Réforme de l’enseignement professionnel au Gabon

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Les autorités nationales ont annoncé au cours des derniers mois toute une série de partenariats qui promettent d’étendre l’offre de programmes de formation professionnelle au Gabon et de renforcer l’enseignement supérieur tandis que la négociation collective menée par le syndicat des enseignants s’éternise.

Le renforcement du système éducatif est de toute première importance pour le gouvernement qui cherche à soutenir des industries naissantes et à atteindre ses objectifs de croissance du PIB – deux éléments clés de la stratégie du Gabon Émergent qui vise une plus grande diversification d’une économie reposant sur les richesses pétrolières et un développement des activités à valeur ajoutée.  La stratégie est axée sur trois piliers clés – l’environnement, l’industrie et les services- et poursuit un triple objectif : stimuler la création d’emplois, augmenter les recettes d’exportation et réduire la vulnérabilité face à la volatilité des prix des matières premières.

Toutefois, doter le Gabon d’une quantité suffisante de main d’œuvre qualifiée constitue un défi pour ce pays de 1,5 million d’habitants, qui est, ceci dit, loin d’être un cas isolé. La 17ème édition de l’étude mondiale de PwC sur les priorités des chefs d’entreprises, parue en 2014, a montré que pour 91% des chefs d’entreprises africains le manque de compétences clés représentait un problème sérieux à l’échelle du continent : il est donc décisif pour la future croissance économique de déployer des efforts pour identifier les besoins économiques à venir et d’aligner l’enseignement supérieur sur les demandes du marché du travail.

Renforcer les secteurs prioritaires

Parmi les priorités définies pour l’amélioration des taux d’emploi et le développement des capacités du secteur éducatif on peut citer le lancement de nouveaux programmes de formation technique et professionnelle qui permettront de garantir que les diplômés gabonais disposent des compétences professionnelles nécessaires pour asseoir les piliers du Gabon Émergent. En septembre, la responsable pays de la Banque Mondiale pour le Gabon et la Guinée Équatoriale, Zouera Youssoufou, a conclu un accord avec le Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, portant sur la construction de deux instituts de formation professionnelle. L’un d’entre eux sera axé sur les NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication) tandis que l’autre sera spécialisé dans le BTP (bâtiment et travaux publics) – deux secteurs cruciaux pour l’économie croissante du Gabon.

Le centre de formation dédié aux NTIC s’installera dans la ville d’Akanda, au nord de Libreville ; quant à l’institut de BTP, il s’implantera dans la Zone Économique Spéciale de Nkok, située à 27 km au nord-est de la capitale. Les écoles dispenseront des formations correspondant à la demande des entreprises et des secteurs et proposeront des programmes d’apprentissage et des stages d’insertion en entreprise ainsi qu’un accompagnement des jeunes entrepreneurs désireux de lancer leur propre micro-projet.

Les communiqués de presse indiquent que la Banque Mondiale apportera une assistance financière et technique qui prendra la forme d’une  fourniture d’équipements, de la formation des formateurs, d’une mise à niveau des curricula et de la mise en place d’un modèle de gestion en lien direct avec le secteur privé. Dans les mois à venir, des études devraient être menées par des fonctionnaires du ministère afin d’exploiter au mieux l’aide apportée par la Banque Mondiale.

Le Gabon est à l’œuvre pour développer des instituts de formation spécialisée dans plusieurs secteurs clés, comme par exemple l’Institut du Pétrole et du Gaz (IPG) à Port-Gentil, qui a ouvert ses portes cette année, ainsi que l’École des Mines et de la Métallurgie de Moanda, dont l’inauguration est prévue pour 2015. L’Agence Nationale des Bourses a été réorganisée l’an dernier pour accorder la priorité aux secteurs clés comme l’ingénierie, la protection de l’environnement et les ressources naturelles et à toute une palette de diplômes techniques spécialisés.

Partenariats internationaux

L’enseignement supérieur traditionnel a fait l’objet d’une coopération accrue et d’investissements en hausse, en particulier de la part d’autres pays en développement. Six accords de coopération ont été signés entre des représentants gabonais et tunisiens au début du mois de septembre, à l’occasion d’un sommet bilatéral, dont deux ayant trait au secteur de l’éducation. Les fonctionnaires tunisiens ont accepté de travailler en collaboration avec leurs homologues gabonais afin d’améliorer le recrutement des enseignants et les mécanismes de formation et d’étudier les possibilités de coopération en matière de programmes d’enseignement professionnel.

Ces dernières années, le Gabon a signé des accords comparables avec le Maroc avec pour objectif d’accroître la coopération entre les deux pays. Lors d’un sommet conjoint qui s’est tenu fin septembre, les discussions ont porté sur les stratégies à adopter pour développer l’accès à la formation et réduire le chômage des jeunes, estimé à plus de 30% des moins de 24 ans au Gabon.

Simon Ntoutoume Emane, le Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, a rencontré début octobre à Paris son homologue français, François Rebsamen. La France a accepté d’envoyer une équipe de consultants spécialisés au Gabon dans les mois prochains : ces derniers se pencheront sur des initiatives destinées à l’amélioration de l’Office National de l’Emploi et à la réforme du secteur de la formation professionnelle.

