Algérie : Les banques soumises à un système de notation

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Le projet de création d'une agence de notation chargée d'évaluer le niveau de stabilité des banques algériennes, longuement attendu, semble aujourd'hui relancé, comme en témoigne l'accélération du processus de sélection d'un mécanisme de contrôle.

L'Algérie espère que le lancement du nouveau système de notation des banques renforcera la confiance dans le secteur, tout en favorisant une hausse du volume de prêts, conformément à l'objectif de diversification économique que s'est fixé le pays.

Le processus de création de ce système a souffert d'une certaine lenteur, la Banque d'Algérie ayant pris le temps de définir les modalités de mise en œuvre. Le lancement, initialement prévu fin 2011, a d'ores et déjà été reporté ; d'après Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque centrale, le système de notation des banques devrait être opérationnel dès 2013.

En août dernier, un représentant de l'Association des banques et des établissements financiers (ABEF) a déclaré à Algeria Press Service (APS) que le projet pilote était en phase d'« élaboration technique ».

Abderezak Trabelsi, délégué général de l'ABEF, a également rappelé combien il était important de disposer d'un système de notation pour le secteur des services financiers. « Il est impératif de se doter d'un système de notation bancaire, qu'il s'agisse d'un instrument, d'un organisme ou d'une société ; les entreprises et compagnies d'assurance ont besoin d'un tel dispositif, car l'information est capitale dans une économie de marché », a-t-il précisé.

M. Laksaci a également indiqué que le système de notation permettrait de détecter de façon précoce les signes de vulnérabilité des banques, tout en contribuant à préserver la stabilité du secteur et à protéger les déposants. D'après M. Trabelsi, la Banque d'Algérie doit encore définir les modalités du processus de contrôle. Trois structures semblent être envisagées : une agence de notation locale, dotée de personnel qualifié recruté localement, une joint venture avec une agence de notation étrangère, ou un partenariat entre plusieurs agences de notation basées en Algérie.

D'après certains rapports, il est probable qu'un partenaire étranger fasse partie du projet pour assurer la mise en œuvre du système et la formation du personnel employé par la nouvelle organisation.

La Banque d'Algérie a d'ores et déjà mis en place un système de notation, en partenariat avec le Fonds monétaire international (FMI) et le Trésor américain, actuellement testé dans deux banques. Le nouveau système devrait toutefois permettre de contrôler l'ensemble des banques et institutions financières d'Algérie en tenant compte de différents indicateurs, notamment la liquidité, la gestion du risque et les ratios de solvabilité. Il permettra par ailleurs de les évaluer en fonction d'un système de notation et de définir des règles d'intervention. Enfin, il devrait permettre de renforcer la lutte contre le blanchiment d'argent et d'autres activités illégales dans le secteur bancaire, tout en offrant des moyens plus pratiques et transparents pour contrôler la solidité des banques.

Nour Nahawi, directeur général de ABC Bank, une filiale algérienne de la banque bahreïnienne ABC, basée à Manama, a déclaré à OBG que le nouveau système de notation devrait avoir des répercussions favorables pour les banques nationales. « Avec le nouveau système de notation à venir, et les efforts actuellement déployés pour multiplier les possibilités de crédit, le gouvernement adopte une démarche proactive pour préserver la stabilité du secteur bancaire, ce qui devrait renforcer la solidité et la santé des banques », a-t-il expliqué.

Si le système bancaire algérien est sorti relativement indemne de la crise financière mondiale, le volume des prêts octroyés au secteur privé reste cependant peu élevé. Les six banques publiques du pays, qui totalisent environ 85 % des actifs, sont réputées pour leur grande frilosité en matière d'octroi de crédits, marquées par des pertes sur des prêts accordés à des entreprises publiques inefficaces. De ce fait, le système bancaire conserve une quantité importante de liquidités, qui pourraient nourrir la croissance dans le secteur privé, en manque de capitaux.

Par ailleurs, dans la mesure où la plupart des banques publiques ne sont pas dotées de la technologie de gestion des risques sophistiquée employée dans le secteur privé, le gouvernement espère que le lancement d'une agence de notation indépendante encouragera les banques les plus performantes à accorder des crédits plus facilement.

Aymeric de Reyniès, responsable pays de la banque Calyon, filiale du groupe français Crédit Agricole, a déclaré à OBG que le développement passerait inévitablement par un secteur privé performant. « L'avenir du secteur bancaire est entre les mains des petites et moyennes entreprises ; une stratégie adéquate doit être adoptée pour soutenir de façon optimale leurs activités et développement », a-t-il affirmé.

