La Tunisie accélère la coopération énergétique régionale

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Face à une demande croissante et à un plafonnement de la production nationale, la Tunisie cherche à diversifier sa combinaison énergétique grâce à une coopération plus étroite avec l'Algérie et à l’augmentation de sa production d’énergie renouvelable. 

La demande étant amenée à doubler d'ici à 2030, selon les prévisions de l’Agence nationale pour la maîtrise de l'énergie (ANME), des projets visant à augmenter l'approvisionnement en gaz provenant du pays voisin ainsi qu’une progression régulière de la production solaire devraient aider à diminuer la pression qui pèse sur le réseau existant. 

Un équilibre des pouvoirs

Dotée de petites réserves de pétrole et de gaz, la Tunisie est devenue progressivement, depuis 2000, importatrice nette de pétrole.  Selon l'Agence d'information sur l'énergie (Energy Information Administration, EIA), la production nationale de pétrole a chuté par rapport aux niveaux de production du milieu des années 1980, passant de 120 000 barils par jour à environ 60 000 en 2013.

Dans un contexte où les hydrocarbures représentent environ 99 % de la consommation locale d'énergie, ceci expose le pays à des risques accrus de ruptures d'approvisionnement et à une volatilité des prix. 

L’approvisionnement en carburant est également contraint par la capacité de l'unique raffinerie de pétrole de Tunisie, d'environ 34 000 barils par jour actuellement, un chiffre bien inférieur à la demande qui était en moyenne d’environ 90 000 barils par jour en 2013, selon l'EIA.  Alors que le pays avait cherché à développer une deuxième raffinerie à Skhira, avec une capacité initiale de 120 000 barils équivalent pétrole par jour et pouvant atteindre jusqu'à 250 000 barils par jour, le projet de 2 milliards de dollars a été suspendu l'année dernière, une baisse de production en Libye ayant soulevé des interrogations sur la fiabilité de l'approvisionnement en pétrole. Les pénuries d'approvisionnement qui en ont résulté ont conduit à une plus forte demande pour les produits raffinés importés, augmentant encore les coûts nationaux de l’énergie.

Le secteur aval est quant à lui très réglementé avec un prix de vente obligatoire et de nombreuses lois, comme le stock minimum de deux mois, qui peut être difficile à appliquer.  « La réglementation au niveau de l’activité aval, particulièrement au niveau de la révision des marges structurées des sociétés et la complexité de certaines démarches, limite les opportunités et la profitabilité des opérateurs et par conséquent l’investissement consenti par ces derniers, a déclaré Mohamed Chaabouni, directeur général de Vivo Energy Tunisie, à OBG. Effectivement, c’est un marché très concurrentiel dans lequel les entreprises doivent se différentier par leurs produits, leurs canaux logistiques, leurs localisations et leurs services. »

Le secteur aval souffre également du marché informel, qui représente environ 25 % du marché total. Ceci est principalement dû à un manque de contrôle à la frontière libyenne, qui permet à un grand volume de pétrole moins cher de transiter chaque jour.

Une surveillance de voisinage

Pour prendre les devants du changement en termes d’équilibre énergétique, la Tunisie a demandé une plus grande coopération régionale, se tournant vers l'Algérie pour obtenir de l’aide. Après une visite, fin juillet, du ministre algérien de l'énergie, Salah Khebri, les deux pays ont convenu d'augmenter les niveaux d'approvisionnement de l'Algérie en gaz naturel à 2,4 milliards de m² cette année, ainsi que de renforcer les échanges commerciaux bilatéraux existants de gaz de pétrole liquéfié. La Tunisie sert également de point de transit stratégique pour le gazoduc Trans-Mediterranean Pipeline, reliant l'Algérie et l'Italie, pour lequel elle reçoit des redevances de gaz naturel au lieu des frais de transit.

Ceci s’ajoute à l'inauguration, en juillet dernier, d'une cinquième ligne d’interconnexion  transfrontalière de réseau électrique. Développée pour un coût de 115,8 millions de Dinars Tunisiens (52,2 million d’euros), la liaison de 400 kV, sur 210 km, doit aider à réduire les coûts d'exploitation pour le réseau tunisien. 

Un avenir pour les énergies renouvelables

La stratégie de la Tunisie pour diversifier sa production et moins dépendre des hydrocarbures implique un engagement général en faveur de l'énergie renouvelable. Dans le cadre de ces efforts, le pays a lancé en 2012 le Plan Solaire Tunisien (PST), d’une capacité de 10 900 MW. 

Le PST vise à faire passer la part de l'électricité produite à partir de sources renouvelables à 30 % d'ici à 2030, un exploit étant donné que les énergies renouvelables (hors hydraulique) ne représentaient encore que 2 % de l'électricité en 2010. Sans une stratégie ciblée, les sources d'énergie renouvelable ne seraient amenées à augmenter que de 5 % dans les 15 prochaines années.

