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L’Algérie a intensifié ses investissements dans les secteurs pétrolier et gazier, lançant de nouveaux projets dans le cadre d’une stratégie qui vise à accroître la production et à développer l’industrie de la transformation pour créer de la valeur ajoutée.
Fin mars, le groupe énergétique public Sonatrach a annoncé l’entrée en production du champ gazier de Timimoun dans le sud-ouest du pays. Le projet, qui devrait produire selon les estimations 1,8 milliards de mètres cubes de gaz par an à partir de 37 puits, est opéré conjointement par Sonatrach (qui détient 51% des parts), le groupe énergétique français Total (37,75%) et la compagnie espagnole Cepsa (11,25%).
Le lancement des opérations à Timimoun, après une série de retards, fait suite à l’inauguration du champ gazier de Reggane Nord l’an dernier. Le projet de Reggane Nord, développé par Sonatrach et les partenaires européens Repsol, DEA Deutsche Erdoel et Edison, atteindra à terme une production annuelle de 4,5 milliards de mètres cubes.
Un troisième projet devrait être lancé au deuxième semestre de 2018 : le développement du champ gazier de Touat, partenariat entre Sonatrach (35%), Engie (30%) et Neptune Energy (35%), qui a fait l’acquisition d’Engie E&P International en février 2018.
Ces trois projets devraient entraîner une hausse de la production totale de gaz d’environ 9 milliards de mètres cubes par an ; ils seront reliés au nouveau gazoduc GR5, qui, long de quelque 765 km, transportera le gaz jusqu’au centre de traitement de Hassi R’mel dans le centre-nord du pays.
Cette hausse de la production en amont intervient alors que Sonatrach a annoncé au mois de février son intention d’investir 56 milliards de dollars dans l’entreprise d’ici 2022.
Une enveloppe de 250 millions de dollars sera destinée à la modernisation et à l’extension du champ gazier de Tinrhert au sud-est du pays, en vue de faire passer la production des 5 millions de mètres cubes par jour enregistrés actuellement à 20 millions de mètres cubes par jour d’ici 2020.
Transformation en aval et énergies renouvelables pour renforcer le secteur de l’énergie
Les autorités algériennes ne visent pas seulement une augmentation de la production gazière, elles entendent également développer la transformation en aval et le rôle des énergies renouvelables pour assurer davantage d’efficacité et de rentabilité au secteur énergétique.
L’Algérie a produit environ 95 milliards de mètres cubes de gaz en 2017, dont environ 55% a été exporté, principalement vers l’Europe. Le secteur de l’énergie représente plus de la moitié des recettes de l’État et environ 95% des exportations du pays ; ce dernier, et par conséquent le budget de l’État, a toutefois souffert de la baisse des cours mondiaux de l’énergie qui a débuté en 2014.
Afin de fournir une feuille de route de développement durable, le groupe Sonatrach a dévoilé sa stratégief baptisée SH2030 Leading the Change (Conduire le Changement), qui fait la part belle à l’industrie pétrochimique et à la transformation locale.
« L’aval a toujours été négligé en Algérie et cela devient un important problème stratégique, » a expliqué le PDG de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, à OBG. «Nous importons plus d’1 milliard de dollars de carburant par an, ce qui n’a aucun sens. Nous voulons créer de la valeur ajoutée pour notre gaz et la transformation pétrochimique sera le développement le plus important que Sonatrach connaîtra au cours du siècle.»
Afin d’améliorer la situation, la compagnie procède actuellement à une modernisation de la raffinerie de Sidi R’cine, située non loin d’Alger, la capitale. L’expansion devrait être achevée au cours du dernier trimestre de l’année. Grâce à ces travaux, la raffinerie verra sa capacité de transformation passer de 2,8 millions de tonnes à 3,7 millions de tonnes et sa capacité de stockage du carburant augmenter de 73%.
De plus, Sonatrach a conclu en mai un accord de 1,5 milliard de dollars avec le groupe français Total pour la construction d’une usine pétrochimique à Arzew, dans l’ouest de l’Algérie. Cette unité devra produire 550 000 tonnes de polypropylène chaque année, avec une partie de la production qui pourra être exportée vers l’Europe, la Turquie et l’Afrique du Nord.
Cette annonce a été concomitante de l’acquisition de la raffinerie d’Augusta (Italie), d’une capacité de traitement de 10 millions de tonnes par an, auprès d’Esso Italiana, filiale du groupe ExxonMobil. Cet achat, qui comprend aussi trois terminaux pétroliers situés à Augusta, Palerme et Naples, représente la première acquisition de Sonatrach à l’étranger dans le domaine pétrochimique.
En outre, le groupe se penche de plus en plus vers les possibilités offertes par les énergies renouvelables, voyant dans celles-ci en particulier un moyen de réduire les coûts associés à la production énergétique.
« Nous envisageons d’utiliser l’énergie solaire dans tous nos champs pétroliers et gaziers. Dans la mesure où chaque installation consomme jusqu’à 20% de la production, l’utilisation de l’énergie solaire pour alimenter les opérations est absolument nécessaire, » a ajouté M. Ould Kaddour. « D’ici 2030, tous les champs fonctionneront à l’énergie solaire. »
Modification du code des hydrocarbures pour attirer les investissements étrangers
Si une hausse des investissements et des projets de diversification devraient soutenir la croissance dans le secteur de l’énergie, les autorités ont également évoqué des modifications à la législation actuelle, dans le cadre d’une stratégie visant à attirer une plus grande participation des acteurs internationaux.
