In English
Si la diversification de l’économie constitue pour le Gabon un objectif clé dans le cadre de la stratégie du Gabon Émergent, le pays s’est employé en 2014 à augmenter sa production de matières premières, ce qui a contribué au maintien de taux de croissance solides, et ce dans un contexte de climat budgétaire tendu.
La signature de sept nouveaux permis en 2014 a marqué une étape décisive pour le secteur gabonais des hydrocarbures, qui représente plus de 50% des recettes totales de l’Etat. Les perspectives qui se dessinent pour l’industrie minière – une source clé d’exportations – montrent également une amélioration, suite au lancement de plusieurs nouveaux projets en aval.
Selon les prévisions du FMI, la croissance du PIB devrait s’établir à 5,1% en 2014, puis atteindre 5,4% l’an prochain. Le gouvernement se voit toutefois confronté à un certain nombre de pressions macroéconomiques malgré les efforts qui ont été déployés en vue d’un renforcement des finances publiques. Des problèmes de trésorerie, qui ont entraîné un gel du remboursement de la dette intérieure d’une durée de six mois, ont fait obstacle à la réalisation du budget 2014, tandis qu’une série de grèves a pesé sur la productivité.
Le secteur pétrolier scrute les investissements
Deux changements structurels attendus de longue date, à savoir une révision du code national des hydrocarbures et un développement des activités de la GOC, ont permis au pays de lancer un appel d’offres en octobre 2013.
Ce dernier s’est soldé par la signature par le Gabon au mois d’août de sept contrats d’exploration et de partage de production avec six compagnies internationales. Ces accords – signés avec Impact (Royaume-Uni), Repsol (Espagne), Marathon (États-Unis), Noble Energy (États-Unis), Petronas (Malaisie) et Woodside (Australie) – contribueront à inciter de nouvelles explorations en offshore profond et pourraient générer jusqu’à 1,1 milliard de dollars de nouveaux investissements, selon les estimations du ministère gabonais du pétrole.
Ces nouveaux contrats arrivent à un moment crucial. Les capacités du secteur pétrolier gabonais, aussi bien en amont qu’en aval, se sont vues réduites à mesure de l’arrivée à maturité des champs existants. La production pétrolière est en déclin, passant d’un taux record de 370 000 barils par jour (bj) en 1997 à 237 000 bj en 2013, selon les chiffres publiés par BP dans la Statistical Review of World Energy 2014, rapport consacré à l’état de l’énergie dans le monde. Malgré des efforts concertés pour aboutir à une diversification de l’économie, le pétrole représente toujours 80% des recettes d’exportation, d’où la très grande importance accordée à la recherche de nouveaux investissements et de nouveaux projets d’exploration.
Les campagnes d’exploration onshore menées actuellement ont donné lieu à des découvertes prometteuses au cours de l’année. En juillet, la compagnie italienne Eni a annoncé qu’elle avait découvert du gaz à condensats dans son prospect en eau profonde de Nyonié Deep. Selon les estimations d’Eni, ce gisement pourrait contenir près de 500 millions de barils équivalent pétrole (bep). Trois mois plus tard, Royal Dutch Shell a déclaré avoir découvert une colonne de gaz « substantielle » sur son puits en eau profonde Leopard-1, situé à 145 km au large des côtes gabonaises, à la hauteur de Gamba. Shell compte maintenant procéder à des tests afin de mesurer la viabilité du gisement, avec son partenaire dans le projet, le groupe chinois CNOOC.
Les perspectives de production supplémentaire en provenance des blocs du Golfe de Guinée sont extrêmement prometteuses sur le long terme, en particulier dans les zones profondes et ultra-profondes, bien que les nouveaux investissements ne soient pas à l’abri des conséquences des prix bas du pétrole sur le court terme, auxquelles s’ajoute la grève annoncée le 1er décembre par l’Organisation Nationale des Employés du Pétrole (ONEP) pour une durée indéterminée, qui risque de peser encore davantage sur le secteur.
