In English
Si les prix bas du pétrole ont un effet tangible sur l’économie gabonaise, le gouvernement s’attend tout de même à ce que le pays enregistre cette année une solide croissance du PIB grâce aux efforts continus de diversification des activités économiques.
Le ministère gabonais de l’économie table sur une croissance du PIB de l’ordre de 4,8% en 2015, un taux plus élevé que ses prévisions pour 2014, qui établissaient cette dernière à 4,3%.
Des estimations qui s’inscrivent par ailleurs dans un contexte de forte baisse des prix du pétrole et de stagnation de la production pétrolière à environ 240 000 barils par jour (bj) – alors qu’à la fin des années 1990 elle affichait un niveau record de 370 000 bj. Le pétrole contribue au PIB à hauteur de 43%, d’après la Banque Africaine de Développement (BAD), et le Gabon dépend traditionnellement du pétrole pour plus de la moitié de ses recettes publiques et des quatre cinquièmes de ses exportations, selon le FMI.
Afin d’atténuer l’impact d’un secteur pétrolier faiblissant, le pays s’est employé à diversifier son économie pour faire une part plus belle aux industries hors hydrocarbures tout en renforçant ses finances publiques. Ces efforts sont déployés dans le cadre d’une stratégie gouvernementale de longue durée connue sous le nom de Gabon Émergent, qui vise à insuffler de la croissance dans les secteurs de l’industrie, des services et de l’agriculture.
Selon les estimations du FMI, la croissance du PIB devrait accuser une légère baisse pour s’établir à 4,5% en 2015 et l’essentiel de la croissance du Gabon devrait provenir des activités non pétrolières. Cela impliquerait une hausse des recettes des industries minières et des industries de transformation, et une forte valeur ajoutée des secteurs de services tels que les TIC, qui devraient soutenir une croissance moyenne du PIB à hauteur de 5,7% de 2016 à 20202.
Ajustement des dépenses publiques
Les indicateurs clés sont certes encourageants, mais la baisse des prix du pétrole – qui devrait se poursuivre au moins jusqu’au début de l’année 2016 dans un contexte de production mondiale excédentaire – ne manquera pas d’avoir des conséquences considérables sur le fisc gabonais, et le gouvernement sera dans l’obligation de réduire les dépenses et investissements publics.
En février, le gouvernement a annoncé sa décision de réviser à la baisse ses objectifs de dépense pour 2015, mais aucune mesure concrète n’avait encore été annoncée mi-mars. Le budget actuel fait état de dépenses supplémentaires de 234 milliards de francs CFA (357 millions d’euros), soit une hausse de 8% par rapport aux dépenses totales prévues dans le cadre du budget révisé pour 2014 se chiffrant à 2 950 milliards de francs CFA (4,5 milliards d’euros).
Les prix plus bas du pétrole pourraient constituer une opportunité de supprimer les subventions sur les carburants, une possibilité qui a été évoquée par le gouvernement, comme on pouvait le lire dans le rapport de février du FMI.
Les dépenses courantes – parmi lesquelles les salaires du secteur public, la consommation publique, les subventions et autres prestations sociales – devaient représenter 5,1% du budget total de 2015, soit une hausse de 45% par rapport aux chiffres de 2014 qui traduit la politique du gouvernement visant à mettre en place des programmes de réduction de la pauvreté dans le cadre du Pacte Social. Ce dernier entend protéger la stabilité sociale et politique à l’approche des élections présidentielles de l’an prochain.
Les autorités ont toutefois eu bien des difficultés à contenir une série de grèves dans le secteur public au cours des six derniers mois, notamment deux grèves de grande envergure à l’initiative du syndicat national des travailleurs du pétrole et de syndicats d’enseignants, et il est peu probable qu’elles effectuent des réductions significatives au chapitre des dépenses courantes avant les élections.
Les dépenses d’investissement ont augmenté d’environ 10,5% en glissement annuel dans le budget initial pour 2015, atteignant 693,5 milliards de francs CFA (1,1 milliard d’euros). Les investissements publics dans les infrastructures, en particulier les réseaux de transport et de TIC, constituent l’un des principaux facteurs moteurs d’une croissance du PIB qui a tourné en moyenne autour des 6% au cours des cinq dernières années. Les dépenses de capital risquent toutefois d’être les plus touchées par les conséquences des coupes budgétaires, le gouvernement ne les considérant pas comme une priorité de premier ordre.
Apurement des arriérés de la dette
Le Gabon œuvre également à apurer les arriérés de sa dette intérieure afin d’assurer que l’accumulation de la dette soit viable dans les années à venir. Selon des déclarations du ministre de l’économie Régis Immongault, datées de début mars, le gouvernement s’est engagé à maintenir la dette publique en dessous du plafond de 35% du PIB cette année. Le ratio de la dette publique par rapport au PIB était de 27% à fin 2014, ce qui accroit la probabilité d’un recours à des coupes dans les dépenses afin d’éviter un accroissement de la dette.
