De nouvelles mesures pour développer le marché marocain de l’assurance

In English

En 2017, le secteur de l’assurance a enregistré une croissance positive et devrait poursuivre sa progression avec l’introduction du Takaful (l’assurance islamique) et des mesures de solvabilité basées sur le risque.

Selon un nouveau rapport sur la stabilité financière de l’Autorité marocaine du Marché des Capitaux, de l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS), et de Bank Al Maghrib, la banque centrale marocaine, le chiffre d’affaires du secteur a augmenté en 2017 de 10,9 % à 38,7 milliards de dirhams (3,6 milliards d’euros), les bénéfices ayant pour leur part connu une hausse de 20,2 % à 3,8 milliards de dirhams (351,9 millions d’euros).

Les primes d’assurance ont progressé de 11 % pour dépasser les 4 milliards de dollars, bien en deçà des 15,4 % enregistrés en 2017. Un chiffre qui se situe tout de même au dessus de la moyenne de 10,1 % observée entre 2011 et 2015, et qui dépasse de loin la croissance du PIB en termes réels (4,2 %) ainsi que l’inflation (0,8 %), selon le FMI.

Si le segment de l’assurance vie a connu une croissance significative au cours des trois dernières années avec une moyenne de 17,2 %, l’assurance non-vie demeure un marché plus mûr au Maroc, s’arrogeant 56,1% du chiffres d’affaires en 2017. En première ligne de ce segment, l’automobile, qui a contribué à hauteur de 27,1 %.

Selon les dernières données disponibles, le bon rendement de l’année dernière a permis à l’assurance d’augmenter sa pénétration du PIB d’un point de pourcentage en 2017 pour s’établir à 3,7 %, contre 2,1 % en 2016 en Tunisie, son voisin nord-africain le plus proche, et 1,7 % pour la région MENA.

Lancement du Takaful prévu en 2019

L’assise du Maroc en tant que marché le plus développé d’Afrique du Nord devrait être renforcée par le lancement prochain du Takaful.

Les parties prenantes de la filière ont appelé en avril les autorités à accélérer le lancement du cadre réglementaire du segment. Si le Conseil du gouvernement a formellement adopté en juillet 2017 un projet de décret prévoyant une loi relative au Takaful, introduite pour la première fois en 2015, elle n’a été pas encore été mise en œuvre. Les parties prenantes prévoient d’ailleurs un report potentiel jusqu’en 2019.

Néanmoins, les grandes lignes qui régiront ces activités ont été éclaircies. La presse locale a rapporté au troisième trimestre de l’année dernière que les sociétés opérant sur le secteur du Takaful auraient simultanément accès à toutes les catégories d’activités. Le scénario d’une ouverture progressive, tel qu’anticipé précédemment, s’éloignerait donc.

À la différence du secteur bancaire, les assureurs souhaitant se positionner sur ce segment seront également dans l’obligation de proposer exclusivement des produits islamiques. Conséquence : les entreprises traditionnelles devront ouvrir des structures à part entière pour se lancer dans le Takaful.

Certains assureurs d’envergure mondiale ont d’ores et déjà manifesté leur intérêt pour ce marché. L’Américain Atlanta a annoncé en mars à la presse locale qu’il s’était associé à un investisseur qatari pour lancer une filiale islamique. AXA, groupe international français spécialisé dans l’assurance, a annoncé dans la foulée en mai son intention de s’implanter sur ce marché.

L’instauration de ce nouveau segment s’inscrit dans la volonté plus globale du royaume de développer des services financiers islamiques sur son marché intérieur.

À la suite de l’ouverture du secteur bancaire à la finance participative début 2017, Bank Al Maghrib a donné le feu vert à cinq demandes d’établissement de banques participatives islamiques, qui se sont ajoutées aux trois guichets islamiques opérés par des banques traditionnelles. Cela a permis aux assureurs islamiques de s’associer à des banques islamiques pour promouvoir et vendre des polices conformes à la sharia.

De nouvelles réglementations pour renforcer la gestion des risques

Parallèlement au lancement du Takaful, l’ACAPS est en passe d’élaborer un nouveau cadre de solvabilité basé sur le risque, et travaille actuellement de concert avec la Fédération Marocaine des Sociétés d’Assurance et de Réassurance pour évaluer la préparation du secteur à son introduction.

Les nouvelles réglementations s’inspirent de cadres internationaux de solvabilité tels que la directive européenne Solvabilité II. Elles assureront non seulement une solvabilité adéquate pour toutes les activités et tous les risques, y compris pour les souscriptions et les risques opérationnels liés aux politiques d’investissement et au marché, mais contribueront également à améliorer la gouvernance et à promouvoir la transparence. Les seuils seront adaptés au marché marocain.