Le Gabon mise sur la transformation
Le secteur minier gabonais – autre segment clé de la production de recettes liées aux matières premières dans le pays – a également été le théâtre de changements significatifs. Le plus grand producteur de manganèse du Gabon, la Compagnie Minière de l’Ogooué (Comilog), a inauguré en août une usine de transformation du minerai : il s’agit là du premier grand projet exécuté dans le cadre de la campagne gouvernementale qui vise à inclure un élément de transformation locale dans les projets miniers. Situé à proximité de la mine que détient la compagnie à Moanda, le Complexe Métallurgique de Moanda (CMM) a nécessité un investissement estimé à 135 milliards de francs CFA (205,8 millions d’euros) et devrait permettre la création de 400 emplois directs.
En juin, la compagnie minière nationale, la Société Équatoriale des Mines et le groupe indien Navodaya DMCC ont créé une joint-venture, baptisée Gabon Manganese & Ferro Alloy (GMFA) en vue de la prospection et de l’exploitation du gisement de manganèse d’Okondja. Le Gabon a également entamé des négociations en 2014 avec des entreprises manifestant un intérêt pour l’exploitation du gisement de minerai de fer de Bélinga, jusqu’ici inexploité, et qui selon les estimations renfermerait 1 milliard de tonnes de minerai.
Un effet multiplicateur sur l’économie
Cependant, si les secteurs des matières premières ont continué de jouer un rôle clé dans l’économie et de tirer la croissance vers le haut, les efforts du Gabon pour développer les activités de services – pilier central de la stratégie gouvernementale Gabon Émergent - ont aussi porté leurs fruits.
En 2014, des améliorations cruciales ont été enregistrées en ce qui concerne les infrastructures des TIC, avec le lancement en avril du premier service 3G. Le renforcement de la concurrence a fait baisser les prix, entrainant une hausse des abonnés internet. Fin 2014, les deux principaux opérateurs de téléphonie mobile en termes de nombres d’abonnés, Airtel et Gabon Télécom Mobile, avaient lancé la 3G. On s’attend à une hausse considérable de l’utilisation de l’internet mobile au cours de l’année.
Le Gabon s’emploie également à mettre en place le premier réseau de fibre optique transnational du pays. Au mois d’octobre, l’Agence Nationale des Infrastructures Numériques et des Fréquences a finalement octroyé à China Communications Service International Ltd (CCSI) un contrat portant sur la pose d’un câble de 1 075 km entre Libreville et Franceville, qui s’étendra jusqu’à un point d’ancrage à la frontière avec la République du Congo.
Les efforts de renforcement des finances publiques devraient contribuer à améliorer la performance économique du Gabon en 2015. Le gouvernement a suspendu au premier semestre 2014 le paiement de la dette intérieure, afin d’effectuer un audit des instances de paiement du Trésor Public, entrainant l’arrêt temporaire d’un certain nombre de projets de construction. Il a également été décidé en juin de revoir le budget 2014 à la baisse et de l’amputer de 11,4%, ce qui représente une réduction de moitié des dépenses d’investissement.
Néanmoins, les prix mondiaux du pétrole étant plus bas que prévus, il sera crucial pour le Gabon de stimuler ses recettes hors matières premières et de diversifier son activité économique pour ne plus dépendre des exportations de matières premières et conserver ainsi des taux de croissance robustes.
Gabon Year in Review 2014
En Français
While diversification is a key objective for Gabon under the Gabon Emergent strategy, 2014 saw the country moving to increase commodity production, which in turn has helped sustain robust headline growth even amidst a challenging fiscal environment.
The signing of seven new licences in 2014 marked a critical step for Gabon’s hydrocarbons sector, which represents over 50% of total government revenue. Prospects for the mining industry – a key source of exports – also improved, following the launch of a number of new downstream projects.
The IMF expects GDP growth to hit 5.1% in 2014, rising to 5.4% in the coming year. However, the government faces a number of macro-economic pressures, despite its efforts to strengthen public finances. Cash flow issues, which precipitated a six-month freeze in domestic debt servicing, hindered the realisation of the 2014 budget, while a series of strikes also weighed on productivity.
