Nouvelles stratégies en Tunisie pour améliorer l’inclusion financière et développer l’accès au crédit

In English

La Tunisie vient de se voir accorder un nouveau prêt destiné à moderniser son secteur financier, à doper l’investissement et à accroître l’inclusion financière.

Mi-juin, le gouvernement tunisien a signé avec la Banque Africaine de Développement un accord de financement de 120 millions d’euros (134,6 millions de dollars) afin de mettre en œuvre la deuxième phase du Programme d’Appui à la Modernisation du Secteur Financier (PAMSFI II).

S’inscrivant dans le prolongement de la première phase du programme, qui avait bénéficié d’un budget de 213 millions d’euros (238,9 millions de dollars) et s’était déroulée de 2016 à 2017, le programme comporte notamment les objectifs suivants : améliorer l’inclusion financière afin de réduire les disparités sociales, territoriales, régionales et de genre ; renforcer le secteur du microcrédit ; et améliorer l’accès au financement pour les petites et moyennes entreprises (PME).

Le programme entend également soutenir la croissance économique en renforçant la résilience du secteur financier et des marchés des capitaux grâce à une meilleure gestion de la dette publique. Il met à contribution une large gamme de produits financiers et prône l’adoption des normes internationales afin de lutter contre les financements illégaux.

Vers davantage d’inclusion financière

Ces réformes visent à remédier à des difficultés bien ancrées associées à l’inclusion financière et aux liquidités.

Le secteur bancaire a enregistré récemment une croissance positive. Selon les chiffres publiés par la Banque Centrale de Tunisie (BCT) dans son rapport annuel 2018, le revenu net du secteur atteignait l’an dernier 4,8 milliards de dinars (1,7 milliard de dollars), soit une hausse de 16,8%, dans la lignée de la croissance de 18,4% affichée en 2017.

Toutefois, malgré la hausse du revenu bancaire, la Tunisie continue de se heurter à de faibles niveaux d’activité bancaire, selon une enquête nationale sur l’inclusion financière en Tunisie réalisée par le Ministère des Finances, dont les résultats ont été annoncés en décembre 2018.

L’enquête a montré que si 61% des adultes sont titulaires d’un compte auprès d’une institution financière en Tunisie, seuls 9% d’entre eux étaient considérés comme des clients actifs, effectuant au moins trois transactions mensuelles.

Ces chiffres soulignent l’importance d’améliorer l’accès aux services financiers pour les groupes démographiques sous-représentés.

Microfinance et accès au crédit

Les réformes devraient également permettre de faciliter l’accès au crédit, autre défi de taille auquel sont confrontées les entreprises locales.

Dans le baromètre des affaires réalisé auprès de chefs d’entreprises africains et intitulé Business Barometer : OBG in Africa CEO Survey, publié l’an dernier au mois d’avril, seuls 38% des dirigeants d’entreprise ont qualifié l’accès au crédit de facile ou très facile.

Ce chiffre est encore plus bas dans le dernier baromètre des affaires en Tunisie publié par OBG, OBG Business Barometer :Tunisia CEO Survey, avec 19% de réponses dans ce sens.

Les dispositions prises en matière de microfinance dans le cadre du PAMSFI devraient améliorer la situation, en particulier pour les PME tunisiennes, qui ne sont que 15% à avoir accès à des prêts bancaires, selon la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement.

Au mois de mars de cette année, le segment de la microfinance comptait en Tunisie 599 000 clients, avec des prêts atteignant un total de 1,1 milliard de dinars (382.1 millions de dollars), selon l’Autorité de Contrôle de la Microfinance de Tunisie (ACM).

Si ces chiffres représentent une solide croissance de 25,9% en glissement annuel, les acteurs du secteur assurent qu’un renforcement de la règlementation du secteur entraînerait encore davantage de croissance.

Etant donné que les PME représentent environ 90% des entreprises en Tunisie et fournissent 56% de tous les emplois du secteur privé, une hausse des crédits pourrait faire l’effet d’un coup de fouet considérable pour l’ensemble de l’économie du pays.

Le développement technologique constitue un autre facteur facilitant l’expansion de la microfinance. De nombreuses institutions financières développent actuellement leurs produits de technologie financière afin d’élargir la clientèle du système financier formel.

