoient en effet de renforcer leur présence en Afrique du Nord, en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale ces dix prochaines années.

La BCP, seconde banque du Maroc, a annoncé en juillet qu'elle envisageait d'émettre des obligations en devises étrangères à court terme avant la fin de l'année. D'après une déclaration de la direction de la banque, recueillie par Reuters au mois de juillet, la BCP n'a pas de besoin de financement immédiat, mais souhaite mobiliser des capitaux étrangers pour favoriser le crédit et diversifier ses sources de revenus, face à la pénurie de liquidités nationales.

Le recours aux marchés étrangers contribuera à réduire la pression exercée sur les ressources bancaires. Les dépôts progressent lentement mais sûrement ; le volume total de placement de la clientèle a progressé de 2.9 %, pour atteindre 696.6 milliards de dirhams (62.41 milliards d'euros) en 2012, après avoir affiché une croissance de 4.5 % en 2011. La demande de crédits continue d'augmenter, malgré le durcissement des politiques de gestion des risques des banques, imputable au ralentissement économique et à la pénurie de liquidités. Le volume total des crédits consentis en 2012 a progressé de 5.3 % pour s'établir à 722 milliards de dirhams (64.68 milliards d'euros), un taux qui reste néanmoins inférieur à celui enregistré en 2011 (11.2 %). Ce fléchissement est principalement attribuable à la baisse de la demande des entreprises, qui a augmenté de 4 % en 2012, tandis que le crédit aux ménages s'est accru de 9 % en 2012, globalement au même rythme que ces trois dernières années.

Le volume des prêts non productifs a été porté de 4.8 % du crédit total en 2011 à 5 % en 2012 ; bien que gérable, cette hausse est récente, et liée aux conditions d'exploitation difficiles des entreprises, en particulier celles des secteurs fortement exposés aux marchés internationaux et à la concurrence.

En 2012, la banque centrale a pris plusieurs mesures pour assouplir la politique monétaire, renforcer les liquidités du marché et favoriser le crédit. Bank Al Maghrib a réduit son taux directeur de 25 points de base, le portant ainsi à 3 % au premier trimestre, et réduit le taux de réserves obligatoires de 6 % à 4 % en septembre 2012. Par conséquent, les dépôts auprès de la banque centrale ont chuté de 25.4 %, pour s'établir à 19 milliards de dirhams (1.7 milliard d'euros) à la fin de l'exercice 2012, libérant ainsi 7 milliards de dirhams (630 millions d'euros), d'après les estimations. Bank Al Maghrib a également ajouté les certificats de dépôt à la liste de titres acceptés en garantie pour les avances de la banque centrale.

L'internationalisation croissante du secteur bancaire est prometteuse, mais l'amélioration durable du niveau de liquidité des banques reste tributaire d'une reprise de la croissance économique, d'une hausse du volume des exportations et d'une reconstitution des réserves fiscales et externes. Si le Maroc reste confronté à un environnement extérieur difficile, le Fonds monétaire international (FMI) anticipe néanmoins une hausse de la croissance du produit intérieur brut (PIB), de 3 % en 2012 à 4.5 % en 2013.

Malgré un contexte économique tendu, les indicateurs du secteur sont restés forts. La banque centrale a renforcé sa surveillance en 2012 pour veiller à ce que les institutions de financement conservent un niveau de liquidité et de réserve adéquat, et poursuit sa politique de réforme en prévision des exigences de l'accord de Bâle III. En juin 2013, Bank Al Maghrib a porté à 9 % le ratio minimum des fonds propres Tier 1, et à 12 % le taux d'adéquation des fonds propres, tous deux d'ores et déjà atteints sur le marché domestique ; en juillet, le ratio Tier 1 était de 10.2 %, et le taux d'adéquation des fonds propres de 12.9 %. Conjuguées à une surveillance accrue et un assouplissement des politiques monétaires, ces mesures ont contribué à assurer une solide assise au secteur financier marocain, malgré un environnement encore fragile.

 

Boosting liquidity in Moroccan banking sector

En Français

In a bid to strengthen and diversify revenue sources, Morocco’s three largest banks are planning to borrow from international capital markets in 2013.

