La Côte d’Ivoire mise sur les biocombustibles pour réussir sa transition énergétique

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La Côte d’Ivoire est en passe de mettre à exécution son projet de construction des premières centrales biomasse du pays dans le cadre d’une stratégie plus vaste qui vise à satisfaire une demande énergétique nationale à la hausse et à accroître le rôle des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique.

En juillet, l’entreprise ivoirienne Société des Energies Nouvelles a signé avec l’Agence américaine pour le commerce et le développement (US Trade and Development Agency, USTDA) un mémorandum d’entente portant sur la construction d’une centrale électrique alimentée par les déchets de la production de cacao, un projet doté d’une enveloppe de 154 milliards de francs CFA (234,8 millions d’euros). Dans le cadre de l’accord, l’USTDA s’engage à apporter une subvention de 996 000 dollars en vue de la réalisation d’études de faisabilité qui devraient être achevées d’ici 2019.

Située près de la ville de Divo au sud du pays, la centrale devrait disposer d’une puissance installée comprise entre 60 et 70 MW, avec une date de démarrage des activités prévue pour 2023. Elle devrait permettre d’économiser quelque 250 000 tonnes de CO2 par an, tout en aidant le pays à réduire les déchets occasionnés par la production de cacao - qui s’élèvent aujourd’hui selon les estimations à environ 26 millions de tonnes par an-, fournissant également une nouvelle source de revenus pour les cultivateurs de cacao.

En parallèle du projet de Divo, la société Biokala, une filiale du groupe agroindustriel ivoirien SIFCA, et le géant français de l’énergie EDF, continuent de progresser sur le projet de construction d’une centrale biomasse utilisant les résidus de la production d’huile de palme à Aboisso dans le sud-est du pays, pour un budget de 105 milliards de francs CFA (160,1 millions d’euros).

Une fois la centrale entièrement opérationnelle en 2020, cette dernière devrait pouvoir convertir annuellement 400 000 tonnes d’huile de palme en 288 GWh d’électricité.

La biomasse et l’hydroélectricité, éléments clés de la politique ivoirienne en matière de lutte contre le changement climatique

Le développement des projets de biomasse s’inscrit dans le cadre d’une politique gouvernementale visant à diversifier le bouquet énergétique du pays et à accroître la part des énergies renouvelables.

Pays membre de la Conférence des Nations-Unies sur les Changements Climatiques COP21, la Côte d’Ivoire s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 28% d’ici 2030, ainsi qu’à faire passer la part de la production électrique d’origine renouvelable de son taux actuel de 20% à 42%.

En 2017, quelque 80% de la production totale d’électricité était générée par le gaz naturel, 19% par l’énergie hydraulique et 1% par les énergies renouvelables, selon le Ministère du Pétrole, de l’Énergie et du Développement des Énergies Renouvelables.

Pour ce qui est de l’hydroélectricité, une série d’investissements vient soutenir l’objectif du gouvernement de porter la part de cette dernière dans le bouquet énergétique à 26% d’ici la fin de la décennie.

L’ouverture en novembre dernier de la plus grande centrale hydroélectrique du pays au niveau des chutes de la Nawa près de la ville de Soubré va dans ce sens. Le développement du site, d’une capacité de 275 MW, a été confié au groupe chinois Power Construction Corporation et a été financé par la Banque d’Export-Import de Chine China Exim Bank et par l’Etat ivoirien. L’exploitation de la centrale a depuis été transférée à la compagnie d’électricité publique CI-Energies.

En outre, quatre autres grands projets hydroélectriques devraient être opérationnels d’ici 2030, représentant une capacité supplémentaire de 595 MW pour le pays, et le gouvernement a annoncé des projets de construction d’une série d’installations hydroélectriques de plus petite taille, avec à la clé 81 MW supplémentaires d’ici la fin de la période.

Un développement des énergies renouvelables synonyme de nouvelles opportunités pour les investissements privés

La transition vers les énergies renouvelables et la hausse de la production électrique qui s’en suivra devraient également donner lieu à de nouvelles opportunités d’investissement pour le secteur privé d’ici 2030, et ce à hauteur de 9 milliards de dollars.

Le gouvernement entend faire passer la capacité de production nationale totale de son taux actuel de 2200 MW à 4000 MW d’ici 2020 puis à 6000 MW d’ici 2030. La Société Financière Internationale (IFC), membre du Groupe de la Banque Mondiale, estime que la capacité générée par la seule biomasse sera de 1200 MW, tandis que CI-Energies avance le chiffre de 1650 MW pour cette dernière.