« Le développement des TIC contribue à accroître le portée des produits de microfinance dans les zones rurales, » a déclaré à OBG Brieuc Cardon, directeur général de l’institution de microfinance Advans Tunisie. « Il ne faut toutefois pas sous-estimer l’importance de l’accompagnement des clients et de la nécessité de leur inculquer des connaissances en matière de gestion financière. La présence physique des organisations de microfinance revêt donc également une grande importance. »

Retrait de la liste noire de l’UE

Parallèlement à ces réformes, les efforts déployés en ce moment afin d’adopter les normes internationales bancaires et de lutter contre les pratiques financières illégales devraient aider le pays à sortir de la liste noire de l’UE des pays susceptibles d’être exposés au blanchiment d’argent.

La Tunisie a été inscrite à la liste noire l’année dernière au mois de février, étant jugée susceptible d’être exposée au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme.

En juin, le gouverneur de la BCT Marouane Abassi a annoncé qu’il espérait le retrait de la Tunisie de la liste noire en octobre, le pays ayant satisfait aux 29 recommandations du Groupe d’Action Financière.

Depuis son inscription sur la liste, la Tunisie a gelé les comptes de 22 individus et associations impliqués dans des transactions financières suspectes d’un montant total de 350 millions de dinars (121,6 millions de dollars).

 

 

Tunisia’s plan to improve financial inclusion and boost access to credit

En Français

A new loan is set to help Tunisia further modernise its financial sector, boosting funding for the economy and expanding financial inclusion.

In mid-June the government and the African Development Bank signed a €120m ($134.6m) deal to help carry out the second phase of the Financial Sector Modernisation Support Programme (PAMSFI II).

Building on the €213m ($238.9m) first phase, which was implemented from 2016 to 2017, the programme’s aims include improving financial inclusion across social, territorial, regional and gender disparities; strengthening microcredit; and improving access to funding for small and medium-sized enterprises (SMEs).

The plan also looks to support economic growth by strengthening the resilience of the financial sector and capital markets through improved public debt management. It offers a diversified supply of financial products and employs international standards to fight illegal financing.

See also: The Report – Tunisia 2018

Efforts to boost financial inclusion

These reforms will address longstanding challenges associated with financial inclusion and liquidity.

The banking sector has recently recorded positive growth figures. According to the 2018 annual report from the Banque Centrale de Tunisie (BCT), last year the sector’s net income rose by 16.8% to reach TD4.8bn ($1.7bn), building on growth of 18.4% in 2017.

Despite this rise in banking income, Tunisia continues to experience low levels of financial engagement, according to a national survey on financial inclusion carried out by the Ministry of Finance, the results of which were announced in December last year.

The survey found that while 61% of adults hold an account with a formal financial institution, only 9% were considered active clients, making a minimum of three monthly transactions.

This figure underlines the importance of expanding financial access among under-represented demographic groups.

Microfinance and access to credit

The reforms should also boost access to credit, another significant challenge for local businesses.

In the Business Barometer: OBG in Africa CEO Survey, released in April of last year, only 38% of Tunisian C-suite executives responded that access to credit was either easy or very easy.

This figure is lower still in the most recent OBG Business Barometer: Tunisia CEO Survey, at 19%.

The provision of microfinance under PAMSFI II should improve this situation, particularly for the country’s SMEs, of which only 15% have access to bank loans, according to the European Bank for Reconstruction and Development.

As of March this year, Tunisia’s microfinance segment consisted of 599,000 clients, with loans totalling TD1.1bn ($382.1m), according to the Microfinance Supervisory Authority, the industry regulator.

While this represents solid year-on-year growth of 25.9%, industry figures say greater regulation would lead to even further expansion.

Given that SMEs account for around 90% of all companies in Tunisia and provide 56% of all private sector jobs, a successful expansion of credit could translate into a significant economic boost for the broader economy.

Another factor facilitating the expansion of microfinance is technological development. A number of financial institutions are expanding their financial technology products in order to bring more people into the formal financial system.

“ICT development helps to increase the reach of microfinance products in rural areas,” Brieuc Cardon, CEO of microfinance firm Advans Tunisia, told OBG. “However, it should not be underestimated how important it is to accompany clients and educate them in financial management. The physical presence of microfinance organisations is therefore also important.”

Removal from EU blacklist

Alongside these reforms, ongoing efforts to adopt international banking standards and combat illegal financial practices are expected to help get the country off the EU’s money laundering blacklist.

Tunisia was added to the blacklist in February last year amid concerns over its frameworks for preventing money laundering and the financing of terrorism.

In June Marouane Abassi, governor of the BCT, announced that, after complying with all 29 recommendations from the Financial Action Task Force, he expected the country to be removed from the list in October.

Since being placed on the blacklist, Tunisia has frozen the accounts of 22 individuals and associations involved in suspicious financial transactions worth TD350m ($121.6m).

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