In English
A la faveur de nouveaux investissements, la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, devrait voir sa capacité de production augmenter considérablement, à l’heure où l’Etat déploie une vaste politique visant à améliorer la productivité.
L’agriculture est l’un des principaux moteurs de la croissance économique ivoirienne en termes de recettes, d’emploi et d’activités à valeur ajoutée. Contribuant au PIB à hauteur de 22%, le secteur représente au moins 50% des exportations et fournit du travail à 60-70% de la population, selon des données de la Banque Mondiale.
Des terres fertiles et des conditions climatiques favorables ont permis au pays de devenir le premier producteur mondial de cacao, avec une part équivalant à 40% de la production mondiale, tout en ayant des rendements non négligeables dans d’autres cultures de rente telles que la noix de cajou, le caoutchouc et le café.
Cependant, malgré les richesses agricoles du pays, la majorité de la production agricole ivoirienne est exportée à l’étranger en vue d’être transformée, avec à la clé des pertes considérables en matière de recettes et d’emploi– un cas de figure que l’on retrouve d’ailleurs dans de nombreux marchés d’Afrique de l’Ouest.
Nouvelles usines
Par conséquent, le gouvernement ivoirien cherche à accroître la part de valeur ajoutée dans l’économie du pays, sous l’égide du Programme National d’Investissement Agricole (PNIA).Le programme qui, d’une durée de 4 ans et doté de 2000 milliards de francs CFA (3 milliards d’euros), se poursuivra jusqu’en 2016 et vise essentiellement à atteindre la sécurité alimentaire en ce qui concerne les cultures vivrières, mais les activités de transformation et la productivité font également partie de ses objectifs fondamentaux.
A l’heure actuelle, l’Etat a participé au financement du programme à hauteur de 10% du montant total environ : l’investissement privé et l’apport des bailleurs de fonds seront donc cruciaux pour remplir les objectifs annoncés. Afin d’attirer des investissements privés, le gouvernement a mis en place un certain nombre de mesures fiscales incitatives, parmi lesquelles des exonérations de droits d’enregistrement et des réductions de TVA à destination du matériel agro-industriel. Les investisseurs profiteront également d’exonérations de droits de douane et d’exemptions fiscales sur les bénéfices réalisés dans le cas d’investissements agricoles.
Ces efforts semblent payants. En mars, le conglomérat agricole singapourien Olam a annoncé la construction d’une nouvelle usine de transformation du cacao à San Pedro, ville portuaire d’où est expédiée la majeure partie de la production de cacao du pays. Estimée à 35 milliards de francs CFA (53,5 millions d’euros), elle dispose d’une capacité de transformation de 75 000 tonnes. L’unité de transformation, la sixième à s’installer à San Pedro et la 12ème dans le pays, porte la capacité totale de broyage en Côte d’Ivoire à un peu plus de 700 000 tonnes. Le gouvernement vise à transformer environ la moitié de la production ivoirienne totale de cacao sur place d’ici 2020.
Le même mois, le groupe industriel français Cemoi a inauguré la première usine de chocolat du pays à Abidjan. D’une capacité de 10 000 tonnes et d’un coût d’environ 4 milliards de francs CFA (6 millions d’euros), cette dernière vise non seulement les consommateurs ivoiriens mais aussi, plus généralement, le marché ouest-africain tout entier. Si la consommation de chocolat y reste relativement faible, on peut s’attendre à ce que la hausse des revenus par habitant entraîne une augmentation considérable de la consommation de ce produit dans les années à venir.
Hausse de la capacité de transformation
Le pays s’évertue également à améliorer la productivité en amont, en particulier dans le secteur du cacao où ce sont des petits exploitants agricoles qui dominent la production. En raison d’économies d’échelle limitées, les cultivateurs ont rarement la possibilité d’optimiser leur production et doivent souvent faire face à des difficultés liées aux maladies ou à la sécheresse.
Cet état de fait a incité plusieurs opérateurs privés à mettre en place des initiatives, comme par exemple Olam, qui a organisé des formations à destination des cultivateurs de cacao ivoiriens sur l’utilisation efficace des engrais. A la fin de l’an dernier, le groupe agro-industriel américain Hershey a lancé un programme, en collaboration avec son compatriote Cargill, dont devraient profiter 10 000 cultivateurs de cacao regroupés au sein de sept coopératives sur l’ensemble du pays.
L’initiative vise à enseigner les bonnes pratiques aux cultivateurs afin d’accroître la productivité et de réhabiliter les exploitations de plus de 25 ans. La formation proposée couvre des sujets tels que les techniques de plantation, l’élagage, l’importance de récolter fréquemment, les bons moments pour désherber, la gestion des arbres d’ombrage ainsi que la gestion de la fertilité des sols.
