Maroc : La finance islamique fait son entrée

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Si une demande en baisse en provenance d’Europe et une production agricole inférieure à la moyenne ont entraîné un ralentissement de la croissance du PIB en 2012, les banques marocaines continuent d’afficher une solide croissance, annonçant une poursuite de cette tendance pour 2013. L’arrivée prévue pour cette année de la première banque islamique du Maroc devrait également présenter des opportunités pour les banques étrangères.

Le bénéfice net cumulé des banques est passé de 9,72 milliards de dirhams (871,19 millions d’euros) en 2010 à un niveau record de 10,1 milliards de dirhams (905,26 millions d’euros) à la fin 2011. Selon les derniers chiffres publiés par la banque centrale Bank Al Maghrib, le bénéfice total atteignait 6 milliards de dirhams (537,78 millions d’euros) en juin 2012. Un chiffre qui représente une hausse de 3,8% par rapport aux 5,7 milliards de dirhams (510,89 millions d’euros) enregistrés sur la même période en 2011 et qui laisse penser que le secteur finira l’année sur une solide performance.

Et pourtant, les bénéfices bancaires se sont avérés plus bas que prévus en 2012 en raison d’une série d’éléments non-récurrents. En plus des efforts fournis par les banques en vue de la protection contre les risques existants, l’Etat a imposé un certain nombre de conditions dans l’objectif d’assurer la stabilité du secteur et de l’économie en général. Par exemple, en 2012, l’Etat a imposé aux banques de contribuer à un fonds de solidarité dont le but est de réduire la pauvreté. De plus, une augmentation des salaires des employés du secteur bancaire, à hauteur de 2,1 milliards de dirhams (188,22 millions d’euros) a été réalisée, venant s’ajouter aux nombreuses actions sociales entreprises depuis 2011.

Attijariwafa Bank, le premier organisme prêteur du Maroc en termes de parts de marché, a enregistré en 2012 une hausse de 1% de son résultat net part du groupe, qui s’établissait à 4,5 milliards de dirhams (403,33 millions d’euros) après avoir contribué à hauteur d’environ 220 millions de dirhams (19,72 millions d’euros) à de telles mesures collectives. La banque, qui a développé ses activités dans plusieurs pays de la région, a également rapporté environ 118 millions de dirhams (10,58 millions d’euros) d’impact positif non récurrent sur ses résultats annuels lié aux mesures de protection contre l’instabilité en Tunisie et en Côte d’Ivoire.

Au-delà de l’impact de ces mesures exceptionnelles, les indicateurs sectoriels attestent dans leur ensemble de la bonne santé du secteur bancaire en 2012. Le total des actifs bancaires a décollé, passant de 886 milliards de dirhams (79,41 milliards d’euros) à la fin 2010 à 1030 milliards de dirhams (92,32 milliards d’euros) en juin 2012 ; les trois principales banques détiennent toujours environ 65,6% du total des actifs. Le volume des dépôts a également évolué à la hausse, passant de 648 milliards de dirhams (58,08 milliards d’euros) en 2010 à 676 milliards de dirhams (60,59 milliards d’euros) en juin 2012. Enfin, sur l’ensemble du secteur, le ratio de prêts non productifs tourne autour des 5% depuis 2010, avec un taux de couverture situé autour de 67%, ce qui constitue une base solide pour la croissance.

Le secteur bancaire devrait poursuivre son expansion en 2013, à l’heure où le gouvernement prépare le lancement officiel des produits de la finance islamique. Les banques conventionnelles ont obtenu en 2010 l’autorisation de proposer des produits conformes aux principes de la charia. Cette première entrée sur le marché n’a cependant rencontré qu’un succès limité dans la mesure où ces services étaient proposés à des « guichets » islamiques dans des banques déjà établies ; à l’intérieur du cadre réglementaire conventionnel, ces produits faisaient l’objet de frais plus élevés et étaient par conséquent moins compétitifs.

Étant donné que le système bancaire islamique nécessite des structures de contrat et une gestion de fonds différentes de celles des produits traditionnels, les avis s’accordaient pour dire qu’un cadre réglementaire séparé était nécessaire pour permettre au secteur de se développer. En 2012, les législateurs ont présenté un projet de loi qui guidera l’introduction officielle des produits bancaires islamiques sur le marché. La loi n’a toujours pas été adoptée par le parlement, alors qu’elle aurait initialement dû l’être fin 2012.

La lenteur du processus d’adoption de la loi s’explique en partie par l’analyse sectorielle à laquelle les législateurs ont dû procéder pour déterminer quelle est la stratégie la plus efficace pour introduire d’autres produits tout en maintenant la concurrence. Le projet de loi permettra une introduction progressive des banques islamiques afin d’éviter qu’elles inondent le marché, où sont déjà actifs 19 organismes de prêt conventionnels.

