Gabon : Bilan de l’année 2012

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Le Gabon a affiché de bons résultats économiques en 2012 malgré une baisse de la production de pétrole : selon les chiffres du Fonds mondial international (FMI), la croissance du produit intérieur brut (PIB) s’élèverait à 6.1 %, contre 6.7 % en 2011. Bien que le pays continue de dépendre de ses recettes pétrolières, plusieurs piliers de la stratégie nationale de développement économique « Le Gabon émergent » ont enregistré des progrès durant l’année 2012. En effet, de nouveaux investissements dans l’industrie agroalimentaire, l’industrie minière et la transformation du bois d’œuvre ainsi que les grandes dépenses publiques dans les infrastructures ont aidé à diversifier davantage l’économie nationale. A l’aube de 2013, la croissance devrait se maintenir à 6-7% grâce au programme national de l’amélioration de l’infrastructure et de la hausse des investissements étrangers dans le secteur non pétrolier, un secteur économique clé.

Les industries à valeur ajoutée et les services jouent certes un rôle pivot dans la viabilité générale de l’économie, mais ce sont les matières premières qui continuent de soutenir la croissance. De nouvelles activités dans le secteur minier offrent de belles perspectives pour les exportations. Le Gabon est depuis longtemps un grand producteur mondial de manganèse. La société australienne BHP Billiton est en pourparlers avec le gouvernement gabonais au sujet d’un prochain lancement de nouvelles opérations dans le sud-est du pays. Grâce à ce nouveau projet, le Gabon espère prendre la place de l’Afrique du Sud et devenir le premier producteur mondial de manganèse à l’horizon 2015 avec une production de 5.7 millions de tonnes.

Par ailleurs, l'exploitation de minerai de fer représente un potentiel considérable pour le Gabon ; les réserves du gisement de Belinga, situé dans le nord-est du pays, seraient en effet estimées à 1 milliard de tonnes. Le développement du site est au point mort depuis 2010, mais le gisement devrait devenir une source importante de recettes de change une fois entré en exploitation.

Pourtant, alors que le pétrole et le manganèse représentent 90 % de tous les biens exportés, et 45 % du PIB nominal, l'économie gabonaise reste vulnérable aux chocs extérieurs. Des efforts devront être déployés pour développer les industries non extractives, afin de garantir au pays une stabilité économique à long terme.

Cela est particulièrement évident dans l'industrie forestière, où l'on développe les activités à forte valeur ajoutée en vue de dynamiser l'économie locale. Depuis la mise en application de l'interdiction d'exporter le bois non transformé, en mai 2010, le volume des exportations a reculé de 71.6 % entre 2010 et 2011, la nouvelle réglementation étant entrée en vigueur avant que les entreprises de transformation locales aient le temps de s'adapter. Toutes les entreprises ont vu leur bénéfice se dégrader fortement ; néanmoins, certains opérateurs, tels que SNBG, Precious Woods et Rougier, sont parvenus l'année dernière à renforcer leurs capacités de transformation et gagner des parts de marché.

La création de la zone économique spéciale (ZES) de Nkok devrait soutenir la croissance dans l'industrie du bois ainsi que dans d'autres secteurs. Cette ZES, installée sur un site de 1 126 hectares, est située à 27 kilomètres à l'est de Libreville. Au total, 58 entreprises se sont engagées à s'implanter dans la zone, où les premières activités devraient débuter en 2013. 40%de la superficie totale seront dédiés aux usines de transformation du bois, mais d'autres types d'activité y seront également représentés, notamment la valorisation des minéraux et la fabrication du papier.

En 2012, le secteur gabonais de l'industrie agroalimentaire a également bénéficié d'un investissement important. Le groupe singapourien Olam, spécialisé dans la gestion du réseau de distribution des produits agricoles, a initié plusieurs projets de grande envergure dans le caoutchouc et l'huile de palme, dont les productions seront essentiellement vouées à l'exportation. La culture du caoutchouc, qui devrait commencer début 2013, représentera un investissement total de 141.13 millions d'euros. La première récolte est attendue en 2020, et les premiers rendements estimés à 62 000 tonnes de latex naturel chaque année. La plantation d'huile de palme, lancée en 2012, devrait à terme couvrir 300 000 hectares. Olam espère qu'une fois les plantations pleinement opérationnelles, le Gabon supplantera le Nigeria, premier producteur mondial d'huile de palme.

Déterminée à jeter les bases d'une croissance économique durable, l'Agence nationale des grands travaux (ANGT) a présenté en juin 2012 un Plan directeur national d'infrastructures, qui devrait permettre de mieux coordonner et hiérarchiser la construction d'infrastructures. Élaboré par la société américaine Bechtel en collaboration avec le gouvernement, le programme expose une stratégie de construction sur 15 ans visant à faire du Gabon une économie mondiale émergente à l'horizon 2025.

Le plan soutient en premier lieu l'amélioration des secteurs susceptibles d'influer le plus fortement sur le développement économique, à savoir le transport, l'énergie et l'immobilier. D'après les estimations de l'ANGT, la mise en œuvre du plan directeur dans sa globalité nécessitera un financement public de 7 400 milliards de francs CFA (11.28 milliards d'euros) entre 2011 et 2025, ou un investissement public annuel moyen de 493.5 milliards de francs CFA (752.34 millions d'euros) au cours des 15 prochaines années.

