In English
La Côte d’Ivoire a entrepris de réduire ses dépenses publiques suite à une chute du cours mondial du cacao, premier poste de recettes d'exportation du pays.
Après trois ans de forte demande, les cours ayant culminé à plus de 3 200 dollars la tonne en 2015, la valeur du cacao a abruptement décliné en 2017, passant sous le seuil des 1 800 dollars la tonne début mai, son plus bas niveau depuis quatre ans. Le mois d’avril a quant à lui vu les cours à terme du cacao sur le marché de New York se négocier à des planchers inédits en neuf ans et demi.
Cet effondrement des prix risque d’avoir un impact considérable sur la Côte d’Ivoire, premier exportateur de cacao au monde. Le secteur y pèse 15% du PIB national, représente plus de 50% des recettes d’exportation et emploie près de deux tiers de la population.
Des défis à relever
Dans un contexte de recettes en baisse, le gouvernement, mené par le président Alassane Dramane Ouattara, a réduit à la mi-mai le budget national pour 2017 de 9%, le ramenant à 6 440 milliards de francs CFA (9,8 milliards d’euros).
Cela a marqué un léger ajustement par rapport aux 10% de coupes dans le programme de dépenses publiques annoncés un mois plus tôt. “Tous les ministères vous diront que leur budget a été réduit de 5 à 10%”, a déclaré Ouattara aux médias lors de l’annonce de la révision en avril.
La complexité de l’équation entre austérité et impératifs économiques et sociaux a été soulignée par une récente révolte du personnel militaire, qui protestait contre un retard dans le versement des primes
La grogne a pris fin après quatre jours, lorsque le gouvernement a accepté de verser à chaque soldat 5 millions de francs CFA (7 620 euros) au titre des primes dues, tout en promettant de payer le solde de 2 millions de francs CFA (3 050 euros) à une date ultérieure.
A la recherche de l’équilibre
En dépit de la réaction rapide du gouvernement à l’évolution des circonstances externes, le pays risque d’avoir grand mal à respecter ses objectifs budgétaires pour l’année.
Travaillant à relever ces défis, l’administration Ouattara est parvenue début avril à un accord avec le FMI, selon les termes duquel le déficit budgétaire pour 2017 s’alourdira de 3,7% à 4,5% du PIB.
Néanmoins, comme l’a souligné Traoré Karim, directeur de cabinet du ministre du budget, lors de l’annonce de la nouvelle, le pays conserve l’intention d’atteindre l’objectif de déficit budgétaire de 3% de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) d’ici à 2019.
Une économie restant dynamique
La chute des cours de son produit phare est également susceptible de peser de manière plus générale sur les performances macro-économiques du pays, bien que les prévisions actuelles voient la Côte d’Ivoire rester l’une des économies connaissant la croissance la plus rapide à l’échelle du continent.
La Côte d’Ivoire a maintenu un taux croissance du PIB supérieur à 8% entre 2012 et 2015, bien que des estimations du FMI datées d’avril fassent état d’une croissance de 7,5% l’an passé et de 6,9% cette année.
Quoique des révisions à la baisse des projections pour cette année puissent être nécessaires si les prix du cacao se maintiennent à leurs bas niveaux actuels, il n’empêche que ces taux de croissance soutiennent avantageusement la comparaison avec ceux des autres économies subsahariennes. Les projections du FMI pour la zone font état d’une croissance moyenne du PIB de 3% en 2016 et 4% en 2017.
Un élan à entretenir
Pour pérenniser ces bons résultats, le gouvernement a défini une série d’importantes dépenses d’investissement dans le cadre de sa stratégie nationale en matière économique, le Plan National de Développement (PND) 2016-20, qui ambitionne de hisser la Côte d’Ivoire au rang des pays à revenu intermédiaire d’ici à la fin de la décennie.
Le PND requiert des investissements considérables, ce que la chute des cours du cacao a rendu plus épineux, amenant les autorités à étudier des possibilités de financement par la dette ou par les bailleurs de fonds.
Début 2016, le gouvernement a récolté 15,4 milliards de dollars de subventions et prêts de la part de bailleurs de fonds internationaux, au nombre desquels le FMI et la Banque mondiale, pour déployer le PND et adopter des réformes visant à réduire l’incidence de la pauvreté.
De surcroît, une délégation ivoirienne menée par le Premier Ministre, Amadou Gon Coulibaly, en juin a obtenu le soutien des bailleurs internationaux a travers l’émission d’une eurobond, en ce qui représentera la première émission de dette internationale du pays depuis 2015.
