Le secteur bancaire marocain, ayant enregistré une forte hausse de ses profits en 2010 et au premier semestre 2011 et ayant, selon le FMI, vu une amélioration de ses capitaux propres et de son taux de créances non-productives, continue d’afficher une bonne croissance, se démarquant ainsi fortement de ses voisins du nord et des difficultés qu’ils rencontrent actuellement. Cela s’explique non seulement par une croissance organique, en particulier avec les envois de fonds des émigrés, mais aussi par des augmentations de capital et des fusions-acquisitions.
En juillet, le FMI constatait en conclusion de sa consultation au titre de l’article IV 2011 avec le Maroc que les capitaux du secteur bancaire dépassaient désormais 120% du PIB. Le rapport observe également que « les autorités ont pris des mesures pour encourager la bancarisation et l’épargne afin de soutenir la mobilisation des dépôts bancaires » et considère comme une réussite les efforts de renforcement des fonds propres, citant une tendance à la baisse des créances douteuses, passées de 6,1% en 2008 à 4,8% en 2010 et une hausse du ratio de solvabilité du système bancaire, s’établissant à 12,3% à la fin de l’année contre 11,8% en 2009.
A la date du 30 juin, le montant total des dépôts de la clientèle s’élevait à 628 milliards de dirhams (54,2 milliards d’euros), en hausse de 4% par rapport aux 604 milliards de dirhams ( 52,1 milliards d’euros) enregistrés un an plus tôt, tandis que le montant total des créances clients représentait 587 milliards de dirhams (50,6 milliards d’euros), en hausse de 9,5% par rapport aux 536 milliards de dirhams (46,2 milliards d’euros) relevés à la même période en 2010. Le FMI prédit une augmentation de 6,2% du crédit à l’économie, se faisant plus prudent que les autorités marocaines qui tablent sur une hausse de 6-8%.
L’augmentation des profits va de pair avec une augmentation du chiffre d’affaires. En 2010, d’après la banque centrale marocaine Bank Al Maghrib, le bénéfice net cumulé du système bancaire a enregistré une hausse de 5,5% pour un total de 9,7 milliards de dirhams (837 millions d’euros), tendance qui semble se poursuivre en 2011.
Les bénéfices nets de Attijawirafa Bank, le premier groupe financier du pays quant à sa part de marché, ses actifs et le nombre d’agences présentes sur le territoire marocain, ont progressé de 15,2% au premier semestre 2011 par rapport aux chiffres du premier semestre 2010 pour atteindre 2,24 milliards de dirhams (193 millions d’euros) avec un chiffre d’affaires en hausse de 14,8% à 7,94 milliards de dirhams (685 millions d’euros) et des prêts nets chiffrés 4,85 milliards de dirhams (418 millions d’euros) en progression de 14%.
Pour continuer à faire grimper le chiffre d’affaires et les bénéfices, les banques s’adonnent à une concurrence accrue pour attirer les Marocains résidant en Europe de l’Ouest, le secteur des transferts étant particulièrement lucratif. En juillet, Chaabi Bank, la filiale européenne du Groupe Banque Populaire marocain a ouvert sa quatrième succursale espagnole à Almeria, ville du sud du pays qui compte une population immigrée marocaine de 75000 personnes avec pour objectif principal de faciliter les envois de fonds au Maroc et l’investissement dans le pays. 10% des transferts de fonds de Marocains vivant en Europe et envoyant de l’argent à leur famille au pays proviennent d’Espagne, derrière la France qui représente 41% des envois.
Ces envois de fonds, qui constituent après le tourisme la deuxième source de devises du pays, progressent à un taux moyen de 8% par an depuis 2003, atteignant 26,7 milliards de dirhams (2,3 milliards d’euros) au premier semestre 2011, en hausse de 7,1% par rapport à la même période l’an dernier. Les dépôts détenus en banque au Maroc par des immigrants résidant en Europe s’élevaient à 127 milliards de dirhams (10,96 milliards d’euros) en 2010, soit un peu moins de 20% du montant total des dépôts bancaires du pays.
Tout en renforçant sa présence à l’étranger, le Groupe Banque Populaire a entrepris un processus de restructuration et travaille à l’augmentation de son capital. En juin, il a été annoncé que le Ministère des Finances avait l’intention de céder 20% des parts du membre du groupe Banque Centrale Populaire (BCP) aux Banques Populaires régionales, au nombre de 10, qui constituent une partie du groupe et possèdent déjà ensemble 20% (chacune ayant une part de 2%) des parts de la BCP. Le gouvernement, qui possède 40% des parts de la BCP, espérerait retirer 5,3 milliards de dirhams (457 millions d’euros) de cette vente.
D’ici la fin de l’année, le groupe espère accroitre son capital de 10% grâce à une offre publique de vente et de 5% par la vente d’actions à ses employés. Un accroissement supplémentaire du capital, de 5 à 15%, serait également envisagé au moyen d’une vente de part à une importante institution financière, marocaine ou étrangère.