Certes ambitieux, cet objectif financier reste cependant réalisable, dans la mesure où les investissements publics avaient atteint 732.2 milliards de francs CFA (1.12 milliard d'euros) en 2010. Il n'en reste pas moins que les investissements du secteur privé seront essentiels pour atteindre les objectifs de ce projet ; le gouvernement a indiqué qu'il prendrait un certain nombre d'engagements, afin notamment de favoriser les partenariats public-privé, les investissements strictement limités au secteur privé et la conclusion de contrats BOT (build operate and transfer).

Si l'économie gabonaise reste tributaire des revenus générés par les hydrocarbures, la croissance des activités et des investissements dans les secteurs non pétroliers est toutefois de bon augure pour la diversification économique à moyen et long termes. En cette période de transition difficile, multiplier les partenariats avec des sociétés étrangères et appuyer la croissance des secteurs à forte valeur ajoutée devrait favoriser une expansion économique plus durable.

 

Gabon: Year in Review 2012

En Français

The economy performed well in 2012 despite a fall in oil production, with GDP growing an estimated 6.1%, down slightly from 6.7% in 2011, according to the IMF. While the country continues to rely on petroleum export revenue, 2012 showed progress on several elements of the national economic development strategy, Emerging Gabon. New investments in sectors such as agro-industry, mining and timber processing, plus considerable public spending on infrastructure, have helped to push the economy towards greater diversification. Heading into 2013, the continuation of the government’s infrastructure building programme and growing foreign investment in the crucial non-hydrocarbon economy are expected to maintain growth at 6-7%.

Although value-added industries and services are of a key importance for the economy’s overall sustainability, commodities continue to underwrite growth. New activities in the mining sector are particularly promising for exports. Gabon has long been a key world producer of manganese, and Australia-based BHP Billiton is in talks with the state regarding the imminent launch of a new operation in the southeast. With the new project coming online, Gabon is projected to surpass South Africa as the world’s largest manganese producer by 2015, with an annual production of 5.7m tonnes.

The country also has significant potential for iron ore mining; its northeastern Belinga deposit holds an estimated 1bn tonnes of reserves. Development of the site has been stalled since 2010, but the deposit should serve as an important driver of foreign exchange receipts once it enters into exploitation.

And yet, as oil and manganese account for 90% of all exported goods and 45% of nominal GDP, the economy remains vulnerable to external shocks. Efforts to develop non-extractive industries will be necessary to ensure economic stability in the long term.

This is most obvious with moves to channel forestry’s value-added activities to benefit the local economy. Following a ban on raw timber exports in May 2010, export volume decreased by 71.6% from 2010 to 2011, as the new regulation came into effect before local processing could adjust. While companies across the board have seen profits hard hit, operators such as SNBG, Precious Woods, and Rougier have been able to boost their processing capacity in the past year and position themselves to take on a greater market share.

The establishment of the Nkok Special Economic Zone (Zone Économique Spéciale, ZES) is expected to support growth in timber and other industries. Nkok is being developed on an 1126-ha site 27 km east of Libreville. A total of 58 companies have committed to setting up in the zone, and the first operations are expected to launch in 2013. The ZES will devote 40% of its space for timber processing plants, but will welcome a variety of operations, including minerals processing and the fabrication of paper products.

Gabon also saw a major investment in agro-industry in 2012. The Singapore-based agricultural value chain firm, Olam, launched large-scale projects in rubber and palm oil cultivation, which will be primarily devoted to export. The rubber plantation will entail a total investment of €141.13m and is set to launch in early 2013. The first harvest is expected in 2020, with initial output estimates at 62,000 tonnes of natural latex per year. The palm oil plantation, launched in 2012, is expected to ultimately cover 300,000 ha. Olam hopes that once the project reaches full operation, Gabon will surpass Nigeria as the world’s largest producer of palm oil.

In order to create a solid basis for economic growth, the National Agency for Public Works (Agence Nationale des Grands Travaux, ANGT) introduced a National Infrastructure Master Plan in June 2012, which should help to better coordinate and prioritise infrastructure building. The programme, drawn up by the US-based firm Bechtel in collaboration with the government, outlines a 15-year building strategy that aims to establish Gabon as an emerging global economy by 2025.

The plan focuses on improvements in sectors that stand to have the greatest impact on economic development, namely transport, energy and real estate. The ANGT estimates that implementation of the entire master plan will require CFA7.4trn (€11.28bn) in public financing between 2011 and 2025, or an average annual public investment budget of CFA493.5bn (€752.34m) over the next 15 years.

This is an ambitious financing goal, but one that is not out of reach considering that 2010 public investment costs totalled CFA732.2bn (€1.12bn). But private sector investment will be critical to meeting project goals, and the government has indicated it will embrace a number of engagements, including public-private partnerships, strictly private investment, and build-operate-transfer contracts.

While the economy remains dependent on hydrocarbons revenue, growing levels of activity and investment in non-petroleum sectors bode well for economic diversification in the medium- to long-term. However, as the country is in a complicated transition period, increasing partnerships with foreign firms and growth in value-added industry should facilitate more sustainable economic expansion.

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