La Côte d'Ivoire a mobilisé 1 140 milliards de francs CFA (1,7 milliards d’euros) pour contribuer à financer les objectifs du PND. Ces accords de prêt, conclus à la suite de visites dans les places financières de Paris, Francfort, Munich, Londres, Boston et New York du 1er au 8 juin, sont assortis d’échéances de huit et 16 ans.
Cela marque la troisième opération de placement de dette souveraine en devises étrangères de la Côte d’Ivoire, après l’émission d’eurobonds d’un montant de 750 millions de dollars et d’un milliard de dollars respectivement en 2014 et 2015. Le premier a attiré un carnet de commandes de près de 5 milliards de dollars, tandis que le second a mobilisé presque 4 milliards de dollars.
Spending cuts likely as cocoa prices hit record lows in Côte d’Ivoire
En Français
Côte d’Ivoire has moved to cut government spending following a drop in the global price of cocoa, the country’s primary export earner.
After three years of high demand, with prices peaking above $3200 per tonne in 2015, the value of cocoa declined sharply in 2017, reaching a four-year low of less than $1800 per tonne in early May. As of April New York Cocoa futures were trading at nine-and-half-year lows.
As the world’s top coca exporter, this sharp drop in prices stands to have a significant impact on Côte d’Ivoire, where the industry contributes 15% to national GDP, makes up more than 50% of export revenue and employs around two-thirds of the population.
Managing challenges
In the face of falling revenues, the government, led by President Alassane Dramane Ouattara, cut the national budget for 2017 by 9% in mid-May to CFA6.44trn (€9.8bn).
This was a slight revision on the 10% reduction in the state’s spending plan announced a month earlier. “All the ministries will tell you their budgets have been reduced by 5 to 10%,” Ouattara told media when announcing the change in April.
The complexity of balancing austerity with key social and economic demands was highlighted by a recent revolt by military personnel, who were protesting delayed bonus payments.
The four-day army mutiny was called off after the government agreed to pay each soldier CFA5m (€7620) in owed bonuses, while promising to pay the remaining CFA2m (€3050) later.
Striking a balance
In spite of the government’s quick response to the changing external factors, the country may be hard-pressed to meet its fiscal targets for the year.
Working to manage these challenges, the Ouattara administration agreed in early April to a deal with the IMF that will see its budget deficit for 2017 expand from 3.7% to 4.5% of GDP.
However, as highlighted by Traoré Karim, cabinet director for the minister of budget, when announcing the news, plans to meet the 3% budget deficit target of the West African Economic and Monetary Union (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine, UEMOA) by 2019 remain unchanged.
Still going strong
The drop in commodity prices is also likely to have a broader drag on the country’s macroeconomic performance, although Côte d’Ivoire is slated to remain one of the fastest-growing economies on the continent according to current forecasts.
Côte d’Ivoire maintained a GDP growth rate of more than 8% between 2012 and 2015, though IMF estimates from April put growth at 7.5% last year and at 6.9% this year.
While downward revisions in this year’s projections may be called for if low cocoa prices are sustained, these growth rates still compare favourably with those of other sub-Saharan African economies. IMF projections for the region put average GDP growth at 3% in 2016 and 4% in 2017.
Maintaining momentum
To maintain that performance, the government has outlined a series of large capital expenditures under its national economic strategy, the National Development Plan (Plan National de Développement, PND) 2016-20, which aims to transform Côte d’Ivoire into a middle-income country by the end of the decade.
The PND calls for significant investment, which has been made more challenging by the drop in cocoa prices, prompting the authorities to explore debt and donor financing options.
In early 2016 the government secured $15.4bn worth of grants and loans from international donors, including the IMF and the World Bank, to move ahead with the PND and introduce reforms to reduce levels of poverty.
Further to this, an Ivorian delegation led by Prime Minister Amadou Gon Coulibaly successfully drew on the support of international backers to mobilise CFA1.14trn (€1.7bn) in eurobonds this month to help fund the goals of the PND. The deals were struck following visits to the financial centres of Paris, Frankfurt, Munich, London, Boston and New York between June 1 and 8.
This marked the third time Côte d’Ivoire has sought sovereign debt sales in foreign currency, following eurobond sales of $750m and $1bn in 2014 and 2015, respectively. The former attracted close to $5bn worth of orders, while the latter drew nearly $4bn.