Gabon : Développer un tourisme haut de gamme

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Le tourisme au Gabon est naissant mais le secteur a cependant, au cours des derniers mois, fait l’objet d’investissements publics et privés dans le cadre de la politique gouvernementale visant à une réduction de sa dépendance envers les hydrocarbures. Le pays, qui compte parmi ses atouts une situation politique stable et une nature verdoyante, dispose d’un fort potentiel lui permettant d’attirer des touristes haut de gamme. Le lancement prévu dans les prochains mois de deux nouveaux projets devrait contribuer à stimuler la croissance du secteur de l’écotourisme.

En janvier 2012, le Gabon a signé un protocole d’accord avec Amanresorts pour la construction d’établissements d’écotourisme haut de gamme à Libreville et dans cinq des parcs nationaux que compte le pays. A l’issue de négociations qui ont duré deux ans, le groupe d’hôtellerie de luxe, basé à Singapour, s’est vu attribuer des contrats de gestion et de marketing pour 6 hôtels et lodges dans des régions touristiques clés.

La première phase du projet comportera la construction à Libreville d’un hôtel de luxe de 30 suites, doté d’un spa, avec vue sur le parc national de Pongara, un complexe hôtelier de 30 pavillons sur le site historique du Phare de Ngombe et un camp d’écotourisme haut de gamme de 20 tentes dans le parc national de Loango sur la côte sud-ouest du pays. La date de début des travaux est prévue pour cette année.

D’après l’accord, quatre projets supplémentaires devraient suivre. Sont au programme, dans le centre du pays, un hôtel de 30 suites dans le parc national de Lopé ainsi qu’un complexe de 30 pavillons sur le site des chutes de Kongou dans le parc national d’Ivindo. Les projets prévoient également un lodge de 10 tentes supplémentaires dans le parc national de Loango et un lodge de 10 tentes dans le parc national des Plateaux Batéké. Une fois terminés, ces nouveaux établissements devraient créer 500 emplois directs et attirer de nombreux visiteurs internationaux.

Un second partenariat, avec la société Sustainable Forestry Management Africa (SFM Africa) devrait être lancé au second trimestre 2012. SFM Africa, entreprise mauricienne qui mène des projets intégrés de conservation, d’exploitation forestière et d’énergie renouvelable, a signé avec le gouvernement gabonais une convention de 50 milliards de francs CFA (76,2 millions d’euros) afin de développer les infrastructures industrielles et touristiques dans la région de Mayumba au sud du pays. Le projet prévoit notamment la construction de trois à quatre établissements d’écotourisme au sein de parcs nationaux, qui auront chacun une capacité d’accueil de 16 à 20 personnes.

Le gouvernement et l’Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN) se sont engagés à développer et promouvoir l’écotourisme dans une approche durable de la protection de l’environnement, ce qui devrait permettre au Gabon de commercialiser un environnement national unique tout en protégeant cette importante ressource.

En 2002, l’ancien président Omar Bongo a créé 13 parcs nationaux sur une surface de 30 000 km², soit 11% du territoire national. Ces parcs regroupent la plus grande concentration d’éléphants de forêt de tout le continent, qui seraient au nombre de 74 000 au Gabon, ainsi que de nombreuses espèces d’oiseaux, de reptiles et de mammifères. L’ANPN a également indiqué sa volonté de promouvoir le géotourisme, une forme de tourisme durable qui met l’accent sur la culture et le développement humain en plus de l’observation de la faune et flore locale. Ces efforts se traduisent par des opérations de marketing touristique à l’étranger, la formation de guides et la lutte contre le braconnage.

L’écotourisme et le géotourisme sont particulièrement bien adaptés aux ressources naturelles du Gabon mais aussi à ses contraintes. Tout d’abord, le secteur du tourisme dispose de ressources humaines limitées, bien que le pays ait accru le nombre de formations concernant l’accueil des touristes en prévision de la Coupe d’Afrique des Nations qui a eu lieu en janvier 2012. Le secteur de l’écotourisme se distingue toutefois par des exigences spécifiques, nécessitant le recrutement de guides experts et de scientifiques spécialistes de l’environnement, entre autres.

