Gabon : L’agriculture regagne du terrain

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Le lancement de nouveaux projets dans le secteur des cultures de rente, comme le caoutchouc et l’huile de palme, devrait contribuer à stimuler les recettes d’un secteur agricole gabonais encore modeste. Grâce à des investissements publics et privés à la hausse, une revitalisation du secteur est en marche.

La récente annonce d’un partenariat avec la multinationale de Singapour Olam – entreprise active dans la gestion de la chaine d’approvisionnement de produits agricoles très présente au Gabon - en vue de la création d’une grande plantation d’hévéa, pour un investissement total de 183 millions de dollars, constitue l’exemple le plus notable d’une politique gabonaise qui montre un regain d’intérêt pour la production hors secteur extractif.

S’attachant à développer à la fois les activités de culture, an amont, et de transformation, en aval, le projet rentre tout à fait dans la stratégie du gouvernement qui veut non seulement stimuler la production agricole mais également industrialiser le secteur en mettant l’accent sur les activités locales à valeur ajoutée.

Signé en mars, le partenariat comporte la création d’une plantation d’hévéa ainsi que la construction d’une usine de transformation dans la zone de Bitam, dans la province de Woleu-Ntem au nord du Gabon. Un endroit choisi pour ses nombreux avantages : les conditions climatiques de la région sont idéales pour la culture des hévéas et la proximité du Cameroun et de la Guinée Equatoriale pourrait également favoriser le commerce interrégional. En outre, la région dispose d’un bassin de main d’œuvre étonnamment large – l’exode rural massif qu’a connu le pays a été moins marqué dans cette région traditionnellement agricole et jusqu’à 40% de la population réside encore dans des zones rurales.

Le lancement de la première phase du projet est prévu pour 2013. La superficie initiale de la plantation sera de 28 000 hectares et elle sera portée à 50 000 hectares dans une seconde phase. La première récolte est prévue pour 2020 avec une production initiale qui devrait être de l’ordre de 2 à 2,2 tonnes de latex naturel par hectare. A terme, la capacité de production est évaluée à 62 000 tonnes par an.

Le projet prévoit également la construction d’une usine de transformation d’une capacité de traitement de 225 000 tonnes par jour. La coentreprise sera détenue à 80% par Olam et à 20% par le gouvernement gabonais.

Avec la hausse du chiffre d’affaires qu’a connu le secteur de la culture du caoutchouc ces dernières années, on peut dire que ce nouveau projet s’annonce bien. L’exploitant local, SIAT Gabon, a été privatisé en 2004 et dispose actuellement d’une surface plantée d’environ 10 000 hectares d’hévéa à Bitam et dans la région de Kango, dans la province de l’Estuaire. En plus de ces plantations industrielles, on dénombre au Gabon environ 3 000 hectares de petites plantations de villages qui contribuent à stimuler le développement économique et social des zones rurales.

Avec la hausse des prix des matières premières depuis la crise économique mondiale, le prix d’achat du latex naturel est plus favorable pour les agriculteurs. SIAT Gabon a annoncé en janvier 2011 une augmentation de son prix d’achat aux planteurs, faisant passer le kilo de latex naturel de 450 francs CFA (0,68 euros) à 600 francs CFA (0,91 euros), afin d’encourager les producteurs locaux.

En 2010, la production de latex naturel affichait une hausse de 16,6% en glissement annuel, atteignant un volume de 38 967 tonnes. Quant à la production de caoutchouc granulé, elle s’est accrue de 9,6% en glissement annuel pour atteindre 19 559 tonnes. Le chiffre d’affaires du secteur a enregistré une hausse de 64,7% sur cette période, passant de 13,04 millions de francs CFA (19 900 euros) en 2009 à 21,47 millions de francs CFA (32 600 euros) en 2010. Si le retour sur investissement est lent dans le domaine du caoutchouc, du fait notamment d’un délai de plusieurs années entre la plantation des arbres et la première récolte, les cours mondiaux font prédire une perspective de profit considérable à moyen ou long terme. Le prix du caoutchouc est monté en flèche depuis 2009 et devrait se maintenir à la hausse dans les prochaines années grâce à une demande accrue de la part des économies émergentes, en particulier en Asie.

Des responsables d’Olam ont indiqué que les prix pourraient continuer à augmenter à un rythme allant jusqu’à 3% par an pendant les dix prochaines années. Les données fournies par la Banque Mondiale montrent une augmentation du prix du caoutchouc naturel « TSR20 », monté de 3380 dollars la tonne en 2010 à un pic de 4510 dollars en 2011. Le premier trimestre 2012 a vu des prix moyens en légère baisse, à 3862 dollars la tonne.

Ces nouveaux projets agricoles de grande ampleur vont jouer un rôle crucial dans la réalisation de l’objectif gouvernemental de redynamisation du secteur. L’agriculture, autrefois l’un des piliers de l’économie gabonaise, avait souffert d’une diminution des investissements suite à la découverte de pétrole dans les années 1970. Dans le cadre de son programme national de développement économique et de diversification, le Gabon Emergent, le gouvernement œuvre à l’accélération des activités du secteur afin d’en augmenter la productivité, de créer des emplois en zone rurale et de réduire sa dépendance alimentaire et les importations coûteuses de nourriture.