Attijariwafa Bank, Banque Centrale Populaire (BCP) and BMCE Bank are each preparing to float foreign-currency-denominated bonds this year, although no dates have yet been set. The Moroccan economy has been strained by the downturn in the EU, its primary trade partner, as well as rising energy import costs and slow export growth. This has reduced liquidity in the banking market, as in the economy in general. Tapping international debt markets should help to provide the capital necessary to boost banks’ liquidity levels and support expansion projects in the short term.

The largest lender, Attijariwafa Bank, was the first to announce that it will pursue a $500m foreign debt issue to support future expansion. The bond was approved by the bank’s general assembly in late May, but no date has been disclosed for its sale. In addition, Attijariwafa signed an agreement with Citibank Maghreb and the US Overseas Private Investment Corporation (OPIC) in July for an eight-year, $40m loan. The funds provided by OPIC, a US government institution that channels private investment into foreign economic development projects, will be used to support financing for small and medium-sized enterprises.

BMCE Bank, the third-largest bank by assets, is also preparing a five-year, $500m international bond issue and hired Barclays, Citibank and BNP Paribas as advisors. BMCE has largely used domestic revenue to fuel its expansion into other African markets in the past decade, and this is will be its first international bond. The issue was originally slated for late June but was postponed.

For BMCE and Attijariwafa, the capital raised will support lending, as well as the banks’ ambitious expansion strategies; both lenders plan to extend their footprint further across North, West and Central Africa in the next decade.

BCP, Morocco’s second-largest bank, announced in July that it would consider a short-term foreign debt issue before the end of the year. According to a statement by bank officials to Reuters in July, BCP does not have an immediate financing need but is seeking the foreign capital to support lending and diversify sources of revenue amidst the domestic liquidity shortage.

Recourse to foreign markets will help to reduce pressure on bank resources. Deposits are rising, but slowly; total customer deposits increased by 2.9% to Dh696.6bn (€62.41bn) in 2012, after growth of 4.5% in 2011. Demand for credit continues to increase, although the economic slowdown and liquidity shortage have sharpened banks’ risk management policies. The total volume of credit extended in 2012 rose 5.3% to Dh722bn (€64.68bn), but this was down from growth of 11.2% in 2011. The slowdown was mainly related to lower demand from businesses, which increased by 4% in 2012, while household lending grew by 9% in 2012, largely the same pace as in the last three years.

The volume of non-performing loans increased from 4.8% of total credit in 2011 to 5% in 2012; while manageable, this is a recent high and is related to the challenging operating conditions for businesses, especially those in sectors that are highly exposed to international markets and competition.

The central bank took several steps in 2012 to ease monetary policy, boost market liquidity and encourage lending. Bank Al Maghrib reduced its policy rate by 25 basis points to 3% in the first quarter and lowered the reserve requirement ratio from 6% to 4% in September 2012. As a result, deposits at the central bank dropped 25.4% to Dh19bn (€1.7bn) by 2012 year-end, freeing up an estimated Dh7bn (€630m). Bank Al Maghrib also added certificates of deposits to the list of securities that could be accepted as a guarantee for central bank advances.

Continued internationalisation of the banking sector is promising, but a sustainable improvement in bank liquidity levels is reliant on an uptick in economic growth, expanded export volumes, and rebuilding of fiscal and external buffers. Morocco continues to face a challenging external environment, but the IMF predicts that GDP growth will climb to 4.5% in 2013 from 3% in 2012.

Despite the tightened economic context, sector indicators have remained strong. The central bank increased monitoring in 2012 to ensure that lenders maintained adequate liquidity and reserve levels, and is continuing to introduce reforms in preparation for Basel III requirements. In June 2013 Bank Al Maghrib raised the minimum ratio of Tier 1 capital to 9% and the capital adequacy ratio to 12%, both of which have already been attained on the domestic market; as of July, the Tier 1 ratio was 10.2% and the capital adequacy was 12.9%. These measures, combined with increased monitoring and eased monetary policies, have helped to ensure a solid base for Morocco’s financial sector, despite its shaky surroundings.

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