Le Gabon ne dispose pas des infrastructures nécessaires à un secteur touristique haut de gamme. En dehors des quelques grands centres urbains, l’infrastructure hôtelière est limitée ; des problèmes sont également posés par le réseau de transport, qui n’assure pas toujours de liaisons fiables. Dans le cadre de son schéma directeur pour le développement des infrastructures à l’échelle nationale, le gouvernement gabonais procède à d’importants investissements visant à moderniser le transport à tous les niveaux mais il faudra plusieurs années pour pouvoir réellement mesurer les effets de cette politique.

La capacité du gouvernement à développer des infrastructures allant dans le sens de l’offre d’écotourisme haut de gamme envisagée et permettant d’accéder dans des délais acceptables à ces établissements va jouer un rôle primordial pour la suite. Pour se rendre dans certains parcs nationaux éloignés qui font partie de l’offre d’écotourisme haut de gamme du Gabon, l’accès aérien se fera obligatoirement par de petits appareils, ce qui présuppose des installations de stockage de carburant et des réseaux de distribution pour pouvoir permettre aux avions de se ravitailler.

Selon les chiffres publiés par le Conseil Mondial du Voyage et du Tourisme (WTTC), le secteur du tourisme gabonais contribue au PIB à hauteur de 1,1% et fournit 5 000 emplois – ou 1% de l’emploi total. C’est peu comparé à l’ensemble du continent africain : d’après le WTTC, le tourisme représentait, en 2011, 3,2% du PIB total de l’Afrique avec 8 millions d’emplois, soit 3% de l’emploi total.

Si le tourisme d’affaires est bien développé au Gabon, les autorités locales estiment que le nombre d’entrée de voyageurs pratiquant le tourisme de loisirs est de seulement 2000 par an. Il va falloir que le Gabon réussisse à attirer davantage de visiteurs étrangers avant que le tourisme puisse stimuler l’économie nationale et que le gouvernement atteigne son objectif d’accueillir 100 000 touristes par an d’ici 2020.

Mais malgré les difficultés qui demeurent, les autorités locales voient comme un signe positif la hausse des investissements privés. Voilà par exemple ce que Lee White, secrétaire exécutif de l’ANPN a déclaré à OBG : « Le fait qu’Amanresorts ait décidé d’investir dans l’écotourisme change la donne. Cela passera un message très clair aux autres acteurs majeurs dans le secteur touristique que le Gabon détient un potentiel unique pour devenir une destination touristique importante. »

Certes, le marché du tourisme au Gabon a jusqu’à présent manqué de structure et beaucoup reste à faire pour développer des produits plus sophistiqués, mais le potentiel du secteur est considérable. En effet, les récentes annonces d’investissements étrangers laissent fortement à penser que le secteur est en train d’entrer dans une période d’importante croissance.

 

Gabon: Building up high-end tourism

En Français

Tourism in Gabon is limited, but as part of the government’s efforts to improve diversification and reduce hydrocarbons dependency, the sector has been a target for both public and private investment in recent months. The country’s potential to draw high-end tourists is significant, given its political stability and verdant countryside, and two new projects set to launch in the coming months should help spur growth in the ecotourism industry.

In January 2012, Gabon signed a joint venture agreement with Amanresorts to build high-end ecotourism facilities in Libreville and at five of the country’s national parks. After two years of negotiations, the Singapore-based luxury hotel group was awarded contracts for the management and marketing of six hotels and lodges in key tourist areas.

The first phase of the project will include a 30-suite luxury hotel and spa in Libreville overlooking nearby Pongara National Park, a 30-bungalow lodge complex on the historic site of the Ngombe lighthouse and a high-end ecotourism camp of 20 tents in Loango National Park on the southwestern coast. Construction of these facilities is expected to begin this summer.

