In English
Après les troubles post-électoraux de 2011, l'impressionnant rebond économique devrait se poursuivre en Côte d'Ivoire. Le prix du cacao, l’une des recettes d'exportation les plus importantes du pays, demeure en effet élevé, avec une production solide et des recettes d'exportation importantes prévues pour l'année à venir.
Alors que de nombreuses autres marchandises ont vu leurs prix baisser depuis le milieu de l’année 2014, le cacao a résisté à la tendance mondiale. Après avoir atteint une moyenne de plus de 3 000 dollars la tonne l'année dernière, soit une augmentation de 26 % par rapport à 2013, les prix du cacao ont encore augmenté en cumul annuel, faisant monter la moyenne à 3 326 dollars par tonne en juillet, avant de décliner légèrement à 3 280 dollars la tonne en septembre, selon les données de l'Organisation internationale du cacao (ICCO).
D’après le Bulletin Trimestriel de Statistiques du Cacao de l’ICCO le plus récent, la flambée des prix est en grande partie due à la sécheresse dans certaines régions de l'Afrique de l'Ouest. L'ICCO prévoit un déficit global de 38 000 tonnes pendant la saison de production 2014/2015, après un excédent de 30 000 tonnes l'année passée.
Une production limitée à certaines régions
Près de 70 % du cacao mondial est produit par trois pays : la Côte d'Ivoire (40 %), le Ghana (15 %) et l'Indonésie (12 %), selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, ce qui expose le marché à de grandes fluctuations lorsque la production de l’un de ces pays est affectée.
Des précipitations en dessous de la moyenne et des vents saisonniers chauds et secs ont conduit l'ICCO à prévoir une baisse de plus de 20 % de la production de cacao au Ghana en 2014/2015, ce qui devrait stimuler la demande de fèves ivoiriennes.
La production de cacao du Ghana était de 735 000 tonnes le 24 septembre, une semaine avant la fin de la saison de 2014/2015, contre près de 900 000 tonnes en 2013/2014, selon les rapports des médias locaux, même si le Ghana Cocoa Board prévoit un rebond de la production en 2015/2016 avec une estimation de 850 000 à 900 000 tonnes.
Les tendances de la production de cacao sont en revanche restées largement positives en Côte d'Ivoire, avec une production en hausse de 20,5 %, soit 1,75 million de tonnes au cours de la saison de 2013/2014. La production 2014/2015, qui se terminait fin septembre, semble montrer une tendance similaire. Les exportateurs ont estimé qu’1,76 million de tonnes de cacao ont été livrées aux ports d'Abidjan et de San Pedro entre le 1er octobre 2014 et le 20 septembre 2015.
Bien que le compte de cabosses de cacao tendait à suggérer plus tôt dans l’année que la production 2015/2016 serait robuste, les conditions sèches de la région pourraient avoir un impact sur les rendements ivoiriens, quoique dans une moindre mesure. Sur la récolte de cette année, environ 1,3 million de tonnes avaient déjà été vendues mi-juillet, selon les médias locaux.
Des incitations à l'investissement
Les rendements accrus sont en partie le résultat des efforts consentis ces dernières années pour améliorer la production grâce à l'utilisation d'intrants tels que des engrais et des pesticides.
Selon une étude menée par Armajaro Research, un cabinet d'investissement spécialisé dans les marchandises et basé à Londres, la part des producteurs de cacao ivoiriens qui utilisent des engrais pour leurs cultures a augmenté, passant de 11 % en 2012 à 20 % en 2014. L'utilisation de pesticides a également augmenté au cours de cette même période, passant de 50 % à 80 %.
Des changements dans la politique gouvernementale ont contribué à la hausse de la production, les prix minimum au producteur institués en 2012/2013 ayant créé une plus grande confiance au niveau des plantations. Les cultivateurs sont désormais en mesure de vendre à terme beaucoup de leurs fèves pour des prix plus stables, ce qui représente pour eux une incitation supplémentaire à réinvestir leurs recettes pour stimuler les niveaux de production.
Le prix minimum garanti ayant atteint les 850 francs CFA (1,30 €) pour la saison 2014/2015 et 1 000 francs CFA (1,52 €) cette année (une hausse importante par rapport aux 750 francs CFA, soit 1,14 €, en 2013/2014), cette tendance devrait se poursuivre.
Une demande nuancée
Du côté de la demande, l'Asie a été le principal moteur de la croissance en ce qui concerne le cacao et les confiseries en chocolat au cours des dernières années. L’américain Hershey prévoyait en février que les ventes de chocolat en Chine pourraient atteindre 4,3 milliards de dollars en 2019, ce alors que les ventes étaient de 2,7 milliards de dollars l'année dernière.
Toutefois, certains analystes considèrent que la baisse des volumes de broyage en Asie est un signe de recul de la demande, le broyage du cacao asiatique ayant subi une baisse de 12 % en glissement annuel au deuxième trimestre 2015, selon les données de l’Association du cacao d'Asie.
Alors que l'économie chinoise montre des signes de ralentissement, les grands producteurs de chocolat prévoient une demande plus faible, Hershey faisant état d’une perte nette de près de 100 millions de dollars au deuxième trimestre. Lors d’une conférence téléphonique avec des investisseurs, John Bilbrey, PDG de la société Hershey, a déclaré : « Les défis macroéconomiques et le changement du comportement d'achat des consommateurs en Chine étaient défavorables. »
Les cours à terme du cacao restent malgré tout baissiers. Selon Rabobank, institution financière néerlandaise spécialisée dans l'agro-financement, les prix à l'Intercontinental Exchange de New York (ICE) devraient se situer entre 2 800 et 3 120 dollars pour les cinq prochains trimestres, alors que la production de l’Afrique de l'Ouest diminue.