Le gouvernement s’est également employé à améliorer les infrastructures auxiliaires. L’un des problèmes pesant sur le secteur est le manque de routes adéquates, ce qui fait que les cultivateurs ont du mal à accéder aux marchés. Une étude de la Banque Mondiale a révélé qu’un tiers des produits agricoles d’Afrique de l’Ouest pourrit avant même d’atteindre le marché, ce qui a un impact considérable sur les revenus des ménages en zones rurales.
Le Ministre de l’Agriculture, Coulibaly Sangafowa, a annoncé récemment que 5 800 km de routes sur huit régions bénéficieraient de travaux de modernisation, afin de faciliter l’accès aux producteurs de cacao. Le projet sera financé par la Banque Mondiale, par le biais du Projet d’Appui au Secteur Agricole.
New initiatives promise higher farm yields in Côte d’Ivoire
En Français
New investments are helping the world's largest cocoa producer, Côte d'Ivoire, boost local processing capacity amid a broader push by the government to improve productivity.
Agriculture is one of the most important drivers of growth in the Ivorian economy in terms of revenues, employment and value-added activities. Contributing 22% to GDP, the sector accounts for at least 50% of exports and provides jobs to 60-70% of the population, according to the World Bank.
Fertile land and favourable weather conditions have enabled the country to become the largest cocoa producer in the world, equivalent to 40% of global output in 2013/14, with sizeable production across a range of other cash crops, including cashews, rubber and coffee.
However, in spite of the country’s agricultural riches, as is the case with many West African markets, much of Côte d’Ivoire’s agricultural output is exported abroad for processing, which results in significant lost revenues and employment.
New factories
As a result, the government has been looking to expand value addition within the country, under the aegis of the National Agricultural Investment Programme (Programme National d’Investissement Agricole, PNIA). The primary focus of the four-year CFA2trn (€3bn) plan, which runs until 2016, is achieving food security in staple crops, but improving processing activities and productivity are also key objectives.
So far, government commitments have amounted to roughly 10% of the total amount, meaning that private investment and donor funding will be crucial in achieving these targets. To attract private investment, the government has offered a number of fiscal incentives, including exemptions on registration taxes and reductions on value-added taxes for agro-industrial equipment. Investors will also receive exemptions on Customs duties and tax exemptions on profits for agricultural investments.
The efforts appear to be having their intended impact. In March, Singaporean agricultural conglomerate Olam announced a new CFA35bn (€53.5m) 75,000-tonne cocoa processing plant in San Pedro, from where the bulk of the country’s cocoa crop is shipped. The facility, which is the sixth processing factory in San Pedro and the 12th in the country, brings Côte d’Ivoire’s total grinding capacity to a little over 700,000 tonnes. By 2020, the government aims to process roughly half of its total cocoa output domestically.
The same month same French industrial group Cemoi opened the country’s first chocolate factory in Abidjan. The factory, which has a capacity of 10,000 tonnes and cost roughly CFA4bn (€6m), looks to target not only Côte d’Ivoire’s domestic consumers but the West African market more generally. Chocolate consumption there is still fairly modest, but with increasing per capita income, it is expected to grow significantly in the years to come.
Processing capacity increases
The country has also sought to improve productivity upstream as well, particularly in the cocoa sector where small hold farmers dominate production. Due to limited economies of scale, farmers are rarely able to maximise production and often face challenges in addressing disease or mitigating drought.
This has prompted initiatives from a number of private operators, such as Olam, which has carried out training sessions for cocoa farmers in Côte d’Ivoire on the most effective ways of using fertilisers. At the end of last year, US agro-industrial firm Hershey’s launched a programme in conjunction with fellow US firm Cargill to reach more than 10000 cocoa farmers belonging to seven co-operatives across the country.
The initiative aims to teach farmers best practices to increase productivity as well as rehabilitate cocoa farms that are more than 25 years old. Farmer training includes teaching improved planting techniques, pruning, frequent harvesting, timely weeding, shade tree management and soil fertility management.
The government has also sought to improve ancillary infrastructure. One issue weighing on the sector is the lack of suitable roads, making it hard for farmers to reach markets. A World Bank study found that as much as one-third of agricultural products in West Africa spoil before reaching market, which has a significant impact on household revenues in rural areas.
The Minister for Agriculture, Coulibaly Sangafowa, recently announced improvement works to 5800 km of roads in eight regions in order to make access easier for cocoa producers. The project will be funded by the government and the World Bank, via the Agriculture Support Project (Projet d’Appui au Secteur Agricole).