La stratégie énergétique, qui devrait lever environ 4,75 milliards d’euros de financement de la part d’investisseurs en 2030, propose un mélange d’énergie éolienne (15 %), d’énergie photovoltaïque (10 %) et d'énergie solaire concentrée (5 %), avec au total 3 725 MW de capacité d'énergie renouvelable d'ici à  2030. Ceci représente une augmentation significative par rapport aux niveaux de capacité de 2012, qui comptait seulement 250 MW d’énergie, principalement éolienne. 

La participation du secteur privé sera cruciale dans la réalisation des ambitions de la PST. Outre les 500 millions d’euros d'investissements publics et les 120 millions d’euros d’aides aux investissements, 4 milliards d’euros de financement privé seront nécessaires.

A court terme, la coopération régionale croissante devrait aider à combler les lacunes les plus immédiates du pays en matière d’énergie tout en limitant les investissements d'infrastructure coûteux, le pays œuvrant vers un objectif à long terme d’une combinaison énergétique plus diversifiée et plus fiable.

 

 

Tunisia ramps up regional energy cooperation

En Français

Facing rising demand and plateauing domestic production, Tunisia is looking to diversify its energy mix through closer cooperation with Algeria and increased renewable production.

With demand set to more than double by 2030, according to forecasts from the National Agency for Energy Management (Agence Nationale de la Maîtrise de l’Energie, ANME), plans for increased gas supply from its neighbour and a steady rise in solar production will help alleviate some of the pressure on the existing grid.

Balance of power

With its small reserves of oil and gas, Tunisia has gradually transitioned into a net importer of oil since 2000.  According to the US Energy Information Administration (EIA), domestic oil production has dropped from peak production levels in the mid-1980s of 120,000 barrels per day (bpd) to around 60,000 bpd in 2013.

At a time when hydrocarbons account for about 99% of local energy consumption, this exposes the country to greater risks of supply interruptions and price volatility.

Fuel supplies are further hampered by the capacity of Tunisia’s sole oil refinery – currently around 34,000 bpd − a figure that falls well below demand, which averaged about 90,000 bpd in 2013, according to the EIA.  While the country had sought to develop a second refinery in Skhira − with initial capacity of 120,000 bpd of oil equivalent, scalable up to 250,000 bpd − the $2bn project was suspended last year when a production decline in neighbouring Libya created concerns over the reliability of oil supply. Resultant supply shortages have led to higher demand for imported refined products, further increasing national energy costs.

In contrast, the downstream sector is highly regulated with a mandatory sale price and numerous laws, such as the two-month minimum stock, which can be difficult to apply. “Regulation of downstream activity and the complexity of certain procedures have both limited operators’ opportunities and profitability and thus their investments,” Mohamed Chaabouni, managing director of Vivo Energy Tunisia told OBG. “It is a fear competition market where companies only differentiate themselves with their products, their logistic channel, their location and their services.”

The downstream sector is also suffering from the informal market that is accounting for around 25% of the market. This is mainly due to a lack of control at the Libyan border, which enables large volume of cheaper oil to transit every day.

Neighbourhood watch

To stay ahead of the shifting energy balance, Tunisia has sought greater regional cooperation, turning to Algeria for support. After a visit from Algeria’s minister of energy, Salah Khebri, in late July, the two countries agreed to increase natural gas supply levels from Algeria to 2.4bn sq metres this year, in addition to reinforcing existing bilateral commercial trade of liquefied petroleum gas. Tunisia also currently serves as a strategic transit point for the Trans-Mediterranean Pipeline linking Algeria and Italy, for which it receives natural gas royalties in lieu of transit fees.

This comes alongside the recent inauguration of a fifth cross-border electrical power grid interconnection line in late July. Developed at a cost of TD115.8m (€52.2m), the 400-KV, 210-km link is expected to help reduce operating costs for the Tunisian grid.

Future for renewables

A central part of Tunisia’s strategy to diversify away from hydrocarbons involves a broad commitment to renewable energy. As a part of these efforts, the country launched the 10,900-MW capacity Tunisian Solar Plan (Plan Solaire Tunisien, PST) in 2012.

The PST aims to boost the share of electricity generated from renewable sources to 30% by 2030, a major feat given that renewables (excluding hydropower) accounted for only 2% of electricity in 2010. Without a target strategy in place, renewable energy sources were projected to increase to just 5% over the next 15 years.

The energy strategy, which is expected to raise around €4.75bn in funding from investors by 2030, proposes a mix of wind (15%), photovoltaic (10%) and Concentrated Solar Power (5%) power, for a combined 3725 MW of installed renewable energy capacity by 2030 – a significant increase over 2012 capacity levels, which registered 250 MW of predominantly wind-generated power.

Engaging the private sector will be crucial in achieving the PST’s aspirations; alongside €500m of public investment and €120m in investment subsidies, €4bn in private funding will be sought.

In the short term, growing regional cooperation should help address Tunisia’s more immediate energy shortfalls while limiting costly infrastructure investment as the country works towards its long-term goal of a more diversified and secure energy mix.

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