Le gouvernement a pris en 2014 des mesures visant à réduire un endettement national croissant. Au cours des six premiers mois de l’année dernière, l’Etat a gelé le paiement de ses créances aux entreprises nationales le temps qu’un audit des comptes du trésor public soit effectué. D’après des sources gouvernementales, l’audit a permis de découvrir et d’annuler 654 milliards de francs CFA (997 millions d’euros) de créances publiques qui provenaient de facturations fallacieuses ou de surfacturations. Une fois l’audit terminé, l’Etat a repris le paiement des créances nationales et s’est employé à alléger la charge qui pèse sur les entreprises du secteur privé. Des responsables officiels ont indiqué que l’Etat avait remboursé des créances s’élevant à 385,7 milliards de francs CFA (588 millions d’euros) au cours du second trimestre de 2014, et qu’il prévoyait une deuxième tranche de paiement lorsqu’un accord aura été trouvé avec le secteur bancaire.
La lenteur du paiement des contrats publics et les lourds arriérés de la dette intérieure restent un sujet d’inquiétude pour le secteur privé gabonais, mais les nouveaux objectifs de l’État en matière de dette et les efforts déployés quant à son remboursement devraient contribuer à stimuler la confiance des investisseurs et à renforcer les finances publiques. Des projets ambitieux en matière d’infrastructures de TIC – tel que le déploiement initial du tout premier réseau de fibre optique du pays – joueront également un rôle crucial dans le dynamisme de la production du secteur des services et dans la poursuite de la diversification du PIB.
Gabon optimistic for growth despite oil woes
En Français
While low oil prices are having a tangible effect on the Gabonese economy, the government still expects to see a robust GDP growth rate this year thanks to ongoing efforts to diversify activity.
Gabon’s economy ministry is forecasting GDP growth of 4.8% in 2015, higher than its 4.3% estimate for 2014.
The estimates come in spite of a sharp drop in oil prices and plateauing oil production of around 240,000 barrels per day (bpd) – down from a peak of 370,000 bpd in the late 1990s. Oil represents 43% of GDP, according to the African Development Bank (AfDB), and Gabon has traditionally depended on oil for more than half its government revenue and four-fifths of its exports, the IMF has reported.
To mitigate the impact of a weakening oil sector, the country has been working to diversify its economy into non-oil industries and at the same time strengthen its public finances – part of a long-ongoing government strategy known as Gabon Emergent, which seeks to stoke growth in the industrial, service and agricultural sectors.
The IMF, which forecasts a slight drop in GDP to 4.5% in 2015, estimates the bulk of Gabon’s growth will come from non-oil activity. This includes higher revenue from mining and processing industries, and value-added from the services sector such as ICT, which would support average GDP growth of 5.7% from 2016 to 2020.
Adjusting public spending
However, while the headline indicators are encouraging, the downturn in oil prices – expected to continue at least into early 2016 amid global production surpluses – will have a significant effect on the Gabonese fiscus, forcing the government to lower public spending and investment.
In February the government announced it would revise down its spending targets for 2015, though no concrete measures had been announced as of mid-March. The existing budget outlines CFA234bn (€357m) in additional expenditure, an increase of 8% from total planned spending of CFA2.95trn (€4.5bn) under the revised 2014 budget.
Lower oil prices may provide an opportunity to cut fuel subsidy spending, a move which has been mooted by the government, according to the IMF’s February report.
Current expenditure – including public sector wages, government consumption, subsidies and other transfers – was slated to account for 51.5% of the total 2015 budget, up from 45% in 2014 as the government works to implement poverty-reduction programmes under the Social Pact. It also is looking to protect social and political stability ahead of presidential elections next year.
However, authorities have struggled to contain a series of public sector strikes in the last six months, including two high-impact strikes by the national oil workers union and teachers unions, and they are unlikely to make significant cuts to current expenditure prior to the elections.
Investment spending rose by around 10.5% year-on-year in the initial 2015 budget to reach CFA693.5bn (€1.1bn). Public investment in infrastructure, particularly transport and ICT networks, is one of the primary factors that drove average GDP growth of 6% in the last five years. However, capital expenditure is likely to be the most heavily impacted by budget cuts, regarded as less of a priority for the government.
Clearing debt arrears
Gabon is also working to clear its domestic debt arrears to ensure that debt accumulation is sustainable in the coming years. According to comments by the minister of economy, Régis Immongault, in early March, the government has adopted a public debt-to-GDP ceiling of 35% this year. Public debt was equivalent to 27% of GDP at year-end 2014, which increases the likelihood that spending cuts will be used to avoid a debt build-up.
The government took steps in 2014 to reduce its mounting domestic debt. In the first six months of last year, the state froze debt repayments to domestic businesses while a Treasury audit was conducted. According to government officials, the audit uncovered and cancelled CFA654bn (€997m) in government arrears that were a result of falsified or inflated invoices. With the audit complete, the state resumed domestic payments and worked to ease the burden on private firms. Officials indicated that the government reimbursed arrears worth CFA385.7bn (€588m) in the second half of 2014, and plans a second tranche once an agreement is reached with the state’s banking partners.
The slow repayment of public contracts and heavy domestic arrears remain a concern for the Gabonese private sector, but the government’s new debt targets and repayment efforts should help to boost investor confidence and strengthen public finances. Ambitious plans in ICT infrastructure – such as the initial roll-out of the country’s first nationwide fibre-optic connection – will also be critical to boost services sector output and to continue to diversify GDP.