La valorisation de ce potentiel est synonyme d’opportunités d’investissements pour le secteur privé dans la mesure où les autorités ont fixé un prix de vente maximum de 62 francs CFA (0,09 euro) par KWh pour la biomasse, un tarif bien plus élevé que les 24,78 francs CFA (0,04 euro) que l’Etat paye pour acheter l’électricité produite par la centrale thermique d’Azito à Abidjan.

Un récent rapport de l’IFC sur la Côte d’Ivoire revient toutefois sur les défis présentés par le secteur des énergies renouvelables pour les parties prenantes : il reste encore à définir des protocoles pour confirmer la disponibilité de la biomasse, son pouvoir calorifique et la sécurité de l’approvisionnement.

De plus, le rapport de l’IFC indique que les projets de biomasse nécessitent l’intervention du Ministère de l’Agriculture, mais comme les procédures pour cette participation ne sont pas institutionnalisées, la plupart de projets, telle que la construction de la centrale d’Abiosso, sont mis en œuvre au cas par cas.

 

 

Biofuels to support Côte d’Ivoire’s renewable energy transition

En Français

Côte d’Ivoire is moving forward with plans to build its first biomass power stations, part of wider efforts to respond to rising domestic energy demand and increase the role of renewables in the energy mix.

In July Ivorian energy company Société des Energies Nouvelles signed a memorandum of understanding with the US Trade and Development Agency (USTDA) to develop a CFA154bn (€234.8m) power plant fuelled by cocoa waste. As part of the agreement, USTDA will provide a $996,000 grant for feasibility studies, which are expected to be completed by 2019.

Located near the southern city of Divo, the facility is expected to have an installed capacity of between 60 MW and 70 MW and become operational in 2023. In addition to saving an estimated 250,000 tonnes of CO2 per year, the project will also help the country reduce the amount of cocoa waste it produces – currently estimated to be around 26m tonnes annually – and provide a new source of revenue for cocoa farmers.

In tandem with the Divo project, Biokala, a subsidiary of local agro-business group SIFCA, and the France-based energy firm EDF are moving forward with a project to build a CFA105bn (€160.1m) palm oil biomass plant in Aboisso in the county’s south-east.

Once it becomes fully operational in 2020, the plant is projected to convert around 400,000 tonnes of palm oil into an estimated 288 GWh of electricity per year.

Biomass and hydropower key to meeting climate change commitments

The development of the biomass projects comes amid governmental efforts to diversify the country’s energy mix and increase the role of renewables.

As a signatory of the COP21 UN Conference on Climate Change, Côte d’Ivoire has committed to reducing greenhouse gas emissions by 28% by 2030, as well as increasing the share of electricity generated by renewables from current levels of 20% to 42%.

As of 2017 some 80% of total electricity generation was generated by natural gas, 19% by hydropower and around 1% by renewables, according to the Ministry of Petroleum, Energy and Renewable Energy Development.

In terms of hydropower, a series of investments are supporting government aims to lift its contribution to the energy mix to 26% by the end of the decade.

To that end, in November last year the country’s largest hydroelectric power plant opened at Naoua Falls, near the city of Soubré. The development of the 275-MW project was undertaken by the China-based Power Construction Corporation, with financing coming from the Export-Import Bank of China and the Ivorian state. The operation of the plant has since been transferred to the state-owned utilities body operator CI-Energies.

In addition, four other large-scale hydropower projects are slated for completion by 2030, adding an additional 595 MW of capacity, while the government has unveiled plans to construct a series of smaller hydropower facilities, which are expected to add 81 MW over the period.

Renewables expansion to open up private investment opportunities

The transition towards renewables and the subsequent increase in electricity generation is also expected to lead to $9bn worth of new investment opportunities for the private sector by 2030.

The government plans to increase overall domestic generation capacity to 4000 MW by 2020 and 6000 MW by 2030, up from current levels of around 2200 MW. Of this, the World Bank-backed International Finance Corporation (IFC) estimates biomass capacity alone to total 1200 MW, while CI-Energies puts the figure at 1650 MW.

Unlocking this potential presents opportunities for private-sector investment, given that the authorities have set a maximum selling price of CFA62 (€0.09) per KWh for biomass, considerably higher than the CFA24.78 (€0.04) per KWh that the government pays to purchase energy from the Azito thermal power plant in Abidjan.

However, according to the IFC’s recent report on Côte d’Ivoire, the renewable energy sector presents several challenges for stakeholders: procedural regulations regarding the confirmation of the availability, security and calorific testing of biomass supply still need to be clarified.

Additionally, the IFC report states that biomass projects necessitate the involvement of the Ministry and Agriculture, and the procedures to do so are not streamlined, causing most projects, such as the Abiosso plant, to be implemented on a case-by-case basis.

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