According to the agreement, four additional projects have been identified for the future. In the centre of the country, a 30-suite hotel in Lopé National Park and a 30-bungalow lodge complex near the Kongou Falls in Ivindo National Park are both included in the plans. An additional 10-tent lodge is planned for Loango National Park, as well as a 15-tent lodge in the Batéké Plateau National Park. Once completed, the new facilities are expected to create 500 direct jobs and to be an important attraction for international visitors.

A second joint venture with Sustainable Forestry Management Africa (SFM Africa) is set to launch during the second half of 2012. SFM Africa, a Mauritius-based company that leads integrated conservation, forestry and renewable energy projects, signed a CFA50bn (€76.2m) financing agreement with the state to develop industrial and tourism infrastructure in the southern region of Mayumba, including three to four ecotourism facilities in national parks, each of which will be able to accommodate between 16 and 20 guests.

The government and Gabon’s National Parks Agency (Agence Nationale des Parcs Nationaux, ANPN) have committed to develop and promote environmentally sustainable ecotourism, which should allow Gabon to commercialise its unique national environment while also protecting this critical resource.

In 2002 former President Omar Bongo set aside 30,000 sq km, or 11% of the national territory, for the creation of 13 national parks. These parks contain the greatest concentration of forest elephants on the continent with an estimated population of 74,000 in Gabon, as well as numerous species of birds, reptiles and mammals. The ANPN has also said that it will promote geotourism, a form of sustainable tourism that emphasises culture and human development in addition to appreciation of local flora and fauna, via tourism marketing events abroad, training for guides and anti-poaching efforts.

Ecotourism and geotourism are well suited to Gabon’s natural resources as well as its constraints. First, the tourism sector’s human resources are limited, although the country saw an uptick in hospitality training in advance of hosting the African Cup of Nations in January 2012. However, the demands of the ecotourism industry are specific and will require the recruitment of expert guides and environmental scientists, among others.

Gabon also lacks the infrastructure necessary to support a high-end tourism sector. In addition to limited hospitality infrastructure outside of major urban centres, the country’s transportation network presents challenges, as linkages are often unreliable. As part of its national infrastructure master plan, the government is investing heavily in transport upgrades across the board, but it will take several years for these efforts to have an effect.

A key aspect moving forward will be the government’s ability to develop infrastructure in a way that will not detract from the high-end ecotourism offering it envisages and open up access in a reasonable timeframe. As air travel in small aircraft will necessarily be part of high-end ecotourism packages to some of Gabon’s remote national parks, fuel storage facilities and distribution networks are needed for planes to refuel.

According to the World Travel & Tourism Council (WTTC), Gabon’s tourism industry accounts for 1.1% of GDP and contributes about 5000 jobs – or 1% of total jobs – to the economy. This is low compared to the continent as a whole: tourism accounted for 3.2% of Africa’s total GDP in 2011, according to the WTTC, and some 8m jobs, or 3% of total employment.

While business tourism in Gabon is well developed, local authorities estimate that there are only about 2000 leisure entries per year. Gabon will need to attract additional foreign visitors if the tourism industry is to boost the national economy and the government meets its target of hosting 100,000 tourists per year by 2020.

Despite the challenges that must be overcome, local authorities view increasing levels of private investment as a positive sign. As Lee White, the executive secretary of ANPN, told OBG, “The fact that Amanresorts has decided to invest in ecotourism is a real game changer. It will pass a very clear message to other major players in the tourist industry that Gabon has unique potential to become an important tourist destination. "

While Gabon’s tourism market has been loosely structured and much work is needed to develop more sophisticated products, the sector’s potential remains considerable. Indeed, recent announcements regarding foreign investment strongly suggest that the industry could be entering a period of significant growth.

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