L'impact sur la croissance économique
L'agriculture représentant, selon les médias de l'industrie, environ 30 % du PIB, 70 % des recettes d'exportation et les deux tiers des emplois dans le pays, les effets positifs de la hausse du prix du cacao se sont fait sentir dans toute l'économie locale.
Le FMI estime que la croissance du PIB réel en Côte d'Ivoire a atteint 7,9 % l'an dernier, en partie en raison de la bonne performance du secteur agricole. La solide croissance des exportations de cacao a contribué à réduire le déficit du compte courant à un taux estimé à 0,7 % du PIB, alors qu’il était de 1,7 % en 2013.
Côte d'Ivoire cashes in on cocoa boom
En Français
The impressive economic rebound in Côte d'Ivoire, following 2011’s post-electoral unrest, looks set to continue as the price of cocoa – one of the country’s largest export earners – remains elevated, with robust production and high export earnings expected in the coming year.
While many other commodities have seen prices fall since mid-2014, cocoa has bucked the global trend. After averaging more than $3000 per tonne last year — a 26% increase over 2013 — cocoa prices have risen further year-to-date (YTD), averaging $3326 per tonne in July, before dipping slightly to around $3280 per tonne in September, as per data from the International Cocoa Organisation (ICCO).
According to the organisation’s most recent Quarterly Bulletin of Cocoa Statistics, the price surge is largely due to dry conditions across parts of West Africa, with the ICCO anticipating a global deficit of 38,000 tonnes in the 2014/15 growing season, following last year’s 30,000-tonne surplus.
Regional cocoa production
Nearly 70% of the world’s cocoa is produced by three countries – Côte d’Ivoire (40%), Ghana (15%) and Indonesia (12%) – according to the Food and Agriculture Organisation of the UN, exposing the market to large fluctuations when any one country’s output is affected.
Below-average rainfall and hot, dry seasonal winds led the ICCO to forecast a more than 20% drop in cocoa production in Ghana in 2014/15, which is expected to drive demand for Ivoirian beans.
Ghanaian cocoa output stood at 735,000 tonnes as of September 24 – one week before the end of the 2014/15 growing season – down from nearly 900,000 tonnes in the 2013/14, according to local media reports, though the Ghana Cocoa Board expects output to rebound to 850,000-900,000 tonnes in 2015/16.
Meanwhile, cocoa production trends have remained largely positive in Côte d'Ivoire, with output rising 20.5% to 1.75m tonnes during the 2013/14 growing season, and early indications of similar production in the 2014/15 crop year, which came to a close at the end of September. Exporters have reported that an estimated 1.76m tonnes of cocoa were delivered to the country’s Abidjan and San Pedro ports between October 1, 2014 and September 20, 2015.
While cocoa pod counts from earlier this year suggested there would be strong output in the 2015/16 growing season, the dry conditions in the region could also impact Ivoirian yields, albeit on a smaller scale. Some 1.3m tonnes of this year’s harvest had already been sold as of mid-July, according to local media reports.
Investment incentives
The increased yields come in part from efforts in recent years to improve crop husbandry through the use of inputs such as pesticides and fertilisers.
According to a study by Armajaro Research, a commodity-focused investment firm based in London, the share of Ivoirian cocoa farmers that apply fertilisers to their crops rose from 11% in 2012 to 20% in 2014. The use of pesticides also increased over the period, from 50% to 80%.
Changes in government policy have contributed to rising output, as minimum farm-gate prices instituted in 2012/13 have created greater confidence at the plantation level. Farmers are now able to forward sell many of their beans for more stable prices, which creates further incentive for growers to reinvest revenues to boost production levels.
With the guaranteed minimum price rising to CFA850 (€1.30) for the 2014/15 season and CFA1000 (€1.52) this year, up from CFA750 (€1.14) in 2013/14, this trend is expected to continue.
Mixed demand picture
On the demand side, Asia has led the surge for cocoa and chocolate confectionary in recent years, with the US-based Hershey Company forecasting in February that chocolate sales in China could reach $4.3bn by 2019, compared to industry-wide sales of $2.7bn last year.
However, some analysts point to lower grind volumes in Asia as a signal that demand growth could be easing, with Asian cocoa grind down 12% year-on-year in the second quarter of 2015, according to data from the Cocoa Association of Asia.
As China’s economy shows signs of slowing, large chocolate producers are anticipating weaker demand, with Hershey reporting a net loss of nearly $100m in the second quarter. Speaking on an investor conference call, John Bilbrey, president and CEO of the Hershey Company, said “Macroeconomic challenges and changing consumer shopping behaviour in China were a headwind.”
Nonetheless, cocoa futures remain bearish. According to Netherlands-based Rabobank, which specialises in agri-financing, prices on New York’s Intercontinental Exchange (ICE) are projected to stay between $2800 and $3120 for the next five quarters, as West African supply falls.
Economic growth impact
With agriculture accounting for around 30% of GDP, 70% of export earnings and two-thirds of jobs in the country, according to industry media, the positive impacts of booming cocoa prices have rippled across the local economy.
The IMF estimates that real GDP growth in Côte d’Ivoire reached 7.9% last year, in part due to strong performance by the agricultural sector. Solid growth of cocoa exports helped narrow the current account deficit to an estimated 0.7% of GDP, down from 1.7% in 2013.
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