Cote d’Ivoire : Une ère de reprise économique

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Alors que le gouvernement ivoirien cherche à renforcer la stabilité politique du pays après 10 années de conflit intermittent, l’économie montre des signes de reprise. Après les violences postélectorales de la fin 2010 et du début 2011, qui ont entraîné une baisse de 5.9 % du produit intérieur brut (PIB), l’activité économique a fortement progressé. L’année 2012 devrait être marquée par une solide progression de 8.6 % du PIB, en partie grâce aux faibles performances des 12 mois précédents. Toutefois, il sera nécessaire d’assurer la stabilité politique du pays pour maintenir ce niveau de croissance.

Le regain de vigueur de ce qui était auparavant l’une des économies les plus dynamiques d’Afrique de l’Ouest est essentiellement porté par le secteur primaire. L’agriculture est en effet le principal secteur de Côte d’Ivoire, premier pays producteur de fèves de cacao à l’échelle mondiale. D’après les Perspectives économiques en Afrique publiées par la Banque africaine de développement, le secteur agricole représentait 31.2 % du PIB en 2011.

Après la baisse des cultures commerciales enregistrée au début de l’année 2011, marquée par l’imposition d’un embargo au cours du dernier conflit politique, et qui a relégué le pays au second rang mondial en termes de production de cacao, le secteur a retrouvé le chemin de la croissance. Les récoltes de cette année devraient être les deuxièmes plus importantes de l’histoire du pays, puisque près de 80 % des exportations 2012 de cacao ont déjà été pré-achetées.

La culture du café a également affiché des résultats encourageants. En juillet, les exportations de café représentaient 41.5 % en glissement annuel. D’après les rapports des médias locaux, la production totale devrait être légèrement inférieure à celle de l’année dernière en raison de conditions météorologiques moins favorables.

La Côte d’Ivoire est aussi un pays producteur de pétrole, même si les quantités produites restent inférieures à celles de certains de ses voisins d’Afrique de l’Ouest, tels que le géant traditionnel, le Nigéria, ou le dernier pays producteur en date, le Ghana. Adama Toungara, ministre des Mines, du Pétrole et de l’Energie, aimerait que le pays joue un rôle prépondérant dans le secteur. D’après l’Agence américaine d’information sur l’énergie, en février 2012, la production de la Côte d’Ivoire se chiffrait à 44 000 barils par jour. Cependant, compte tenu des performances des champs offshore du pays voisin, le Ghana, M. Toungara aimerait passer la barre des 300 000 barils par jour d’ici à fin 2020. Il a d’ailleurs annoncé le début des travaux de forage sur sept puits d’ici à la fin de l’année.

Les résultats encourageants affichés par le secteur ivoirien des matières premières touchent également les activités minières : on table, d’ici à 2013, sur une hausse proche de 100 % des extractions d’or, de 7 à 13 tonnes. Afin de favoriser cette progression, le gouvernement vient d’entreprendre une révision du processus d’octroi des licences d’extraction, qui a toujours été particulièrement complexe.

La reprise rapide dans ces secteurs clés a permis une forte relance fiscale au lendemain de la crise. Le montant total des subventions et des revenus devrait atteindre 19.6 % du PIB en 2012, d’après l’édition 2012 des Perspectives économiques en Afrique. Ces recettes arrivent à point nommé, à l’heure où le gouvernement cherche à augmenter les dépenses publiques afin de financer la modernisation des infrastructures d’Abidjan, l’ancienne capitale, qui lui valaient autrefois le titre de « Paris de l’Afrique de l’Ouest », mais portent aujourd’hui les séquelles de plusieurs années de soulèvement.

En 2010, les flux d’investissements étrangers directs s’élevaient à 6.6 milliards de dollars, soit 28.9 % du PIB, d’après l’édition 2012 du rapport sur l’investissement dans le monde de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement. Ce total a légèrement reculé pour s’établir à 4.6 milliards de dollars à la fin 2011 en raison de l’instabilité politique persistante. Les investissements étrangers directs bénéficient avant tout à la production alimentaire (34 %), aux services (19 %) et aux hôtels (17 %) ; la France est la première source d’investissements directs étrangers.

Selon une déclaration du département d’Etat américain, le gouvernement ivoirien aimerait voir les flux d’investissements directs étrangers doubler au cours des deux prochaines années. Il espère en particulier encourager les investissements étrangers dans le développement de sites de transformation du cacao et du café à l’échelle locale, avec l’aide du Centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire (CEPCI), qui contribuera à favoriser les investissements étrangers dans l’agriculture en servant de structure à « guichet unique ».