Le programme de développement économique du gouvernement est centré sur les industries locales à valeur ajoutée, sur les services et les innovations en matière de TIC – des secteurs qui nécessitent tous une main d’œuvre bien plus importante, plus variée et plus qualifiée. Cet état de fait illustre bien le besoin d’améliorer la formation professionnelle, condition préalable nécessaire  si le Gabon veut disposer d’une réserve suffisante de diplômés qualifiés pour stimuler la croissance économique.

Dépenses en hausse

En 2013, le Gabon a revu son budget d’investissement à la hausse dans le cadre de son grand projet de réforme des infrastructures publiques. L’investissement envisagé à destination de l’éducation a ainsi enregistré une hausse de 53% en glissement annuel, passant à 138 millions d’euros.

Mais une série de grèves des étudiants et des enseignants en 2013 et 2014 a perturbé l’éducation nationale dans son ensemble, du primaire au supérieur, soulignant encore davantage le rôle que peuvent jouer les instituts de formation privés et professionnels. Le syndicat des enseignants du primaire a décrété une grève illimitée le 1er octobre pour tenter de nouveau de faire entendre ses revendications de longue date, à savoir la construction de nouvelles salles de classe, le versement d’une prime d’incitation à la fonction d’enseignant et l’amélioration d’autres conditions de travail et de rémunération.

 

Overhauling professional education in Gabon

En Français

The national authorities have announced a series of partnerships in recent months that promise to expand Gabon’s professional training programmes and strengthen its higher education system, amid protracted labour negotiations with the teacher’s union.

Strengthening the education system will be crucial if the government hopes to support nascent industries and meet its GDP growth targets – both key elements of the Gabon Emergent strategy that seeks to increase diversification and value addition in the oil-rich economy. The strategy focuses capital on three key pillars – the environment, industry and services – in a bid to stimulate job creation, increase export revenues and reduce exposure to commodity volatility.

However, ensuring an adequate supply of skilled labour is a challenge for the 1.5m-person country, although it is hardly unique to Gabon. With 91% of African CEOs citing a lack of key skills as a serious concern across the continent, according to the results of the “17th Annual Global CEO Survey” conducted by PwC in 2014, efforts to identify future economic needs and bring tertiary education in line with the demands of the job market are vital for economic growth.

Strengthening priority sectors

Among the priorities for improving employment rates and expanding the education sector’s capacity is the rollout of new technical and vocational training programmes to ensure that local graduates are endowed with the job skills necessary for the Gabon Emergent pillars. In September, the World Bank’s representative to Gabon and Equatorial Guinea, Zouera Youssoufou, concluded an agreement with the Ministry of Labour, Employment and Professional Training to build two professional training institutes. One will focus on ICT (nouvelles technologies de l’information et de la communication, NTIC), while the other will concentrate on construction and public works (batîment et travaux publics, BTP) – two sectors that will be crucial to Gabon’s growing economy.

The NTIC facility will be based in Akanda, a town directly north of Libreville, and the BTP institute within the Nkok Special Economic Zone, located 27 km northeast of the capital. The schools will operate training courses in conjunction with companies and sectors, as well as provide apprenticeships, entrepreneurial training and support mechanisms for young entrepreneurs seeking to launch their own micro-projects.

According to press statements, the World Bank will offer financial and technical support by providing equipment, training instructors, updating curricula and developing a governance model to directly link institutes with the private sector. In the coming months, ministry officials plan to carry out studies to take advantage of World Bank support.

Gabon has been working to develop advanced training institutes in several key sectors, including the Oil and Gas Institute in Port-Gentil, which was launched this year, and the Moanda School of Mines and Metallurgy, slated to open in 2015. The National Scholarships Agency was reorganised last year to prioritise scholarships in key sectors, including engineering, environmental protection and natural resources, and a variety of advanced technical degrees.

International partnerships

Traditional tertiary education has been the subject of increased cooperation and investment, particularly with other developing economies. In early September, Gabonese and Tunisian representatives signed six accords at a bilateral cooperation summit, two of which were focused on education. Tunisian officials agreed to work with their Gabonese counterparts to improve teacher recruitment and training mechanisms and to explore cooperation on professional education programmes.

Gabon has signed similar accords with Morocco to increase cooperation between the two countries in recent years. A joint summit in late September focused on efforts to expand training opportunities and reduce youth unemployment, estimated at more than 30% for those under the age of 24 in Gabon.

Simon Ntoutoume Emane, the minister of labour, employment and professional training, met with his French counterpart, François Rebsamen, in Paris in early October. France agreed to send a team of specialist consultants to Gabon in the coming months to work on initiatives aimed at improving the function of the National Employment Office and reforming the professional training sector.

The government’s economic development plan focuses on local value-added industries, services and ICT developments – all of which require a much larger, more diversified and higher skilled workforce. This highlights the need for better professional training, a necessary precondition to ensuring that Gabon has a sufficient supply of qualified, skilled graduates to drive economic growth.

Increased spending

In 2013 Gabon increased its investment budget as part of its plan to overhaul public infrastructure across the board. Proposed investment in education was thus increased by 53% year-on-year to €138m.

But a series of student and teacher strikes in 2013 and 2014 have disrupted public education, from the primary to the tertiary level, which has put even greater emphasis on professional and private training institutes. The primary teachers’ union launched an indefinite strike on October 1 to repeat its long-held demands, which are focused on the construction of new classrooms, implementation of teacher performance incentives, and the improvement of other working and wage conditions.

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