L’opération de la Banque Populaire n’est pas le seul exemple. Il y a eu l’annonce fin août de l’acquisition par le conglomérat financier marocain FinanceCom des 4,65% de part que la banque espagnole Caja de Ahorros del Mediterraneo possèdait dans la banque BMCE. L’achat fait suite à un échec de l’institution financière espagnole au test de résistance de l’UE en juillet et porte à 9,23% la part de FinanceCom dans le groupe. L’entreprise détient également 16,08% des parts de BMCE à travers ses filiales RMA Watanya et SFCM.
Les fusions et acquisitions devraient permettre d’encore améliorer la croissance du secteur bancaire marocain. Au moment où la zone euro s’empêtre dans la crise de la dette, les plus grandes banques du royaume- dont beaucoup ont su, au cours des dernières années, établir une présence non négligeable à l’international- devraient poursuivre leur trajectoire encourageante cette année, en grande partie grâce à une capitalisation accrue et un secteur des envois de fonds en pleine croissance.
Morocco: Raising the stakes
Having recorded significant increases in profit in 2010 and the first half of 2011, and with the IMF recently noting improvements in core capital and the non-performing loan rate, the Moroccan banking sector continues to post healthy growth in a stark contrast to the struggles of its northern neighbours. This is due not only to organic growth, particularly in the remittances segment, but also a result of capital increases, and mergers and acquisition activity.
In July the IMF, in the concluding statement of its 2011 Article IV consultation for Morocco, noted that assets in the banking sector now exceed 120% of GDP. The report also noted that “authorities have taken steps to promote access to banking and savings services to support banks’ deposit mobilisation,” and described efforts to strengthen core capital as a success, citing a decline in the non-performing loan rate from 6.1% in 2008 to 4.8% in 2010, and an increase in the banking system’s solvency ratio from 11.8% in 2009 to 12.3% at the end of last year.
Total customer deposits stood at MD628bn (€54.2bn) on 30 June, up 4% from MD604bn (€52.1bn) a year earlier, while total loans to customers were worth MD587bn (€50.6bn), an increase of 9.5% on the MD536bn (€46.2bn) at the same time in 2010. The IMF forecast that credit to the economy will grow by 6.2% in 2011, at the conservative end of the Moroccan authorities’ predicted range of 6-8%.
Profits are increasing hand-in-hand with turnover. In 2010 aggregate net profits in the banking sector grew by 5.5% to MD9.7bn (€837m), according to Bank Al Maghrib, the country’s central bank, and 2011 is also shaping up as a profitable year. Net profits at Attijariwafa Bank, the country’s largest financial institution by market value, assets and outlets, rose 15.2% for the first six months of 2011 on the same period last year to MD2.24bn (€193m), with turnover up 14.8% to MD7.94bn (€685m) and net lending having grown to MD4.85bn (€418m), a rise of 14%.
To further boost turnover and profits, banks are increasingly competing for the lucrative business of Moroccans living in Western Europe. In July, Chaabi Bank, the European subsidiary of Morocco’s Banque Populaire Group, opened a fourth Spanish branch in the southern city of Almeria aimed at the town’s 75,000-strong Moroccan immigrant community, and in particular at helping them transfer money to Morocco and invest in the country. Spain accounts for around 10% of remittances from Moroccans living in Europe to their families back home, behind France’s 41%.
Remittances, which are the country’ s second-most important source of foreign exchange after tourism, have been increasing at an average rate of around 8% a year since 2003 and grew to MD26.7bn (€2.3bn) in the first six months of 2011, up 7.1% on the same period the previous year. Deposits held in Morocco by Europe-based immigrants stood at MD127bn (€10.96bn) in 2010, or just under 20% of total national banking deposits.
While expanding its presence abroad, the Banque Populaire Group is also undergoing a restructuring process and moving to increase its capital. In June it was reported that the Ministry of Finance intended to sell a stake of 20% in group member Banque Centrale Populaire (BCP) to the Banques Populaires Regionales, the 10 regional banks that make up part of the group and already hold a combined 20% stake (consisting of stakes of 2% each) in BCP. The government, which owns a 40% stake in BCP, reportedly hopes to raise MD5.3bn (€457m) through the sale.
The group intends to increase its capital by 10% through a public share offering and by another 5% through selling shares to its employees before the end of the year. It is also reportedly planning to increase its capital by a further 5-15% by selling a stake to a major local or foreign financial institution.
The Banque Populaire deal is not the only one on the table. In late August it was reported that local financial conglomerate FinanceCom would acquire Spanish bank Caja de Ahorros del Mediterraneo’s 4.65% stake in Morocco’s BMCE Bank. The purchase followed the Spanish institution’s failure to pass an EU stress test in July, and brings FinanceCom’s stake in the group to 9.23%. The company also has a 16.08% stake in BMCE through its subsidiaries RMA Watanya and SFCM.
The mergers and acquisitions look set to help further underwrite the growth of Morocco’s banking sector. While the eurozone struggles with the debt crisis, the kingdom’s largest banks – many of who have established a sizeable international presence in recent years – look set to continue their encouraging trajectory over the remainder of the year thanks in large part to increased capitalisation and intensifying remittance activity.