In English
Dans un contexte où la récession économique mondiale continue de peser sur les échanges commerciaux avec la zone euro, premier partenaire commercial du pays, des accords signés en mars dernier entre le Maroc d'une part, et le Sénégal, la Côte d'Ivoire et le Gabon d'autre part, contribueront à renforcer les liens économiques du royaume avec l'Afrique occidentale et centrale.
Afin de réduire le déficit de sa balance commerciale et soutenir sa croissance économique, qui est passée de 4,9 % en 2011 à 2,9 % en 2012, le Maroc cherche à développer ses échanges commerciaux et à renforcer ses relations sur le continent africain. Bien que près de 500 accords aient été conclus avec plus de 40 pays dans plusieurs secteurs économiques au cours des dix dernières années, les échanges avec les pays africains ne représentent qu'environ 5 % du commerce extérieur du pays.
Le Maroc essaie de remédier à ce phénomène depuis plusieurs années déjà. Cependant, et suite aux visites officielles du roi Mohammed VI au Sénégal, en Côte d'Ivoire et au Gabon en mars 2013, les affaires entre le royaume et le reste du continent prennent de l’essor. En effet, les acquisitions et investissements en capital des sociétés marocaines en Afrique de l'ouest sont déjà conséquents, notamment dans les secteurs de la banque, des télécommunications et des assurances. Ces initiatives s'inscrivent dans une démarche plus large initiée au début des années 2000 et visant à développer la coopération régionale. Au cours du Sommet Afrique-Europe en l'an 2000, par exemple, le Maroc a annulé l'intégralité de la dette des pays moins avancés d'Afrique et a levé les droits de douane sur les produits exportés vers le marché marocain.
Suite à cela, les échanges entre le Maroc et les pays d'Afrique subsaharienne ont enregistré une hausse de 300 % entre 2000 et 2010, et sont passés de 3,6 milliards de dirhams (322,27 millions d'euros) à 11,7 milliards de dirhams (1,05 milliards d'euros). Les importations provenant de la zone subsaharienne sont passées de 2,1 milliards de dirhams (187,99 millions d'euros) à 4,5 milliards de dirhams (402,84 millions d'euros), tandis que les exportations sont passées de 2,1 milliards de dirhams (187,99 millions d'euros) à 7,2 milliards de dirhams (644,55 millions d'euros). Les principaux pays d'Afrique subsaharienne destinataires des exportations provenant du Maroc sont le Sénégal, la Côte d'Ivoire, la Guinée Équatoriale et le Nigéria, qui à eux quatre absorbent environ 41 % des exportations marocaines vers cette zone. En 2010, les exportations de produits alimentaires ont représenté 37 % des échanges avec l'Afrique subsaharienne, suivies par les machines et le matériel de transport (21 %) et les produits chimiques (20 %).
En dépit de ces avancées, les échanges avec l'Afrique subsaharienne restent faibles, et représentent seulement 2,6 % du total des échanges commerciaux du Maroc. Cette situation pourrait toutefois être amenée à changer, une fois que les accords bilatéraux signés récemment entre le Maroc, et le Sénégal, la Côte d'Ivoire et le Gabon seront mis en application.
À la mi-mars, le Maroc a signé deux accords bilatéraux avec le Sénégal. Le premier a pour objet d'améliorer les réseaux de transport routier pour les marchandises et les passagers. Le second accord vise à développer la coopération dans les secteurs de l'énergie, des mines, de l'électricité et des énergies renouvelables. Ces accords devraient contribuer à accroître les échanges entre les deux pays, qui ont déjà augmenté de 214 % entre 2000 et 2010, passant de 9,7 milliards de francs CFA (14,79 millions d'euros) à 30,5 milliards de francs CFA (46,49 millions d'euros).
Au cours du mois de mars, le Maroc a également signé six accords de coopération avec la Côte d'Ivoire dans différents secteurs, dont la pêche et l'aquaculture, l'aviation et la formation professionnelle dans le domaine du tourisme. Ces accords ont été suivis de six autres avec le Gabon dans les secteurs de l'agriculture, la pêche, la santé, et les technologies de l'information et de la communication.
Les entreprises marocaines ont déjà enregistré un certain nombre de succès au Gabon, en particulier avec le lancement de Attijariwafa Bank et de Maroc Telecom, qui détient 51 % de Gabon Telecom. Les exportations du Maroc vers le Gabon ont également augmenté de 7,99 % en moyenne annuelle entre 2008 et 2011. Les entreprises marocaines sont également nombreuses au Sénégal, notamment dans le secteur bancaire. Par exemple, Attijariwafa a pris une part majoritaire dans la Banque sénégalo-tunisienne en 2007, puis dans la Compagnie bancaire de l'Afrique occidentale en 2008. Les exportations du Maroc vers le Sénégal ont augmenté de 6,22 % en moyenne annuelle entre 2008 et 2011.
Quant à la Côte d’Ivoire, les entreprises marocaines s’intéressent de plus en plus au secteur immobilier, et un premier accord a été signé en novembre 2012 pour que l'entreprise marocaine Groupe Addoha participe à la construction de 2 600 logements. Un deuxième accord a été signé en décembre 2012 avec la société marocaine Alliances Développement Immobilier (ADI) pour construire 7 000 maisons à Abidjan et ses environs.