Il va sans dire que la poursuite des progrès économiques exige une certaine stabilité politique sous la présidence d’Alassane Ouattara, ancien directeur du Fonds monétaire international (FMI) et économiste diplômé de l’Université de Pennsylvanie. Une nouvelle Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR) vient d’être mise en place pour tenter de régler les problèmes du passé, même si le manque de financement et la priorité accordée à la poursuite judiciaire des criminels politiques ont entravé les travaux de la commission.

Même si le chemin reste parsemé d’embûches, les hauts responsables de la Côte d’Ivoire mettent tout en œuvre pour relancer l’économie. Il reste cependant beaucoup à faire pour rattraper le retard accumulé par rapport à certains pays voisins.

 

Côte d’Ivoire: An era of economic recovery

En Français

As Côte d’Ivoire’s government seeks to solidify political stability following a decade of intermittent conflict, the country’s economy is showing signs of an encouraging recovery. While post-electoral violence in late 2010 and early 2011 led to a 5.9% reduction in GDP, economic activity has picked up dramatically. In 2012, GDP is expected to expand by a robust 8.6%, in part due to the suppressed performance of the preceding 12 months. However, key to maintaining this level of growth will be ensuring political stability.

The return to form for what was once one of West Africa’s fastest-growing economies is being underwritten by its primary sector. Agriculture is the largest industry in Côte d’Ivoire, which is the world’s single-biggest producer of cocoa beans. According to the African Development Bank’s African Economic Outlook 2012, the agricultural sector accounted for 31.2% of GDP in 2011.

While the industry’s cash crops experienced a setback in early 2011 when an embargo was imposed during the last political conflict, slipping to second place in terms of global cocoa production, it has since recovered. This year’s crop is expected to be the second largest the country has ever produced, with around 80% of cocoa exports for 2012 already pre-purchased.

Coffee cultivation has also borne some encouraging figures. As of July, coffee exports were up 41.5% year-on-year (y-o-y). Total production levels this year are expected to lag only slightly behind last year’s crop due to less-than-favourable weather conditions, according to local media reports.

Côte d’Ivoire is also an oil-producing nation, though not to the same degree as some of its West African neighbours, such as traditional heavyweight Nigeria and newly-minted producer Ghana. Adama Toungara, the minister of mines, petrol and energy, would like to see the country take more of a lead in the sector. According to the US Energy Information Administration, as of February 2012 Côte d’Ivoire produced 44,000 barrels per day (bpd). However, in light of the sizeable finds found next door in Ghana’s offshore fields, Toungara would like to see production grow to 300,000 bpd by the end of 2020, and he has announced plans to begin drilling on seven wells by the end of this year.

The encouraging news for Ivoirian commodities also extends to the mining sector, where extractive production of gold is expected to nearly double from 7 tonnes to 13 tonnes by 2013. In order to facilitate this progress, the government is launching a review of the permit-granting process, which has traditionally been cumbersome.

The rapid return of activity in these key segments has led to a strong post-crisis fiscal recovery. Total grants and revenues are estimated at 19.6% of GDP in 2012, according to the African Economic Outlook 2012. This revenue could not come at a better time, as the government seeks to increase public spending, aimed at upgrading the infrastructure that once earned Abidjan, the former capital, the title of “Paris of West Africa”, but which has since fallen into disrepair during years of unrest.

As of 2010, foreign direct investment (FDI) stock stood at $6.6bn, or 28.9% of GDP, according to the UN Conference on Trade and Development’s World Investment Report 2012. This total fell slightly to $6.4bn at end-2011, due to continued political instability. FDI is concentrated primarily in food production (34%), services (19%), and hotels (17%), and France is the country’s largest source of FDI.

According to a statement by the US Department of State, Côte d’Ivoire’s government would like to see FDI double over the next two years. In particular, the government hopes to encourage foreign investment in the development of local processing plants for cocoa and coffee, with the Côte d’Ivoire Centre for Investment Promotion (CEPCI) helping facilitate new inbound agricultural investments through a “single window” facility.

Of course, continued economic progress hinges upon political stability under the administration of President Alassane Ouattara, a former managing director of the IMF and a University of Pennsylvania-trained economist. A new government-sponsored Truth, Reconciliation and Dialogue Commission (TRDC) has been set up in an attempt to address past grievances, although a lack of funding and an initial focus on prosecution of political criminals have stalled the TRDC’s progress.

While the road ahead will not be easy, Côte d’Ivoire’s leadership has so far shown commitment to restarting the economy. However, given the progress that some of the country’s neighbours have made in the interim, there is a lot to do.

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