In English
Malgré un renforcement du dollar, la solide reprise qu’enregistre la Côte d’Ivoire et les forts taux de croissance globale ont su restaurer la confiance des investisseurs ces dernières semaines, comme l’illustre le carnet de commandes de près de 4 milliards de dollars qu’a attiré l’eurobond de 1 milliard de dollars émis en février.
L’eurobond fait suite au succès de l’émission inaugurale de 750 millions de dollars par la Côte d’Ivoire en juillet 2014, le gouvernement visant principalement à injecter des fonds dans les infrastructures. L’émission obligataire, libellée en dollars, sera remboursée en 2026, 2027 et 2028 à un taux de rendement de 6,625%. La Côte d’Ivoire réfléchit également à l’émission d’un sukuk, ou obligation compatible avec la charia, d’un montant de 200 milliards de francs CFA (300 millions d’euros), cette année, selon le calendrier publié par l’agence de planification en janvier.
Premier de l’année
L’eurobond ivoirien est le premier que connait l’Afrique cette année, un continent qui a enregistré ces dernières années un fort essor des ventes d’obligations. L’année dernière, plusieurs économies africaines ont eu recours aux marchés internationaux de la dette pour lever les fonds nécessaires à leurs projets d’investissements ; on peut notamment citer les exemples du Kenya et du Ghana qui ont émis des obligations d’un montant d’1 milliard de dollars ou plus. La majorité de ces obligations ont été largement sursouscrites, souvent avec un coupon inférieur aux attentes des analystes, soulignant bien la forte demande existante en matière de dette souveraine africaine.
« Cette récente émission a bénéficié du fait que le nombre d’eurobonds en provenance de la région a été limité. Mais son succès montre avant tout que lorsque les prix sont justes, il existe toujours une forte demande pour les titres souverains africains », a expliqué dans la presse internationale Samir Gadio, responsable de la stratégie Afrique à Standard Chartered.
Il est difficile de dire si les activités se maintiendront à un tel rythme. La décision de la Réserve Fédérale américaine de procéder à une hausse des taux d’intérêts a mis les marchés émergents sous pression ces derniers mois, tandis que des prix du pétrole moins élevés ont également frappé de plein fouet certaines économies affichant une plus forte dépendance aux matières premières, tel que le Nigéria. Un certain nombre de marchés dynamiques sont également aux prises à des difficultés budgétaires urgentes : à la fin 2014, le Ghana et la Zambie avaient tous deux sollicité l’aide du FMI.
Des financements à destination des infrastructures
Pour l’instant, la Côte d’Ivoire semble toutefois contourner une grande partie des difficultés cycliques qui accablent ses voisins. En début d’année, l’agence de notation Fitch a renouvelé la note « B » attribuée au pays, notant la forte croissance de son PIB qui atteint, selon les estimations, le chiffre de 8,5% après un pic à 9,2% en 2013. Fitch prévoit une croissance de 8,5% en 2015, puis un léger recul de celle-ci, à 7,5%, en 2017 lorsque l’essor initial des investissements suite à la crise s’estompera peu à peu.
Maintenir les flux de capitaux étrangers et intérieurs revêtira une importance cruciale pour la Côte d’Ivoire dans son objectif de devenir d’ici 2020 une économie émergente, tout en contribuant à stimuler davantage d’investissements dans des secteurs clés tels que les infrastructures. A l’heure actuelle, une forte demande, une accessibilité limitée et des investissements trop faibles en matière de maintenance ont limité les capacités des réseaux de transport et d’électricité, ce qui a amené le gouvernement à orienter ses dépenses vers des projets tels que le pont à péage Henri Konan Bedié récemment ouvert à Abidjan.