Hassan Boubrik, président de l’ACAPS, a ainsi déclaré à OBG : « Les nouvelles réglementations visent à renforcer les différents éléments qui composent le fonctionnement de l’assurance, tant sur les plans qualitatif que quantitatif. Nous améliorons notre contrôle prudentiel, notre gouvernance et notre gestion des risques pour être en conformité avec les normes internationales. »

« Les niveaux d’exigence seront renforcés dans des domaines tels que la protection des données, la transparence, et le reporting. Le système devrait être en conformité, et les autorités organiseront régulièrement des audits », a-t-il précisé.

La refonte du cadre, qui devrait prendre deux à trois ans, pourrait voir la recapitalisation de certains assureurs pour garantir la conformité. L’industrie maintient néanmoins dans son ensemble des marges de risques assez larges et est globalement bien capitalisée. Dans des conditions macroéconomiques normales, l’ACAPS table sur une marge de solvabilité moyenne de 488 % en 2018 et de 462 % en 2019.

 

 

New measures to develop Morocco’s insurance market

En Français

Morocco’s insurance industry registered positive growth in 2017 and is expected to continue its upward trajectory with the introduction of takaful (Islamic insurance) and risk-based solvency measures.

Sector turnover increased by 10.9% to Dh38.7bn (€3.6bn) last year, while profits increased by 20.2% to Dh3.8bn (€351.9m), according to a new financial stability report from the Moroccan Capital Markets Authority, the Supervisory Authority of Insurance and Social Welfare (Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale, ACAPS), and the central bank, Bank Al Maghrib.

Industry premium grew by 11% to over $4bn which, while below the 15.4% growth seen in 2017, was above the 10.1% average growth between 2011 and 2015, and far exceeded real GDP growth (4.2%) and inflation (0.8%), according to the IMF.

Though the life segment has been growing significantly over the last three years, at an average rate of 17.2%, non-life remains the more mature market in Morocco, accounting for 56.1% of turnover in 2017. The top business line of the non-life segment was automotive, which contributed 27.1%.

Last year’s positive performance saw insurance penetration increase by one percentage point to 3.7% of GDP in 2017, compared to 2.1% in Tunisia, its closest North African peer, in 2016, according to the latest available data, and 1.7% for the MENA region.

Takaful expected to launch in 2019

Morocco’s status as the most developed market in North Africa should be further cemented by the upcoming launch of a market for takaful.

In April industry stakeholders called for the authorities to accelerate the rollout of the segment’s regulatory framework. While the Government Council in July 2017 formally adopted a draft decree paving the way for implementation of the Takaful Law, first introduced in 2015, it has yet to be implemented, and stakeholders expect that it may be delayed until 2019.

However, guidance for operations is becoming clearer, with local press reporting in the third quarter of last year that all classes of business will be opened to takaful operators simultaneously, rather than being phased in, as was previously expected.

Unlike in the banking sector, insurers wishing to operate in the segment will also be required to offer exclusively Islamic products, meaning that conventional firms will be required to launch standalone takaful companies.

Some global insurers have already signalled an interest in the market. In March US insurer Atlanta announced to local press that it had partnered with a Qatari investor to launch an Islamic subsidiary. The following May French multinational AXA also publicised its intention to participate in the market.

The establishment of a takaful segment falls under the kingdom’s broader plan to develop Islamic financial services in the domestic market.

Following the opening of the banking sector to participatory finance in early 2017, Bank Al Maghrib approved five requests to establish Islamic participatory banks, in addition to three Islamic windows operated by conventional banks – a move that enabled Islamic insurers to partner with Islamic banks to advertise and sell sharia-compliant policies.

New regulations seek to strengthen risk management

In tandem with the rollout of takaful, ACAPS is developing a new risk-based solvency framework, and is currently working with the Moroccan Federation of Insurance and Reinsurance Companies to assess the preparedness of the sector for its introduction.

Inspired by international solvency frameworks such as the EU’s Solvency II, the new rules will not only ensure adequate solvency for all activities and risks – including underwriting, and operational, investment policy and market risk – but will also help improve governance and promote transparency, with thresholds tailored to the Moroccan market.

“The new regulations aim to strengthen different aspects of how insurance works, both on qualitative and quantitative levels. We are improving our prudential control, governance and risk management to comply with international standards,” Hassan Boubrik, president of ACAPS, told OBG.

“The level of requirements will be increased in matters such as data protection, transparency and reporting. The system should comply and regular audits will be conducted by the authorities,” he added.

The framework, which is expected to take two to three years to coalesce, could see some insurers recapitalise to reach compliance, although on the whole the industry maintains wide risk margins and is broadly well capitalised, with ACAPS forecasting an average solvency margin of 488% in 2018 and 462% in 2019 under normal macroeconomic conditions.

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