En développant les échanges commerciaux avec d'autres pays du continent africain, le Maroc peut espérer atténuer les conséquences du ralentissement économique en Europe sur son économie. En effet, le pays a pâti d'une baisse des échanges avec la zone euro, qui est son principal partenaire économique. Le déficit commercial a atteint des records en 2012, avec 197,2 milliards de dirhams, soit 17,65 milliards d'euros, et les factures des importations, creusées par le coût de l'énergie et des produits alimentaires, ont augmenté de 6,3 % en année glissante pour s'établir à 381,7 milliards de dirhams, soit 34,17 milliards d'euros. Bien que les exportations aient augmenté de 4,7 % en année glissante à 183,2 milliards de dirhams (16,4 milliards d'euros), ce chiffre est considérablement inférieur à celui de l'année précédente, où la croissance avait grimpé de 16,3 % en année glissante.
Compte tenu de l'ambition affichée par le Maroc de devenir la porte d’entrée en Afrique, une coopération Sud-Sud accrue devrait contribuer à renforcer sa présence à travers le continent et à soutenir sa croissance économique. Le très attendu accord de libre-échange avec l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), qui a été signé en 2002 mais n'est pas encore entré en application, devrait aussi jouer un rôle majeur dans l'accroissement des échanges commerciaux et le développement humain.
Morocco: Boosting South-South cooperation
En Français
Several agreements signed in March between Morocco and Senegal, Côte d'Ivoire and Gabon are helping to consolidate the kingdom’s economic ties with West and Central Africa as the global slowdown continues to weigh on trade with the eurozone, the country’s primary trading and investment partner.
In a bid to reduce its trade deficit and fuel economic expansion – which eased to 2.9% in 2012, down from 4.9% in 2011 – Morocco is looking to boost trade beyond its traditional markets and strengthen relations on the African continent. While the past decade has seen some 500 agreements signed in a variety of sectors with more than 40 nations, business with other African nations still only accounts for around 5% of the country’s foreign trade.
Morocco has been looking to change this for several years now, but momentum is beginning to increase, particularly in the wake of King Mohammed VI’s official visits to Senegal, Côte d'Ivoire and Gabon in March 2013. Indeed, capital investment and acquisitions by Moroccan firms in West Africa have already been significant, particularly in the banking, telecoms and insurance sectors. This is part of a broader attempt to boost cooperation in the region, an effort that has been under way since the early 2000s. During the Africa-Europe Summit in 2000, for example, Morocco cancelled all debt owed to it by Africa’s least-developed countries and removed Customs duties on their exported products to the Moroccan market.
As a result, trade between Morocco and sub-Saharan African countries increased by 300% from 2000 to 2010, rising from Dh3.6bn (€322.27m) to Dh11.7bn (€1.05bn). Imports from the region rose from Dh2.1bn (€187.99m) to Dh4.5bn (€402.84m), while exports increased from Dh2.1bn (€187.99m) to Dh7.2bn (€644.55m). Morocco’s main regional export markets are Senegal, Côte d'Ivoire, Equatorial Guinea and Nigeria, which together absorb about 41% of Moroccan exports to the region. In 2010 food exports accounted for some 37% of total trade with the region, followed by transport machinery and equipment (21%) and chemicals (20%). Despite this progress, trade with sub-Saharan African countries remains low, accounting for just 2.6% of Morocco’s total commercial exchanges. This could set to change, however, after recently signed bilateral agreements that Morocco has entered with Senegal, Côte d'Ivoire and Gabon take effect.
In mid-March Morocco signed two bilateral agreements with Senegal, the first of which focuses on enhancing connectivity for the transport of goods and people by road. The second agreement aims to increase cooperation in the energy, mining, electricity and renewable energy sectors. These accords should serve to contribute toward trade flow between the countries, which grew by 214% between 2000 and 2010, rising from about CFA9.7bn (€14.79m) to CFA30.5bn (€46.49m).
In the same month Morocco also entered six cooperation agreements with Côte d'Ivoire in different sectors, including fisheries and aquaculture, aviation and professional training in tourism. These agreements were followed by six more with Gabon in the agriculture, fisheries, health, and information and communications technology sectors.
Moroccan firms have already had a number of successes in Gabon, particularly with the introduction of Attijariwafa Bank and Maroc Telecom, which holds a 51% stake in Gabon Telecom. Meanwhile, exports from Morocco to Gabon have grown by an annual average of 7.99% between 2008 and 2011.
Senegal is also familiar with a number of Moroccan firms, notably in the banking sector. In 2007, for instance, Attijariwafa acquired a majority stake in Banque Sénégalo-Tunisienne and did the same in the Compagnie Bancaire de l'Afrique Occidentale in 2008. Exports from Morocco to Senegal grew by an annual average of 6.22% between 2008 and 2011.
More recently Moroccan firms have taken increased interest in the real estate sector in Côte d'Ivoire, with the first agreement signed in November 2012 with Moroccan firm Groupe Addoha to take part in the construction of some 2600 social housing units. A second agreement was concluded in December 2012 with Moroccan Alliances Développement Immobilier (ADI) to build 7000 homes in Abidjan and its surroundings.
Being able to increase trade with other countries on the continent would ease the effects of the slowdown in Europe. Morocco has seen a slowdown in trade with the eurozone, the country’s primary trade partner. The trade deficit hit record heights in 2012, reaching Dh197.2bn (€17.65bn), and the country’s import bill, exacerbated by a rise in energy and food costs, increased by 6.3% year-on-year (y-o-y) to reach Dh381.7bn (€34.17bn). While exports rose 4.7% y-o-y to Dh183.2bn (€16.4bn), this figure was considerably lower compared to the previous year, when growth increased 16.3% y-o-y.
Given Morocco’s ambition to become a gateway to Africa, enhanced South-South cooperation should contribute toward consolidating its presence throughout the continent and ensuring sustainable economic growth. The hotly anticipated free trade agreement with the West African Monetary Union – first signed in 2002 but not yet enacted – is also expected to play a major role in boosting trade flows and contributing toward human development.