À long terme, le développement du système bancaire algérien sera très certainement caractérisé par une participation accrue des bailleurs de fonds du secteur privé, selon une tendance amorcée il y a quelques années.

André Dieu, chef de division dans la branche algérienne de la banque française Natixis, estime que l'intérêt des pays étrangers dans ce pays du Maghreb est parfaitement fondé. « L'Algérie est un marché en pleine expansion en termes de potentiel ; il n'est pas encore fragmenté, et le taux d'utilisation du système bancaire y est encore relativement faible par rapport à certains pays voisins », a-t-il déclaré à OBG. « Le pays présente donc un potentiel considérable pour les banques internationales qui souhaitent investir. »

 

Algeria: Rating the banking system

En Français

Long-awaited plans to set up a ratings agency that will gauge stability levels in Algeria’s banks look to be back on track, with the process for selecting a monitoring system now gathering pace.

Algeria will be hoping that the launch of the new ratings system for its banks will boost confidence in the sector, while paving the way for increased lending, in line with the country’s bid to diversify its economy.

Efforts to introduce a ratings system for the banking sector have been slow to get off the ground, with the Bank of Algeria (BoA) taking time to decide how the process will be implemented. The launch has already been put back from a scheduled date at the end of 2011, while Central Bank Governor Mohamed Laksaci said last year that bank ratings should be in place from 2013.

A representative from the Association des Banques et des Établissements Financiers (Association of Banks and Financial Institutions, ABEF) told the Algeria Press Service (APS) in August that work on the pilot project had now reached a “technical elaboration” stage.

ABEF general delegate Abderezak Trabelsi also highlighted the importance of having a ratings system in place for the financial services industry. “There must be a bank rating tool, agency or company, regardless of the name, since there is a need for creating a scoring tool for companies and insurance companies because the information is crucial in a market economy,” he said.

The governor of the Central Bank, Mohamed Laksaci, added that the rating system would help in the early detection of banks’ vulnerabilities, while playing a part in maintaining stability in the sector and protecting depositors.

The BoA has yet to decide what mechanism it will adopt for the monitoring process, according to Trabelsi. However, it is understood that three options are being considered; a local ratings mechanism using locally qualified staff, a joint venture with a foreign ratings agency, and a system that would see several separate ratings agencies operating in Algeria.

Reports have suggested that a foreign partner is likely to be brought in to implement the system and train staff employed by the new organisation.

The BoA has already set up a ratings system in partnership with the IMF and the US Treasury that is currently being piloted in two banks. However, the new ratings system is expected to monitor all banks and financial institutions in Algeria on a range of criteria, such as liquidity, risk management and solvency ratios, while assessing them on a scoring system and establishing rules for intervention. The system should increase detection of money laundering and other illegal activities in the banking sector, while creating a more practical and transparent means of monitoring banks’ resilience.

Nour Nahawi, the director general of ABC Bank, an Algerian subsidiary of Manama-based ABC Bahrain, told OBG that the new rating system should produce a positive outcome for the country’s banks. “With a new ratings system forthcoming and efforts to increase lending opportunities under way, the government is taking a pro-active stance in maintaining the banking sector’s stability, which should lead to even stronger and healthier banks,” he said.

The Algerian banking system has remained stable through the global financial crisis. However, levels of lending to the private sector remain low. The country’s six state-owned banks, which account for around 85% of all assets, are known for adopting a highly cautious stance towards lending, after incurring losses on loans to inefficient public companies. As a result, the banking system retains a large quantity of liquidity that could be driving growth in the private sector, where capital is much in need.

With most state banks also lacking the sophisticated risk-management technology used by the private sector, the government will be hoping that the introduction of an independent ratings agency encourages strong-performing banks to lend more freely.

Aymeric de Reynies, the senior country manager at Calyon Bank, part of France’s Crédit Agricole Group, told OBG that a strong private sector was a prerequisite for development. “The future of the banking sector will be small and medium-sized enterprises, and a proper strategy should be put in place to bring sufficient support to their activities and development,” he said.

In the longer term, the development of the Algerian banking system is likely to be characterised by greater participation from private-sector lenders, following a trend that emerged a few years ago.

Andre Dieu, the head of division at the Algerian branch of French bank Natixis, believes international interest in the North African country is well founded. “Algeria is a growing market in terms of potential, the market is not yet fragmented and there is still a relatively low rate of use of the banking system compared to some neighbouring countries,” he told OBG. “This offers great potential for any international banks interested to invest.”

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