Le lancement officiel d’un segment de services financiers islamiques devrait aider une économie marocaine à court de liquidités à puiser dans les ressources d’une finance islamique en pleine expansion. Le gouvernement a annoncé que plusieurs organismes de prêt étrangers envisageaient de pénétrer ce marché à fort potentiel. Si le Maroc compte procéder lentement et prévoit l’introduction d’une seule banque islamique d’ici fin 2013, les partenaires étrangers devraient jouer un rôle important dans cette démarche. D’après des déclarations des autorités marocaines datant de 2012, il est probable que le premier organisme de prêt islamique soit structuré de telle sorte que les banques marocaines puissent détenir au moins 51% du capital, et les institutions étrangères jusqu’à 49%.

La solide performance du secteur bancaire en 2012 et les projets de développement d’un nouveau segment de marché courant 2013 devraient aider le Maroc à concrétiser son objectif de faire de Casablanca un centre financier régional. À l’heure où d’autres marchés régionaux, comme la Tunisie ou l’Égypte, éprouvent bien des difficultés à retrouver une stabilité politique et économique, Casablanca a conservé un environnement financier et un climat d’investissement relativement stables. Au vu des efforts déployés pour ouvrir le marché à la finance islamique et des mesures prises pour attirer les investissements directs étrangers, comme la création de Casablanca Financial City, le développement du secteur des services financiers au Maroc semble bien parti.

 

Morocco: Opening the door to Islamic finance

En Français

Although GDP growth slowed in 2012 on the back of reduced demand from Europe and lower-than-average agricultural output, Moroccan banks continued their solid growth trend, paving the way for further expansion in 2013. The introduction of the country’s first Islamic bank, slated for this year, should also provide opportunities for foreign banks.

Combined banking profit grew from Dh9.72bn (€871.19m) in 2010 to Dh10.1bn (€905.26m) at the end of 2011, a record high. According to the most recent figures from Bank Al Maghrib, the central bank, total profits had reached Dh6bn (€537.78m) as of June 2012. This represents a 3.8% increase from Dh5.7bn (€510.89m) over the same period in 2011, indicating the sector would see a strong finish to the year.

And yet, bank profits were somewhat lower than expected in 2012 due to a series of one-off items. In addition to banks’ efforts to protect against existing risk, the government imposed several conditions meant to provide stability to the sector and the economy overall. For example, in 2012 the state required banks to contribute to a solidarity fund meant to reduce poverty. Furthermore, a sector-wide Dh2.1bn (€188.22m) increase in salaries for bank employees was enacted as part of a number of social initiatives undertaken since 2011.

In the case of Attijariwafa Bank, Morocco’s largest lender by market share, the bank saw 1% growth in net profit in 2012 to reach Dh4.5bn ($403.33m), after contributing roughly Dh220m (€19.72m) to such collective measures. The bank, which has expanded its operations in several countries in the region, also reported it diverted an estimated Dh118m (€10.58m) of annual profits to protect against instability in Tunisia and Côte d’Ivoire.

Beyond the impact of these one-off measures, overall sector indicators attest to the health of the banking sector in 2012. Total bank assets climbed from Dh886bn (€79.41bn) at the end of 2010 to Dh1.03trn (€92.32bn) by June 2012; the top three banks continue to hold roughly 65.6% of total assets. The volume of deposits also increased from Dh648bn (€58.08bn) in 2010 to Dh676bn (€60.59bn) in June 2012. Finally, the sector-wide rate of non-performing loans has hovered at 5% since 2010, with a coverage rate of roughly 67%, which provides a solid basis for growth.

The banking sector is slated to expand further in 2013 as the government works to formally introduce Islamic financial products. Conventional banks were first authorised to offer sharia-compliant products in 2010. However, this first opening met with limited success, as these services were offered through Islamic “windows” at existing banks; within the conventional regulatory framework, these products were subject to higher fees and were therefore less competitive.

Given that Islamic banking requires different contract structures and fund management from those of conventional products, the consensus was that a separate regulatory framework was needed to allow the industry to develop. Legislators submitted a draft bill in 2012 that will guide the formal introduction of Islamic banking products onto the market. The legislation is still before parliament, although it was originally slated to be approved by the end of 2012.

Progress on the bill has been slow as legislators conduct a sector analysis to determine the most effective strategy to introduce alternative products and maintain market competition. The draft bill will allow for a gradual introduction of Islamic banks to avoid flooding the market, which already consists of 19 conventional lenders.

The formal launch of an Islamic financial services segment should help the cash-strapped Moroccan economy tap into the world’s growing pool of Islamic finance. The government has indicated that several foreign lenders have shown interest in entering this high-potential market. While Morocco plans to proceed slowly with the introduction of a single Islamic lender before the end of 2013, foreign partners stand to play an important role in this effort. According to statements made by Moroccan authorities in 2012, the first Islamic lender will likely be structured to allow local banks to hold at least a 51% stake in the capital, while up to 49% of capital may be available to foreign institutions.

The strong banking performance in 2012 and plans to develop a new market segment in 2013 should help to support Morocco’s goal of establishing Casablanca as a regional financial centre. While other regional markets in Tunisia and Egypt struggle to regain political and economic stability, Casablanca has maintained a relatively stable financial and investment environment. Efforts to open the market to Islamic finance, combined with other measures meant to attract foreign direct investment, such as the establishment of Casablanca Financial City, bode well for the development of Morocco’s financial services sector.

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