Pour éviter d’alourdir le fardeau de la dette – ce n’est en effet que récemment, il y a quelques années, que le pays l’a ramenée à des niveaux gérables, après avoir bénéficié de plus de 6 milliards de dollars d’allègement de sa dette dans les cadres des initiatives PPTE et du Club de Paris – la Côte d’Ivoire a choisi d’utiliser que 750 millions de dollars d’une facilité de crédit de 4 milliards de dollars en 2013 et 1 milliard de dollars d’une facilité de crédit atteignant les 3,7 milliards de dollars l’an dernier, selon les propos du Premier Ministre Daniel Kablan Duncan dans un entretien accordé à l’AFP en mars. « Nous ne prenons que le nécessaire, » a-t-il déclaré. « Le gouvernement fait simplement son travail …Il faut investir, il faut construire des autoroutes, des routes. » Il a ajouté qu’un comité spécial avait été mis en place pour garantir « la viabilité de la dette. »
Le potentiel de croissance de la Côte d’Ivoire est prometteur, à l’heure où le pays continue de se relever des troubles qu’il a traversés au cours de la décennie précédente, mais le gouvernement devra s’attaquer à un certain nombre de défis structurels s’il veut que le regain de confiance actuel des investisseurs s’inscrive dans la durée.
Côte d’Ivoire launches new eurobond
En Français
In spite of a strengthening dollar, Côte d’Ivoire’s robust recovery and high headline growth rates have fed investor confidence in recent weeks, as evidenced by the nearly $4bn in orders it received for a $1bn eurobond in February.
The eurobond followed Côte d’Ivoire’s successful $750m maiden issue in July 2014, with the government looking to channel funds primarily towards infrastructure. The dollar-denominated bond will pay out in 2026, 2027 and 2028 at a yield of 6.625%. Côte D’Ivoire is also mulling the issue of a CFA200bn (€300m) sukuk, or sharia-compliant bond, this year, according to a calendar released by the planning agency in January.
First of the year
Côte d’Ivoire’s eurobond is the first so far this year in Africa, which has seen a jump in bond sales in recent years. Last year saw a number of Africa’s economies tapping international debt markets to raise funds for capital projects, including issuances of $1bn or higher from Kenya and Ghana. The majority of the sales were heavily oversubscribed, often with coupon rates that undercut analyst expectations, indicating high demand for African sovereign debt.
“Timing helped the recent issue because the eurobond pipeline out of the region has been light. But what this does show is that with the right pricing there is still strong demand for African sovereign paper,” Samir Gadio, head of Africa strategy at Standard Chartered, told international press.
Whether that pace of activity will be sustained is not clear. The moves by the US Federal Reserve to begin hiking interest rates have put emerging markets under pressure in recent months, while lower oil prices have also hit some of Africa’s more commodity-dependent economies such as Nigeria. A number of the continent’s high-flying markets are also grappling with increasingly urgent fiscal issues: by the end of 2014, both Ghana and Zambia had turned to the IMF for assistance.
Funds for infrastructure
At the moment, however, Côte d’Ivoire appears to be sidestepping many of the cyclical issues plaguing its neighbours. At the start of the year, ratings agency Fitch reaffirmed the country’s “B” rating, noting its strong GDP growth at an estimated 8.5% in 2014 after notching up 9.2% growth in 2013. Fitch is forecasting growth of 8.5% in 2015, which will ease slightly to 7.5% by 2017 as the initial boost from the post-crisis investment gradually fades.
Sustaining both foreign and domestic capital flows will be crucial for Côte d’Ivoire to attain the government’s goal of becoming an emerging economy by 2020, as well as helping to drive further investment in key sectors like infrastructure. Currently, high demand, limited accessibility and a lack of investment in maintenance have constrained the capacity of transport and power networks, prompting the government to channel spending towards projects such as the recently opened Henri Konan Bedié toll bridge in Abidjan.
To avoid increasing its debt burden – something which the country only recently brought down to manageable levels a few years ago after benefitting from more than $6bn of debt relief under the HIPC and Paris Club initiatives – Côte d’Ivoire opted to use just $750m of its $4bn loan facility in 2013 and $1bn of its $3.7bn loan facility last year, according to Prime Minister Daniel Kablan Duncan in an interview with AFP in March. “We only take what we need,” he said. “The government is simply doing its job... You have to invest, you have to make highways, roads.” He added that a special committee had been put in place to ensure “the sustainability of debt”.
Côte d’Ivoire’s potential for growth is promising, as it continues its recovery from the turmoil of the previous decade, but the government will need to tackle a number of structural challenges if it is to sustain the current run of investor bullishness.