Oil sector eyes investment
Two long-awaited structural changes, in the form of revisions to the national hydrocarbons code and the expansion of the GOC, allowed the country to hold an offshore tender round in October 2013.
As a result, Gabon signed seven exploration and production-sharing contracts in August with six international companies. The agreements − signed with Impact (UK), Repsol (Spain), Marathon (US), Noble Energy (US), Petronas (Malaysia) and Woodside (Australia) − will help to spur new exploration in deepwater offshore blocks and could generate up to $1.1bn in new investment, according to estimates from Gabon’s oil ministry.
The new contracts come at a crucial time. Gabon’s upstream and downstream capacity has tightened, as existing fields mature. Oil production declined from a peak of 370,000 barrels per day (bpd) in 1997 to 237,000 bpd in 2013, according to the 2014 BP Statistical Review of World Energy. Despite a concerted effort to diversify the economy, oil still represents 80% of export revenue, heightening the importance of attracting new investment and exploration.
Ongoing offshore exploration efforts brought some promising discoveries during the year. In July, Italy’s Eni announced a gas and condensate deposit on its deep-water Nyonié Deep prospect. Eni estimates that the discovery could contain around 500m barrels of oil equivalent (boe). Three months later, Royal Dutch Shell said it had encountered a “substantial” gas column on its deep-water Leopard-1 well located 145 km off the coast of Gamba. Shell now plans to conduct viability tests with its licence partner, China’s CNOOC.
The scope for additional production from blocks in the Gulf of Guinea over the long-term is extremely promising, especially in deep and ultra-deep areas, although new investment could be impacted by lower oil prices in the near-term, while an indefinite strike announced on December 1 by the national oil workers’ union (Organisation Nationale des Employés du Pétrole, ONEP) risks weighing further on the sector.
Mining looks to processing
Gabon’s mining sector – another key revenue-earning commodity for the country – has also seen some significant changes. The largest manganese producer in Gabon, Compagnie Minière de l’Ogooué (Comilog), rolled out a mineral processing facility online in August, marking the first major project under the government’s push to involve a local processing component in mining projects. Located near the company’s Moanda mine, the Moanda Metallurgical Complex (CMM) was developed through an estimated investment of CFA135bn (€205.8m) and is expected to create 400 direct jobs.
In June, the national mining company, the Société Equatoriale des Mines, formed a joint venture with India’s Navodaya DMCC, Gabon Manganese & Ferro Alloy (GMFA) to prospect and develop the Okondja manganese deposit. Gabon also began talks in 2014 with companies interested in developing the untapped Bélinga iron ore deposit, which holds an estimated 1bn tonnes of ore .
Economic multipliers
However, while commodity sectors have continued to play a key role in driving headline growth, the country’s efforts to expand service activity – a central pillar of the government’s Gabon Emergent strategy – have borne fruit.
Gabon saw key improvements to its ICT infrastructure in 2014, with the first 3G service launched in April. Increased competition has pushed down prices, leading to a rise in internet subscribers. By the end of 2014, the two largest mobile providers in terms of subscriber numbers, Airtel and Gabon Télécom Mobile, had both launched 3G, with mobile internet usage expected to increase considerably over the year.
Gabon is also working to implement its first cross-country fibre optics network. In October, the National Agency for Digital Infrastructure and Frequencies awarded a long-awaited contract to China Communications Service International Ltd (CCSI) to lay 1,075 km of cable between Libreville and Franceville, which will stretch to a landing point on the border with the Republic of the Congo.
Efforts to strengthen public finances should help improve Gabon’s economic performance in 2015. The government halted domestic debt payments in the first half of 2014, while a Treasury audit was conducted, bringing several construction projects to a standstill. A decision was also taken to revise the 2014 budget downwards by 11.4% in June, reducing investment spending by half.
However, with global oil prices lower than expected, boosting non-commodity revenues and diversifying activity away from raw material exports will be crucial to maintaining Gabon’s robust growth rates.