Mustapha Guitouni, le Ministre de l’Énergie, a déclaré lors du salon professionnel de l’industrie pétrolière en Afrique du Nord NAPEC (North Africa Petroleum Exhibition and Conference), qui s’est tenu à Oran, que le gouvernement livrerait les premières propositions d’amendement de la loi des hydrocarbures au mois de juin.
Les acteurs du secteur critiquent depuis longtemps la législation en vigueur, considérée comme dissuasive pour les acteurs internationaux désireux de s’installer dans le pays, affirmant que certaines mesures ne correspondent plus à la réalité des activités du secteur dans un contexte de prix de l’énergie plus bas.
La taxe sur les profits exceptionnels, qui prélève un impôt supplémentaire sur les bénéfices des compagnies étrangères dès que le prix du baril dépasse 30 dollars, est particulièrement préoccupante.
Outre les changements fiscaux, les propositions de réformes du code des hydrocarbures comportent une simplification des procédures bureaucratiques et administratives pour les investissements. Des mesures qui devraient encourager encore davantage les activités dans les secteurs pétrolier et gazier.
Launch of new gas projects to lead Algeria’s energy sector rebound
En Français
Algeria has stepped up investment in its oil and gas industry, with the launch of new projects supporting plans to boost production and expand into value-added downstream processing.
In late March state-owned energy firm Sonatrach announced that production had begun at the Timimoun gas field in the country’s south-west. The project, which is expected to produce an estimated 1.8bn cu metres of gas per year from 37 wells, is 51% owned by Sonatrach, and will be jointly operated by French energy firm Total (37.75%) and Spain’s Cepsa (11.25%).
The launch of operations at Timimoun, which came after a series of delays, follows the establishment of the Reggane Nord gas field late last year. The Reggane Nord project, developed by Sonatrach and European partners Repsol, DEA Deutsche Erdoel and Edison, will have an estimated annual output of 4.5bn cu metres once fully operational.
A third project, the Touat development, a partnership between Sonatrach and Neptune Energy, which acquired Engie E&P International in February 2018, is expected to launch in the second half of 2018.
The three developments are expected to boost overall gas production by around 9bn cu metres per year and will be connected to the newly constructed, 765-km GR5 pipeline, which will transport gas to processing facilities at Hassi R’mel in the country’s central north.
The increased upstream activity comes as Sonatrach announced in February that it would invest $56bn in the company to 2022.
Some $250m of this will go towards upgrading and expanding the Tinrhert gas field in the south-east, which officials hope will see production increase from 5m cu metres per day to 20m cu metres per day by 2020.
Downstream processing and renewables to strengthen energy sector
In addition to increasing gas output, officials are seeking to increase downstream processing and the role of renewables to boost energy sector efficiency and profitability.
The country produced around 95bn cu metres of gas in 2017, of which approximately 55% was exported, mainly to Europe. The energy sector accounts for more than half of government revenues and around 95% of national exports; however, the industry, and in turn the state budget, has suffered following the drop in global energy prices that started in 2014.
As part of a blueprint for future sustainability, Sonatrach released its SH2030 Leading the Change development plan in late May, outlining an increased focus on petrochemicals and domestic processing.
“Downstream has always been neglected in Algeria and is becoming an important strategic issue,” Abdelmoumen Ould Kaddour, CEO of Sonatrach, told OBG. “We import more than $1bn per year of fuel, and that doesn’t make sense. We want to have an added value to our gas, and petrochemical processing is going to be the most important development for Sonatrach in the next century.”
To help improve the situation, the firm is upgrading its Sidi R'cine oil refinery, located near the capital Algiers. The expansion should be complete in the fourth quarter of this year. The works will see annual processing capacity increase from 2.8m tonnes to 3.7m tonnes and expand existing fuel storage capacity by 73%.
In addition, Sonatrach signed a $1.5bn deal with Total in May to construct a petrochemicals plant in Algeria’s west. It is expected to produce 550,000 tonnes of polypropylene annually, with excess production to be exported to Europe, Turkey and neighbouring countries in North Africa.
The announcement was preceded by the purchase of ExxonMobil’s oil refinery in Augusta, Italy, which has a treatment capacity of 10m tonnes a year. The deal is the company’s first overseas acquisition, and includes the purchase of three fuel storage terminals in Augusta, Palermo and Naples.
Moreover, Sonatrach is increasingly looking at renewable energy options, particularly as a means of reducing costs associated with energy production.
“We are looking at using solar energy in every oil or gas field. Because every installation consumes up to 20% of production costs, using solar energy to power operations is absolutely necessary,” Ould Kaddour added. “By 2030, all fields will be using solar energy to run the installations.”
Changes to hydrocarbons law to attract foreign investment
While increased state investment and diversification plans are set to support growth in the energy sector, officials have also outlined changes to existing legislation as part of a plan to attract greater participation from international players.
Mustapha Guitouni, the minister of energy, told the North Africa Petroleum Exhibition and Conference, held in Oran, that the government would table proposed changes to the hydrocarbons law in July.
Industry players have long criticised the existing legislation, cited as a deterrent for international players entering the country, arguing that certain measures no longer reflect the reality of operating during times of lower energy prices.
Of particular concern is the windfall tax, which applies additional charges on profits made by foreign companies when oil prices exceed $30 a barrel.
Beyond fiscal amendments, proposed reforms of the hydrocarbons code include the reduction of bureaucratic and administrative processes for investment. These should further incentivise activity in the oil and gas industry.