Ce nouveau projet commun devrait également présenter des avantages socioéconomiques de taille en termes de développement rural. La plantation et l’usine de transformation devraient créer 6 000 emplois directs et 5 000 emplois indirects et Olam a annoncé son intention de mettre en place des programmes de formation pour les employés du secteur. Le gouvernement a également confirmé la construction de 3 366 logements dans le cadre du projet, ainsi que des écoles et un centre médical pour les populations voisines.

Si le gouvernement et ses partenaires du secteur privés réussissent à surmonter les deux écueils suivants, à savoir un retour sur investissement non immédiat dans le secteur du caoutchouc et l’actuelle insuffisance de main d’œuvre qualifiée locale, alors les nouveaux investissements agricoles, tel que celui des plantations d’hévéa à Bitam, devraient contribuer à diversifier le secteur agricole gabonais et accroître la contribution de ce dernier au PIB.

 

Gabon: Agriculture bouncing back

En Français

New ventures in cash crops, such as rubber and palm oil, should help to boost revenues from Gabon’s still-modest agricultural sector, with increased public and private sector investment schemes helping to jump-start the revitalisation of the sector.

The most prominent example of the country’s renewed focus on non-extractive commodities is the recently-announced partnership with Singapore-based multinational Olam – an agricultural product supply chain management firm with extensive holdings in Gabon – to create a large-scale rubber plantation for a total investment of $183m.

With a focus on both upstream cultivation and downstream transformation, the project fits firmly within the government strategy of not only boosting agricultural production but industrialising the sector through local value-added activity.

The joint venture, signed in March, includes the creation of a rubber tree (hévéa) plantation, as well as a processing plant in the Bitam area of the northern Woleu-Ntem province. The project’s location should provide several benefits: weather conditions in the province are ideal for the cultivation of rubber trees, and the proximity to the border with Cameroon and Equatorial Guinea may also foster intra-regional trade. Furthermore, it has a surprisingly ample labour force on-hand – the country’s massive rural exodus has been less dramatic in this traditionally agricultural area, where upwards of 40% of the population remains in rural areas.

The first phase of the project is set to begin in 2013. The plantation will cover an initial surface area of 28,000 ha and will be extended to 50,000 ha in the second phase. The first harvest is projected for 2020, and initial output estimates vary between 2 tonnes and 2.2 tonnes of natural latex per ha. At full capacity, the plantation is expected to generate 62,000 tonnes per year.

The joint venture also provides for the construction of a processing facility with a capacity of 225 tonnes per day. Olam will hold an 80% stake in the joint operation, and the Gabonese government will hold the remaining 20%.

Increased turnover from existing rubber cultivation in recent years bodes well for the new project. The local operator, SIAT Gabon, which was privatised in 2004, currently maintains approximately 10,000 ha of hévéa plantations in Bitam and the Kango area of the Estuaire province. In addition to industrial plantations, Gabon has roughly 3000 ha of smaller-scale village plantations, which help to stimulate the economic and social development of rural areas.

As global commodity prices have risen since the global economic downturn, the purchase price of natural latex has improved for rural farmers. In January 2011, SIAT Gabon announced an increase in its farmgate price from CFA450 (€0.68) per kilo of natural latex to CFA600 (€0.91) in an effort to encourage local producers.

In 2010, national production of natural latex increased 16.6% year-on-year (y-o-y) to reach 38,967 tonnes, and granulated rubber production increased by 9.6% y-o-y to reach 19,559 tonnes. Sector turnover increased by 64.7% over the same period, from CFA13.04m (€19,900) in 2009 to CFA21.47m (€32,600) in 2010. While there is a slow return on investment in rubber, with the first harvest coming years after the original plantation, global prices promise considerable medium- to long-term benefits. Rubber prices have risen rapidly since 2009, and growing demand from emerging economies, particularly in Asia, should continue to support high prices in the coming years.

Olam officials have indicated that prices may continue to increase by upwards of 3% per year over the next decade. World Bank data indicates the price of TSR20 (technically specified rubber) increased from $3380 per tonne in 2010 to a peak of $4510 in 2011. Prices have averaged slightly lower in the first quarter of 2012, at $3682 per tonne.

The success of new, large-scale agricultural projects is critical to the government’s goal of revitalising the sector. Agriculture, once an anchor of the economy, suffered from declining investment after the discovery of oil in the 1970s. As part of the nationwide economic diversification and development programme, Emerging Gabon, the government is working to ramp up sector activity to increase productivity, create rural employment and decrease overall reliance on costly food imports.

The new joint project should also have significant socioeconomic benefits in terms of rural development. The plantation and processing plant are expected to create 6000 direct and 5000 indirect jobs, and Olam has stated it will introduce training programmes for sector employees. The government confirmed that the project will also include the construction of 3366 housing units, as well as schools and a health centre for the neighbouring population.

Provided that the government and its private sector partners can overcome delayed return on investment in rubber and the currently insufficient levels of skilled local labour force, new agricultural investments, such as the Bitam rubber plantations, should help to diversify Gabon’s agriculture sector and boost the industry’s contribution to GDP.

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